Tempêtes et brouillards
RENTRÉE LITTÉRAIRE HIVER 2023
Second roman pour adulte de Caroline Dorka-Fenech, Tempêtes et brouillards décrit l’amour et la haine d’une fille pour son père. Des sentiments qu’il faudra que la jeune femme écrivaine décortique pour éteindre la colère qui ne cesse de la brûler, la destruction qui la ronge et tenter le pardon.
Carina est la seule fille d’un père qui a choisi de retourner au Maroc pour y vivre une retraite proche de ses origines. Lorsqu’il annonce qu’il vient de se marier avec Asma, une jeune femme plus jeune qu’elle, son équilibre vacille, envahi par le dégoût et le rejet. Jalousie, rivalité ou passé trop lourd à porter…
La description de son ressentiment va s’étoffer avec la narration qu’elle essaye de construire. Sa relation amoureuse avec Oren s’en trouve bouleversée. Son passé, que l’on découvre maltraité, malmené lorsqu’elle le confronte au vécu que son père lui rapporte, ouvre béant des blessures qui ne se sont jamais fermées.
Caroline Dorka-Fenech, avec sa narratrice, se demande comment transcrire des émotions enfouies, destructrices qu’elle a vécues et dont elle ne peut se défaire car elles gâchent sa vie. Pour s’en libérer, elle fait le pari de convoquer la littérature (Le Roi Lear) et l’Art en général (Yves Klein et sa mono couleur pour “sentir l’âme”).
Carina arrivera-t-elle à se libérer de ces forces destructrices qui la dévorent pour trouver la force du pardon. C’est tout l’objet de ce roman sensible comme la tendresse ambivalente de cette femme pour un père qui ne fut pas que défaillant.
Ce long chemin, Caroline Dorka-Fenech l’envisage avec un style haché. La douleur, le dégoût et la rancœur émergent avec puissance des mots choisis. La colère est omniprésente. Pourtant, la pudeur est une constante !
Un roman intense, sensible sur le parcours d’une femme blessée qui choisit de se reconstruire à l’aide de l’art en général, et plus particulièrement la littérature; Un cri pour trouver un souffle de douceur pour soi ! Un pari très réussi.
Remerciements
@ed_LaMartiniere et @NetGalleyFrance pour #Tempetesetbrouillards de @caroline_dorka_fenech
Puis quelques extraits
Mon père était comme un bien que Asma venait d’acquérir et dont toute la famille pourrait profiter.
Sirènes maintenant inaudibles. Voitures reprenant de la vitesse. Je l’écoutais comme on se laisse frapper sans réagir de peur que le moindre de nos mouvements ne déclenche le coup mortel.
Le caftan pailleté pourpre atterri dans la première poubelle que je croisai dans la rue. Il eut fallu l’offrir, mais j’aurais eu peur de jeter un sort.
Pourtant. Chacun de ces mots m’avait étranglée. Il y avait quelque chose, à l’intérieur de ce discours. Une corde. Roulé. Autour de mon cou.
Alors le cercle des nuits insomniaques s’est mis à tourner sur lui-même. Ni rêves ni cauchemars. C’était des souvenirs. Des brumes qui cavalaient, se dévoilaient, se dénudaient. Des bêtes. D’innombrables bêtes. Qui remontaient, me déchiquetaient , qui ensanglantaient ma conscience.
En m’invitant à sortir de son coupé, devant chez moi, il m’avait agrippée. Et j’aurais pu me laisser aller. Il me plaisait. Physiquement, artistiquement. Mais au moment où ses lèvres avaient touché les miennes, mon père m’était apparu. C’est un brouillard de sensations davantage qu’un souvenir exact. Une houle, sous la chair, davantage qu’une image précise. Mais cela avait surgi : un ressac indéfinissable venu déposer en moi les embruns d’un dégoût.
Ce qui n’est pas nommé n’existe pas.
(…) à chaque heure là mère revenait me hanter, à chaque minute, revenait me heurter.
J’essayais de poursuivre cette ambition ; par la fiction, explorer mon espace intérieur. Ma nudité. Espérant atteindre un lieu au-delà de moi-même qui me relirait aux autres, peut-être, au monde. Créer un espace de questions et de connexions. Mais il y avait dans mon projet une énigme qui me résistait. Enfilade de couloirs obstruée. De portes condamnées.
Trois enfants blessés par l’abandon d’une mère qui n’avait pas pris la peine de s’expliquer avant de déserter. Parce qu’un enfant, à ce qu’elle croyait, à ce qu’elle avait dit, un enfant ça pardonne, ça guérit, ça oublie.
Midhou chéri serait le sauveur d’Asma désormais.
De mon roman, j’avais établi les fondations, monté des murs, creusé des fenêtres. Les dernières pierres m’échappaient.
Qui n’a pas d’héritage, viens de nulle part. Qui n’a pas héritage, peut-il aller quelque part ?



Questions pratiques
Caroline Dorka-Fenech – Tempêtes et brouillards
Instagram : @caroline_dorka_fenech
Éditeur : Éditions de la Martinière
Twitter : @ed_LaMartiniere Instagram : @lamartiniere.litterature
Parution : 6 janvier 2023
EAN : 9782732497655
Lecture : Décembre 2022
Bonjour Matatoune. Les relations familiales sont très compliquées (j’en sais quelque chose), et j’ai envie de lectures qui me font rêver pas déprimer. Bonne journée
Alors, tu as raison Ne retiens pas celui-ci 🙂
il me semble en avoir entendu parlé. bonne fin de journée bisous
Son premier fut un véritable succès. Et Caroline Dorka-Fenech vient de passer son second avec brio. Bravo ! Bon week-end
Merci de cette présentation d’une écrivaine dont je n’avais pas entendu parler ! Le sujet a l’air assez difficile… L’inceste, j’imagine…
Je ne peux répondre sans divulguer… Les rapports avec l’art sont une piste de résilience…Et le roman se lit facilement. Bon week-end
Je ne connais pas cette auteure. Merci de me la faire découvrir
Second roman très réussi…Pas mal de talent en résumé 😉
là, je vous laisse, bonne soirée
Ok, pas de soucis: Bonne continuation
Un sujet difficile, la relation avec les parents n’est jamais simple. Bonne journée
Non, d’autant plus qu’il faudra découvrir au cours de la lecture d’autres aspects de la relation nocive. Bonne soirée 🙂