Carole Fives – Le jour et l’heure

RENTREE LITTERAIRE 2023

vagabondageautourdesoi.com - Carole Fives - Sereinement, et même dirais-je, simplement, Carole Fives aborde dans Le jour et l’heure la fin de vie choisie à travers le ressenti de cinq personnages. Un mari et ses quatre enfants adultes accompagnent Edith qui a décidé, en toute liberté, de finir sa vie un lundi matin à 9 h en Suisse, précisément, à Bâle.

Au lieu d’être un récit de deuil, Le jour et l’heure de Carole Fives est un récit de vie de ceux qui restent et qui prennent la parole.

D’abord, le voyage à six rappelle les départs en vacances de nombreuses fois vécues par la famille. Puis, le week-end est vécu comme entre parenthèses malgré la maladie d’Edth en toile de fond.

Aucun compte à rebours, aucun rappel dérangeant, juste des instants d’intensité et de complicité pris par chacun. Mais, ce voyage est aussi un voyage intérieur que chaque personnage raconte à son rythme, avec colère ou avec son corps, seulement selon sa manière intime.

Néanmoins, Carole Fives en profite pour dénoncer l’indigence médicale devant l’annonce de la mort possible, la reconnaissance d’un non-acharnement thérapeutique et le respect de la volonté et de la liberté individuelle.

Devançant les détracteurs, Carole Fives aborde aussi les inquiétudes de nos sociétés comme la précarité, les agressions sexuelles, les migrations, l’état de la planète et la parentalité.

Ce récit choral court, Le jour et l’heure, est intimiste et pudique où la mort volontaire assistée y est décrite avec beaucoup de sensibilité. Carole Fives réussit à alerter sur ce sujet sans jamais tomber dans la sensiblerie. Une parfaite réussite !

Remerciements

à @editionsLattes et @NetGalleyFrance   pour #LejourEtLaNuit de #CaroleFives

Pour aller plus loin

Carole Fives – Térébenthine

Puis quelques extraits

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C’est très addictif les urgences gynécologiques, les urgences en général…on voudrait continuer à sauver le reste du monde, en mode superhéros , mais on reste là, les bras ballants: y’a plus personne à sauver.

On croit toujours que nos mères sont éternelles.

Perdre sa mère, c’est devenir complètement adulte, c’est se dire, je ne peux plus aller chouiner dans les jupes de Maman, je n’ai plus qu’à m’assumer.

En quarante ans de médecine, je n’ai jamais parlé directement de la mort avec aucun d’entre eux. Je me suis souvent fait la réflexion, comment ai-je pu laisser mes malades seuls sans les accompagner jusque-là ?

Et puis quand la date est fixée, tout s’accélère. Tu te crois dans les rapides, quand tu réalises que tu es déjà dans la chute.

Et encore,

Ce week-end-là a quelque chose de festif, on célèbre un moment de vie.

On ne pouvait pas refuser ça à Maman, on ne peut pas refuser à quelqu’un d’être libre.

Ce n’était pas un acte à la sauvette d’aller en Suisse, non, ce n’était pas un acte de désespoir, c’était le choix d’une femme forte.

Les gens meurent sans savoir qu’ils meurent, sans jamais être préparés, parce que le mot n’est pas prononcé.

Et encore, encore

La veille de Noël, j’ai vu arriver une jeune femme, vingt-cinq-trente ans, toute petite, toute menue…Elle m’a raconté les viols qu’elle avait subis pendant son transit, les tortures…elle parlait doucement, les yeux baissés, et moi je l’écoutais. Tout le long de son voyage, on avait tenté de la réduire à néant, et pourtant, elle était là devant moi…avec ce grand besoin d’être entendue…Je me disais, si je l’écoute jusqu’au bout, si je comprends son histoire, elle retrouve une partie de son humanité perdue…

Toutes ces personnes qui arrivent avec des histoires incroyables, et pourtant, c’est bien ce qui vit une grande partie de l’humanité aujourd’hui…Ma vie à moi, mes enfants, mon mari, ma maison, c’est plutôt l’exception…

Et la suite, elle disait, et la suite ? Anna a répondu du tac au tac, la suite, Maman, on va l’écrire nous-mêmes.

Pour moi, suicide n’est pas un vilain mot . En prison, on n’a pas le droit de se suicider…On leur met des pyjamas indéchirables, on les coince dans des cellules capitonnées, on leur refuse le droit de mourir, de sortir de cet enfer-là.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Un extrait
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Puis, le dernier

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Carole Fives – Le jour et l’heure

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Éditeur : JC Lattès

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Parution : 23 août 2023

EAN : 9782709672672

Lecture : Juillet 2023

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9 commentaires

    • Sujet très difficile à traiter que Carole Fives traite sensiblement sans sensiblerie !

  1. Bonjour Matatoune. Je note le titre de ce roman qui doit être très émouvant. Une belle fin choisie pour cette femme qui doit être forte dans sa tête. Bonne journée

    • Oui, au point qu’elle prévoit même l’après et qu’une de ses filles est obligée de lui dire que l’après leur appartiendra 🙃

    • Un roman choral qui rassemble des enfants devenus adultes et son mari autour d’Édith, pour l’entourer à sa fin de vie, chacun à sa façon raconte son ressenti et c’est très justement raconté !

    • Entendue à France Inter hier, ChapGPT aurait plus d’empathie que la moyenne des médecins ( même si en retour le patient en aurait évidemment moins). De plus, , cette mort choisie est traitée de façon très subtile. Un très grand témoignage romanesque pour l’évolution de la législation.

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