La littérature est une forme de plaisir poussée à son raffinement le plus extrême par des écrivains que le rapport habituel au langage ne satisfait plus. Alice Zeniter
Littérature générale 2023
Karine Tuil – Kaddish pour un amour
Karine Tuil s’est complètement renouvelée en proposant pour cette rentrée littéraire un recueil de poésies dont le titre Kaddich pour un amour interroge. En effet, apposée la prière juive pour les morts avec la célébration de l’amour n’est pas habituelle.
Karine Tuil en reprenant les formes de cette pratique liturgique espère faire le deuil d’une relation qu’elle ne semble pas avoir choisi d’arrêter et qu’elle souhaite continuer, malgré tout.
A la manière du chant pour le mort qui accompagne les vivants, l’écrivaine accepte le départ de l’être aimé et essaye d’apprendre à vivre sans lui, tout en gardant le souvenir doux de cet amour. La suite ici
Philippe Besson – Ceci n’est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers affirme Philippe Besson, c’est un féminicide ! Le romancier s’attache dans son roman à décrire le ressenti des enfants lors du féminicide de leur mère.
Brins d’histoire
Le narrateur, un jeune homme d’une vingtaine d’années est appelé au téléphone un jour par sa jeune sœur de 13 ans qui l’informe du drame. Puis, se déroule le schéma habituel : appeler la police, prendre un train, rejoindre le lieu du crime, assister à l’enquête qui commence, répondre aux questions des policiers, etc. Mais, dès que le cerveau se reprend à penser, il faut subir l’assaut de multiples questions qui ne vont pas cesser de l’envahir. Aucune réponse sensée ne viendra apaiser. Aucune.
Avec beaucoup de pudeur, Philippe Besson s’attache à partir des événements qui suivent la découverte du corps à décrire les ressentis de ces deux enfants. Subitement projetés dans un monde où plus personne ne peut les protéger, leur donner cet amour filial si nécessaire, tous deux, malgré la tendresse qui les relie et les responsabilités qui incombent au narrateur, vont à leur manière montrer comment un tel drame contrecarre tous les rêves, tous les chemins que jusque là, ils avaient empruntés. Et, pourtant, ils avaient un grand-père qui a pu leur redonner un espace tendre pour continuer à vivre.
La jeunesse de Léa, la sœur, dont la vision du drame ne pourra s’effacer vient s’effondrer devant l’impossibilité de choisir l’amour envers ses deux parents. Là encore, Philippe Besson sait mesurer ses mots, les charger de cette affection toute en subtilité qu’il décrit. La suite ici
Samuel Dock – L’enfant thérapeute
Samuel Dock interroge le syndrome de L’enfant thérapeute à partir de son vécu et celui de sa mère. A quatorze ans, l’écrivain devient le soutien de sa mère, séparée de son mari pour des faits de violence, et assumant seule l’apparition de la maladie psychique de sa sœur.
Devenu docteur en psychopathologie, immergé dans le milieu de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et après plusieurs ouvrages, Samuel Dock réfléchit à cet état en présentant à partir de son témoignage les trois aspects de sa réflexion : la présentation du syndrome au niveau de l’adulte qu’il est devenu, la nature des failles de sa mère et le renouveau de leur relation.
Seulement ce livre n’est ni un essai, ni un mémoire, c’est un roman dont la fiction s’inspire de faits réels et dont le style fauche le lecteur au-delà du prévisible ! La suite ici
Pierre Lemaitre – Le silence et la Colère
Un mois et demi de l’année 1952 en moins de cinq cent soixante-dix-neuf pages, Pierre Lemaitre publie le quatrième volume de sa saga, sorte de Rougon-Marquart des temps modernes, Le silence et la colère après Le grand monde.
La famille Pelletier est toujours présente, même si l’ensemble du roman se situe beaucoup plus en France. Quatre ans après le décès du plus jeune des fils Pelletier, Etienne, en Indochine, le roman s’ouvre sur Geneviève, la garce, et Jean, son Bouboule de mari, fils aîné des Pelletier avec leur fille, Colette, trois ans et bientôt un autre, en gestation.
Jean a l’idée d’ouvrir un magasin de vêtements qu’on n’appelle pas encore discount. François est entré dans une rédaction qui ressemble beaucoup à France Soir. Hélène, la plus jeune, belle comme un cœur, essaye de suivre son petit chemin de femme libre. Alors, la vie va son cours pendant plus de huit semaines. Seulement, c’est Pierre Lemaitre qui tient la barre ! La suite ici
Frappat – Trois femmes disparaissent
Critique cinématographique et romancière, Hélène Frappat propose une enquête sur la similitude du destin de trois femmes, de la grand-mère à la petite fille, qui ont été comme effacées de la mémoire cinématographique par la prédation d’un homme.
La scène des Oiseaux est dans toutes les mémoires. Tippi Hedren interprète la scène finale avec beaucoup de réalisme. En effet, Alfred Hitchcock a remplacé les oiseaux mécaniques par des vrais pour affirmer son pouvoir sur son actrice qu’il a façonnée et qui lui résiste ! La suite ici
Arnaud Rozan – Mémoire de Maisons blanches
Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d’Arnaud Rozan est tout à la fois ! Du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.
Par touches successives, associées à des œuvres d’art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l’Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l’esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l’Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.La suite ici
Marie-Hélène Lafon – Les sources
Les sources pour Marie-Hélène Lafon, ce sont les ancrages, ces lieux qui ont fondé notre histoire, notre passé, en bref, ce que nous sommes, profondément, intensément.
Dans son nouveau roman, il y en a trois lieux, bien identifié dans le Puy-de-Dôme : Soulages et sa grande ferme où ça s’active depuis des années, Fridière, le lieu de l’enfance où une jeune fille était princesse en son royaume et il y a dans la vallée de Santoire, au pays du haut, un autre lieu habitait pendant cinq ans par une famille. Trois lieux pour décrire l’enfermement, la place à tenir, la violence, le silence mais les corps parlent ! La suite ici
Antoine Catel – Incendie Blanc
Un texte au scalpel pour décrire l’addiction, Antoine Catel propose avec Incendie Blanc un hommage du narrateur à sa sœur qui s’est perdue, trop jeune, trop fragile et trop entière dans le nuage de la cocaïne.
La couverture de ce premier roman est d’une grande élégance à l’image de ce texte exigeant et émouvant. Roman d’amour dédié à une sœur aimée pour la vie mais brûlée par l’explosion de rails de cocaïne.
Deux cures de désintoxication, deux psychiatres en même temps, et pourtant dans l’appartement de Frédéric, « la petite sœur pour toujours » et overdose s’écrit ensemble ce jour-là.La suite ici
Caroline Dorka-Fenech – Tempêtes et brouillards
Second roman pour adulte de Caroline Dorka-Fenech, Tempêtes et brouillards décrit l’amour et la haine d’une fille pour son père. Des sentiments qu’il faudra que la jeune femme écrivaine décortique pour éteindre la colère qui ne cesse de la brûler, la destruction qui la ronge et tenter le pardon.
Carina est la seule fille d’un père qui a choisi de retourner au Maroc pour y vivre une retraite proche de ses origines. Lorsqu’il annonce qu’il vient de se marier avec Asma, une jeune femme plus jeune qu’elle, son équilibre vacille, envahi par le dégoût et le rejet. Jalousie, rivalité ou passé trop lourd à porter… La suite ici
Gaëlle Nohant – Le bureau des éclaircissements des destins
Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant est une parfaite réussite ! Un vrai coup de cœur ! Comme une enquête à l’envers, l’écrivaine donne dignité à ceux qui, à Tréblinka, à Ravensbruck, au camp de Mitteverda ou ailleurs dans les camps ont subi les exactions de l’Allemagne nazie.
Le centre des recherches des victimes, géré par La Croix rouge française, se situe à Bad Arosen au cœur d’un bourg allemand où le prince était un nazi notoire. Devenu l’ITS (International Tracing Service), des archivistes s’activent pour retrouver le fil du passé de victimes des persécutions nazies selon la politique de leurs différents directeurs successifs.. La suite ici
Littérature générale 2022
Isabelle Rossignol – Chambre 152
Isabelle Rossignol fait son retour dans la littérature adulte après de nombreux ouvrages enfants et ados avec ce petit livre, court, intense et poétique sur le sujet sensible sur la fin de vie.
Véritable plaidoyer pour une mort sans acharnement et sans souffrance, Chambre 152 décrit par touches, empreintes de colères mais aussi d’amour et de tendresse, ces heures où on accompagne l’être aimé pour quitter peu à peu notre univers. La suite ici
Jonathan Coe – Le royaume désuni
A la suite de la grandeur déchue d’Hollywood avec Billy Winder et moi, Jonathan Coe raconte dans Le royaume désuni le déclin de la Grande Bretagne en suivant le destin de la famille de Mary Clarke habitant le petit village de Bournville, réputé pour sa chocolaterie fondée par les Cadbury.
Ainsi, de la fin de la guerre en 1945 jusqu’au lendemain du Brexit, et par petites touches, Jonathan Coe décrit la lente régression de ce pays qui dans l’histoire a connu un rayonnement envié et respecté. La suite ici
Alexander Starritt – Nous, les allemands – Rentrée Littéraire 2022
Lauréat du Dayton Literary Peace Prize
Nous les allemands d’Alexander Staritt est le leitmotiv de ce roman qui raconte l’envers du décor de la seconde guerre mondiale.
En demandant à son grand-père de raconter sa guerre, Callum se heurte à un mur. Aucune réponse. Ce n’est qu’à son décès, qu’une longue lettre vient éclairer les années passées à servir son pays. Alors, Opa Meissner raconte… La suite ici
Polina Panassenko – Tenir sa langue – Rentrée littéraire 2022
Tenir sa langue, premier roman de Polina Panassenko, raconte son exil de sa Russie natale à la banlieue Stéphanoise, à hauteur d’enfant. Le roman détaille notamment son acquisition de la langue lors de son intégration dans l’école de la République.
Le point de départ du roman est le souhait de la narratrice de pouvoir utiliser son vrai prénom, Polinia, sur ses papiers administratifs et dans les démarches officielles qu’elle est amenée à poursuivre.. La suite ici
Nicolas Garma-Berman – La fille aux plumes de poussière
Rentrée littéraire 2022
Nicolas Garma Berman publie son premier roman avec La fille aux plumes de poussière à la rentrée littéraire 2022. C’est un roman étrange, loufoque et décalé qui devrait rencontrer son public.
Eva Rosset est artisane taxidermiste. Dans son atelier, elle expose ses premières réalisations dont elle a quelque peu raté le résultat, dont Ernesto, le cerf, dans son costume étriquée. Mais, il n’est pas le seul. Il cohabite avec un sangler à écailles et une belette aux allures particulières.La suite ici
Diaty Diallo – Deux secondes d’air qui brûle –
Juste deux secondes et la vie bascule, comme le rappelle Diaty Diallo dans son premier roman écrit comme un cri de protestation, avec à l’arrière plan le son d’un rap strident, pour dénoncer les violences policières où la jeunesse finit par inonder l’air qu’ils ont brûlé.
Car Diaty Diallo écrit la langue qui ne s’écrit pas. Celle de ces zones reléguées, abandonnées, plus pauvres que la pauvreté déclarée. Alors, après un énième contrôle d’identité de jeunes qu’ils connaissent pourtant par cœur, la police dérapage et la vie d’un jeune s’envole. La suite ici
Laurent Gaudé – Chien 51
Prix du roman des Écrivains du Sud 2022
Acheté dès sa sortie mais placé dans ma liste de livres à lire, jusqu’au moment où Laurent Gaudé a reçu, pour cette dystopie, Chien 51, un prix bien mérité. Alors, je m’y suis plongée, éperdument !
Les récits d’anticipation ne sont pas le genre que j’affectionne le plus. Pourtant, avec sa Magnapole, sur l’île de Céphalonie, qui classe son mode en trois zones, avec la troisième corvéable à merci, c’est un monde à la Elon Musk que Laurent Gaudé décrit. La suite ici
Charles Dantzig-Proust Océan
Prix des Écrivains du Sud 2022
Charles Dantzig signe avec Proust Océan une déclaration d’amour littéraire à Marcel Proust. Au moment où bientôt sera fêté (le 18 novembre 2022) le centenaire de sa disparition, l’écrivain nous replonge dans son œuvre, admiratif de cet homme qui a consacré sa vie à l’acte d’écrire.
Proust Océan est implacablement documenté avec son ton exalté qui relie La recherche du temps perdu aux grands noms de la littérature. C’est singulier ! La suite ici
Brigitte Giraud – Vivre vite
Prix Goncourt 2022
Vivre vite, autofiction et roman à la fois de Brigitte Giraud, revient sur le moment où la vie bascule, irrémédiablement vers la solitude lorsque le deuil fait naître à jamais l’absence.
Brigitte Giraud a vécu dans le lieu qu’ils n’ont jamais partagé. Elle l’a transformé, aménagé, décoré, rénové en se souvenant d’eux sans qu’il ne soit jamais présent. La suite ici
Sarah Perret – La petite
Prix Jean Anglade du premier roman 2022
Ce premier roman La petite de Sarah Perret est une immersion dans la Savoie du XXè siècle. Au cœur du terroir et des gestes ancestraux au savoir lié à la connaissance de la nature, les secrets s’installent et y prospèrent, égratignant les êtres les plus sensibles et fragiles.
La petite raconte la vulnérabilité d’une petite fille sous l’influence de secrets familiaux qu’elle ne fait que subir. La suite ici
Christophe Ono-dit-Biot – Trouver refuge
Difficile de résumer mais aussi de donner envie de lire le dernier roman de Christophe Ono-dit-Biot, Trouver refuge, inclassable dans un seul genre, tellement foisonnant et décalé mais terriblement attachant !
Longtemps j’ai tourné autour de ce livre, acheté depuis longtemps l’ouvrant et le refermant, lisant de-ci delà des critiques pas toujours avantageuses, et puis, comme on saute dans le vide, je m’y suis noyée de plaisir. La suite ici
Marek Halter – La Juive de Shangaï
Quel plaisir de retrouver l’excellent conteur qu’est Marek Halter ! Sa série « Les femmes de l’Islam » m’avait enchantée. Avec « La juive de Shangaï« , c’est l’histoire romancée d’une jeune femme qui a traversé presque le monde pour fuir l’enfer des nazis. C’est aussi une formidable histoire d’amitié, de celle qui permet d’avoir le courage de poursuivre son rêve.
Ruth, qui signifie « la compatissante », est l’héroïne de cette aventure du début du XXè siècle et plus précisément de décembre 1937 jusqu’en août 1945. Elle va traverser les épreuves de l’exil tout d’abord en l’Allemagne et devenir une presque célèbre couturière. Puis à son retour à Varsovie, chez son père, elle va reprendre sa place dans la famille et sa communauté. La suite ici
Claire Baglin – En salle
Premier roman comme un constat factuel, sec et sans affect, Claire Baglin propose En salle, un récit court où elle met en perspective la vie d’ouvrier de son père et son statut d’employé précaire d’un fast-food bien connu.
Le premier récit est celui d’un ouvrier, Jérôme, et de sa famille avec sa femme Sylvie, son fils Nico, sa fille, la narratrice, jamais nommée. Se présente au fil des souvenirs l’enfance, le camping des vacances, les voyages en voiture, les bagarres violentes avec son frère, etc. Depuis plus de vingt ans, Jérôme est opérateur de maintenance et fait les 3/8. Les enfants ne savent jamais quand il va rentrer. Du coup, c’est la fête à chaque fois. La suite ici
Sabyl Ghoussoub – Beyrouth-sur-Seine
Beyrouth-sur-Seine, vous connaissez ? Non, car c’est indiqué sur aucune carte. Sabyl Ghoussoub la fait naître sous nos yeux en racontant l’histoire de l’exil de ses parents libanais en plein cœur de Paris.
C’est un roman hommage à une communauté qu’il connait bien, à son pays aussi, en fait à ses origines qui malgré sa naissance à Paris restent son attache. La suite ici
Sarah Jollien-Fardel – Sa préférée
Prix du livre FNAC 2022
Avec Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel propose le récit d’une victime qui dès son plus jeune âge à refusé de l’être par orgueil, peut-être, par dépit, sûrement, et avec une extrême vigilance, sans aucun doute.
Un roman comme un hurlement, où Jeanne, la narratrice, n’en finit pas de traîner la maltraitance de l’enfance oscillant entre colères tonitruantes et culpabilités invalidantes, et pourtant, elle était sa préférée ! La suite ici
Pierre Adrian – Que reviennent ceux qui sont loin
Avec Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian raconte le moment dans une vie où l’enfance avec ses magies s’enfuit définitivement pour laisser la place à l’adulte, raisonnable et responsable. Un roman d’une subtile nostalgie qui dépeint le monde qui passe, se prélasse dans son Pays de Léon au cœur de la Bretagne et plus précisément dans la Maison Blanche au bord de la plage.
Cette plage devient au cœur de l’été un lieu de sociabilité improvisée et d’échanges comptés. La vie y déambule dans les yeux d’un homme d’une trentaine d’année, le narrateur, qui regarde son enfance et le monde qu’il a cru immuable dans cette grande … La suite ici
Anthony Passeron – Les enfants endormis
Un jeune homme, Anthony Passeron, donne une vie de papier à son oncle Désiré dans ce magnifique roman Les enfants endormis. Avec un portrait tendre et exigeant, il rend hommage aussi à sa grand-mère, Louise, qui, toute sa vie, a lutté pour s’élever au-dessus de sa condition et a soutenu son aîné, sans faille, contre une pandémie qui a fait plus de quarante mille décès en France depuis les années 80. La suite ici
Hugo Boris – Débarquer
Débarquer, le nouveau roman de Hugo Boris paru pour la rentrée littéraire 2022 raconte l’instant où, lors d’événements insupportables, la vie remporte contre la mort qui rode.
En conviant un vétéran venu revoir le lieu où sa vie à basculer, sur cette plage d’Omaha Beach, et une jeune femme, guide conférencière, qui vient de perdre l’homme de sa vie, Débarquer pose la question de cet instant où la mort est toute proche, mais où la vie triomphe ! La suite ici
Guillaume Clicquot -Prenez-moi pour une conne…
Après avoir signé les romans qui ont inspiré les films « Papa ou Maman » et « Joyeuse retraite », Guillaume Clicquot, nous offre dans ce nouveau livre « Prenez-moi pour une conne… » le récit d’une femme blessée, abandonnée par son mari au lendemain du mariage de sa fille, qui va réagir !
Avec réalisme et surtout beaucoup d’humour, il analyse ce fait de société, tellement commun, où, à la cinquantaine, les femmes qui ont entretenu une famille, servi de faire valoir à leur mari et élevé leurs enfants, se retrouvent souvent abandonnées par la fuite du mari volage avec sa jeune maîtresse après le départ des enfants. La suite ici
Léonora Miano – Stardust
Léonora Miano propose pour cette rentrée un roman très personnel, son journal écrit pour être publié de plus de vingt ans sur la précarité qu’elle a vécut à son arrivée à Paris avec son expérience d’un centre de réinsertion avec sa fille Bliss.
De ces mois d’errance dans l’attente d’une régularisation, Léonora Miano partage un texte fort, sensible entre colère et amour maternel, sans concession concernant la France, ce pays d’accueil, ex-pays colonial, où elle essaye de conquérir son indépendance. La suite ici
Gaëlle Josse – La nuit des pères
Nouveau roman pour cette rentrée littéraire de Gaëlle Josse avec La nuit des pères ! Et, c’est une vrai réussite qui se lit en immersion, l’émotion au bord des yeux et le cœur chaviré !
Isabelle Erard rejoint son frère, Olivier, pour rencontrer, peut-être la dernière fois, son père qui place « des petits cailloux en papier dans ses poches ». Elle n’est pas revenue depuis si longtemps pourtant elle se souvient de tout ce qui l’a poussée à fuir. La suite ici
Maria Larrea – Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
Réalisatrice et scénariste, Maria Larrea propose dans Les gens de Bilbao naissent où ils veulent son premier roman où elle raconte la fierté du Pays Basque, l’abandon, les traumatismes et la filiation comme une urgence.
Deux abandons commencent ce roman, celle de Victoria et celle de Julien. Les deux vont se retrouver pour fonder à leur tour une famille dans cette France d’après guerre, à l’allure normale surtout lors des retours à Bilbao, mais malgré tout bancale, très accidentée où la peur et la violence sont tapies prêtes à humilier, cogner et rabaisser. La suite ici
Joachim Schnerf – Le cabaret des mémoires
Le troisième roman de Joachim Schnerf, Le cabaret des mémoires, regroupe les interrogations d’un nouveau père avec son passé et la questions de sa transmission à la quatrième génération, d’après le génocide de la seconde guerre mondiale.
Samuel est seul pour la dernière fois, une nuit, avant le retour de sa femme Léa et son petit. En endossant son costume de père, encore trop apprêté, cette nuit de solitude est habitée des inquiétudes devant ce nouvel envol. Les angoisses du passé reviennent en mémoire avec ses images inracontables que la mémoire familiale ne cesse de lui renvoyer. La suite ici
Jarred McGinnis – Le Lâche
Imaginez un premier roman comme un uppercut, non pas contre un adversaire, juste contre soi-même, contre ce narrateur qui s’appelle comme son écrivain, Jarred McGinnis !
Le Lâche, avec ses majuscules doublées, raconte comment un fauteuil roulant redonne à son propriétaire l’envie de revivre, allégé des entraves de son passé, réconcilié avec lui-même à travers une relation de fils à son père apaisée. La suite ici
Pauline Dreyfus – Le Président se tait
Après son Goncourt de la biographie obtenu l’an dernier, Pauline Dreyfus propose une analyse sévère de la sociologie politique en plongeant son nouveau roman Le Président se tait au cœur du silence de Valéry Giscard d’Estaing mis en cause par l’affaire des diamants dits de Bokassa.
Pendant sept semaines, le Président se tait ! Mais, pendant tous ces jours, Pauline Dreyfus met en scène douze personnages qui vont à leur manière commenter ce silence. La suite ici
Benoît Duteurtre Dictionnaire amoureux de la Belle – Époque et des Années folles
Avec plus de six cent pages sur la Belle-Époque et les Années folles, Benoît Duteurtre propose son Dictionnaire amoureux. Bien sûr, vous connaissez sa voix : sur France Musique, il fait découvrir la Périchole et autres livrets, le samedi matin dans son émission « Étonnez-moi Benoît » !
Son ton, sa légèreté et sa grande connaissance, sont compilés dans ce dictionnaire où chaque entrée fait l’objet d’anecdotes La suite ici
Cédric Meletta – Le meilleur que nous ayons couronné
Cédric Meletta ressuscite à travers le roman Le meilleur que nous ayons couronné la figure d’un parfait inconnu : le premier vainqueur du prix Goncourt.
Ce roman entraîne vers la découverte d’une époque, d’une atmosphère, d’un groupe d’artistes qui goutent la vie avec ferveur et surtout sans modération !La suite ici
Victoria Mas – Un miracle
Un événement, le nouveau roman Un miracle, de Victoria Mas est sur les tables de toutes les bonnes librairies en cette rentrée littéraire. Révélée il y a deux ans avec Le Bal des Folles que certains avaient trouvé très ressemblant avec un autre, mais que la plupart avait adoré. Son succès fut reconnut au point qu’une adaptation cinématographique a vue le jour l’an dernier.
Alors, proposer un second roman n’est jamais chose aisée. Mais ici, elle a choisit la grande difficulté. En s’éclipsant derrière les apparitions mariales, Victoria Mas nous narre le caractère délétère d’une foule qui adule puis rejette au gré de ses désirs exorbitants, comme toute personne publique à un moment ou à un autre s’en rend compte. La suite ici
Julia Minkowski-Par delà l’attente
Julia Minkowski, avocate, propose pour son premier roman une plongée dans la justice des années 30 en l’immergeant plus particulièrement au cours de l’attente du délibéré des jurés du procès des Sœurs Papin.
Même si le procès est très connu. que le défenseur des accusées soit une femme, Maître Germaine Brière, l’est beaucoup moins ! Maître Julia Minkowski présente le portrait de sa première consœur, avocate pénaliste rattachée au tribunal du Mans. La suite ici
Fanta Dramé – Ajar-Paris
Fanta Dramé convoque une histoire familiale de déracinement dans ce premier roman Ajar-Paris dont les accents intimes sont omniprésents. Elle choisit de raconter l’histoire d’une jeune femme, française, qui à la faveur du décès de sa grand-mère remonte le fil du trajet migratoire de son père.
Arrivé en 1975 de sa Maurétanie natale, et notamment de la petite bourgade d’Ajar, cet homme cultivé et profondément croyant que rien ne prédestinait à quitter son foyer va conquérir lentement, âprement, avec une témérité sans faille, le droit d’être français tout en gardant la culture de ses ancêtres. La suite ici
Olivier Adam – Dessous les roses
Dessous les roses, le nouveau roman d‘Olivier Adam interroge dès son titre. Et, pourtant, c’est toujours avec autant de plaisir que je l’ai découvert.
Dessous les roses est une plongée dans la famille d’un transfuge de classe qui s’en vante ! L’univers des banlieues, des pavillons et des parcours où la vie s’y déroule sans excès, sans histoire peut tout à fait se raconter. Mais lorsqu’un ancien membre le dénigre et en médit, les dégâts familiaux sont considérables. De l’amertume à la colère, Olivier Adam interroge, comme il sait parfaitement le faire, les liens au moment où la famille se réunit après le décès du père. La suite ici
Virginie Despentes – Cher Connard
Comme toujours, Virginie Despentes frappe fort ! Elle est la seule à oser un titre aussi provocateur. La seule encore à faire un roman sans aucune histoire. Et, surtout, encore la seule à rassembler trois personnages complétement opposés reliés par un procédé littéraire un peu désuet, la relation épistolaire.
Après la révolution MeToo, Virginie Despentes livre ses réflexions mais aussi analyse notre société relevant ses aberrations, ses archaïsmes, ses avancées et affirme encore et encore ce qui fait le sel de son lien aux autres, l’amitié. La suite ici
Abdourahman A. Waberi – Dis-moi pour qui j’existe ?
Abdourahman A. Waberi m’a offert avec Dis-moi pour quoi j’existe ? un de mes premiers coups de cœur de cette rentrée littéraire 2022. Ce roman parle, bien sûr, de transmission, de cette culture multiple dont est issue cette petite fille, africaine par son père, sicilienne par sa mère et parisienne par sa naissance. Dis-moi pour quoi j’existe ? raconte aussi la maladie inconnue d’une enfant, la terreur de ses parents et l’angoisse devant ce mal que l’on ne connaît pas, avec le retour de ses propres souvenirs lorsque la polio lui a laissé une claudication immuable. La suite ici
Simon Liberati – Performance
Performance était un film où le beau Mike Jagger interprétait son propre rôle, un chanteur star, Simon Liberati en a fait un roman où son narrateur, vieil écrivain poussif après un AVC, enfreint encore, et peut-être, pour la dernière fois, les règles de la bienpensance établie.
Car, malgré ses soixante-et-onze ans, le narrateur semble faire un doigt d’honneur, presque ultime, en entretenant une liaison amoureuse avec sa belle-fille de moins de vingt-cinq ans ! Seulement voilà ses neurones étant un peu en bernes, il n’a pas écrit depuis trop longtemps. Et quand on n’a plus la jeunesse pour entretenir l’amour, il faut au moins l’argent. La suite ici
Raozy Pellerin – Bibiche
Premier roman de Raozy Pellerin, Bibiche est le récit du parcours d’une réfugiée de République Démocratique du Congo à partir de son arrivée à Paris. De l’errance de la rue jusqu’aux papiers officiels, Bibiche dresse, par son récit, à la fois les méandres d’une administration opaque qui demande toujours plus de détails intimes pour accorder son sésame officiel et aussi un portrait de femme, volontaire et téméraire, qui chemine pour retrouver sa dignité.
Bibiche Nyandu Bilonda, on croirait à un nom d’emprunt ! Mais, c’est Anita Justine Makwanga, son nom d’emprunt, celui que les passeurs lui ont donné avec les faux papiers. La suite ici
On en garde 10 ! -Marie-Rose Guarnieri
On en garde 10 ! est un album (non, pas vraiment !), un livre (oui bien sûr), qui en rassemble 500 autres choisis par cinquante écrivains ! Le samedi 23 avril 2022, c’était la San Jordi ou la fête des librairies indépendantes qui célébraient la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. A cette occasion, les librairies qui y participent, achètent un livre édité par l’association Verbes et l’offrent à leur public.
Bien sûr, cela fait longtemps que cette date d’avril est passée, me direz-vous ? Certes, mais l’ occasion de célébrer à la fois les librairies indépendantes et la littérature sont quand même assez rare. Alors, j’ai décidé, en plein été, de parler d’elles. La suite ici
Soixante printemps en hiver – Aimée de Jonk – Ingrid Chabert
Soixante printemps en hiver raconte la désertion de Josy, le jour de l’anniversaire de ses soixante ans. Par trop plein d’ennui, par manque de nouveautés, pas routine exacerbée, Josy tranquillement prépare sa valise dans sa chambre seule, alors que la famille continue sa vie au rez-de-chaussée. D’ailleurs, chacun la réclame pour servir le repas : en premier, sa fille qui s’en est occupée, puis ses petits-enfants qui crient leur famine et son fils, présent lui aussi. Son mari rentre après d’où on ne sait où !
Vient le gâteau. Les soixante bougies. Et là, Josy annonce son départ. Elle prend sa valise, ressort le vieux Combi Volkswagen du garage et se « barre » devant la famille interloquée. La suite ici