Agnès Desarthe – Le château

Des rentiers

RENTREE LITTERAIRE 2023

vagabondageaurtourdesoi.com Agnès DesartheInventer le passé plutôt que de poursuivre les vieilles pierres ou arpenter les cimetières, c’est le parti pris par Agnès Desarthe pour s’en saisir. Et, pour reculer la mort, il s’agira de vivre avec ceux qu’on aime.

Ses grands-parents Boris et Tsila Jampolski, ont acheté à soixante-cinq ans un appartement de deux pièces avec balcon au 8ème étage d’une tour dans le XIIIe arrondissement au 194 rue du Château des Rentiers.

Eux, juifs russes, ont immigré en 1930. Pour cette famille, ce fut d’abord lui, son grand-père de remplacement, ancien communiste, qui est venu en premier. Puis, elle est arrivée.

Ils étaient entourés dans la tour de leurs amis devenus famille, tous venus de la même région la Bessarabie, du côté de la Moldavie.

Un phalanstère improvisé de vieilles personnes qui avaient échappé jeunes à la mort et du coup, toutes leurs journées prises sur la mort étaient un gain de vie.

Qu’Agnès Desarthe veuille reconstituer pour sa vieillesse avec les gens qu’elle aime ce phalanstère est un prétexte pour faire revivre par l’imagination les membres de sa famille qui l’ont quittée.

Seulement peut-on écrire si on n’a pas vécu ? Agnès Desartre en donne la réponse dans Le château des rentiers, avec ce leitmotiv ” J’ai un plan dans la poche” qui ouvre les portes de son imaginaire.

Agnès Desarthe déploie dans Le château des rentiers une écriture papillonnante, virevoltante même, tellement plaisante que ce roman se lit aisément. Une bien belle façon d’évoquer les liens qui relient aux personnes aimées depuis absentes et surtout de garder en mémoire, par la littérature, l’amour qu’une petite fille portée à sa grand-mère.

Pour aller plus loin

Agnès Desarthe – L’éternel fiancé

Puis quelques extraits

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Si je ne prends pas un peu d’avance, je me retrouverai au seuil de la mort sans avoir rien prévu, sans avoir rien choisi.

J’aimais et j’aime toujours admirer. C’est mon moyen de transport fétiche. Je veux être ce que je ne suis pas. Je veux être là où je ne suis pas. Peu importe que j’y parvienne ou non, car le plaisir est garanti par le trajet.

On n’explique rien aux enfants. On suppose qu’ils ont compris, que c’est évident.

Suivant cette piste, je me dis que faire son deuil, c’est arpenter la douleur, s’y promener parfois distraitement, mais aussi secrètement mû par l’urgence d’en finir, d’en sortir pour pouvoir passer à autre chose.

Faire son deuil, faire sa douleur, c’est donc, dans mon cas, arpenter le manque, chaque recoin de chagrin, soulever une à une toutes les pierres où d’anciennes poussières de souffrance sont allées se loger, cela dans un seul but, non d’oublier, mais de recommencer à fréquenter la personne disparue.

J’espère toujours que les médecins vont me poser des questions sur les livres que je lis.

Comment faire l’histoire d’un événement dont seuls les morts devraient pouvoir parler ?

L’expérience concentrationnaire est incommunicable.
C’est une histoire racontée à des sourds par des muets.

Mon grand-père s’est dégradé très lentement. Jusqu’à retourner à l’état d’enfant que l’on nettoie et que l’on nourrit. Un enfant sans avenir et que personne ne trouve mignon, que nul n’a envie de dorloter, de bercer, de humer.

Plus le temps qu’il me reste à vivre diminue, plus ce que j’ai vécu enfle et prospère.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Un extrait
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Puis le dernier

Du côté des critiques

Télérama

Du côté des blogs

Julie à mi-mots –

Questions pratiques

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Quatrième de couverture

Agnès Desarthe – Le château des rentiers

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Éditeur : Editions de l’Olivier

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Parution : 18 août 2023

EAN : 9782823619515

Lecture : Août 2023

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11 commentaires

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    • Oui, Agnès Desarthe prend prétexte de ce futur phalanstère pour retrouver la grand-mère tellement aimée ! Bonne continuation !

    • Agnès Desarthe signe ici un livre personnel et chaleureux à la recherche de ses origines au moment où elle s’interroge sur sa propre vieillesse!

  2. Malgré un thème ardu, elle a donc su le présenter de manière plaisante. Billet très attrayant

    • Oui, son envie de construire son phalanstère est un fil tout au long du roman pour donner corps à son cheminement dans sa mémoire imaginaire!

  3. C’est important de garder un lien avec ses racines.Ta chronique donne envie de découvrir ce livre. Bonne journée

    • Oui, avec bcp de sensibilité Agnès Desarthe tisse les liens qui nous relient au passé quand vient le temps de sa propre vieillesse ! Une écriture pudique ambrée de l’affection pour ses ancêtres. Bonne journée 😉

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