RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Le troisième roman de Joachim Schnerf, Le cabaret des mémoires, regroupe les interrogations d’un nouveau père avec son passé et la questions de sa transmission à la troisième génération, d’après le génocide de la seconde guerre mondiale.
Brins d’histoire
Samuel est seul pour la dernière fois, une nuit, avant le retour de sa femme Léa et son petit. En endossant son costume de père, encore trop apprêté, cette nuit de solitude est habitée des inquiétudes devant ce nouvel envol. Les angoisses du passé reviennent en mémoire avec ses images inracontables que la mémoire familiale ne cesse de lui renvoyer.
Et, celles qui le hantent le plus, ce sont des images d’une génération perdue et des survivants et notamment du cabaret de la Grand-tante Rosa, enfouie aux USA dès son retour des camps. Celle dont la voix chaque soir, abritée derrière un personnage chaque fois différent, raconte les mêmes mots, ceux de l’indicible.
De plus, ce spectacle insolite se termine toujours par l’énumération de l’insoutenable par la voix de la dernière rescapée du camp d’Auschwitz. Et, au Cabaret de Shtetl city, Rosa, la sœur de son grand-père, tient sa dernière représentation.
A travers cette composition qui raconte l’enfance habitée du souvenir de cette tante et son nouveau rôle de père, Joachim Schnerf, à travers son narrateur, pose la question de la transmission de la mémoire familiale devenue Histoire du monde.
Alors
Les derniers rescapés nous quittent. La génération qui a vécu la peur et la souffrance n’a pu parlé à son retour. Il s’agissait rapidement, ou simplement en apparences, de se reconstruire et de tenter d’oublier.
Leurs enfants n’ont pu, sans ouvrir des blessures mal fermées, en parler sans faire souffrir leurs parents. Il a fallu que certains survivants, sentant la fin proche, se mettent enfin à parler pour que la génération suivante s’en imprègne, en l’apprivoisant en jouant aux héros, comme le narrateur.
Mais, surtout en reconstruisant un devoir de mémoire débarrassé de la culpabilité d’être né porteur d’une religion maudite par l’Histoire.
Mais, que fera la troisième génération ? Joachim Schnerf se demande ce que le fils du narrateur trouveras pour faire vivre ce devoir de mémoire. Car, il est urgent de ne jamais oublier pour ne jamais laisser la place aux négationnistes de tous bords. Là, est la teneur principale de ce court roman !
Que transmettons-nous de notre histoire à nos enfants et qu’en feront-ils ? Tout reste à écrire !
En résumé
En développant cette métaphore propre au Cabaret des mémoires, Joachim Schnerf permet cette réflexion universelle, encore plus d’actualités pour les victimes des exactions antisémitiques du milieu du XXè siècle, de la transmission familiale. Cette voix d’un père solitaire pour la dernière fois émeut et emmène loin vers la réflexion, tout en nous contant une histoire plaisante et facile à découvrir. La fiction pour soutenir la réflexion !
Remerciements
à @editionsgrasset et @NetgalleyFrance pour #Le cabaretdesmemoires de @jchnerf
Puis quelques extraits
Chaque soir dans une tenue différente, Rosa aux identités infinies liste sans raconter, elle nomme, martèle, pour qu’on ne puisse jamais nier.
Qu’il entende son nom en la sachant en vie. Sinon, comment nous croiront-ils ?
Il fallait trouver des moyens de raconter autrement, la troisième génération devait être capable de s’affranchir du silence imposé par ses parents et chercher la façon la plus juste de prononcer imprononçable.
Puis notre bébé était né et les craintes s’étaient envolées, jusqu’à ce soir et la solitude de cette dernière nuit à les attendre. Comme s’il pouvait leur arriver quelque chose loin de moi. Comme si je craignais de ne pas me réveiller pour les accueillir. Comme si je n’étais pas prêt à me dire : je suis père.
Les craintes de la guerre et de la déportation ont laissé place à l’espoir qui s’éclipse entre chaque note, sous l’immensité de la voûte céleste. Je courais, à bout de souffle, et les paroles frappaient contre mes tempes, pour me dire que j’étais vivant, elles me rassuraient en me chuchotant que demain viendrait la lumière.
Et encore,
Jamais je n’oublierai la fragilité de leur corps quand il était temps de baisser la voix ; c’était sans doute cela le plus difficile, laisser place au silence et à l’inconnu de l’héritage après avoir parlé des camps.
Qui sommes-nous quand les aînés ne sont plus là pour désigner le passé ?
..) j’ai moi-même donné la vie sans avoir pu échapper à la lumière de nos morts, ni à celle de nos tout derniers survivants. Ni à Rosa.
Raconter jusqu’à qu’il se souvienne et qu’à son tour il transmette, pour que toujours revienne la lumière.
Ici en bref



Du côté des critiques
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Du côté des autres blogs
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Questions pratiques
Joachim Schnerf – Le cabaret des mémoires
Twitter : @jschnerf Instagram @jschnerf
Éditeur : Grasset
Twitter : @EditionsGrasset Instagram : @editionsgrasset
Parution : 24 août 2022
EAN :9782246828921
Lecture : Septembre 2022
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Tu m’impressionnes pour avoir lu et chroniqué tous ces romans de la rentrée littéraire.
Mais, il y a NG qui a donné accès à un certain nombre avant leur sortie littéraire …
C’est important de parler de la Shoah et de conserver cette mémoire au fil des générations. Ce roman a l’air très bien.
Oui, Joachim Schnerf pose vraiment la question du devoir de mémoire pour cette nouvelle génération :
Nos lectures se suivent et se ressemblent. 😉 il y avait un beau choix dans cette rentrée littéraire, mais malgré tout, on doit se montrer raisonnable au risque de faire déborder nos PAL. 😀 En tout cas, c’est avec grand plaisir que je suis ta sélection pour cette période. 😘
Oui j’ai mis le lien de la chronique sous la mienne ! On a du faire paraître presque en même temps ! Très gentil mais nous nous aidons mutuellement pour découvrir les pépites de cette rentrée . 🙂
Encore un livre que je ne saurais manquer. Ta sélection de la rentrée est vraiment top. Un grand merci. Bonne soirée
Oui, la rentrée de Grasset était quand-même d’un haut niveau … Mais, à part un seul roman, je n’ai rien lu de la sélection du Goncourt 🙂