Gilles Caron 1968 – Michel Poivert
Éditeur : Flammarion
Hors collection – Photographie
ISBN : 9782081426894
Mai 2018
Ce livre est présenté dans le cadre de l’exposition qui a lieu du 4 mai au 28 juillet 2018 à l’Hôtel de Ville de Paris. Plus de 300 photographies constituent cette exposition et sont reprises dans ce livre commentées et analysées par Michel Poivert, historien de la photographie. Ce sont des femmes que la Mairie de Paris a choisi de mettre en avant sur son affiche (manifestation de la CGT du 23 mai).
Né en 1939, Gilles Caron a commencé des études de journalisme puis après la guerre d’Algérie il va commencer une carrière de photographe et fera partie de l’Agence Gamma. Il s’affirme comme le “Capa à la française”. Il rend notamment compte de la guerre des 6 jours en 1967.
Mai 68 le prendra au bas de chez lui et il photographiera ses événements comme il photographie la guerre au Biafra la même année.
Au cœur d’un photojournalisme, les clichés exposés et reproduits dans ce livre n’ont jamais été mis en lumière et raconte jour après jour son déroulé.
En 1970, c’est le reportage de trop : voulant raccrocher pour être au plus près de ces deux filles, il accepte un dernier reportage au Cambodge. Il disparait avec deux autres français.

Mais au fond, ce qui fait de Caron “le” photographe des “années 68”, c’est surtout sa profonde compréhension de l’acteur social et historique en train de naître dans la culture occidentale: la jeunesse. Michel Poivert
C’est le sens semble-t-il de ces photos de people réalisées.
Les idées révolutionnaires de Mai 68 vont s’entrechoquer, dans le climat de l’après-guerre d’Algérie, avec les idées réactionnaires et néocoloniales sévissant à l’époque. Celles-ci sont incarnées par un homme omniprésent mais vieillissant : De Gaule que Caron suivra à deux reprises, lors de son voyage en Roumanie puis en Turquie.

C’est cet homme, âgé et auréolé de prestige de libérateur, paternel et plein de l’idée qu’il incarne à lui seul la France, que Gilles Caron photographie abondamment durant l’année 1968. Michel Poivert
On a pris la parole comme on a pris la Bastille. Michel de Certeau

Il lui a suffi de sortir du campus pour pénétrer dans le bidonville de Nanterre, de se retrouver avec des enfants en guenilles, les enfants peut-être de ceux que son régiment de parachutistes traquait durant la guerre d’Algérie, de se poser derrière les barbelés et de faire des images de Nanterre de ce point de vue là: celui d’une France qui est très loin de se regarder en face. Michel Poivert
Gilles Caron comprend vite que Daniel Cohn-Bendit est une figure majeure de cette période. Le photographié et son photographe vont jouer un pas de deux consenti par chacun.