Natacha Appanah – La mémoire délavée
Maria Pourchet – Western
Chloé Delaume – Pauvre folle

Choisir le train pour s’isoler dans ses pensées et étudier ses relations amoureuses est le projet de Clotilde ce week-end-là, imaginée par Chloé Delaume dans son roman Pauvre folle. Son objectif est d’arrêter de tourner en rond en décortiquant, tel un chirurgien, tous les souvenirs pour reconstituer le puzzle de sa vie.
Et puis dès la page dix-huit, le mot “truie” qui single au moment du premier choc esthétique littéraire de la jeune Clotilde. Et, son choc littéraire, le lecteur l’éprouve physiquement avec la langue qui nomme, happe, frappe et émerveille de précision et de poésie à la fois.
Clotilde est orpheline depuis l’âge de ses 10 ans et 3 mois. Un “uxoricide”, autre mot, qui dit la faute sur la femme qui part, que l’homme tue avant l’apparition du mot féminicide que Clotilde s’approprie. Car, pour Clotilde les mots ont leurs importances, ils lui sont même essentiels ! La suite ici
Neige Sinno – Triste tigre

Prix Le Monde 2023
C’est par l’analyse des faits, de leur argumentaire et de leurs décorticages que Neige Sinno propose avec Triste tigre de revenir sur les abus sexuels qu’elle a subi durant son enfance.
Son postulat de départ est de s’interroger sur la figure du monstre et du mal, et non sur celle de la victime, au prisme de son expérience et d’autres récits et analyses littéraires.
Ainsi, Neige Sinno reprend Lolita de Nabokov, Virginie Wolf, Tony Morisson, Christine Angout et d’autres pour proposer une étude littéraire sur les crimes de viols répétés sur enfant, que l’on appelle rapidement inceste.
Neige Sinno affirme qu’il n’y a aucune résilience, qu’écrire ne soulage pas, car, chaque matin, ” le paquet” est là. L’écriture est juste possible car la personne est sortie de la sidération dans laquelle la entretenue le criminel. Cet étonnement extrême, il nous faut, nous lect
Maylis Besserie – La Nourrice de Francis Bacon

Thomas B. Reverdy – Le grand secours
En immergeant son roman, Le grand secours, dans la journée d’un lycée, Thomas B. Reverdy raconte, par la fiction, l’enseignement dans un “quartier”, au cœur d’un département proche de sa capitale, mais si loin de ses préoccupations.
Candice est professeur de français au lycée de Bondy. Aujourd’hui, elle a invité un écrivain poète, en résidence pour 6 mois. En le rencontrant pour la première fois, elle doit le présenter aux élèves.
C’est un jour ordinaire, un lundi de janvier, et elle commence sa journée à 7 h 30 sur son vélo, en traversant le carrefour sous l’autoroute A3. Le roman se termine à la fin de la journée scolaire, vers 17 h. Tout a changé et pourtant, demain, sera identique !
Thomas B. Reverdy décrit une journée dans un lycée mais pas n’importe lequel, situé dans la Seine-Saint-Denis. Ce département est toujours raconté ou filmé pour illustrer les différents plans de la politique de la ville. Il fait la une des chaînes d’Infos lors de l’embrasement de ses cités. Quoique, maintenant, il s’efface devant la troisième ville de France, devenue vitrine de l’intervention présidentielle ! La suite ici
Rachid Benzine – Les Silences des pères
Rachid Benzine fait renaître une voix afin qu’un fils retrouve le chemin de son passé.
“Je prie chaque jour pour vous retrouver.
J’espère que vous êtes fiers de moi. ”
Cinquante-six ans plus tard, son fils écoute cette voix d’avant lui, d’un homme jeune, comme lui maintenant. Cette voix raconte à son père et sa mère la dureté de sa vie, sa tristesse d’être loin d’eux. Elle les rassure pour qu’ils cessent de s’inquiéter.
Après la toilette rituelle, après l’enterrement, qu’après avoir vidé l’appartement, le fils, devenu pianiste, de renommée internationale, entend pour la première fois la voix de son père. Elle lui parle de son exil, de son travail, de ses renoncements pour donner à ses enfants, la chance que leur vie soit différente.
La voix d’un père qui n’a jamais rien raconté, rien révélé, rien partagé de son exil. C’est le subterfuge littéraire, ou le récit d’une réalité, qu’importe, que propose Rachid Benzine pour que l’on écoute enfin cette génération de migrants qui a tout sacrifié pour que leurs enfants puissent avoir un autre avenir. La suite ici
Rencontre avec Adèle Fugère
Adèle Fugère est une journaliste indépendante qui a travaillé pendant trois ans à France Bleue Vendée, sa région d’origine, comme animatrice de “La Grande émission” rassemblant des chroniqueurs autour d’un thème central. Elle a proposé aussi plus de deux cents billets d’humeur, et d’humour, à la fois drôles et décalés, sur une radio régionale. Sous pseudo “Adelefaitdesonmieux”, elle crée des illustrations à la ligne claire en détournant les objets.
J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort est son premier roman en présentation à la Librairie Folie d’encre.
C’est une femme vive, enjouée au débit en mitraillettes qui se présente lors de ce rendez-vous, son tout premier, elle, qui découvre le milieu de l’édition. Aujourd’hui, Stéphane, un des libraires, anime la rencontre. La suite ici
Claire Berest – L’épaisseur d’un cheveu
Claire Berest décortique de façon presque chirurgicale dans son nouveau roman L’épaisseur d’un cheveu le délitement d’un couple jusqu’à la violence imprévisible du féminicide.
Étienne Lechevallier est correcteur pour les éditions de l’Instant fou. Seulement, il ne se limite pas à corriger les fautes, retoucher de-ci de-là des tournures de phrases et remettre une virgule pour laisser circuler la lecture. Non, Étienne peut réécrire presque complètement les ouvrages qui tombent entre ses doigts. Il ne supporte aucune déviance, aucune familiarité et aucun contresens.
Vive, sa femme, est photographe au carnet d’adresses très fourni. Elle travaille quelques après-midi à l’association Nid des Arts.
Étienne et Vive partagent leur vie depuis dix ans. Il est plus juste de dire qu’il partage le même appartement, tant leurs relations se sont délitées. Le concert du mardi soir reste le seul moment de partage de leur vie commune.
Le lundi, Vive organise un vernissage auquel Étienne est convié. Vincent de Gazeau, son ami de toujours, est aussi présent. A partir de cet événement, l’inévitable va se produire trois jours plus tard !
À chaque fois, Étienne rate “à un cheveu” tout ce qu’il touche : par exemple, la mention “Très bien” sur sa thèse par rapport à un malentendu ou le concours des Chartristes.
C’est aussi à un cheveu de sa vie que celle de sa compagne va basculer dans l’horreur. La suite ici
Agnès Desarthe – Le château des rentiers
Inventer le passé plutôt que de poursuivre les vieilles pierres ou arpenter les cimetières, c’est le parti pris par Agnès Desarthe pour s’en saisir. Et, pour reculer la mort, il s’agira de vivre avec ceux qu’on aime.
Ses grands-parents Boris et Tsila Jampolski, ont acheté à soixante-cinq ans un appartement de deux pièces avec balcon au 8ème étage d’une tour dans le XIIIe arrondissement au 194 rue du Château des Rentiers.
Eux, juifs russes, ont immigré en 1930. Pour cette famille, ce fut d’abord lui, son grand-père de remplacement, ancien communiste, qui est venu en premier. Puis, elle est arrivée.
Ils étaient entourés dans la tour de leurs amis devenus famille, tous venus de la même région la Bessarabie, du côté de la Moldavie.
Un phalanstère improvisé de vieilles personnes qui avaient échappé jeunes à la mort et du coup, toutes leurs journées prises sur la mort étaient un gain de vie.
Qu’Agnès Desarthe veuille reconstituer pour sa vieillesse avec les gens qu’elle aime ce phalanstère est un prétexte pour faire revivre par l’imagination les membres de sa famille qui l’ont quittée. La suite ici
Adèle Fugère – J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort
Quel merveilleux conte qu’offre Adèle Fugère pour cette rentrée littéraire !
Imaginez une petite fille qui ne se sent pas bien dans sa tête, mais pas bien du tout, du haut de ses huit ans ? Alors que faire pour la sortir de ses idées qui tournent sans cesse dans sa tête ” hantée par des angoisses et des fantômes d’une réalité insoutenable”.
On ne sait rien de son malaise ! Mais, après avoir invoqué tout le monde, y compris Dieu, un matin, apparaît sur son visage, une moustache à la Jean Rochefort. Rosalie Pierredoux devient alors le comédien en personne.
Heureusement. Rosa-Jean pourra compter à la fois sur son ami Simon, son Papy et aussi (même s’ils sont plus dans l’ombre) ses parents, pour apprendre à la fois à s’ouvrir, à oser dire, à oser montrer qui elle est, sans avoir peur du regard des autres.
Et, comme dans tous les contes, à la fin, Rosa-Jean n’aura plus besoin de moustache pour oser être elle ! Mais, là, il faut lire le roman pour connaître comment ce miracle arrive !
Les amoureux de Jean Rochefort s’amuseront à retrouver des expressions, des traits de caractère du grand comédien. L’avant-propos signale qu’il vivait dans le même village que la famille de Rosalie. Sûr que le si proche Papy a dû en parler ! La suite ici
Marie Lacire – Atlantique
Le récit de jours de vacances au bord de l’Atlantique permet à Marie Lacire de présenter un portrait de femme attachant, ni fragile ni démunie, mais assumant ses doutes pour maintenir son couple à flot et affiner la femme et l’écrivaine qu’elle souhaite devenir.
Marie Lacire présente une jeune femme, Anne, déjà primo-romancière. Son éditeur la presse pour en écrire un second. Seulement, l’angoisse monte devant la page blanche. La tension au fil des jours s’intensifie. Son compagnon propose quelques jours de vacances au bord de l’Atlantique, dans le Médoc.
La jeune femme investit la maison familiale de son compagnon, jamais habitée depuis trente ans. Certes, il y a un jardin mais complètement envahi, un salon aux meubles d’un autre âge, de la vaisselle en grand nombre et des objets qui encombrent de partout.
Avec beaucoup de pudeur, et sans jamais nommer la maladie, Marie Lacire aborde le syndrome de Diogène. Cette maladie oblige la personne à accumuler des objets de toutes sortes, même si elle n’en a pas l’utilité. Rapidement, son univers est un désordre d’objets. La suite ici
Alice Renard – La colère et l’envie
Prix Méduse 2023
Alice Renard, primo-romancière, toute jeune femme, propose un roman captivant sur l’étrangeté d’une enfant et sa découverte de la liberté à l’adolescence.
De cette enfant différente, de sa venue chez Camillio et Maude, ses parents, qui de sa naissance à ses trois, quatre ans se sont inquiétés, Alice Renard nous en raconte par le menu, l’histoire en alternant les points de vue de son père et de sa mère.
Et de ces deux récits qui forment la première partie, le lecteur retient, l’inquiétude, la honte, l’enfermement et l’agressivité rentrée, insidieuse, des parents pas comme les autres. Tout bouleverse le bon sens de ces deux adultes !
Elle est sapeur-pompier, avec une propension certaine à être le sauveteur du monde. Lui est laveur de vitres sur les buildings. Solitaire, il affronte le vertige, les environnements escarpés. Tous deux sont habitués aux situations périlleuses. La suite ici
Julie Héraclès – Vous ne connaissez rien de moi
Prix Stanislas Groupama 2023
Julie Heraclès donne une autre voix à la jeune femme photographiée par Robert Capa, le 16 juin 1944, que l’on nomme la “Tondue de Chartres”. En alternant les chapitres qui enchevêtrent le présent de l’arrestation et son passé, une Simone Grivise se raconte et se dévoile, différente de la femme photographiée, dans ce premier roman.
Dans la ville de Chartres, son enfance est assez choyée dans un foyer de commerçants. Sa mère est aigrie par les faillites successives et se réfugie facilement dans l’alcool. Son mari est toujours effacé et subit les invectives incessantes de sa femme. Néanmoins, assez rapidement, Simone découvre que cet homme n’est certainement pas son père. Madeleine, sa sœur, devenue institutrice, est considérée depuis toujours comme la bonne à tout faire de la maison.
Mais la petite Simone bénéficie d’un statut privilégié en intégrant des écoles privées tenues par des religieuses. Pourtant, elle se vit comme une victime, harcelée et dévalorisée. C’est en priant Sainte Bernadette qu’elle découvre la force de se battre. Simone garde une propension à se sentir victime, rejetée, incomprise et toujours mise à l’index.
D’ailleurs lorsque son amie Colette Klein est obligée de fuir les violences antisémites, Simone est incapable d’empathie et vit son départ comme un abandon et même une désertion !
Puis, vint l’adolescence où va s’accélérer toute son histoire! La suite ici
Oscar Coop-Phane – Rose nuit
Jamais la rose qu’un homme essaye de vendre un soir pendant le dîner ne paraît si chargée de souffrance qu’après avoir lu Rose nuit d’Oscar Coop-Phane.
Les trois personnages, dont Oscar Coop-Phane décrit le quotidien, font de ce nouveau roman une description très élaborée de notre société actuelle.
Jan était un étudiant inscrit dans un programme Erasmus, Après deux ans à l’est de Melbourne, le voici travaillant à Amsterdam, lui, le belge. Depuis son ancienne copine, Chloé, devenue en Australie une image d’ordinateur, est sortie de sa vie. Son quartier maintenant c’est Zuidas, aux immenses buildings peuplés par les cadres et leurs familles.
Ali est depuis peu arrivé en France. Avant, il était livreur. Il aimait se déplacer à bord de sa moto. Venant directement du Bangladesh, le voilà échoué à Paris. Sans papier, il est le sixième dans une pièce qu’un marchand de sommeil leur loue à prix d’or. Pour rembourser son passeur et envoyer de l’argent à sa femme et son fils, encore au pays, il vend chaque soir des roses dans les restaurants de la capitale.
Éthiopienne, Nina était étudiante à l’université. Elle aimait réfléchir, apprendre et découvrir. Seulement, sans possibilité d’emplois, elle accepte d’être ouvrière à la ferme Vitchpro. Son corps est perclus de courbatures, tensions et tendinites diverses à force de faire toujours le même geste, huit heures pas jour, six jours sur sept. Depuis, elle n’arrive plus à penser. La suite ici
Oscar Lalo – Le dernier amant
Oscar Lalo propose aux nouvelles éditions Recamier une pérégrination poétique libre sur le thème de la Terre et sa souffrance. En effet, elle n’en finit pas de souffrir de notre inconsistance à changer nos comportements pour la préserver.
Et ce composé magnifique de mots dénonce les ressources qui s’épuisent, en toute conscience, suivant notre égoïsme affiché et même revendiqué.
Comparant la Terre à une femme violentée, Oscar Lalo dénonce, fustige, hurle sa rage de constater que l’Homme se conduit aussi mal avec la planète qu’un homme lors d’un féminicide.
Considérée la Terre sans l’affection et le respect auquel ont droit les gens qu’on aime, c’est pour Oscar Lalo se rabaisser à être la main qui cogne, le pied qui frappe et les insultes qui fusent ! Et, comme l’homme violent, plutôt que de laisser à d’autres l’usage de notre univers, l’humanité préfère détruire plutôt que de permettre à quelques-uns de survivre. La suite ici
Frédéric Viguier – La vérité n’aura pas lieu
Avec La vérité n’aura pas lieu, Frédéric Viguier démarre d’un fait réel, une lectrice lui demande d’écrire un roman sur l’histoire tragique de son fils, pour analyser ce qu’est la vérité, le mensonge et l’omission, confrontées à sa position d’écrivain.
Ce récit prend par la main son lecteur dès les premières lignes pour le promener dans les méandres d’une enquête confrontée à la volonté d’une mère. Elle est aux prises avec des violences policières pour expliquer les raisons qui conduisent son fils à se suicider après une interpellation.
Gisèle Chabaud désire s’offrir les talents d’un écrivain pour donner une éternité à son fils afin de rétablir sa réputation. Car celui-ci a été victime de comportements délictueux de la part de policiers. Ils l’ont accusé, trop vite et sans preuve, d’agressions sexuelles sur mineure, ce qui a entraîné son suicide. En effet, la jeune Marion, quatorze ans, accuse Sylvain Chabaud, le père de sa meilleure amie et ami de ses parents, de l’avoir agressée.
Devenir le porte-voix romancé d’une mère blessée qui veut rétablir la mémoire de son fils, accusé à tort ne cesse-t-elle de crier, n’est pas sans poser problème à cet écrivain. Car, en panne d’inspiration pour son troisième roman, il est ravi de pouvoir enfin avoir un sujet. Il faut bien manger ! La suite ici
Nicolas Perge – Lise Deharme, Cygne noir
Nicolas Perge met en lumière une poétesse et romancière qui marqua de sa présence étonnante le mouvement surréaliste. Lise Deharme fut une muse, une salonnière, grand train, mais aussi une créatrice, attachée dans la vie et dans ses œuvres, à la liaison du merveilleux et du réel.
Figure semble-t-il incontestable de ce mouvement qu’André Breton créa et assura comme un gardien cerbère, devenu intouchable. Breton prendra le gant bleu ciel de Lise Deharme pour confectionner en bois le symbole de son mouvement qui vise à décloisonner les frontières entre les arts et les médias en s’affranchissant des genres littéraires.
Toujours représentée par ” la femme aux gants” dans Nadja en octobre 1924, Lise Deharme avait perdu de la lisibilité à notre époque. Pourtant, Nicolas Perge propose un portrait d’une femme aux convictions très contemporaines et aux engagements très affirmés.
Mais, de cette femme, il faut retenir aussi, comme le souligne Nicolas Perge dans ce roman s’appuyant sur une documentation poussée, la capacité à jouer de l’amour des hommes. En effet, elle laissa pendant des années espérer Breton, jouant avec lui au chat et à la souris, pour épouser Paul Deharme. Avant, elle avait épousé Pierre Meyer, dont elle avait eu une fille Hyacinthe. La suite ici
Morgane AZ – L’autre part
Premier roman de Morgane Az, L’autre part plonge dans le passé pour mieux réinventer son présent. Roman, et non autofiction, L’autre part démarre à partir d’une quête, retrouver le passé d’une jeune femme au Maroc des années 60, pour définir, ou repréciser, les valeurs à suivre pour toute la vie.
La grand-mère de Lina, Manelle, vient de décéder. Un cahier aperçu dès l’enfance devient dorénavant objet de découverte pour se plonger, encore un peu, dans l’aura de cette femme que Lina a tant aimé.
Les cartes postales orientalistes du siècle dernier étaient le sujet de la thèse de Lina. Alors, lorsqu’elle découvre une photographie polaroïd, accrochée par un trombone à l’une des pages, elle ne peut qu’avoir envie de revenir sur les pas de la femme de l’année de 1953 que fut sa grand-mère. Au dos de la photographie, juste une annotation lui ouvre un pan entier du passé : Manelle et Tahit – Tanger 1953.
Le carnet raconte l’année passée à Tanger. Seulement, il passe sous silence la cause de son retour en France. Alors, Lina décide d’aller sur place, dans cette ville, et de comprendre pourquoi, jamais, sa grand-mère a voulu parler de ce passé. La suite ici
Carole Fives – Le jour et l’heure
Sereinement, et même dirais-je, simplement, Carole Fives aborde dans Le jour et l’heure la fin de vie choisie à travers le ressenti de cinq personnages. Un mari et ses quatre enfants adultes accompagnent Edith qui a décidé, en toute liberté, de finir sa vie un lundi matin à 9 h en Suisse, précisément, à Bâle.
Au lieu d’être un récit de deuil, Le jour et l’heure de Carole Fives est un récit de vie de ceux qui restent et qui prennent la parole.
D’abord, le voyage à six rappelle les départs en vacances de nombreuses fois vécues par la famille. Puis, le week-end est vécu comme entre parenthèses malgré la maladie d’Edth en toile de fond.
Aucun compte à rebours, aucun rappel dérangeant, juste des instants d’intensité et de complicité pris par chacun. Mais, ce voyage est aussi un voyage intérieur que chaque personnage raconte à son rythme, avec colère ou avec son corps, seulement selon sa manière intime. La suite ici
Jean-Marie Quéméner – J’ai mille ans
Quittant le récit historique, Jean-Marie Quéméner revient à l’actualité avec ce roman, mi-fable, mi-récit, qui par la voix d’un espoir vieux de mille ans raconte le chemin qu’empruntent ceux dont leur pays d’origine est devenu à fuir.
À l’orée du Soudan et de l’Egypte, près d’un village d’orpailleurs interdits aux femmes, dans une cabane de prostituées, naît une fille qui sera la narratrice de ce récit d’exil. Sa mère choisit de l’appeler Amal qui signifie espoir. Aucun avenir pourtant pour ce bébé et sa mère dans ce lieu où la vie appartient à celui qui les possède.
Cet endroit de nulle part est trop éloigné de l’Europe et pourtant, son mirage attire. Car, ce sera toujours mieux de vivre chichement que de mourir ici. Toujours mieux de ne pas avoir d’avenir plutôt que de mourir là où on vit sans vie !
Tout dans ce bébé conclut à sa filiation avec un français, qui à l’annonce de la nouvelle s’est enfui, plus loin que son ombre ! Alors, l’exil sera leur avenir en compagnie d’Assim, aux doigts d’or, aussi homme des hommes.
C’est ce voyage, depuis mille ans réalisé, que raconte Jean-Marie Quéméner, ancien journaliste reporter, spécialiste de la Syrie. À travers le désert, une oasis, un camp de l’attente, on suit cette mère et son enfant, au cœur de la Libye, au contact du meilleur comme du pire où l’argent achète un espoir de liberté vers l’Europe fantasmée. La suite ici
Guy Boley – A ma sœur et unique
Guy Boley, en associant Elisabeth à la biographie de son frère, Fredrich Nietzche, dresse dans A ma sœur et unique un portrait de femme terriblement démoniaque.
Elisabeth est une femme vénale, méchante, menteuse, bigote et raciste, incapable de tendresse, ni même d’une simple humanité. Son seul but semble de tenir sa place dans la “bonne société”, s’enrichir pour mieux en imposer et, en plus, récolter la compassion de tous. Prête à tout, et même à trahir les écrits de son frère et à le transformer en antisémite et fasciste, elle en fait un penseur adulé du Troisième Reich.
En dix parties, Guy Boley tente de rétablir la vérité en racontant, comme un conte, l’histoire de ce génie si précoce, philosophe, penseur et musicien à la fois, souffrant notamment de douleurs ophtalmiques. Vient renforcer ce récit, la présentation de sa relation avec sa sœur, cadette de deux ans, prête lors de sa jeunesse à aliéner son destin à celui de son frère pour prendre soin de lui.
Avec l’amitié pour le musicien Wagner, avant que Louis II de Bavière ne le prenne sous son aile, Guy Boley transforme son joli conte en tragédie. En effet, Frédéric est décrit se réfugiant de plus en plus dans la solitude et Elisabeth commençant à apprécier les avantages de la haute bourgeoisie. La suite ici
François Bégaudeau – l’amour
François Bégaudeau décrit deux vies en 96 pages. Cinquante ans de vie commune où le temps s’écoule sans trop d’aspérités, sans évènements majeurs, juste le temps qui passe à deux avec de l’amour, sans majuscule.
Jeanne deviendra sténo après avoir fait le ménage dans le gymnase de sa ville, au côté de sa mère et tenue un hôtel, longtemps, la nuit. Jacques, qui a été l’éternel apprenti de son père avec semble-t-il deux mains gauches, a pensé, un temps, à l’armée puis a oublié pour devenir jardinier de sa ville. Ce sont les années soixante-dix et le temps ne compte pas ! Alors, même si Jeanne zieutait plutôt Pietro, c’est Jacques qu’elle a choisi.
Dans l’amour, il y a juste de l’ordinaire, rien d’extravagant, presque une routine, mais enrobée de cette tendresse qui fait passer les jours et les années sans s’en apercevoir. C’est la description du rien qui s’écoule qu’exalte l’écriture de François Bégaudeau en montrant ce lien indéfectible entre Jeanne et Jacques qui remplit toute leur vie.
Pourquoi si arrêter alors ? Juste parce que c’est beau, touchant, parfois énervant et même accablant quelques fois. Car cet amour-là est émouvant dans sa simplicité et dans l’absence de qualificatif, car il ne se dit pas. François Bégaudeau réussit à nous entraîner dans son histoire où il ne se passe rien de passionnel, juste un compagnonnage au long cours. La suite ici
Leonor de Recondo – Le Grand Feu
Dans Le Grand Feu, Léonor de Recondo sait magnifiquement composer les mots, comme un bouquet illuminant une pièce. Dès les premières pages, la poésie de la vie se confronte à la permanence de la mort. Car cette fin du Moyen-Âge, au cœur de la ville riche et commerçante de Venise, en décrit aussi bien l’intense beauté que la peste rampante et insidieuse, avec au cœur de cette situation, le couple de Giacomo et Francesca et leurs filles.
La dernière vient de naître. Francesca la laisse intégrer dès sa naissance La Piètà pour sanctifier la grandeur d’un chant liturgique à la vie obscure à l’arrière d’une boutique de tissus. Cette école publique forme des fillettes à la musique de haut niveau malgré le régime presque carcéral subi. Leur fille, Iliana Tagianotte, sera une de leur meilleure violoniste formée par les anciennes de l’école et surtout élève apprentie du musicien Antonio Vivaldi, professeur à l’école.
En plongeant dans ce XVIIè siècle, Léonor de Recondo entremêle ses deux passions, le violon et la musique baroque, avec un brio remarquable. Suivre l’évolution de l’enfant devenue jeune fille au cœur de cet univers est une délectation rare d’autant plus que sa découverte de la musique la transplante au cœur du grand feu de la passion.
Car, Léonor de Recondo sait décrire l’embrasement ressenti. Le choix des mots raconte les émotions vécues, les sensations perçues et le bonheur irradiant. J’avais peur du “trop”, éloignant de la réalité. L’apprentissage de cette passion se fait par une enfant si éloignée de l’affection et de la tendresse, dans son quotidien, que l’exaltation est justifiée tant cette découverte lui est déstabilisante. La suite ici
Laurent Binet – Perspective(s)
Dès la préface, Laurent Binet cueille la curiosité de son lecteur, hameçonné à son histoire de traductions d’un lot de lettres anciennes racontant Florence au mitan du XVIè siècle. En 141 lettres, Perspective(s) relate l’enquête établie pour retrouver le meurtrier du peintre Pontormo (1494 – 1557), représentant “de la manière” à Florence, après le retour des Médicis (1512) et l’élection papale de Paul IV.
Giorgio Vasari, père de l’histoire de l’art et peintre lui-même, est l’enquêteur nommé par Cosimo de Médicis, Duc de Florence, pour résoudre l’énigme de la disparition du peintre réputé, Jacomo Pontormo, tué d’un coup de ciseaux dans le cœur dans son atelier de la chapelle majeure de San Lorenzo.
Depuis onze ans, le peintre composait ses fresques qui pouvaient par leur modernité rivalisaient avec le travail de La Sixtine de Michel-Ange Buonarrotti, Maître de tous, bien que vieillissant. Parallèlement à cet assassinat, les fresques de la chapelle ont été dégradées et un tableau de Pontormo fut volé.
Le tableau doit être aussi retrouvé car il fait scandale : Imaginez, il représente la fille du Duc, Maria, dans une pose très embarrassante, pouvant atteindre à sa réputation, avant son mariage, avec un triste sire. Dans cette famille de pouvoir, les affaires politiques prennent le pas sur l’amour d’un père ! La suite ici
Sorj Chalandon – L’Enragé
Abandonnant le registre de l’intime, Sorj Chalandon renoue avec l’histoire du destin d’un enfant qui, au gré des circonstances de la vie, va transformer sa colère et sa rage aux poings toujours fermés en engagement pour la liberté.
Sorj Chalandon choisit de raconter l’histoire de la colonie pénitentiaire de Belle-ïle. Le mot colonie, à Haute-Boulogne, on accueille des mineurs. Et celui de pénitentiaire, car c’est uniquement ceux qui sont sortis des rails parce qu’ils avaient trop faim, ou alors trop bêtes ou encore trop saouls, ou comme La Teigne, trop amoureux !
Car jules Bonneau, dit La Teigne, y est arrivé le 16 mai 1927. Il en sortira à 20 ans, comme par hasard, sans préméditation, juste par une opportunité qu’il aura pu saisir. Son nom sera le seul dont l’histoire gardera le souvenir comme celui qui ne fut jamais retrouvé !
C’est cette histoire à la Jean Valjean que propose Sorj Chalandon. Imaginez, il y a à peine cent ans, on enfermait les enfants, voleurs de pommes, ou ceux dont le seul crime était d’être abandonné de tous. Dans L’Enragé, il imagine que le hasard de rencontres aimantes peut infléchir un destin de “vaurien” pourtant tout tracé. La suite ici
Chéops, je suis l’éternité
Véronique Verneuil, égyptologue, qui fut l’épouse du cinéaste Henri Verneuil (Peur sur la ville, entre autres) publie en compagnie de Zahi Hawass, égyptologue et grand archéologue égyptien, Chéops, je suis l’éternité.
1300 ans d’écart avec Ramsès II, qui est en vedette actuellement à la Halle de la Villette, Chéops est le second pharaon de la IVè dynastie connu par la Merveille qui siège encore sur le plateau de Gizeh.
Zahi Hawass a vécu plus de trente ans près de ce plateau et à découvert, avec d’autres, dans les années 90 du siècle dernier, le village des bâtisseurs des pyramides. Il a eu envie, associé à Véronique Verneuil, de faire revivre cette période à travers son petit peuple d’ouvriers expérimentés.
Chéops, je suis l’éternité donne une présence à cette période et à ce pharaon dont l’histoire n’a conservé, au musée égyptien du Caire, qu’une petite statuette, alors que sa pyramide trône éternellement.
C’est passionnant de références diverses, historiques, sociales, mathématiques et techniques, de cette époque ancienne. C’est une véritable immersion dans cette Egypte qui fascine tant ! La suite ici
Paul Saint-Bris – L’allégement des vernis
Prix Orange 2023 très remarqué, L’allègement des vernis de Paul Saint-Bris immerge au cœur du Louvre avec son emblématique tableau La Joconde de Léonard de Vinci pour une campagne de restauration hors du commun.
Aurélien est directeur des peintures au Louvre depuis six ans. Une nouvelle direction tente d’impulser un vent nouveau dans cet édifice un peu sclérosé. Seulement, Aurélien qui a hérité de sa mère une sorte de conscience exacerbée de l’esthétique a pour ce tableau une véritable exigence de beauté.
Pour dompter les ventes de billets, le cabinet d’audit contacté propose de restaurer La Joconbe pour lui ôter ce vert qui a envahi peu à peu son image et l’univers dans lequel elle évolue.
Ce sujet est pour Le Louvre comme un marronnier pour les journaux dans la douceur estivale : un sujet dont on parle régulièrement et qu’aucun a voulu se saisir de peur d’être éjecté devant la moindre avarie.
Vont compléter le décor, Homero, homme de ménage, naïf de cette histoire, Hélène, férue d’art mais conquise par des chorégraphies extraordinaires et évidemment, le meilleur restaurateur, Gaetano Casani, sorte de “Mylene Farmer” de son clan, car aussi méprisant envers les journalistes. La suite ici
Dominique Forma – La faute de la traductrice
Quel conteur merveilleux, ce Dominique Forma ! La faute de la traductrice a été dévorée en quelques heures, des heures de régal livresque pur et de délectation si agréable.
Car, Dominique Forma nous présente une de nos sœurs, un peu notre aînée, plongée dans un univers qui ne l’attend pas et qu’elle n’est pas préparée à affronter.
Le 3 mars 1959, à 22 ans, Solange Tailleraut commence sa carrière professionnelle dans l’entreprise Inter-Ingen, spécialiste en BTP (notamment la construction de ponts) de renommée internationale. Elle y entre comme traductrice trilingue : Francais, allemand et espagnol. Et, son excellence la promet à une belle carrière.
Parallèlement, le premier chapitre s’ouvre sur le décès en Argentine d’un vieux monsieur au passé que l’on découvre bien caché à son entourage.
Solange va devoir affronter toutes les discriminations sexistes de l’époque pour enfin prétendre exercer le travail qu’elle aime tant. Trop naïve dans le domaine privé, elle succombe aux avances du directeur des Opérations extérieures, Stéphane Gratien, un bellâtre qui le sait qui s’avéra un goujat de la pire espèce. La suite ici
François-Henri Désérable –L’usure d’un monde : Une traversée de l’Iran
Prix Nicolas Bouvier
Pour rendre hommage à l’écrivain voyageur qu’il admire tant, François-Henri Désérable décide de se rendre en Iran. Il en ramène un récit de voyage d’autant plus passionnant que ce pays est loin d’attirer les touristes, que son voyage se situe au plus fort des manifestations des femmes contre le port du voile obligatoire et qu’aucun journaliste n’était sur place pour témoigner !
L’usure d’un monde : Une traversée de l’Iran transporte dans un des pays les plus fermés au monde aux vestiges de l’Antiquité méconnus et à l’architecture religieuse grandiose.
L’usage du monde est le récit de voyage de Nicoles Bouvier (1929-1998) écrivain, et Thierry Vernet, peintre, partis en 1953 de Suisse pour rejoindre le Japon en voiture. Le voyage dura quatre ans, mais le livre raconte leurs deux premières années. Publié au départ à compte d’auteur, le livre attira de plus en plus de lecteurs curieux par le type de voyage et les pays traversés. À 23 ans, pour Nicolas Bouvier, ce voyage fut une “respiration”, et un “catalyseur” pour se découvrir.
François-Henri Désérable, lui, est arrivé à Téhéran par avion, le ministère des Affaires étrangères lui déconseillant de maintenir son séjour. Partant sur les traces de Bouvier, il partage les détails, les rencontres et ses observations sur cet Iran et ses merveilles. La suite ici
Virginie Grimaldi – Une belle vie
Virginie Grimaldi, qui a été la lauréate du livre favori des Français avec son précédent, sort son nouveau roman, Une belle vie, sur les liens fraternels qui unissent deux sœurs, même si celles-ci ne se sont pas vues depuis cinq ans.
Deux sœurs, Emma, l’aînée, et Agathe, se retrouvent pour passer une semaine ensemble dans la maison de leur grand-mère, avant que celle-ci ne soit vendue. Cinq années qu’elles ne se sont pas vues et la cadette n’est même pas venue à l’enterrement de l’aïeule.
De retour en arrière de l’une et de l’autre, aux récits alternés de leur journée, Une belle vie nous dévoile leurs retrouvailles, découvrant au fil des pages, les failles et les souffrances qui ont accompagné leur passé et qui retentissent dans leur présent. D’ailleurs, un secret sera retrouvé au grenier…
Rapidement, la cadette apparaît plus fragile, moins corsetée, plus enthousiasme mais plus dépressive aussi. Pourtant, tout est comme édulcoré, tendrement caché, par une répartie très cash, un activisme un peu forcené pour retrouver les lieux de l’enfance et enchaîner les activités. La suite ici
Fabrice Tassel – On dirait des hommes
Quatrième roman de Fabrice Tassel, On dirait des hommes, présente, autour du travail d’une juge d’instruction, deux histoires de couples aux prises avec deux virilités malsaines que tout semble opposer.
Ce roman noir, à l’intrigue à tiroirs et à la révélation finale que l’on pressent au fur et à mesure, est particulièrement précis et maîtrisé même si un dégoût reste dans la bouche, bien après le livre refermé.
Dominique Bondet, juge d’instruction, décide de prendre tout son temps pour conclure l’enquête sur l’accident du jeune Gabriel, âgé de 10 ans, ayant buté sur un anneau d’amarrage, un soir de tempête, noyé en quelques minutes, malgré la tentative de sauvetage de son père.
Depuis, Thomas Sénéchal et sa femme, Anna, se sont installés dans la région de l’accident et tentent de se reconstruire. Elle a sa profession dédiée aux autres. Car, en tant qu’infirmière, elle a trouvé rapidement du travail, comme d’habitude. Pour Thomas, ce fut plus incertain mais maintenant, cela va beaucoup mieux ! La suite ici
Stéphanie Perez – Le gardien de Téhéran
C’est au cours d’un reportage pour France Télévision que Stéphanie Perez fait la connaissance d’un petit gardien de musée. Dans Le gardien de Téhéran elle raconte l’histoire étonnante d’un homme que rien ne le destinait à devenir le conservateur d’œuvres artistiques modernes, rarement vues, souvent cachées.
Pour son premier emploi, à Téhéran, Cyrus Farzadi devient chauffeur en 1977. Mais, ce qu’il transporte ce ne sont ni des touristes ni des autochtones, mais des œuvres d’art à partir de leur réception à l’aéroport.
En effet, Farah Pahlavi, femme du Chah d’Iran avait une passion pour l’art contemporain européen et américain. Au cours de ses années de règne, elle rassemble un ensemble d’œuvres exceptionnelles et constitue le fond du nouveau musée d’art contemporain de Téhéran qui s’ouvre en 1977. La suite ici
Marie de Lattre – La promesse
Pour son premier roman, La promesse, Marie de Lattre propose un récit puissant, émouvant, nécessaire par son caractère universel, sur la puissance de vie d’un enfant de huit ans qui change d’identité, de famille et, grâce au soutien et à l’amour d’un duo, arrive à grandir et à vivre sa vie d’adulte même s’il pense toujours que le pire peut arriver.
Marie de Lattre a consacré deux décennies à remonter l’histoire de la famille de son père. Deux décennies pour révéler un secret. Ces longues années pour aller outre la parole paternelle de taire ses premières années de bonheur. Vingts ans pour oser ouvrir la correspondance de ses deux véritables grands-parents. Mais aussi de longues journées pour interroger la famille, accepter le soutien d’Henri Roussel et Renée, sa femme, afin de reprendre le flambeau transmis par sa mère lors de l’enterrement de son père en osant prononcer le kaddish, affirmant ainsi, au grand jour, l’origine de la famille de son mari défunt. Surtout des longs moments à raconter La promesse faite à des parents emprisonnés à Drancy de s’occuper de leur fils, Jacques, le père de la narratrice. La suite ici
Xavier Donzelli – Et par le pouvoir
Avec ses recherches effectuées au départ pour un futur article pour Historia, Xavier Donzelli les convertit en premier roman, agréable, accessible et très documenté pour présenter le contexte historique et culturel de la création du poème Liberté de Paul Eluard, reconnu rapidement comme une ode à la résistance.
Ce poème itératif et aphoristique, composé de quatrains de même longueur, avec des vers qui commencent par le même mot avait été composé pour décrire l’obsession de l’amour du poète, Paul Eluard, pour une femme, sa femme, et devait se terminer par son prénom, Nusch.
Seulement, en cet été 42, au moment où les inconsciences des débuts de la guerre sont oubliées depuis longtemps, est venu le temps des restrictions et trouver des clopinettes à manger. La vie est faite de rafles, d’arrestations arbitraires et des amis qui s’en vont, arrêtés et envoyés on ne sait où ! Alors, Paul Eluard, alors en grande difficulté pour écrire, reprend son poème d’amour, lui donne le titre de Une seule pensée qui deviendra plus tard Liberté à la sortie du recueil Poésie et vérité 1942 et le transforme en combat clandestin contre l’occupant. La suite ici
Alexandra Koszelyk – L’archiviste
Le troisième roman d’Alexandra Koszelyk, L’archiviste, aborde très justement la manière d’effacer un peuple en détruisant sa culture, son histoire, son essence avec autant de réalisme que des armes !
La sœur de k, Milla, photographe de presse, est détenue par la bande de l’Homme au chapeau, représentant du pays agresseur, qui exerce un chantage artistique. Ainsi, il impose à k, archiviste de son métier, de détruire petit à petit toute la culture de l’Ukraine afin d’éradiquer son peuple, sa civilisation, son histoire. Ainsi, sa sœur sera libérée.
« Il ne s’agit pas de tout changer, vous l’aurez compris, mais seulement certaines parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d’un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d’État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n’est pas grand-chose ! Il ne s’agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création ! De devenir l’autrice de cette nouveauté !»
Bien sûr, K trouve une manière créative de se soumettre au chantage tout en préservant les richesses de son pays. Néanmoins, le roman étant si proche de la réalité actuelle, je n’ai pu m’y plonger avec détachement et légèreté.
Alexandra Koszelyk a répondu à sa manière à l’invasion de son pays d’origine en se donnant pour mission d’expliquer ce qui fonde l’histoire et la culture de son pays. Du coup, force est de constater notre ignorance ! La suite ici
Grégoire Delacourt – Une nuit particulière
Difficile de ne pas se plonger dans un nouveau roman de Grégoire Delacourt lorsqu’il paraît ! Et, ses romans ne sont jamais sur un sujet convenu. Celui Une nuit particulière est un formidable hymne au désir, à l’amour contrecarrant la douleur, la maladie en fait contre toutes les vicissitudes de la vie.
Quittée par Olivier avec qui elle vit depuis 30 ans de mariage, Aurore cherche dans les rues de Paris “un amant de deuil”. Parce que ce soir il la quitte, elle ne peut se résoudre à rentrer et à l’affronter. Elle veut tourner la page d’un amour vécu de façon passionnelle. Elle se retrouve à cinquante-cinq ans comme dévitalisée. Alors, pour clore cet amour, elle décide de s’offrir Une nuit particulière.
En demandant une cigarette, elle rencontre Simeone, qui sort d’un groupe de parole. Ils échangent quelques mots, faits de banalité et de mots polis. Puis, Aurore scelle cette rencontre en lui demandant de l’emmener à travers Paris, à l’hôtel, au restaurant…La suite ici
Pauline Hillier – Les contemplées
De son emprisonnement, cinq ans plus tôt dans une prison de Tunis, Pauline Hillier propose un roman poignant et édifiant sur la condition des femmes enfermées mais aussi de celles de ce pays.
Fin mai 2013, Pauline Hillier manifeste seins nus avec d’autres Femen devant le Palais de Justice de Tunis durant le procès de Amina Sbouï, militante féministe. Elle avait posté sur les réseaux sociaux une photo d’elle, seins nus, affirmant en commentaire « Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne ».
Séquestrée par des groupes extrémistes, elle décide de taguer un mur d’un cimetière pour dénoncer son traitement. Arrêtée, elle subit une peine d’emprisonnement de deux ans et demi pour possession de bombes aérosols et profanation d’un cimetière. Pour protester contre son arrestation abusive, deux Femen françaises, dont Pauline Hillier, et une allemande ont été incarcérées.
Pauline Hillier choisit dans ce roman Les contemplées de se présenter seule pour raconter son incarcération et donner voix, corps, histoires à ces femmes, parias d’un monde sous le joug d’un patriarcat absolu, oubliées et muselées, au fin fond de La Manouba, la prison de femmes, dans le pavillon D. La suite ici
Erri de Luca – Grandeur nature
Après Impossible, paru il y a trois ans, Erri de Luca présente son nouveau roman uniquement sur la filiation, thème pourtant récurent dans son œuvre, et plus particulièrement de la relation entre un père et un fils. N’ayant pas eu d’enfants, l’écrivain napolitain est toujours resté un fils, comme il le précise, au début.
Le Musée d’Art et d’histoire du judaïsme a demandé d’écrire sur une des œuvres présentées. Face au tableau Père de Marc Chagall, Erri de Luca redonne au fils la possibilité de reparler à son père.
Après, Erri de Luca explore la relation d’Abraham et Isaac. Il rappelle que Abraham a l’époque était un centenaire, certes vaillant, mais rien en comparaison avec son fils Isaac sorte de mastodonte qui, malgré tout, à accepter. La suite ici
Colombe Schneck – Mensonges au paradis
Convaincue que son enfance était une période parfaitement heureuse, Colombe Schneck part à sa recherche dans Mensonges au paradis. Seulement, au fur et à mesure de ses rencontres et de la visite des lieux, la réalité lui revient découvrant des évidences qu’elle avait occultées pour grandir, malgré tout.
De six à vingt ans, Colombe Schneck fréquente à chaque vacance un home d’enfants au milieu de la Suisse, tenu par Karl et Anne-Marie. . La suite ici
Colombe Schneck – Mensonges au paradis
Convaincue que son enfance était une période parfaitement heureuse, Colombe Schneck part à sa recherche dans Mensonges au paradis. Seulement, au fur et à mesure de ses rencontres et de la visite des lieux, la réalité lui revient découvrant des évidences qu’elle avait occultées pour grandir, malgré tout.
De six à vingt ans, Colombe Schneck fréquente à chaque vacance un home d’enfants au milieu de la Suisse, tenu par Karl et Anne-Marie. Ils accueillent des jeunes confiés par des familles fortunées, ou des parents trop occupés par de grandes carrières, moins souvent, des parents aux mesures éducatives défaillantes. La suite ici
Adèle Bréau – L’heure des femmes
Le roman L’heure des femmes d’Adèle Bréau rend compte, à travers trois axes, de l’évolution des droits des femmes de la période des années 70 jusqu’à notre époque et dresse le portrait de la première personne qui a parlé de sexualité féminine sur les ondes françaises, Menie Grégoire.
La narratrice est journaliste. Rapidement, elle confie qu’elle est dans une période de rupture amoureuse mais aussi dans un creux professionnel qui l’accable. Alors, lorsqu’une ancienne connaissance lui propose une étude sur “La dame de cœur”, son surnom, elle part à la découverte de la femme qu’était Menie Grégoire.La suite ici
Jean Védrines – L’enfant rouge
Dans L’enfant rouge, Jean Védrines raconte sa jeunesse à hauteur de l’enfant qu’il était. Décrivant l’univers des militants communistes, il confronte ses souvenirs aux documents qu’il a retrouvés pour comprendre l’histoire à la fois de l’engagement de ses parents, mais aussi de leurs déceptions, au fil du temps.
Dans la famille Védrines, il y a tout d’abord le grand-père, Jules, pionnier de l’aviation. Celui qui a posé, en 1919, son biplan de toile et de bambou, léger comme une plume, sur le minuscule toit des Galeries Layettes. Mort en héros, pulvérisé dans son engin !
Il y a aussi sa mère, originaire de la Haute Loire. Et son père, véritable Lénine des luttes à Montluçon. Et, lui, le petit qui raconte sa jeunesse au cours de trois périodes, ses 6/8 ans, puis vers 11 ans, puis au début de son adolescence. La suite ici
Véronique Olvadé – Fille en Colère sur un banc de pierre
Véronique Olvadé propose son nouveau roman, Fille en colère sur un banc de pierre, sur le retour d’Aïda dans sa famille en Sicile après le décès de son père. Un énième roman sur la filiation, direz-vous ! Oui certes, mais l’écrivaine n’a pas son pareil pour créer ses fictions qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à la réalité et qu’elle triture sans jamais la faire casser pour en éprouver les ressentis.
Sa Seignerie, c’est ainsi que les filles ont surnommé leur père. Elles sont quatre: Violetta, la reine, Gilda, la pragmatique, Aïda, la préférée et Mimi, le petit colibri. Leur père étant passionné d’Opéra, trois de ses enfants portent le prénom d’héroïnes de Verdi. La dernière, s’inspire d’une pièce de Puccini. La suite ici
Constance Debré – Offences
“Il n’y a pas d’innocents”, car nous sommes coupables, nous dit en pointillé Constance Debré dans Offenses. Ce cri, où l’écriture est taillée, dépecée de toutes émotions et de tous ressentis, énonce, dénonce même, la partialité du jugement en matière de Justice et la violence comme expérience salvatrice. Pour elle, loin de représenter la justesse, la Justice n’est qu’un mensonge et la brutalité, une conséquence inéluctable pour arrêter le mal-être.
Daniel Soil – Agdez, dernière page
Ancien enseignant devenu écrivain, Daniel Soil fait pendant une bonne partie de sa vie la promotion de ses confrères belges dans les pays francophones. Diplomate de la Wallonie-Bruxelles au Maroc de 2004 à 2008, il continue son engagement pour la francophonie à Tunis comme écrivain public auprès notamment des migrants rencontrés lors de ses engagements bénévoles.
Jérôme Garcin – Mes fragiles
Dans Mes fragiles, Jérôme Garcin revient sur la vie de sa mère et de son jeune frère qui sont décédés depuis peu. L’écrivain, journaliste du Masque et La plume, dresse des maisons de papier à ses chers disparus.
Il y eut Olivier, une ode pour ce frère jumeau décédé à l’âge de six ans dans un accident de voiture. Puis, La chute de cheval revient sur le décès de son père. La suite ici
Philippe Claudel – Crépuscule
Nouveau roman de Philippe Claudel annoncé pour cette rentrée, et d’emblée me voici attirée. Seulement, comme son titre l’indique, ce roman est crépusculaire et sa lecture fut moins aisée que prévue.
Dans un coin perdu du côté de l’Europe centrale, à une époque qu’on situe au début du siècle, un crime va bouleversé la petite tranquillité de ce lieu indéfini. ble ! La suite ici
Karine Tuil – Kaddish pour un amour
Karine Tuil s’est complètement renouvelée en proposant pour cette rentrée littéraire un recueil de poésies dont le titre Kaddich pour un amour interroge. En effet, apposée la prière juive pour les morts avec la célébration de l’amour n’est pas habituelle.
Karine Tuil en reprenant les formes de cette pratique liturgique espère faire le deuil d’une relation qu’elle ne semble pas avoir choisi d’arrêter et qu’elle souhaite continuer, malgré tout. La suite ici
Philippe Besson – Ceci n’est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers affirme Philippe Besson, c’est un féminicide ! Le romancier s’attache dans son roman à décrire le ressenti des enfants lors du féminicide de leur mère.
Le narrateur, un jeune homme d’une vingtaine d’années est appelé au téléphone un jour par sa jeune sœur de 13 ans qui l’informe du drame. Puis, se déroule le schéma habituel : appeler la police, prendre un train, rejoindre le lieu du crime, assister à l’enquête qui commence, répondre aux questions des policiers, etc. Mais, dès que le cerveau se reprend à penser, il faut subir l’assaut de multiples questions qui ne vont pas cesser de l’envahir. Aucune réponse sensée ne viendra apaiser. Aucune.La suite ici
Samuel Dock – L’enfant thérapeute
Samuel Dock interroge le syndrome de L’enfant thérapeute à partir de son vécu et celui de sa mère. A quatorze ans, l’écrivain devient le soutien de sa mère, séparée de son mari pour des faits de violence, et assumant seule l’apparition de la maladie psychique de sa sœur.
Devenu docteur en psychopathologie, immergé dans le milieu de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et après plusieurs ouvrages,La suite ici
Pierre Lemaitre – Le silence et la Colère
Un mois et demi de l’année 1952 en moins de cinq cent soixante-dix-neuf pages, Pierre Lemaitre publie le quatrième volume de sa saga, sorte de Rougon-Marquart des temps modernes, Le silence et la colère après Le grand monde.
La famille Pelletier est toujours présente, même si l’ensemble du roman se situe beaucoup plus en France. Quatre ans après le décès du plus jeune des fils Pelletier, Etienne, en Indochine, le roman s’ouvre sur Geneviève, la garce, et Jean, son Bouboule de mari, fils aîné des Pelletier avec leur fille, Colette, trois ans et bientôt un autre, en gestation. La suite ici
Frappat – Trois femmes disparaissent
Critique cinématographique et romancière, Hélène Frappat propose une enquête sur la similitude du destin de trois femmes, de la grand-mère à la petite fille, qui ont été comme effacées de la mémoire cinématographique par la prédation d’un homme.
La scène des Oiseaux est dans toutes les mémoires. Tippi Hedren interprète la scène finale avec beaucoup de réalisme. En effet, Alfred Hitchcock a remplacé les oiseaux mécaniques par des vrais pour affirmer son pouvoir sur son actrice qu’il a façonnée et qui lui résiste ! La suite ici
Arnaud Rozan – Mémoire de Maisons blanches
Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d’Arnaud Rozan est tout à la fois ! Du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.
Par touches successives, associées à des œuvres d’art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l’Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l’esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l’Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.La suite ici
Marie-Hélène Lafon – Les sources
Les sources pour Marie-Hélène Lafon, ce sont les ancrages, ces lieux qui ont fondé notre histoire, notre passé, en bref, ce que nous sommes, profondément, intensément.
Dans son nouveau roman, il y en a trois lieux, bien identifié dans le Puy-de-Dôme : Soulages et sa grande ferme où ça s’active depuis des années, Fridière, le lieu de l’enfance où une jeune fille était princesse en son royaume et il y a dans la vallée de Santoire, au pays du haut, un autre lieu habitait pendant cinq ans par une famille. Trois lieux pour décrire l’enfermement, la place à tenir, la violence, le silence mais les corps parlent ! La suite ici
Antoine Catel – Incendie Blanc
Un texte au scalpel pour décrire l’addiction, Antoine Catel propose avec Incendie Blanc un hommage du narrateur à sa sœur qui s’est perdue, trop jeune, trop fragile et trop entière dans le nuage de la cocaïne.
La couverture de ce premier roman est d’une grande élégance à l’image de ce texte exigeant et émouvant. Roman d’amour dédié à une sœur aimée pour la vie mais brûlée par l’explosion de rails de cocaïne.
Deux cures de désintoxication, deux psychiatres en même temps, et pourtant dans l’appartement de Frédéric, « la petite sœur pour toujours » et overdose s’écrit ensemble ce jour-là.La suite ici
Caroline Dorka-Fenech – Tempêtes et brouillards
Second roman pour adulte de Caroline Dorka-Fenech, Tempêtes et brouillards décrit l’amour et la haine d’une fille pour son père. Des sentiments qu’il faudra que la jeune femme écrivaine décortique pour éteindre la colère qui ne cesse de la brûler, la destruction qui la ronge et tenter le pardon.
Carina est la seule fille d’un père qui a choisi de retourner au Maroc pour y vivre une retraite proche de ses origines. Lorsqu’il annonce qu’il vient de se marier avec Asma, une jeune femme plus jeune qu’elle, son équilibre vacille, envahi par le dégoût et le rejet. Jalousie, rivalité ou passé trop lourd à porter… La suite ici
Gaëlle Nohant – Le bureau des éclaircissements des destins
Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant est une parfaite réussite ! Un vrai coup de cœur ! Comme une enquête à l’envers, l’écrivaine donne dignité à ceux qui, à Tréblinka, à Ravensbruck, au camp de Mitteverda ou ailleurs dans les camps ont subi les exactions de l’Allemagne nazie.
Le centre des recherches des victimes, géré par La Croix rouge française, se situe à Bad Arosen au cœur d’un bourg allemand où le prince était un nazi notoire. Devenu l’ITS (International Tracing Service), des archivistes s’activent pour retrouver le fil du passé de victimes des persécutions nazies selon la politique de leurs différents directeurs successifs.. La suite ici
Littérature générale 2022
Isabelle Rossignol – Chambre 152
Jonathan Coe – Le royaume désuni
Alexander Starritt – Nous, les allemands – Rentrée Littéraire 2022
Polina Panassenko – Tenir sa langue – Rentrée littéraire 2022
Nicolas Garma-Berman – La fille aux plumes de poussière
Diaty Diallo – Deux secondes d’air qui brûle –
Laurent Gaudé – Chien 51
Christophe Ono-dit-Biot – Trouver refuge
Marek Halter – La Juive de Shangaï
Claire Baglin – En salle
Sabyl Ghoussoub – Beyrouth-sur-Seine
Sarah Jollien-Fardel – Sa préférée
Pierre Adrian – Que reviennent ceux qui sont loin
Anthony Passeron – Les enfants endormis
Hugo Boris – Débarquer
Guillaume Clicquot -Prenez-moi pour une conne…
Léonora Miano – Stardust
Léonora Miano propose pour cette rentrée un roman très personnel, son journal écrit pour être publié de plus de vingt ans sur la précarité qu’elle a vécut à son arrivée à Paris avec son expérience d’un centre de réinsertion avec sa fille Bliss.
De ces mois d’errance dans l’attente d’une régularisation, Léonora Miano partage un texte fort, sensible entre colère et amour maternel, sans concession concernant la France, ce pays d’accueil, ex-pays colonial, où elle essaye de conquérir son indépendance. La suite ici
Gaëlle Josse – La nuit des pères
Nouveau roman pour cette rentrée littéraire de Gaëlle Josse avec La nuit des pères ! Et, c’est une vraie réussite qui se lit en immersion, l’émotion au bord des yeux et le cœur chaviré !
Isabelle Erard rejoint son frère, Olivier, pour rencontrer, peut-être la dernière fois, son père qui place « des petits cailloux en papier dans ses poches ». Elle n’est pas revenue depuis si longtemps pourtant elle se souvient de tout ce qui l’a poussée à fuir. La suite ici
Maria Larrea – Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
Joachim Schnerf – Le cabaret des mémoires
Jarred McGinnis – Le Lâche
Pauline Dreyfus – Le Président se tait
Benoît Duteurtre Dictionnaire amoureux de la Belle – Époque et des Années folles
Cédric Meletta – Le meilleur que nous ayons couronné
Victoria Mas – Un miracle
Julia Minkowski-Par de-là l’attente
Fanta Dramé – Ajar-Paris
Olivier Adam – Dessous les roses
Virginie Despentes – Cher Connard
Abdourahman A. Waberi – Dis-moi pour qui j’existe ?
Simon Liberati – Performance
Raozy Pellerin – Bibiche
On en garde 10 ! -Marie-Rose Guarnieri
Soixante printemps en hiver – Aimée de Jonk – Ingrid Chabert
Chroniques littéraires
La littérature est une forme de plaisir poussée à son raffinement le plus extrême par des écrivains que le rapport habituel au langage ne satisfait plus. Alice Zeniter
Littérature générale 2023
Philippe Claudel – Crépuscule
Nouveau roman de Philippe Claudel annoncé pour cette rentrée, et d’emblée me voici attirée. Seulement, comme son titre l’indique, ce roman est crépusculaire et sa lecture fut moins aisée que prévue.
Dans un coin perdu du côté de l’Europe centrale, à une époque qu’on situe au début du siècle, un crime va bouleversé la petite tranquillité de ce lieu indéfini. Crépuscule commence comme une enquête. Il s’agit de retrouver pour la brigade policière locale l’assassin du curé du bourg. Seulement, ceci n’est qu’un prétexte à Philippe Claudel pour décrire un monde qui va se déliter jusqu’à en devenir effroyable, et pour moi insupportable ! La suite ici
Karine Tuil – Kaddish pour un amour
Karine Tuil s’est complètement renouvelée en proposant pour cette rentrée littéraire un recueil de poésies dont le titre Kaddich pour un amour interroge. En effet, apposée la prière juive pour les morts avec la célébration de l’amour n’est pas habituelle.
Karine Tuil en reprenant les formes de cette pratique liturgique espère faire le deuil d’une relation qu’elle ne semble pas avoir choisi d’arrêter et qu’elle souhaite continuer, malgré tout.
A la manière du chant pour le mort qui accompagne les vivants, l’écrivaine accepte le départ de l’être aimé et essaye d’apprendre à vivre sans lui, tout en gardant le souvenir doux de cet amour. La suite ici
Philippe Besson – Ceci n’est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers affirme Philippe Besson, c’est un féminicide ! Le romancier s’attache dans son roman à décrire le ressenti des enfants lors du féminicide de leur mère.
Brins d’histoire
Le narrateur, un jeune homme d’une vingtaine d’années est appelé au téléphone un jour par sa jeune sœur de 13 ans qui l’informe du drame. Puis, se déroule le schéma habituel : appeler la police, prendre un train, rejoindre le lieu du crime, assister à l’enquête qui commence, répondre aux questions des policiers, etc. Mais, dès que le cerveau se reprend à penser, il faut subir l’assaut de multiples questions qui ne vont pas cesser de l’envahir. Aucune réponse sensée ne viendra apaiser. Aucune.
Avec beaucoup de pudeur, Philippe Besson s’attache à partir des événements qui suivent la découverte du corps à décrire les ressentis de ces deux enfants. Subitement projetés dans un monde où plus personne ne peut les protéger, leur donner cet amour filial si nécessaire, tous deux, malgré la tendresse qui les relie et les responsabilités qui incombent au narrateur, vont à leur manière montrer comment un tel drame contrecarre tous les rêves, tous les chemins que jusque là, ils avaient empruntés. Et, pourtant, ils avaient un grand-père qui a pu leur redonner un espace tendre pour continuer à vivre.
La jeunesse de Léa, la sœur, dont la vision du drame ne pourra s’effacer vient s’effondrer devant l’impossibilité de choisir l’amour envers ses deux parents. Là encore, Philippe Besson sait mesurer ses mots, les charger de cette affection toute en subtilité qu’il décrit. La suite ici
Samuel Dock – L’enfant thérapeute
Samuel Dock interroge le syndrome de L’enfant thérapeute à partir de son vécu et celui de sa mère. A quatorze ans, l’écrivain devient le soutien de sa mère, séparée de son mari pour des faits de violence, et assumant seule l’apparition de la maladie psychique de sa sœur.
Devenu docteur en psychopathologie, immergé dans le milieu de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et après plusieurs ouvrages, Samuel Dock réfléchit à cet état en présentant à partir de son témoignage les trois aspects de sa réflexion : la présentation du syndrome au niveau de l’adulte qu’il est devenu, la nature des failles de sa mère et le renouveau de leur relation.
Seulement ce livre n’est ni un essai, ni un mémoire, c’est un roman dont la fiction s’inspire de faits réels et dont le style fauche le lecteur au-delà du prévisible ! La suite ici
Pierre Lemaitre – Le silence et la Colère
Un mois et demi de l’année 1952 en moins de cinq cent soixante-dix-neuf pages, Pierre Lemaitre publie le quatrième volume de sa saga, sorte de Rougon-Marquart des temps modernes, Le silence et la colère après Le grand monde.
La famille Pelletier est toujours présente, même si l’ensemble du roman se situe beaucoup plus en France. Quatre ans après le décès du plus jeune des fils Pelletier, Etienne, en Indochine, le roman s’ouvre sur Geneviève, la garce, et Jean, son Bouboule de mari, fils aîné des Pelletier avec leur fille, Colette, trois ans et bientôt un autre, en gestation.
Jean a l’idée d’ouvrir un magasin de vêtements qu’on n’appelle pas encore discount. François est entré dans une rédaction qui ressemble beaucoup à France Soir. Hélène, la plus jeune, belle comme un cœur, essaye de suivre son petit chemin de femme libre. Alors, la vie va son cours pendant plus de huit semaines. Seulement, c’est Pierre Lemaitre qui tient la barre ! La suite ici
Frappat – Trois femmes disparaissent
Critique cinématographique et romancière, Hélène Frappat propose une enquête sur la similitude du destin de trois femmes, de la grand-mère à la petite fille, qui ont été comme effacées de la mémoire cinématographique par la prédation d’un homme.
La scène des Oiseaux est dans toutes les mémoires. Tippi Hedren interprète la scène finale avec beaucoup de réalisme. En effet, Alfred Hitchcock a remplacé les oiseaux mécaniques par des vrais pour affirmer son pouvoir sur son actrice qu’il a façonnée et qui lui résiste ! La suite ici
Arnaud Rozan – Mémoire de Maisons blanches
Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d’Arnaud Rozan est tout à la fois ! Du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.
Par touches successives, associées à des œuvres d’art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l’Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l’esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l’Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.La suite ici
Marie-Hélène Lafon – Les sources
Les sources pour Marie-Hélène Lafon, ce sont les ancrages, ces lieux qui ont fondé notre histoire, notre passé, en bref, ce que nous sommes, profondément, intensément.
Dans son nouveau roman, il y en a trois lieux, bien identifié dans le Puy-de-Dôme : Soulages et sa grande ferme où ça s’active depuis des années, Fridière, le lieu de l’enfance où une jeune fille était princesse en son royaume et il y a dans la vallée de Santoire, au pays du haut, un autre lieu habitait pendant cinq ans par une famille. Trois lieux pour décrire l’enfermement, la place à tenir, la violence, le silence mais les corps parlent ! La suite ici
Antoine Catel – Incendie Blanc
Un texte au scalpel pour décrire l’addiction, Antoine Catel propose avec Incendie Blanc un hommage du narrateur à sa sœur qui s’est perdue, trop jeune, trop fragile et trop entière dans le nuage de la cocaïne.
La couverture de ce premier roman est d’une grande élégance à l’image de ce texte exigeant et émouvant. Roman d’amour dédié à une sœur aimée pour la vie mais brûlée par l’explosion de rails de cocaïne.
Deux cures de désintoxication, deux psychiatres en même temps, et pourtant dans l’appartement de Frédéric, « la petite sœur pour toujours » et overdose s’écrit ensemble ce jour-là.La suite ici
Caroline Dorka-Fenech – Tempêtes et brouillards
Second roman pour adulte de Caroline Dorka-Fenech, Tempêtes et brouillards décrit l’amour et la haine d’une fille pour son père. Des sentiments qu’il faudra que la jeune femme écrivaine décortique pour éteindre la colère qui ne cesse de la brûler, la destruction qui la ronge et tenter le pardon.
Carina est la seule fille d’un père qui a choisi de retourner au Maroc pour y vivre une retraite proche de ses origines. Lorsqu’il annonce qu’il vient de se marier avec Asma, une jeune femme plus jeune qu’elle, son équilibre vacille, envahi par le dégoût et le rejet. Jalousie, rivalité ou passé trop lourd à porter… La suite ici
Gaëlle Nohant – Le bureau des éclaircissements des destins
Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant est une parfaite réussite ! Un vrai coup de cœur ! Comme une enquête à l’envers, l’écrivaine donne dignité à ceux qui, à Tréblinka, à Ravensbruck, au camp de Mitteverda ou ailleurs dans les camps ont subi les exactions de l’Allemagne nazie.
Le centre des recherches des victimes, géré par La Croix rouge française, se situe à Bad Arosen au cœur d’un bourg allemand où le prince était un nazi notoire. Devenu l’ITS (International Tracing Service), des archivistes s’activent pour retrouver le fil du passé de victimes des persécutions nazies selon la politique de leurs différents directeurs successifs.. La suite ici
Littérature générale 2022
Isabelle Rossignol – Chambre 152
Isabelle Rossignol fait son retour dans la littérature adulte après de nombreux ouvrages enfants et ados avec ce petit livre, court, intense et poétique sur le sujet sensible sur la fin de vie.
Véritable plaidoyer pour une mort sans acharnement et sans souffrance, Chambre 152 décrit par touches, empreintes de colères mais aussi d’amour et de tendresse, ces heures où on accompagne l’être aimé pour quitter peu à peu notre univers. La suite ici
Jonathan Coe – Le royaume désuni
A la suite de la grandeur déchue d’Hollywood avec Billy Winder et moi, Jonathan Coe raconte dans Le royaume désuni le déclin de la Grande Bretagne en suivant le destin de la famille de Mary Clarke habitant le petit village de Bournville, réputé pour sa chocolaterie fondée par les Cadbury.
Ainsi, de la fin de la guerre en 1945 jusqu’au lendemain du Brexit, et par petites touches, Jonathan Coe décrit la lente régression de ce pays qui dans l’histoire a connu un rayonnement envié et respecté. La suite ici
Alexander Starritt – Nous, les allemands – Rentrée Littéraire 2022
Lauréat du Dayton Literary Peace Prize
Nous les allemands d’Alexander Staritt est le leitmotiv de ce roman qui raconte l’envers du décor de la seconde guerre mondiale.
En demandant à son grand-père de raconter sa guerre, Callum se heurte à un mur. Aucune réponse. Ce n’est qu’à son décès, qu’une longue lettre vient éclairer les années passées à servir son pays. Alors, Opa Meissner raconte… La suite ici
Polina Panassenko – Tenir sa langue – Rentrée littéraire 2022
Tenir sa langue, premier roman de Polina Panassenko, raconte son exil de sa Russie natale à la banlieue Stéphanoise, à hauteur d’enfant. Le roman détaille notamment son acquisition de la langue lors de son intégration dans l’école de la République.
Le point de départ du roman est le souhait de la narratrice de pouvoir utiliser son vrai prénom, Polinia, sur ses papiers administratifs et dans les démarches officielles qu’elle est amenée à poursuivre.. La suite ici
Nicolas Garma-Berman – La fille aux plumes de poussière
Rentrée littéraire 2022
Nicolas Garma Berman publie son premier roman avec La fille aux plumes de poussière à la rentrée littéraire 2022. C’est un roman étrange, loufoque et décalé qui devrait rencontrer son public.
Eva Rosset est artisane taxidermiste. Dans son atelier, elle expose ses premières réalisations dont elle a quelque peu raté le résultat, dont Ernesto, le cerf, dans son costume étriquée. Mais, il n’est pas le seul. Il cohabite avec un sangler à écailles et une belette aux allures particulières.La suite ici
Diaty Diallo – Deux secondes d’air qui brûle –
Juste deux secondes et la vie bascule, comme le rappelle Diaty Diallo dans son premier roman écrit comme un cri de protestation, avec à l’arrière plan le son d’un rap strident, pour dénoncer les violences policières où la jeunesse finit par inonder l’air qu’ils ont brûlé.
Car Diaty Diallo écrit la langue qui ne s’écrit pas. Celle de ces zones reléguées, abandonnées, plus pauvres que la pauvreté déclarée. Alors, après un énième contrôle d’identité de jeunes qu’ils connaissent pourtant par cœur, la police dérapage et la vie d’un jeune s’envole. La suite ici
Laurent Gaudé – Chien 51
Prix du roman des Écrivains du Sud 2022
Acheté dès sa sortie mais placé dans ma liste de livres à lire, jusqu’au moment où Laurent Gaudé a reçu, pour cette dystopie, Chien 51, un prix bien mérité. Alors, je m’y suis plongée, éperdument !
Les récits d’anticipation ne sont pas le genre que j’affectionne le plus. Pourtant, avec sa Magnapole, sur l’île de Céphalonie, qui classe son mode en trois zones, avec la troisième corvéable à merci, c’est un monde à la Elon Musk que Laurent Gaudé décrit. La suite ici
Charles Dantzig-Proust Océan
Prix des Écrivains du Sud 2022
Charles Dantzig signe avec Proust Océan une déclaration d’amour littéraire à Marcel Proust. Au moment où bientôt sera fêté (le 18 novembre 2022) le centenaire de sa disparition, l’écrivain nous replonge dans son œuvre, admiratif de cet homme qui a consacré sa vie à l’acte d’écrire.
Proust Océan est implacablement documenté avec son ton exalté qui relie La recherche du temps perdu aux grands noms de la littérature. C’est singulier ! La suite ici
Brigitte Giraud – Vivre vite
Prix Goncourt 2022
Vivre vite, autofiction et roman à la fois de Brigitte Giraud, revient sur le moment où la vie bascule, irrémédiablement vers la solitude lorsque le deuil fait naître à jamais l’absence.
Brigitte Giraud a vécu dans le lieu qu’ils n’ont jamais partagé. Elle l’a transformé, aménagé, décoré, rénové en se souvenant d’eux sans qu’il ne soit jamais présent. La suite ici
Sarah Perret – La petite
Prix Jean Anglade du premier roman 2022
Ce premier roman La petite de Sarah Perret est une immersion dans la Savoie du XXè siècle. Au cœur du terroir et des gestes ancestraux au savoir lié à la connaissance de la nature, les secrets s’installent et y prospèrent, égratignant les êtres les plus sensibles et fragiles.
La petite raconte la vulnérabilité d’une petite fille sous l’influence de secrets familiaux qu’elle ne fait que subir. La suite ici
Christophe Ono-dit-Biot – Trouver refuge
Difficile de résumer mais aussi de donner envie de lire le dernier roman de Christophe Ono-dit-Biot, Trouver refuge, inclassable dans un seul genre, tellement foisonnant et décalé mais terriblement attachant !
Longtemps j’ai tourné autour de ce livre, acheté depuis longtemps l’ouvrant et le refermant, lisant de-ci delà des critiques pas toujours avantageuses, et puis, comme on saute dans le vide, je m’y suis noyée de plaisir. La suite ici
Marek Halter – La Juive de Shangaï
Quel plaisir de retrouver l’excellent conteur qu’est Marek Halter ! Sa série « Les femmes de l’Islam » m’avait enchantée. Avec « La juive de Shangaï« , c’est l’histoire romancée d’une jeune femme qui a traversé presque le monde pour fuir l’enfer des nazis. C’est aussi une formidable histoire d’amitié, de celle qui permet d’avoir le courage de poursuivre son rêve.
Ruth, qui signifie « la compatissante », est l’héroïne de cette aventure du début du XXè siècle et plus précisément de décembre 1937 jusqu’en août 1945. Elle va traverser les épreuves de l’exil tout d’abord en l’Allemagne et devenir une presque célèbre couturière. Puis à son retour à Varsovie, chez son père, elle va reprendre sa place dans la famille et sa communauté. La suite ici
Claire Baglin – En salle
Premier roman comme un constat factuel, sec et sans affect, Claire Baglin propose En salle, un récit court où elle met en perspective la vie d’ouvrier de son père et son statut d’employé précaire d’un fast-food bien connu.
Le premier récit est celui d’un ouvrier, Jérôme, et de sa famille avec sa femme Sylvie, son fils Nico, sa fille, la narratrice, jamais nommée. Se présente au fil des souvenirs l’enfance, le camping des vacances, les voyages en voiture, les bagarres violentes avec son frère, etc. Depuis plus de vingt ans, Jérôme est opérateur de maintenance et fait les 3/8. Les enfants ne savent jamais quand il va rentrer. Du coup, c’est la fête à chaque fois. La suite ici
Sabyl Ghoussoub – Beyrouth-sur-Seine
Beyrouth-sur-Seine, vous connaissez ? Non, car c’est indiqué sur aucune carte. Sabyl Ghoussoub la fait naître sous nos yeux en racontant l’histoire de l’exil de ses parents libanais en plein cœur de Paris.
C’est un roman hommage à une communauté qu’il connait bien, à son pays aussi, en fait à ses origines qui malgré sa naissance à Paris restent son attache. La suite ici
Sarah Jollien-Fardel – Sa préférée
Prix du livre FNAC 2022
Avec Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel propose le récit d’une victime qui dès son plus jeune âge à refusé de l’être par orgueil, peut-être, par dépit, sûrement, et avec une extrême vigilance, sans aucun doute.
Un roman comme un hurlement, où Jeanne, la narratrice, n’en finit pas de traîner la maltraitance de l’enfance oscillant entre colères tonitruantes et culpabilités invalidantes, et pourtant, elle était sa préférée ! La suite ici
Pierre Adrian – Que reviennent ceux qui sont loin
Avec Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian raconte le moment dans une vie où l’enfance avec ses magies s’enfuit définitivement pour laisser la place à l’adulte, raisonnable et responsable. Un roman d’une subtile nostalgie qui dépeint le monde qui passe, se prélasse dans son Pays de Léon au cœur de la Bretagne et plus précisément dans la Maison Blanche au bord de la plage.
Cette plage devient au cœur de l’été un lieu de sociabilité improvisée et d’échanges comptés. La vie y déambule dans les yeux d’un homme d’une trentaine d’année, le narrateur, qui regarde son enfance et le monde qu’il a cru immuable dans cette grande … La suite ici
Anthony Passeron – Les enfants endormis
Un jeune homme, Anthony Passeron, donne une vie de papier à son oncle Désiré dans ce magnifique roman Les enfants endormis. Avec un portrait tendre et exigeant, il rend hommage aussi à sa grand-mère, Louise, qui, toute sa vie, a lutté pour s’élever au-dessus de sa condition et a soutenu son aîné, sans faille, contre une pandémie qui a fait plus de quarante mille décès en France depuis les années 80. La suite ici
Hugo Boris – Débarquer
Débarquer, le nouveau roman de Hugo Boris paru pour la rentrée littéraire 2022 raconte l’instant où, lors d’événements insupportables, la vie remporte contre la mort qui rode.
En conviant un vétéran venu revoir le lieu où sa vie à basculer, sur cette plage d’Omaha Beach, et une jeune femme, guide conférencière, qui vient de perdre l’homme de sa vie, Débarquer pose la question de cet instant où la mort est toute proche, mais où la vie triomphe ! La suite ici
Guillaume Clicquot -Prenez-moi pour une conne…
Après avoir signé les romans qui ont inspiré les films « Papa ou Maman » et « Joyeuse retraite », Guillaume Clicquot, nous offre dans ce nouveau livre « Prenez-moi pour une conne… » le récit d’une femme blessée, abandonnée par son mari au lendemain du mariage de sa fille, qui va réagir !
Avec réalisme et surtout beaucoup d’humour, il analyse ce fait de société, tellement commun, où, à la cinquantaine, les femmes qui ont entretenu une famille, servi de faire valoir à leur mari et élevé leurs enfants, se retrouvent souvent abandonnées par la fuite du mari volage avec sa jeune maîtresse après le départ des enfants. La suite ici
Léonora Miano – Stardust
Léonora Miano propose pour cette rentrée un roman très personnel, son journal écrit pour être publié de plus de vingt ans sur la précarité qu’elle a vécut à son arrivée à Paris avec son expérience d’un centre de réinsertion avec sa fille Bliss.
De ces mois d’errance dans l’attente d’une régularisation, Léonora Miano partage un texte fort, sensible entre colère et amour maternel, sans concession concernant la France, ce pays d’accueil, ex-pays colonial, où elle essaye de conquérir son indépendance. La suite ici
Gaëlle Josse – La nuit des pères
Nouveau roman pour cette rentrée littéraire de Gaëlle Josse avec La nuit des pères ! Et, c’est une vrai réussite qui se lit en immersion, l’émotion au bord des yeux et le cœur chaviré !
Isabelle Erard rejoint son frère, Olivier, pour rencontrer, peut-être la dernière fois, son père qui place « des petits cailloux en papier dans ses poches ». Elle n’est pas revenue depuis si longtemps pourtant elle se souvient de tout ce qui l’a poussée à fuir. La suite ici
Maria Larrea – Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
Réalisatrice et scénariste, Maria Larrea propose dans Les gens de Bilbao naissent où ils veulent son premier roman où elle raconte la fierté du Pays Basque, l’abandon, les traumatismes et la filiation comme une urgence.
Deux abandons commencent ce roman, celle de Victoria et celle de Julien. Les deux vont se retrouver pour fonder à leur tour une famille dans cette France d’après guerre, à l’allure normale surtout lors des retours à Bilbao, mais malgré tout bancale, très accidentée où la peur et la violence sont tapies prêtes à humilier, cogner et rabaisser. La suite ici
Joachim Schnerf – Le cabaret des mémoires
Le troisième roman de Joachim Schnerf, Le cabaret des mémoires, regroupe les interrogations d’un nouveau père avec son passé et la questions de sa transmission à la quatrième génération, d’après le génocide de la seconde guerre mondiale.
Samuel est seul pour la dernière fois, une nuit, avant le retour de sa femme Léa et son petit. En endossant son costume de père, encore trop apprêté, cette nuit de solitude est habitée des inquiétudes devant ce nouvel envol. Les angoisses du passé reviennent en mémoire avec ses images inracontables que la mémoire familiale ne cesse de lui renvoyer. La suite ici
Jarred McGinnis – Le Lâche
Imaginez un premier roman comme un uppercut, non pas contre un adversaire, juste contre soi-même, contre ce narrateur qui s’appelle comme son écrivain, Jarred McGinnis !
Le Lâche, avec ses majuscules doublées, raconte comment un fauteuil roulant redonne à son propriétaire l’envie de revivre, allégé des entraves de son passé, réconcilié avec lui-même à travers une relation de fils à son père apaisée. La suite ici
Pauline Dreyfus – Le Président se tait
Après son Goncourt de la biographie obtenu l’an dernier, Pauline Dreyfus propose une analyse sévère de la sociologie politique en plongeant son nouveau roman Le Président se tait au cœur du silence de Valéry Giscard d’Estaing mis en cause par l’affaire des diamants dits de Bokassa.
Pendant sept semaines, le Président se tait ! Mais, pendant tous ces jours, Pauline Dreyfus met en scène douze personnages qui vont à leur manière commenter ce silence. La suite ici
Benoît Duteurtre Dictionnaire amoureux de la Belle – Époque et des Années folles
Avec plus de six cent pages sur la Belle-Époque et les Années folles, Benoît Duteurtre propose son Dictionnaire amoureux. Bien sûr, vous connaissez sa voix : sur France Musique, il fait découvrir la Périchole et autres livrets, le samedi matin dans son émission « Étonnez-moi Benoît » !
Son ton, sa légèreté et sa grande connaissance, sont compilés dans ce dictionnaire où chaque entrée fait l’objet d’anecdotes La suite ici
Cédric Meletta – Le meilleur que nous ayons couronné
Cédric Meletta ressuscite à travers le roman Le meilleur que nous ayons couronné la figure d’un parfait inconnu : le premier vainqueur du prix Goncourt.
Ce roman entraîne vers la découverte d’une époque, d’une atmosphère, d’un groupe d’artistes qui goutent la vie avec ferveur et surtout sans modération !La suite ici
Victoria Mas – Un miracle
Un événement, le nouveau roman Un miracle, de Victoria Mas est sur les tables de toutes les bonnes librairies en cette rentrée littéraire. Révélée il y a deux ans avec Le Bal des Folles que certains avaient trouvé très ressemblant avec un autre, mais que la plupart avait adoré. Son succès fut reconnut au point qu’une adaptation cinématographique a vue le jour l’an dernier.
Alors, proposer un second roman n’est jamais chose aisée. Mais ici, elle a choisit la grande difficulté. En s’éclipsant derrière les apparitions mariales, Victoria Mas nous narre le caractère délétère d’une foule qui adule puis rejette au gré de ses désirs exorbitants, comme toute personne publique à un moment ou à un autre s’en rend compte. La suite ici
Julia Minkowski-Par delà l’attente
Julia Minkowski, avocate, propose pour son premier roman une plongée dans la justice des années 30 en l’immergeant plus particulièrement au cours de l’attente du délibéré des jurés du procès des Sœurs Papin.
Même si le procès est très connu. que le défenseur des accusées soit une femme, Maître Germaine Brière, l’est beaucoup moins ! Maître Julia Minkowski présente le portrait de sa première consœur, avocate pénaliste rattachée au tribunal du Mans. La suite ici
Fanta Dramé – Ajar-Paris
Fanta Dramé convoque une histoire familiale de déracinement dans ce premier roman Ajar-Paris dont les accents intimes sont omniprésents. Elle choisit de raconter l’histoire d’une jeune femme, française, qui à la faveur du décès de sa grand-mère remonte le fil du trajet migratoire de son père.
Arrivé en 1975 de sa Maurétanie natale, et notamment de la petite bourgade d’Ajar, cet homme cultivé et profondément croyant que rien ne prédestinait à quitter son foyer va conquérir lentement, âprement, avec une témérité sans faille, le droit d’être français tout en gardant la culture de ses ancêtres. La suite ici
Olivier Adam – Dessous les roses
Dessous les roses, le nouveau roman d‘Olivier Adam interroge dès son titre. Et, pourtant, c’est toujours avec autant de plaisir que je l’ai découvert.
Dessous les roses est une plongée dans la famille d’un transfuge de classe qui s’en vante ! L’univers des banlieues, des pavillons et des parcours où la vie s’y déroule sans excès, sans histoire peut tout à fait se raconter. Mais lorsqu’un ancien membre le dénigre et en médit, les dégâts familiaux sont considérables. De l’amertume à la colère, Olivier Adam interroge, comme il sait parfaitement le faire, les liens au moment où la famille se réunit après le décès du père. La suite ici
Virginie Despentes – Cher Connard
Comme toujours, Virginie Despentes frappe fort ! Elle est la seule à oser un titre aussi provocateur. La seule encore à faire un roman sans aucune histoire. Et, surtout, encore la seule à rassembler trois personnages complétement opposés reliés par un procédé littéraire un peu désuet, la relation épistolaire.
Après la révolution MeToo, Virginie Despentes livre ses réflexions mais aussi analyse notre société relevant ses aberrations, ses archaïsmes, ses avancées et affirme encore et encore ce qui fait le sel de son lien aux autres, l’amitié. La suite ici
Abdourahman A. Waberi – Dis-moi pour qui j’existe ?
Abdourahman A. Waberi m’a offert avec Dis-moi pour quoi j’existe ? un de mes premiers coups de cœur de cette rentrée littéraire 2022. Ce roman parle, bien sûr, de transmission, de cette culture multiple dont est issue cette petite fille, africaine par son père, sicilienne par sa mère et parisienne par sa naissance. Dis-moi pour quoi j’existe ? raconte aussi la maladie inconnue d’une enfant, la terreur de ses parents et l’angoisse devant ce mal que l’on ne connaît pas, avec le retour de ses propres souvenirs lorsque la polio lui a laissé une claudication immuable. La suite ici
Simon Liberati – Performance
Performance était un film où le beau Mike Jagger interprétait son propre rôle, un chanteur star, Simon Liberati en a fait un roman où son narrateur, vieil écrivain poussif après un AVC, enfreint encore, et peut-être, pour la dernière fois, les règles de la bienpensance établie.
Car, malgré ses soixante-et-onze ans, le narrateur semble faire un doigt d’honneur, presque ultime, en entretenant une liaison amoureuse avec sa belle-fille de moins de vingt-cinq ans ! Seulement voilà ses neurones étant un peu en bernes, il n’a pas écrit depuis trop longtemps. Et quand on n’a plus la jeunesse pour entretenir l’amour, il faut au moins l’argent. La suite ici
Raozy Pellerin – Bibiche
Premier roman de Raozy Pellerin, Bibiche est le récit du parcours d’une réfugiée de République Démocratique du Congo à partir de son arrivée à Paris. De l’errance de la rue jusqu’aux papiers officiels, Bibiche dresse, par son récit, à la fois les méandres d’une administration opaque qui demande toujours plus de détails intimes pour accorder son sésame officiel et aussi un portrait de femme, volontaire et téméraire, qui chemine pour retrouver sa dignité.
Bibiche Nyandu Bilonda, on croirait à un nom d’emprunt ! Mais, c’est Anita Justine Makwanga, son nom d’emprunt, celui que les passeurs lui ont donné avec les faux papiers. La suite ici
On en garde 10 ! -Marie-Rose Guarnieri
On en garde 10 ! est un album (non, pas vraiment !), un livre (oui bien sûr), qui en rassemble 500 autres choisis par cinquante écrivains ! Le samedi 23 avril 2022, c’était la San Jordi ou la fête des librairies indépendantes qui célébraient la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. A cette occasion, les librairies qui y participent, achètent un livre édité par l’association Verbes et l’offrent à leur public.
Bien sûr, cela fait longtemps que cette date d’avril est passée, me direz-vous ? Certes, mais l’ occasion de célébrer à la fois les librairies indépendantes et la littérature sont quand même assez rare. Alors, j’ai décidé, en plein été, de parler d’elles. La suite ici
Soixante printemps en hiver – Aimée de Jonk – Ingrid Chabert
Soixante printemps en hiver raconte la désertion de Josy, le jour de l’anniversaire de ses soixante ans. Par trop plein d’ennui, par manque de nouveautés, pas routine exacerbée, Josy tranquillement prépare sa valise dans sa chambre seule, alors que la famille continue sa vie au rez-de-chaussée. D’ailleurs, chacun la réclame pour servir le repas : en premier, sa fille qui s’en est occupée, puis ses petits-enfants qui crient leur famine et son fils, présent lui aussi. Son mari rentre après d’où on ne sait où !
Vient le gâteau. Les soixante bougies. Et là, Josy annonce son départ. Elle prend sa valise, ressort le vieux Combi Volkswagen du garage et se « barre » devant la famille interloquée. La suite ici
Chroniques littéraires
La littérature est une forme de plaisir poussée à son raffinement le plus extrême par des écrivains que le rapport habituel au langage ne satisfait plus. Alice Zeniter
Littérature générale 2023
Karine Tuil – Kaddish pour un amour
Karine Tuil s’est complètement renouvelée en proposant pour cette rentrée littéraire un recueil de poésies dont le titre Kaddich pour un amour interroge. En effet, apposée la prière juive pour les morts avec la célébration de l’amour n’est pas habituelle.
Karine Tuil en reprenant les formes de cette pratique liturgique espère faire le deuil d’une relation qu’elle ne semble pas avoir choisi d’arrêter et qu’elle souhaite continuer, malgré tout.
A la manière du chant pour le mort qui accompagne les vivants, l’écrivaine accepte le départ de l’être aimé et essaye d’apprendre à vivre sans lui, tout en gardant le souvenir doux de cet amour. La suite ici
Philippe Besson – Ceci n’est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers affirme Philippe Besson, c’est un féminicide ! Le romancier s’attache dans son roman à décrire le ressenti des enfants lors du féminicide de leur mère.
Brins d’histoire
Le narrateur, un jeune homme d’une vingtaine d’années est appelé au téléphone un jour par sa jeune sœur de 13 ans qui l’informe du drame. Puis, se déroule le schéma habituel : appeler la police, prendre un train, rejoindre le lieu du crime, assister à l’enquête qui commence, répondre aux questions des policiers, etc. Mais, dès que le cerveau se reprend à penser, il faut subir l’assaut de multiples questions qui ne vont pas cesser de l’envahir. Aucune réponse sensée ne viendra apaiser. Aucune.
Avec beaucoup de pudeur, Philippe Besson s’attache à partir des événements qui suivent la découverte du corps à décrire les ressentis de ces deux enfants. Subitement projetés dans un monde où plus personne ne peut les protéger, leur donner cet amour filial si nécessaire, tous deux, malgré la tendresse qui les relie et les responsabilités qui incombent au narrateur, vont à leur manière montrer comment un tel drame contrecarre tous les rêves, tous les chemins que jusque là, ils avaient empruntés. Et, pourtant, ils avaient un grand-père qui a pu leur redonner un espace tendre pour continuer à vivre.
La jeunesse de Léa, la sœur, dont la vision du drame ne pourra s’effacer vient s’effondrer devant l’impossibilité de choisir l’amour envers ses deux parents. Là encore, Philippe Besson sait mesurer ses mots, les charger de cette affection toute en subtilité qu’il décrit. La suite ici
Samuel Dock – L’enfant thérapeute
Samuel Dock interroge le syndrome de L’enfant thérapeute à partir de son vécu et celui de sa mère. A quatorze ans, l’écrivain devient le soutien de sa mère, séparée de son mari pour des faits de violence, et assumant seule l’apparition de la maladie psychique de sa sœur.
Devenu docteur en psychopathologie, immergé dans le milieu de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et après plusieurs ouvrages, Samuel Dock réfléchit à cet état en présentant à partir de son témoignage les trois aspects de sa réflexion : la présentation du syndrome au niveau de l’adulte qu’il est devenu, la nature des failles de sa mère et le renouveau de leur relation.
Seulement ce livre n’est ni un essai, ni un mémoire, c’est un roman dont la fiction s’inspire de faits réels et dont le style fauche le lecteur au-delà du prévisible ! La suite ici
Pierre Lemaitre – Le silence et la Colère
Un mois et demi de l’année 1952 en moins de cinq cent soixante-dix-neuf pages, Pierre Lemaitre publie le quatrième volume de sa saga, sorte de Rougon-Marquart des temps modernes, Le silence et la colère après Le grand monde.
La famille Pelletier est toujours présente, même si l’ensemble du roman se situe beaucoup plus en France. Quatre ans après le décès du plus jeune des fils Pelletier, Etienne, en Indochine, le roman s’ouvre sur Geneviève, la garce, et Jean, son Bouboule de mari, fils aîné des Pelletier avec leur fille, Colette, trois ans et bientôt un autre, en gestation.
Jean a l’idée d’ouvrir un magasin de vêtements qu’on n’appelle pas encore discount. François est entré dans une rédaction qui ressemble beaucoup à France Soir. Hélène, la plus jeune, belle comme un cœur, essaye de suivre son petit chemin de femme libre. Alors, la vie va son cours pendant plus de huit semaines. Seulement, c’est Pierre Lemaitre qui tient la barre ! La suite ici
Frappat – Trois femmes disparaissent
Critique cinématographique et romancière, Hélène Frappat propose une enquête sur la similitude du destin de trois femmes, de la grand-mère à la petite fille, qui ont été comme effacées de la mémoire cinématographique par la prédation d’un homme.
La scène des Oiseaux est dans toutes les mémoires. Tippi Hedren interprète la scène finale avec beaucoup de réalisme. En effet, Alfred Hitchcock a remplacé les oiseaux mécaniques par des vrais pour affirmer son pouvoir sur son actrice qu’il a façonnée et qui lui résiste ! La suite ici
Arnaud Rozan – Mémoire de Maisons blanches
Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d’Arnaud Rozan est tout à la fois ! Du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.
Par touches successives, associées à des œuvres d’art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l’Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l’esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l’Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.La suite ici
Marie-Hélène Lafon – Les sources
Les sources pour Marie-Hélène Lafon, ce sont les ancrages, ces lieux qui ont fondé notre histoire, notre passé, en bref, ce que nous sommes, profondément, intensément.
Dans son nouveau roman, il y en a trois lieux, bien identifié dans le Puy-de-Dôme : Soulages et sa grande ferme où ça s’active depuis des années, Fridière, le lieu de l’enfance où une jeune fille était princesse en son royaume et il y a dans la vallée de Santoire, au pays du haut, un autre lieu habitait pendant cinq ans par une famille. Trois lieux pour décrire l’enfermement, la place à tenir, la violence, le silence mais les corps parlent ! La suite ici
Antoine Catel – Incendie Blanc
Un texte au scalpel pour décrire l’addiction, Antoine Catel propose avec Incendie Blanc un hommage du narrateur à sa sœur qui s’est perdue, trop jeune, trop fragile et trop entière dans le nuage de la cocaïne.
La couverture de ce premier roman est d’une grande élégance à l’image de ce texte exigeant et émouvant. Roman d’amour dédié à une sœur aimée pour la vie mais brûlée par l’explosion de rails de cocaïne.
Deux cures de désintoxication, deux psychiatres en même temps, et pourtant dans l’appartement de Frédéric, « la petite sœur pour toujours » et overdose s’écrit ensemble ce jour-là.La suite ici
Caroline Dorka-Fenech – Tempêtes et brouillards
Second roman pour adulte de Caroline Dorka-Fenech, Tempêtes et brouillards décrit l’amour et la haine d’une fille pour son père. Des sentiments qu’il faudra que la jeune femme écrivaine décortique pour éteindre la colère qui ne cesse de la brûler, la destruction qui la ronge et tenter le pardon.
Carina est la seule fille d’un père qui a choisi de retourner au Maroc pour y vivre une retraite proche de ses origines. Lorsqu’il annonce qu’il vient de se marier avec Asma, une jeune femme plus jeune qu’elle, son équilibre vacille, envahi par le dégoût et le rejet. Jalousie, rivalité ou passé trop lourd à porter… La suite ici
Gaëlle Nohant – Le bureau des éclaircissements des destins
Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant est une parfaite réussite ! Un vrai coup de cœur ! Comme une enquête à l’envers, l’écrivaine donne dignité à ceux qui, à Tréblinka, à Ravensbruck, au camp de Mitteverda ou ailleurs dans les camps ont subi les exactions de l’Allemagne nazie.
Le centre des recherches des victimes, géré par La Croix rouge française, se situe à Bad Arosen au cœur d’un bourg allemand où le prince était un nazi notoire. Devenu l’ITS (International Tracing Service), des archivistes s’activent pour retrouver le fil du passé de victimes des persécutions nazies selon la politique de leurs différents directeurs successifs.. La suite ici
Littérature générale 2022
Isabelle Rossignol – Chambre 152
Isabelle Rossignol fait son retour dans la littérature adulte après de nombreux ouvrages enfants et ados avec ce petit livre, court, intense et poétique sur le sujet sensible sur la fin de vie.
Véritable plaidoyer pour une mort sans acharnement et sans souffrance, Chambre 152 décrit par touches, empreintes de colères mais aussi d’amour et de tendresse, ces heures où on accompagne l’être aimé pour quitter peu à peu notre univers. La suite ici
Jonathan Coe – Le royaume désuni
A la suite de la grandeur déchue d’Hollywood avec Billy Winder et moi, Jonathan Coe raconte dans Le royaume désuni le déclin de la Grande Bretagne en suivant le destin de la famille de Mary Clarke habitant le petit village de Bournville, réputé pour sa chocolaterie fondée par les Cadbury.
Ainsi, de la fin de la guerre en 1945 jusqu’au lendemain du Brexit, et par petites touches, Jonathan Coe décrit la lente régression de ce pays qui dans l’histoire a connu un rayonnement envié et respecté. La suite ici
Alexander Starritt – Nous, les allemands – Rentrée Littéraire 2022
Lauréat du Dayton Literary Peace Prize
Nous les allemands d’Alexander Staritt est le leitmotiv de ce roman qui raconte l’envers du décor de la seconde guerre mondiale.
En demandant à son grand-père de raconter sa guerre, Callum se heurte à un mur. Aucune réponse. Ce n’est qu’à son décès, qu’une longue lettre vient éclairer les années passées à servir son pays. Alors, Opa Meissner raconte… La suite ici
Polina Panassenko – Tenir sa langue – Rentrée littéraire 2022
Tenir sa langue, premier roman de Polina Panassenko, raconte son exil de sa Russie natale à la banlieue Stéphanoise, à hauteur d’enfant. Le roman détaille notamment son acquisition de la langue lors de son intégration dans l’école de la République.
Le point de départ du roman est le souhait de la narratrice de pouvoir utiliser son vrai prénom, Polinia, sur ses papiers administratifs et dans les démarches officielles qu’elle est amenée à poursuivre.. La suite ici
Nicolas Garma-Berman – La fille aux plumes de poussière
Rentrée littéraire 2022
Nicolas Garma Berman publie son premier roman avec La fille aux plumes de poussière à la rentrée littéraire 2022. C’est un roman étrange, loufoque et décalé qui devrait rencontrer son public.
Eva Rosset est artisane taxidermiste. Dans son atelier, elle expose ses premières réalisations dont elle a quelque peu raté le résultat, dont Ernesto, le cerf, dans son costume étriquée. Mais, il n’est pas le seul. Il cohabite avec un sangler à écailles et une belette aux allures particulières.La suite ici
Diaty Diallo – Deux secondes d’air qui brûle –
Juste deux secondes et la vie bascule, comme le rappelle Diaty Diallo dans son premier roman écrit comme un cri de protestation, avec à l’arrière plan le son d’un rap strident, pour dénoncer les violences policières où la jeunesse finit par inonder l’air qu’ils ont brûlé.
Car Diaty Diallo écrit la langue qui ne s’écrit pas. Celle de ces zones reléguées, abandonnées, plus pauvres que la pauvreté déclarée. Alors, après un énième contrôle d’identité de jeunes qu’ils connaissent pourtant par cœur, la police dérapage et la vie d’un jeune s’envole. La suite ici
Laurent Gaudé – Chien 51
Prix du roman des Écrivains du Sud 2022
Acheté dès sa sortie mais placé dans ma liste de livres à lire, jusqu’au moment où Laurent Gaudé a reçu, pour cette dystopie, Chien 51, un prix bien mérité. Alors, je m’y suis plongée, éperdument !
Les récits d’anticipation ne sont pas le genre que j’affectionne le plus. Pourtant, avec sa Magnapole, sur l’île de Céphalonie, qui classe son mode en trois zones, avec la troisième corvéable à merci, c’est un monde à la Elon Musk que Laurent Gaudé décrit. La suite ici
Charles Dantzig-Proust Océan
Prix des Écrivains du Sud 2022
Charles Dantzig signe avec Proust Océan une déclaration d’amour littéraire à Marcel Proust. Au moment où bientôt sera fêté (le 18 novembre 2022) le centenaire de sa disparition, l’écrivain nous replonge dans son œuvre, admiratif de cet homme qui a consacré sa vie à l’acte d’écrire.
Proust Océan est implacablement documenté avec son ton exalté qui relie La recherche du temps perdu aux grands noms de la littérature. C’est singulier ! La suite ici
Brigitte Giraud – Vivre vite
Prix Goncourt 2022
Vivre vite, autofiction et roman à la fois de Brigitte Giraud, revient sur le moment où la vie bascule, irrémédiablement vers la solitude lorsque le deuil fait naître à jamais l’absence.
Brigitte Giraud a vécu dans le lieu qu’ils n’ont jamais partagé. Elle l’a transformé, aménagé, décoré, rénové en se souvenant d’eux sans qu’il ne soit jamais présent. La suite ici
Sarah Perret – La petite
Prix Jean Anglade du premier roman 2022
Ce premier roman La petite de Sarah Perret est une immersion dans la Savoie du XXè siècle. Au cœur du terroir et des gestes ancestraux au savoir lié à la connaissance de la nature, les secrets s’installent et y prospèrent, égratignant les êtres les plus sensibles et fragiles.
La petite raconte la vulnérabilité d’une petite fille sous l’influence de secrets familiaux qu’elle ne fait que subir. La suite ici
Christophe Ono-dit-Biot – Trouver refuge
Difficile de résumer mais aussi de donner envie de lire le dernier roman de Christophe Ono-dit-Biot, Trouver refuge, inclassable dans un seul genre, tellement foisonnant et décalé mais terriblement attachant !
Longtemps j’ai tourné autour de ce livre, acheté depuis longtemps l’ouvrant et le refermant, lisant de-ci delà des critiques pas toujours avantageuses, et puis, comme on saute dans le vide, je m’y suis noyée de plaisir. La suite ici
Marek Halter – La Juive de Shangaï
Quel plaisir de retrouver l’excellent conteur qu’est Marek Halter ! Sa série « Les femmes de l’Islam » m’avait enchantée. Avec « La juive de Shangaï« , c’est l’histoire romancée d’une jeune femme qui a traversé presque le monde pour fuir l’enfer des nazis. C’est aussi une formidable histoire d’amitié, de celle qui permet d’avoir le courage de poursuivre son rêve.
Ruth, qui signifie « la compatissante », est l’héroïne de cette aventure du début du XXè siècle et plus précisément de décembre 1937 jusqu’en août 1945. Elle va traverser les épreuves de l’exil tout d’abord en l’Allemagne et devenir une presque célèbre couturière. Puis à son retour à Varsovie, chez son père, elle va reprendre sa place dans la famille et sa communauté. La suite ici
Claire Baglin – En salle
Premier roman comme un constat factuel, sec et sans affect, Claire Baglin propose En salle, un récit court où elle met en perspective la vie d’ouvrier de son père et son statut d’employé précaire d’un fast-food bien connu.
Le premier récit est celui d’un ouvrier, Jérôme, et de sa famille avec sa femme Sylvie, son fils Nico, sa fille, la narratrice, jamais nommée. Se présente au fil des souvenirs l’enfance, le camping des vacances, les voyages en voiture, les bagarres violentes avec son frère, etc. Depuis plus de vingt ans, Jérôme est opérateur de maintenance et fait les 3/8. Les enfants ne savent jamais quand il va rentrer. Du coup, c’est la fête à chaque fois. La suite ici
Sabyl Ghoussoub – Beyrouth-sur-Seine
Beyrouth-sur-Seine, vous connaissez ? Non, car c’est indiqué sur aucune carte. Sabyl Ghoussoub la fait naître sous nos yeux en racontant l’histoire de l’exil de ses parents libanais en plein cœur de Paris.
C’est un roman hommage à une communauté qu’il connait bien, à son pays aussi, en fait à ses origines qui malgré sa naissance à Paris restent son attache. La suite ici
Sarah Jollien-Fardel – Sa préférée
Prix du livre FNAC 2022
Avec Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel propose le récit d’une victime qui dès son plus jeune âge à refusé de l’être par orgueil, peut-être, par dépit, sûrement, et avec une extrême vigilance, sans aucun doute.
Un roman comme un hurlement, où Jeanne, la narratrice, n’en finit pas de traîner la maltraitance de l’enfance oscillant entre colères tonitruantes et culpabilités invalidantes, et pourtant, elle était sa préférée ! La suite ici
Pierre Adrian – Que reviennent ceux qui sont loin
Avec Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian raconte le moment dans une vie où l’enfance avec ses magies s’enfuit définitivement pour laisser la place à l’adulte, raisonnable et responsable. Un roman d’une subtile nostalgie qui dépeint le monde qui passe, se prélasse dans son Pays de Léon au cœur de la Bretagne et plus précisément dans la Maison Blanche au bord de la plage.
Cette plage devient au cœur de l’été un lieu de sociabilité improvisée et d’échanges comptés. La vie y déambule dans les yeux d’un homme d’une trentaine d’année, le narrateur, qui regarde son enfance et le monde qu’il a cru immuable dans cette grande … La suite ici
Anthony Passeron – Les enfants endormis
Un jeune homme, Anthony Passeron, donne une vie de papier à son oncle Désiré dans ce magnifique roman Les enfants endormis. Avec un portrait tendre et exigeant, il rend hommage aussi à sa grand-mère, Louise, qui, toute sa vie, a lutté pour s’élever au-dessus de sa condition et a soutenu son aîné, sans faille, contre une pandémie qui a fait plus de quarante mille décès en France depuis les années 80. La suite ici
Hugo Boris – Débarquer
Débarquer, le nouveau roman de Hugo Boris paru pour la rentrée littéraire 2022 raconte l’instant où, lors d’événements insupportables, la vie remporte contre la mort qui rode.
En conviant un vétéran venu revoir le lieu où sa vie à basculer, sur cette plage d’Omaha Beach, et une jeune femme, guide conférencière, qui vient de perdre l’homme de sa vie, Débarquer pose la question de cet instant où la mort est toute proche, mais où la vie triomphe ! La suite ici
Guillaume Clicquot -Prenez-moi pour une conne…
Après avoir signé les romans qui ont inspiré les films « Papa ou Maman » et « Joyeuse retraite », Guillaume Clicquot, nous offre dans ce nouveau livre « Prenez-moi pour une conne… » le récit d’une femme blessée, abandonnée par son mari au lendemain du mariage de sa fille, qui va réagir !
Avec réalisme et surtout beaucoup d’humour, il analyse ce fait de société, tellement commun, où, à la cinquantaine, les femmes qui ont entretenu une famille, servi de faire valoir à leur mari et élevé leurs enfants, se retrouvent souvent abandonnées par la fuite du mari volage avec sa jeune maîtresse après le départ des enfants. La suite ici
Léonora Miano – Stardust
Léonora Miano propose pour cette rentrée un roman très personnel, son journal écrit pour être publié de plus de vingt ans sur la précarité qu’elle a vécut à son arrivée à Paris avec son expérience d’un centre de réinsertion avec sa fille Bliss.
De ces mois d’errance dans l’attente d’une régularisation, Léonora Miano partage un texte fort, sensible entre colère et amour maternel, sans concession concernant la France, ce pays d’accueil, ex-pays colonial, où elle essaye de conquérir son indépendance. La suite ici
Gaëlle Josse – La nuit des pères
Nouveau roman pour cette rentrée littéraire de Gaëlle Josse avec La nuit des pères ! Et, c’est une vrai réussite qui se lit en immersion, l’émotion au bord des yeux et le cœur chaviré !
Isabelle Erard rejoint son frère, Olivier, pour rencontrer, peut-être la dernière fois, son père qui place « des petits cailloux en papier dans ses poches ». Elle n’est pas revenue depuis si longtemps pourtant elle se souvient de tout ce qui l’a poussée à fuir. La suite ici
Maria Larrea – Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
Réalisatrice et scénariste, Maria Larrea propose dans Les gens de Bilbao naissent où ils veulent son premier roman où elle raconte la fierté du Pays Basque, l’abandon, les traumatismes et la filiation comme une urgence.
Deux abandons commencent ce roman, celle de Victoria et celle de Julien. Les deux vont se retrouver pour fonder à leur tour une famille dans cette France d’après guerre, à l’allure normale surtout lors des retours à Bilbao, mais malgré tout bancale, très accidentée où la peur et la violence sont tapies prêtes à humilier, cogner et rabaisser. La suite ici
Joachim Schnerf – Le cabaret des mémoires
Le troisième roman de Joachim Schnerf, Le cabaret des mémoires, regroupe les interrogations d’un nouveau père avec son passé et la questions de sa transmission à la quatrième génération, d’après le génocide de la seconde guerre mondiale.
Samuel est seul pour la dernière fois, une nuit, avant le retour de sa femme Léa et son petit. En endossant son costume de père, encore trop apprêté, cette nuit de solitude est habitée des inquiétudes devant ce nouvel envol. Les angoisses du passé reviennent en mémoire avec ses images inracontables que la mémoire familiale ne cesse de lui renvoyer. La suite ici
Jarred McGinnis – Le Lâche
Imaginez un premier roman comme un uppercut, non pas contre un adversaire, juste contre soi-même, contre ce narrateur qui s’appelle comme son écrivain, Jarred McGinnis !
Le Lâche, avec ses majuscules doublées, raconte comment un fauteuil roulant redonne à son propriétaire l’envie de revivre, allégé des entraves de son passé, réconcilié avec lui-même à travers une relation de fils à son père apaisée. La suite ici
Pauline Dreyfus – Le Président se tait
Après son Goncourt de la biographie obtenu l’an dernier, Pauline Dreyfus propose une analyse sévère de la sociologie politique en plongeant son nouveau roman Le Président se tait au cœur du silence de Valéry Giscard d’Estaing mis en cause par l’affaire des diamants dits de Bokassa.
Pendant sept semaines, le Président se tait ! Mais, pendant tous ces jours, Pauline Dreyfus met en scène douze personnages qui vont à leur manière commenter ce silence. La suite ici
Benoît Duteurtre Dictionnaire amoureux de la Belle – Époque et des Années folles
Avec plus de six cent pages sur la Belle-Époque et les Années folles, Benoît Duteurtre propose son Dictionnaire amoureux. Bien sûr, vous connaissez sa voix : sur France Musique, il fait découvrir la Périchole et autres livrets, le samedi matin dans son émission « Étonnez-moi Benoît » !
Son ton, sa légèreté et sa grande connaissance, sont compilés dans ce dictionnaire où chaque entrée fait l’objet d’anecdotes La suite ici
Cédric Meletta – Le meilleur que nous ayons couronné
Cédric Meletta ressuscite à travers le roman Le meilleur que nous ayons couronné la figure d’un parfait inconnu : le premier vainqueur du prix Goncourt.
Ce roman entraîne vers la découverte d’une époque, d’une atmosphère, d’un groupe d’artistes qui goutent la vie avec ferveur et surtout sans modération !La suite ici
Victoria Mas – Un miracle
Un événement, le nouveau roman Un miracle, de Victoria Mas est sur les tables de toutes les bonnes librairies en cette rentrée littéraire. Révélée il y a deux ans avec Le Bal des Folles que certains avaient trouvé très ressemblant avec un autre, mais que la plupart avait adoré. Son succès fut reconnut au point qu’une adaptation cinématographique a vue le jour l’an dernier.
Alors, proposer un second roman n’est jamais chose aisée. Mais ici, elle a choisit la grande difficulté. En s’éclipsant derrière les apparitions mariales, Victoria Mas nous narre le caractère délétère d’une foule qui adule puis rejette au gré de ses désirs exorbitants, comme toute personne publique à un moment ou à un autre s’en rend compte. La suite ici
Julia Minkowski-Par delà l’attente
Julia Minkowski, avocate, propose pour son premier roman une plongée dans la justice des années 30 en l’immergeant plus particulièrement au cours de l’attente du délibéré des jurés du procès des Sœurs Papin.
Même si le procès est très connu. que le défenseur des accusées soit une femme, Maître Germaine Brière, l’est beaucoup moins ! Maître Julia Minkowski présente le portrait de sa première consœur, avocate pénaliste rattachée au tribunal du Mans. La suite ici
Fanta Dramé – Ajar-Paris
Fanta Dramé convoque une histoire familiale de déracinement dans ce premier roman Ajar-Paris dont les accents intimes sont omniprésents. Elle choisit de raconter l’histoire d’une jeune femme, française, qui à la faveur du décès de sa grand-mère remonte le fil du trajet migratoire de son père.
Arrivé en 1975 de sa Maurétanie natale, et notamment de la petite bourgade d’Ajar, cet homme cultivé et profondément croyant que rien ne prédestinait à quitter son foyer va conquérir lentement, âprement, avec une témérité sans faille, le droit d’être français tout en gardant la culture de ses ancêtres. La suite ici
Olivier Adam – Dessous les roses
Dessous les roses, le nouveau roman d‘Olivier Adam interroge dès son titre. Et, pourtant, c’est toujours avec autant de plaisir que je l’ai découvert.
Dessous les roses est une plongée dans la famille d’un transfuge de classe qui s’en vante ! L’univers des banlieues, des pavillons et des parcours où la vie s’y déroule sans excès, sans histoire peut tout à fait se raconter. Mais lorsqu’un ancien membre le dénigre et en médit, les dégâts familiaux sont considérables. De l’amertume à la colère, Olivier Adam interroge, comme il sait parfaitement le faire, les liens au moment où la famille se réunit après le décès du père. La suite ici
Virginie Despentes – Cher Connard
Comme toujours, Virginie Despentes frappe fort ! Elle est la seule à oser un titre aussi provocateur. La seule encore à faire un roman sans aucune histoire. Et, surtout, encore la seule à rassembler trois personnages complétement opposés reliés par un procédé littéraire un peu désuet, la relation épistolaire.
Après la révolution MeToo, Virginie Despentes livre ses réflexions mais aussi analyse notre société relevant ses aberrations, ses archaïsmes, ses avancées et affirme encore et encore ce qui fait le sel de son lien aux autres, l’amitié. La suite ici
Abdourahman A. Waberi – Dis-moi pour qui j’existe ?
Abdourahman A. Waberi m’a offert avec Dis-moi pour quoi j’existe ? un de mes premiers coups de cœur de cette rentrée littéraire 2022. Ce roman parle, bien sûr, de transmission, de cette culture multiple dont est issue cette petite fille, africaine par son père, sicilienne par sa mère et parisienne par sa naissance. Dis-moi pour quoi j’existe ? raconte aussi la maladie inconnue d’une enfant, la terreur de ses parents et l’angoisse devant ce mal que l’on ne connaît pas, avec le retour de ses propres souvenirs lorsque la polio lui a laissé une claudication immuable. La suite ici
Simon Liberati – Performance
Performance était un film où le beau Mike Jagger interprétait son propre rôle, un chanteur star, Simon Liberati en a fait un roman où son narrateur, vieil écrivain poussif après un AVC, enfreint encore, et peut-être, pour la dernière fois, les règles de la bienpensance établie.
Car, malgré ses soixante-et-onze ans, le narrateur semble faire un doigt d’honneur, presque ultime, en entretenant une liaison amoureuse avec sa belle-fille de moins de vingt-cinq ans ! Seulement voilà ses neurones étant un peu en bernes, il n’a pas écrit depuis trop longtemps. Et quand on n’a plus la jeunesse pour entretenir l’amour, il faut au moins l’argent. La suite ici
Raozy Pellerin – Bibiche
Premier roman de Raozy Pellerin, Bibiche est le récit du parcours d’une réfugiée de République Démocratique du Congo à partir de son arrivée à Paris. De l’errance de la rue jusqu’aux papiers officiels, Bibiche dresse, par son récit, à la fois les méandres d’une administration opaque qui demande toujours plus de détails intimes pour accorder son sésame officiel et aussi un portrait de femme, volontaire et téméraire, qui chemine pour retrouver sa dignité.
Bibiche Nyandu Bilonda, on croirait à un nom d’emprunt ! Mais, c’est Anita Justine Makwanga, son nom d’emprunt, celui que les passeurs lui ont donné avec les faux papiers. La suite ici
On en garde 10 ! -Marie-Rose Guarnieri
On en garde 10 ! est un album (non, pas vraiment !), un livre (oui bien sûr), qui en rassemble 500 autres choisis par cinquante écrivains ! Le samedi 23 avril 2022, c’était la San Jordi ou la fête des librairies indépendantes qui célébraient la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. A cette occasion, les librairies qui y participent, achètent un livre édité par l’association Verbes et l’offrent à leur public.
Bien sûr, cela fait longtemps que cette date d’avril est passée, me direz-vous ? Certes, mais l’ occasion de célébrer à la fois les librairies indépendantes et la littérature sont quand même assez rare. Alors, j’ai décidé, en plein été, de parler d’elles. La suite ici
Soixante printemps en hiver – Aimée de Jonk – Ingrid Chabert
Soixante printemps en hiver raconte la désertion de Josy, le jour de l’anniversaire de ses soixante ans. Par trop plein d’ennui, par manque de nouveautés, pas routine exacerbée, Josy tranquillement prépare sa valise dans sa chambre seule, alors que la famille continue sa vie au rez-de-chaussée. D’ailleurs, chacun la réclame pour servir le repas : en premier, sa fille qui s’en est occupée, puis ses petits-enfants qui crient leur famine et son fils, présent lui aussi. Son mari rentre après d’où on ne sait où !
Vient le gâteau. Les soixante bougies. Et là, Josy annonce son départ. Elle prend sa valise, ressort le vieux Combi Volkswagen du garage et se « barre » devant la famille interloquée. La suite ici
Chroniques littéraires
La littérature est une forme de plaisir poussée à son raffinement le plus extrême par des écrivains que le rapport habituel au langage ne satisfait plus. Alice Zeniter
Littérature générale 2023
Karine Tuil – Kaddish pour un amour
Karine Tuil s’est complètement renouvelée en proposant pour cette rentrée littéraire un recueil de poésies dont le titre Kaddich pour un amour interroge. En effet, apposée la prière juive pour les morts avec la célébration de l’amour n’est pas habituelle.
Karine Tuil en reprenant les formes de cette pratique liturgique espère faire le deuil d’une relation qu’elle ne semble pas avoir choisi d’arrêter et qu’elle souhaite continuer, malgré tout.
A la manière du chant pour le mort qui accompagne les vivants, l’écrivaine accepte le départ de l’être aimé et essaye d’apprendre à vivre sans lui, tout en gardant le souvenir doux de cet amour. La suite ici
Philippe Besson – Ceci n’est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers affirme Philippe Besson, c’est un féminicide ! Le romancier s’attache dans son roman à décrire le ressenti des enfants lors du féminicide de leur mère.
Brins d’histoire
Le narrateur, un jeune homme d’une vingtaine d’années est appelé au téléphone un jour par sa jeune sœur de 13 ans qui l’informe du drame. Puis, se déroule le schéma habituel : appeler la police, prendre un train, rejoindre le lieu du crime, assister à l’enquête qui commence, répondre aux questions des policiers, etc. Mais, dès que le cerveau se reprend à penser, il faut subir l’assaut de multiples questions qui ne vont pas cesser de l’envahir. Aucune réponse sensée ne viendra apaiser. Aucune.
Avec beaucoup de pudeur, Philippe Besson s’attache à partir des événements qui suivent la découverte du corps à décrire les ressentis de ces deux enfants. Subitement projetés dans un monde où plus personne ne peut les protéger, leur donner cet amour filial si nécessaire, tous deux, malgré la tendresse qui les relie et les responsabilités qui incombent au narrateur, vont à leur manière montrer comment un tel drame contrecarre tous les rêves, tous les chemins que jusque là, ils avaient empruntés. Et, pourtant, ils avaient un grand-père qui a pu leur redonner un espace tendre pour continuer à vivre.
La jeunesse de Léa, la sœur, dont la vision du drame ne pourra s’effacer vient s’effondrer devant l’impossibilité de choisir l’amour envers ses deux parents. Là encore, Philippe Besson sait mesurer ses mots, les charger de cette affection toute en subtilité qu’il décrit. La suite ici
Samuel Dock – L’enfant thérapeute
Samuel Dock interroge le syndrome de L’enfant thérapeute à partir de son vécu et celui de sa mère. A quatorze ans, l’écrivain devient le soutien de sa mère, séparée de son mari pour des faits de violence, et assumant seule l’apparition de la maladie psychique de sa sœur.
Devenu docteur en psychopathologie, immergé dans le milieu de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et après plusieurs ouvrages, Samuel Dock réfléchit à cet état en présentant à partir de son témoignage les trois aspects de sa réflexion : la présentation du syndrome au niveau de l’adulte qu’il est devenu, la nature des failles de sa mère et le renouveau de leur relation.
Seulement ce livre n’est ni un essai, ni un mémoire, c’est un roman dont la fiction s’inspire de faits réels et dont le style fauche le lecteur au-delà du prévisible ! La suite ici
Pierre Lemaitre – Le silence et la Colère
Un mois et demi de l’année 1952 en moins de cinq cent soixante-dix-neuf pages, Pierre Lemaitre publie le quatrième volume de sa saga, sorte de Rougon-Marquart des temps modernes, Le silence et la colère après Le grand monde.
La famille Pelletier est toujours présente, même si l’ensemble du roman se situe beaucoup plus en France. Quatre ans après le décès du plus jeune des fils Pelletier, Etienne, en Indochine, le roman s’ouvre sur Geneviève, la garce, et Jean, son Bouboule de mari, fils aîné des Pelletier avec leur fille, Colette, trois ans et bientôt un autre, en gestation.
Jean a l’idée d’ouvrir un magasin de vêtements qu’on n’appelle pas encore discount. François est entré dans une rédaction qui ressemble beaucoup à France Soir. Hélène, la plus jeune, belle comme un cœur, essaye de suivre son petit chemin de femme libre. Alors, la vie va son cours pendant plus de huit semaines. Seulement, c’est Pierre Lemaitre qui tient la barre ! La suite ici
Frappat – Trois femmes disparaissent
Critique cinématographique et romancière, Hélène Frappat propose une enquête sur la similitude du destin de trois femmes, de la grand-mère à la petite fille, qui ont été comme effacées de la mémoire cinématographique par la prédation d’un homme.
La scène des Oiseaux est dans toutes les mémoires. Tippi Hedren interprète la scène finale avec beaucoup de réalisme. En effet, Alfred Hitchcock a remplacé les oiseaux mécaniques par des vrais pour affirmer son pouvoir sur son actrice qu’il a façonnée et qui lui résiste ! La suite ici
Arnaud Rozan – Mémoire de Maisons blanches
Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d’Arnaud Rozan est tout à la fois ! Du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.
Par touches successives, associées à des œuvres d’art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l’Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l’esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l’Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.La suite ici
Marie-Hélène Lafon – Les sources
Les sources pour Marie-Hélène Lafon, ce sont les ancrages, ces lieux qui ont fondé notre histoire, notre passé, en bref, ce que nous sommes, profondément, intensément.
Dans son nouveau roman, il y en a trois lieux, bien identifié dans le Puy-de-Dôme : Soulages et sa grande ferme où ça s’active depuis des années, Fridière, le lieu de l’enfance où une jeune fille était princesse en son royaume et il y a dans la vallée de Santoire, au pays du haut, un autre lieu habitait pendant cinq ans par une famille. Trois lieux pour décrire l’enfermement, la place à tenir, la violence, le silence mais les corps parlent ! La suite ici
Antoine Catel – Incendie Blanc
Un texte au scalpel pour décrire l’addiction, Antoine Catel propose avec Incendie Blanc un hommage du narrateur à sa sœur qui s’est perdue, trop jeune, trop fragile et trop entière dans le nuage de la cocaïne.
La couverture de ce premier roman est d’une grande élégance à l’image de ce texte exigeant et émouvant. Roman d’amour dédié à une sœur aimée pour la vie mais brûlée par l’explosion de rails de cocaïne.
Deux cures de désintoxication, deux psychiatres en même temps, et pourtant dans l’appartement de Frédéric, « la petite sœur pour toujours » et overdose s’écrit ensemble ce jour-là.La suite ici
Caroline Dorka-Fenech – Tempêtes et brouillards
Second roman pour adulte de Caroline Dorka-Fenech, Tempêtes et brouillards décrit l’amour et la haine d’une fille pour son père. Des sentiments qu’il faudra que la jeune femme écrivaine décortique pour éteindre la colère qui ne cesse de la brûler, la destruction qui la ronge et tenter le pardon.
Carina est la seule fille d’un père qui a choisi de retourner au Maroc pour y vivre une retraite proche de ses origines. Lorsqu’il annonce qu’il vient de se marier avec Asma, une jeune femme plus jeune qu’elle, son équilibre vacille, envahi par le dégoût et le rejet. Jalousie, rivalité ou passé trop lourd à porter… La suite ici
Gaëlle Nohant – Le bureau des éclaircissements des destins
Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant est une parfaite réussite ! Un vrai coup de cœur ! Comme une enquête à l’envers, l’écrivaine donne dignité à ceux qui, à Tréblinka, à Ravensbruck, au camp de Mitteverda ou ailleurs dans les camps ont subi les exactions de l’Allemagne nazie.
Le centre des recherches des victimes, géré par La Croix rouge française, se situe à Bad Arosen au cœur d’un bourg allemand où le prince était un nazi notoire. Devenu l’ITS (International Tracing Service), des archivistes s’activent pour retrouver le fil du passé de victimes des persécutions nazies selon la politique de leurs différents directeurs successifs.. La suite ici
Littérature générale 2022
Isabelle Rossignol – Chambre 152
Isabelle Rossignol fait son retour dans la littérature adulte après de nombreux ouvrages enfants et ados avec ce petit livre, court, intense et poétique sur le sujet sensible sur la fin de vie.
Véritable plaidoyer pour une mort sans acharnement et sans souffrance, Chambre 152 décrit par touches, empreintes de colères mais aussi d’amour et de tendresse, ces heures où on accompagne l’être aimé pour quitter peu à peu notre univers. La suite ici
Jonathan Coe – Le royaume désuni
A la suite de la grandeur déchue d’Hollywood avec Billy Winder et moi, Jonathan Coe raconte dans Le royaume désuni le déclin de la Grande Bretagne en suivant le destin de la famille de Mary Clarke habitant le petit village de Bournville, réputé pour sa chocolaterie fondée par les Cadbury.
Ainsi, de la fin de la guerre en 1945 jusqu’au lendemain du Brexit, et par petites touches, Jonathan Coe décrit la lente régression de ce pays qui dans l’histoire a connu un rayonnement envié et respecté. La suite ici
Alexander Starritt – Nous, les allemands – Rentrée Littéraire 2022
Lauréat du Dayton Literary Peace Prize
Nous les allemands d’Alexander Staritt est le leitmotiv de ce roman qui raconte l’envers du décor de la seconde guerre mondiale.
En demandant à son grand-père de raconter sa guerre, Callum se heurte à un mur. Aucune réponse. Ce n’est qu’à son décès, qu’une longue lettre vient éclairer les années passées à servir son pays. Alors, Opa Meissner raconte… La suite ici
Polina Panassenko – Tenir sa langue – Rentrée littéraire 2022
Tenir sa langue, premier roman de Polina Panassenko, raconte son exil de sa Russie natale à la banlieue Stéphanoise, à hauteur d’enfant. Le roman détaille notamment son acquisition de la langue lors de son intégration dans l’école de la République.
Le point de départ du roman est le souhait de la narratrice de pouvoir utiliser son vrai prénom, Polinia, sur ses papiers administratifs et dans les démarches officielles qu’elle est amenée à poursuivre.. La suite ici
Nicolas Garma-Berman – La fille aux plumes de poussière
Rentrée littéraire 2022
Nicolas Garma Berman publie son premier roman avec La fille aux plumes de poussière à la rentrée littéraire 2022. C’est un roman étrange, loufoque et décalé qui devrait rencontrer son public.
Eva Rosset est artisane taxidermiste. Dans son atelier, elle expose ses premières réalisations dont elle a quelque peu raté le résultat, dont Ernesto, le cerf, dans son costume étriquée. Mais, il n’est pas le seul. Il cohabite avec un sangler à écailles et une belette aux allures particulières.La suite ici
Diaty Diallo – Deux secondes d’air qui brûle –
Juste deux secondes et la vie bascule, comme le rappelle Diaty Diallo dans son premier roman écrit comme un cri de protestation, avec à l’arrière plan le son d’un rap strident, pour dénoncer les violences policières où la jeunesse finit par inonder l’air qu’ils ont brûlé.
Car Diaty Diallo écrit la langue qui ne s’écrit pas. Celle de ces zones reléguées, abandonnées, plus pauvres que la pauvreté déclarée. Alors, après un énième contrôle d’identité de jeunes qu’ils connaissent pourtant par cœur, la police dérapage et la vie d’un jeune s’envole. La suite ici
Laurent Gaudé – Chien 51
Prix du roman des Écrivains du Sud 2022
Acheté dès sa sortie mais placé dans ma liste de livres à lire, jusqu’au moment où Laurent Gaudé a reçu, pour cette dystopie, Chien 51, un prix bien mérité. Alors, je m’y suis plongée, éperdument !
Les récits d’anticipation ne sont pas le genre que j’affectionne le plus. Pourtant, avec sa Magnapole, sur l’île de Céphalonie, qui classe son mode en trois zones, avec la troisième corvéable à merci, c’est un monde à la Elon Musk que Laurent Gaudé décrit. La suite ici
Charles Dantzig-Proust Océan
Prix des Écrivains du Sud 2022
Charles Dantzig signe avec Proust Océan une déclaration d’amour littéraire à Marcel Proust. Au moment où bientôt sera fêté (le 18 novembre 2022) le centenaire de sa disparition, l’écrivain nous replonge dans son œuvre, admiratif de cet homme qui a consacré sa vie à l’acte d’écrire.
Proust Océan est implacablement documenté avec son ton exalté qui relie La recherche du temps perdu aux grands noms de la littérature. C’est singulier ! La suite ici
Brigitte Giraud – Vivre vite
Prix Goncourt 2022
Vivre vite, autofiction et roman à la fois de Brigitte Giraud, revient sur le moment où la vie bascule, irrémédiablement vers la solitude lorsque le deuil fait naître à jamais l’absence.
Brigitte Giraud a vécu dans le lieu qu’ils n’ont jamais partagé. Elle l’a transformé, aménagé, décoré, rénové en se souvenant d’eux sans qu’il ne soit jamais présent. La suite ici
Sarah Perret – La petite
Prix Jean Anglade du premier roman 2022
Ce premier roman La petite de Sarah Perret est une immersion dans la Savoie du XXè siècle. Au cœur du terroir et des gestes ancestraux au savoir lié à la connaissance de la nature, les secrets s’installent et y prospèrent, égratignant les êtres les plus sensibles et fragiles.
La petite raconte la vulnérabilité d’une petite fille sous l’influence de secrets familiaux qu’elle ne fait que subir. La suite ici
Christophe Ono-dit-Biot – Trouver refuge
Difficile de résumer mais aussi de donner envie de lire le dernier roman de Christophe Ono-dit-Biot, Trouver refuge, inclassable dans un seul genre, tellement foisonnant et décalé mais terriblement attachant !
Longtemps j’ai tourné autour de ce livre, acheté depuis longtemps l’ouvrant et le refermant, lisant de-ci delà des critiques pas toujours avantageuses, et puis, comme on saute dans le vide, je m’y suis noyée de plaisir. La suite ici
Marek Halter – La Juive de Shangaï
Quel plaisir de retrouver l’excellent conteur qu’est Marek Halter ! Sa série « Les femmes de l’Islam » m’avait enchantée. Avec « La juive de Shangaï« , c’est l’histoire romancée d’une jeune femme qui a traversé presque le monde pour fuir l’enfer des nazis. C’est aussi une formidable histoire d’amitié, de celle qui permet d’avoir le courage de poursuivre son rêve.
Ruth, qui signifie « la compatissante », est l’héroïne de cette aventure du début du XXè siècle et plus précisément de décembre 1937 jusqu’en août 1945. Elle va traverser les épreuves de l’exil tout d’abord en l’Allemagne et devenir une presque célèbre couturière. Puis à son retour à Varsovie, chez son père, elle va reprendre sa place dans la famille et sa communauté. La suite ici
Claire Baglin – En salle
Premier roman comme un constat factuel, sec et sans affect, Claire Baglin propose En salle, un récit court où elle met en perspective la vie d’ouvrier de son père et son statut d’employé précaire d’un fast-food bien connu.
Le premier récit est celui d’un ouvrier, Jérôme, et de sa famille avec sa femme Sylvie, son fils Nico, sa fille, la narratrice, jamais nommée. Se présente au fil des souvenirs l’enfance, le camping des vacances, les voyages en voiture, les bagarres violentes avec son frère, etc. Depuis plus de vingt ans, Jérôme est opérateur de maintenance et fait les 3/8. Les enfants ne savent jamais quand il va rentrer. Du coup, c’est la fête à chaque fois. La suite ici
Sabyl Ghoussoub – Beyrouth-sur-Seine
Beyrouth-sur-Seine, vous connaissez ? Non, car c’est indiqué sur aucune carte. Sabyl Ghoussoub la fait naître sous nos yeux en racontant l’histoire de l’exil de ses parents libanais en plein cœur de Paris.
C’est un roman hommage à une communauté qu’il connait bien, à son pays aussi, en fait à ses origines qui malgré sa naissance à Paris restent son attache. La suite ici
Sarah Jollien-Fardel – Sa préférée
Prix du livre FNAC 2022
Avec Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel propose le récit d’une victime qui dès son plus jeune âge à refusé de l’être par orgueil, peut-être, par dépit, sûrement, et avec une extrême vigilance, sans aucun doute.
Un roman comme un hurlement, où Jeanne, la narratrice, n’en finit pas de traîner la maltraitance de l’enfance oscillant entre colères tonitruantes et culpabilités invalidantes, et pourtant, elle était sa préférée ! La suite ici
Pierre Adrian – Que reviennent ceux qui sont loin
Avec Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian raconte le moment dans une vie où l’enfance avec ses magies s’enfuit définitivement pour laisser la place à l’adulte, raisonnable et responsable. Un roman d’une subtile nostalgie qui dépeint le monde qui passe, se prélasse dans son Pays de Léon au cœur de la Bretagne et plus précisément dans la Maison Blanche au bord de la plage.
Cette plage devient au cœur de l’été un lieu de sociabilité improvisée et d’échanges comptés. La vie y déambule dans les yeux d’un homme d’une trentaine d’année, le narrateur, qui regarde son enfance et le monde qu’il a cru immuable dans cette grande … La suite ici
Anthony Passeron – Les enfants endormis
Un jeune homme, Anthony Passeron, donne une vie de papier à son oncle Désiré dans ce magnifique roman Les enfants endormis. Avec un portrait tendre et exigeant, il rend hommage aussi à sa grand-mère, Louise, qui, toute sa vie, a lutté pour s’élever au-dessus de sa condition et a soutenu son aîné, sans faille, contre une pandémie qui a fait plus de quarante mille décès en France depuis les années 80. La suite ici
Hugo Boris – Débarquer
Débarquer, le nouveau roman de Hugo Boris paru pour la rentrée littéraire 2022 raconte l’instant où, lors d’événements insupportables, la vie remporte contre la mort qui rode.
En conviant un vétéran venu revoir le lieu où sa vie à basculer, sur cette plage d’Omaha Beach, et une jeune femme, guide conférencière, qui vient de perdre l’homme de sa vie, Débarquer pose la question de cet instant où la mort est toute proche, mais où la vie triomphe ! La suite ici
Guillaume Clicquot -Prenez-moi pour une conne…
Après avoir signé les romans qui ont inspiré les films « Papa ou Maman » et « Joyeuse retraite », Guillaume Clicquot, nous offre dans ce nouveau livre « Prenez-moi pour une conne… » le récit d’une femme blessée, abandonnée par son mari au lendemain du mariage de sa fille, qui va réagir !
Avec réalisme et surtout beaucoup d’humour, il analyse ce fait de société, tellement commun, où, à la cinquantaine, les femmes qui ont entretenu une famille, servi de faire valoir à leur mari et élevé leurs enfants, se retrouvent souvent abandonnées par la fuite du mari volage avec sa jeune maîtresse après le départ des enfants. La suite ici
Léonora Miano – Stardust
Léonora Miano propose pour cette rentrée un roman très personnel, son journal écrit pour être publié de plus de vingt ans sur la précarité qu’elle a vécut à son arrivée à Paris avec son expérience d’un centre de réinsertion avec sa fille Bliss.
De ces mois d’errance dans l’attente d’une régularisation, Léonora Miano partage un texte fort, sensible entre colère et amour maternel, sans concession concernant la France, ce pays d’accueil, ex-pays colonial, où elle essaye de conquérir son indépendance. La suite ici
Gaëlle Josse – La nuit des pères
Nouveau roman pour cette rentrée littéraire de Gaëlle Josse avec La nuit des pères ! Et, c’est une vrai réussite qui se lit en immersion, l’émotion au bord des yeux et le cœur chaviré !
Isabelle Erard rejoint son frère, Olivier, pour rencontrer, peut-être la dernière fois, son père qui place « des petits cailloux en papier dans ses poches ». Elle n’est pas revenue depuis si longtemps pourtant elle se souvient de tout ce qui l’a poussée à fuir. La suite ici
Maria Larrea – Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
Réalisatrice et scénariste, Maria Larrea propose dans Les gens de Bilbao naissent où ils veulent son premier roman où elle raconte la fierté du Pays Basque, l’abandon, les traumatismes et la filiation comme une urgence.
Deux abandons commencent ce roman, celle de Victoria et celle de Julien. Les deux vont se retrouver pour fonder à leur tour une famille dans cette France d’après guerre, à l’allure normale surtout lors des retours à Bilbao, mais malgré tout bancale, très accidentée où la peur et la violence sont tapies prêtes à humilier, cogner et rabaisser. La suite ici
Joachim Schnerf – Le cabaret des mémoires
Le troisième roman de Joachim Schnerf, Le cabaret des mémoires, regroupe les interrogations d’un nouveau père avec son passé et la questions de sa transmission à la quatrième génération, d’après le génocide de la seconde guerre mondiale.
Samuel est seul pour la dernière fois, une nuit, avant le retour de sa femme Léa et son petit. En endossant son costume de père, encore trop apprêté, cette nuit de solitude est habitée des inquiétudes devant ce nouvel envol. Les angoisses du passé reviennent en mémoire avec ses images inracontables que la mémoire familiale ne cesse de lui renvoyer. La suite ici
Jarred McGinnis – Le Lâche
Imaginez un premier roman comme un uppercut, non pas contre un adversaire, juste contre soi-même, contre ce narrateur qui s’appelle comme son écrivain, Jarred McGinnis !
Le Lâche, avec ses majuscules doublées, raconte comment un fauteuil roulant redonne à son propriétaire l’envie de revivre, allégé des entraves de son passé, réconcilié avec lui-même à travers une relation de fils à son père apaisée. La suite ici
Pauline Dreyfus – Le Président se tait
Après son Goncourt de la biographie obtenu l’an dernier, Pauline Dreyfus propose une analyse sévère de la sociologie politique en plongeant son nouveau roman Le Président se tait au cœur du silence de Valéry Giscard d’Estaing mis en cause par l’affaire des diamants dits de Bokassa.
Pendant sept semaines, le Président se tait ! Mais, pendant tous ces jours, Pauline Dreyfus met en scène douze personnages qui vont à leur manière commenter ce silence. La suite ici
Benoît Duteurtre Dictionnaire amoureux de la Belle – Époque et des Années folles
Avec plus de six cent pages sur la Belle-Époque et les Années folles, Benoît Duteurtre propose son Dictionnaire amoureux. Bien sûr, vous connaissez sa voix : sur France Musique, il fait découvrir la Périchole et autres livrets, le samedi matin dans son émission « Étonnez-moi Benoît » !
Son ton, sa légèreté et sa grande connaissance, sont compilés dans ce dictionnaire où chaque entrée fait l’objet d’anecdotes La suite ici