RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Prix Goncourt 2022
Vivre vite, autofiction et roman à la fois de Brigitte Giraud, revient sur le moment où la vie bascule, irrémédiablement vers la solitude lorsque le deuil fait naître à jamais l’absence.
Brigitte Giraud a vécu dans le lieu qu’ils n’ont jamais partagé. Elle l’a transformé, aménagé, décoré, rénové en se souvenant d’eux sans qu’il ne soit jamais présent.
Au moment de livrer la maison aux mains du promoteur pour la raser, Brigitte Giraud reprend sa plume une dernière fois sur les événements qui les avaient porté dans ce lieu qu’il n’a jamais habité. Comme un testament littéraire, l’écrivaine reprend les événements comme un flashback chronologique et les ressentis éprouvés pour mettre à distance la douleur de l’absence.
En utilisant le procédé des “Si”, Brigitte Giraud place sur ses souvenirs les cailloux du Petit Poucet, sauf qu’ils ne lui rendront jamais l’homme qu’elle aimait et qui a été victime d’un accident le matin du 22 juin 1999. Elle cherche les raisons du dérapage qu’a infligé la vie, de cette erreur d’aiguillage du destin. Mais y en avait-t-il un ?
La vie de ce couple se raconte par le menu en cette fin du XXè siècle, avant les téléphones portables, où la musique s’écoutait encore sur des vinyles mais aussi des CD qu’on pouvait emprunter dans la discothèque que Claude dirigeait.
Les mots de Brigitte Giraud sont d’une élégance rare et d’une évidence indéniable, racontant la solitude de l’esprit qui ne cesse de tourner, en vain, la même scène à en plonger dans la folie. Car l’autofiction s’efface devant le roman lorsque la démesure s’invite en devenant littérature.
C’est un livre à offrir et à mettre dans toutes les mains ! Le roman Vivre vite de Brigitte Giraud détaille le vide et l’obligation de continuer après l’accident, après la mort, après le deuil. Il rappelle que rien ne s’oublie mais qu’il faut faire avec. Car, le choix de la vie s’est affirmé même si l’absence reste une tâche indélébile avec laquelle il faudra composer. Vivre vite est un hymne à la vie
Puis quelques extraits
J’ai éradiqué les plantes invasives comme l’ambroisie et le lierre qui rampaient dans l’ombre et, à force de traquer les indésirables, j’ai éclairci la parcelle de terrain en même temps que je chassais les ombres sous mon crâne.
J’ai tout bien fait comme on me l’a appris, ce n’est pas parce que j’écoute les Sex Pistols que je ne fais pas tout comme mes parents.
Comme les micro-événements survenus depuis une semaine finissaient par tisser une toile suffisamment serrée pour qu’ils conduisent inexorablement à l’accident.
J‘ai toujours été obsédée par la place de chacun. Qui fait quoi dans ces lieux intimes, les appartements, les maisons que nous habitons, Qui dort dans quelle pièce, qui fait la sieste sur le canapé du salon, qui monopolise la salle de bain. Comment on circule dans les couloirs et les escaliers, comment on s’évite, comment on se gêne et s’épie. Comment on organise nos vies sur ces extensions que sont les balcons, les terrasses, les cabanes de jardin, les garages.
Vous savez comme il est nécessaire d’attribuer la faute. Même si c’est à soi.
Moraliste est devenu islamo-gauchiste avec le temps. C’est ce genre de pique, c’est de cet acabit-là. Frère et sœur malgré tout. Même en se tordant le ventre, en se bouchant le nez.
La logique des autres est un mystère, ce qui se passe dans le cerveau fait penser, parler, écrire pendant des années. Comment change-t-on une attitude raisonnable, prévisible, qu’on peut nommer adulte, en une attitude transgressive et fantasque.
Après cette folle traversée où ta chute à entraîner toutes les manières de tomber. Toutes les façons de se relever. Toutes les façons de te retrouver. Il y a eu tant de signes, tant de coïncidences, tant de rendez-vous secrets. La vie inavouable. Il y a eu l’association que tu te fondais en moi. Que je devenais homme et femme à la fois.
Je reviens sur la litanie des « si » qui m’a obsédée pendant toutes ses années. Et qui a fait de mon existence une réalité au conditionnel passé.
Non, il n’y a rien à comprendre, rien à voir, autant essayer d’essorer un linge sec.
Ici en bref


Du côté des critiques
Le Monde –
Du côté des blogs
Maman Lyonnaise – Antigone – Les chroniques de Koryfée– Aires libres –
Questions pratiques :
Brigitte Giraud – Vivre vite
Éditeur : Flammarion
Twitter : @Ed_Flammarion Instagram : @flammarionlivres
Parution : 24 août 2022
EAN : 9782080207340
Lecture : Novembre 2022
je suis étonnée du choix de ce “roman” pour le prix Goncourt. (Il s’agit plutôt d’une autofiction ). Je me suis facilement laissée embarquer dans cette histoire nostalgique et d’une profonde tristesse, grâce à cette belle écriture. Pourtant, j’ai éprouvé un certain ennui en lisant, je n’ai pas été submergée par l’émotion.
Je viens de lire ton billet, plus enthousiaste que le mien mais tu as raison, plus j’y pense plus je trouve qu’il est très beau ce roman… Merci pour ton commentaire sur mon blog !
Il est abordable par le plus grand nombre et écrit simplement ! Alors, il faut se réjouir de ce choix que la presse semble rabaisser en publiant les hésitations des jurys. Le mage du Kremlin est déjà récompensé et plus le choix est multiple, plus le plaisir de lire sera partagé par le plus grand nombre …Merci d’être passé ici 🙂
Bonjour Matatoune. Ce roman, tout en émotions et questionnements devrait me plaire. Je le lirai bientôt. Bonne journée
J’espère qu’il saura te plaire comme il m’a plu. Bon we 🙂
Bonsoir,
Je ne l’ai pas encore lu mais je vais ce soir à une lecture rencontre avec l’auteur et j’aime l’idée d’entrer dans son texte d’abord par la voix.
Merci de ce beau partage.
Anne
Belle soirée, alors ! Merci d’être passée ici.
Ta présentation donne vraiment envie de le lire je verrais merci. Bisous bonne semaine
En tout cas, je pense qu’il va s’enlever comme des petits pains 🙂 Bonne semaine aussi
Les avis semblent très partagés sur ce livre qui ne m’attire que moyennement pour le moment même si ta belle présentation donne envie de la découvrir. Bonne semaine
Le sujet est quand-même très difficile. Je n’avais pas voulu le lire à sa sortie, puis voyant qu’il était dans la dernière sélection du Goncourt, je me l’étais procuré. Je ne regrette absolument pas. Je pense que c’est un récit accessible sur la vie après, la vie avec … Bonne semaine à toi aussi
Malgré son Prix Goncourt, j’ai peur de trop de si.
Moi aussi. Je n’avais pas voulu le demander sur NG lorsqu’il était sorti. Peur de trop de culpabilité… et même, un léger énervement.
Au cours de ma lecture, j’ai commencé à prendre un peu de recul m’interrogeant sur ces si, que pour ma part je n’ai jamais interrogé après des deuils. Puis, le récit m’a reprise et je l’ai fini rapidement …
Je viens juste de lire la chronique de Rose sur le site de Natlarouge et elle. Son avis est nettement moins positif que le tien. Donc c’est un livre qui fait débat apparemment… Peut être que je le lirai quand il sortira en poche. Merci pour cette chronique !
Oui, Rose est tout à fait remontée contre ce récit… Heureusement, nous avons des avis différents ce qui fit la richesse de nos commentaires 🙂
Moi aussi, cela m’encourage à le lire, merci.
Oh, je pense, j’espère, qu’il vous plaira 🙂
On dit de ce livre, ayant été récompensé du prix Goncourt, que sa place est “sous le sapin de Noël”.
Mais les sapins coupés ou élevés en batteries (non électriques), est-ce bien encore écolo ?… 😉
Il peut y avoir toutes sortes de sapin : en tricot, en papier, et même des cadeaux sans sapin 🙂
les critiques sont très partagées, pas la vôtre. je vais le lire d’ici la fin de semaine, vous m’encouragez !
Oui, il y le conflit entre autofiction et la “vraie” “L”ittérature… Je ne suis pas puriste et mon seul critère est l’émotion que je ressens à la lecture de mots 🙂