Alexandra Koszelyk – L’archiviste

vagabondageautourdesoi.com - Alexandra Koszelyk - Le troisième roman d’Alexandra Koszelyk, L’archiviste, aborde très justement la manière d’effacer un peuple en détruisant sa culture, son histoire, son essence avec autant de réalisme que des armes !

La sœur de k, Milla, photographe de presse, est détenue par la bande de l’Homme au chapeau, représentant du pays agresseur, qui exerce un chantage artistique. Ainsi, il impose à k, archiviste de son métier, de détruire petit à petit toute la culture de l’Ukraine afin d’éradiquer son peuple, sa civilisation, son histoire. Ainsi, sa sœur sera libérée.

« Il ne s’agit pas de tout changer, vous l’aurez compris, mais seulement certaines parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d’un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d’État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n’est pas grand-chose ! Il ne s’agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création ! De devenir l’autrice de cette nouveauté !»

Bien sûr, K trouve une manière créative de se soumettre au chantage tout en préservant les richesses de son pays. Néanmoins, le roman étant si proche de la réalité actuelle, je n’ai pu m’y plonger avec détachement et légèreté.

Alexandra Koszelyk a répondu à sa manière à l’invasion de son pays d’origine en se donnant pour mission d’expliquer ce qui fonde l’histoire et la culture de son pays. Du coup, force est de constater notre ignorance !

Taras Chevtchenko, poète qui a aidé au réveil de la nation ukrainienne au XIXè siècle côtoie Gogol. Alla Horska, artiste peintre, première représentante du mouvement underground des années 60, était elle-même archiviste ! Alexandra Exter, amie de Sonia Delaunay dont k a la consigne de falsifier une de ses œuvres, a illustré les albums du Père Castor. Etc.

Une très belle manière d’appréhender la culture d’un pays découvert par les chars et les obus qui tentent de le détruire, ainsi que sa culture que la propagande russe tente de dénaturer pour mieux la museler. Alexandra Koszelyk et son Archiviste sont à découvrir, comme un soutien, certes muet, à ce peuple si courageux !

Remerciements

A @forgesdevulcain et @NetGalleyFrance   pour #LArchiviste de @AlexandraKZYK 

Puis quelques extraits

cite-56a4b9b45f9b58b7d0d8877b

 » On n’enferme pas la conscience de soi. On ignore la prison du corps et ses commotions ! Ils peuvent isoler mille ans derrière une porte, j’en sortirai avec une façon de penser qui me vaudra d’y retourner dans la seconde ! Au pire, l’image que j’ai d’eux peut me faire manquer un trait, comme ici. » Alla Horska

Pour avancer, il faut tenir entre ses mains la lampe de son passé.

Vint le jour où l’Homme au chapeau lui demanda de travailler sur un ensemble de romans dans lesquels il fallait effacer les allusions aux séparations politiques et culturelles entre les deux pays. Parmi ces textes, l’un était mondialement connu : Les Ames mortes de Gogol. Sa tâche consistait cette fois à enlever toute la satire et l’ironie à l’encontre de l’Empire russe et des mœurs régnantes. L’entreprise était colossale et anéantissait au passage tout l’intérêt de ces écrits.

Trois périodes de votre Histoire méritent un nouvel éclairage. Tout simplement parce qu’elles fondent votre identité qui s’y réfugie volontiers pour faire pleurer dans les chaumières. Il est temps d’y mettre un terme, d’affaiblir tout ça pour notre histoire commune soit plus douce. Comme deux frères qui font la paix. K ne réagissait toujours pas. Quelles étaient ces trois périodes dont il parlait ? L’homme sortit un papier de sa poche sur lequel étaient inscrits trois mots. Il repoussa le papier vers K qui put alors discerner :
HOLODOMOR – TCHORNOBYL – MAIDAN.

Croire en l’avenir, et c’est tout l’enjeu d’une vie humaine, passe d’abord par la préservation du passé, face à une destruction imminente et sans visage.

L’écrit est ce chant silencieux qui conserve les productions de l’esprit au long des siècles : qu’est-ce qu’une langue, si ce n’est une musique au secours d’une idée, une harmonie et un rythme portés par les trouvailles de l’imaginaire ?

Et encore,

C’était l’artiste préférée de ma mère. Elle racontait souvent l’histoire de cette peintre : atteinte de poliomyélite quand elle était encore une enfant, Maria Primatchenko avait grandi en marge de la vie, dans l’ombre des jeunes filles qui jouaient à la marelle. Tandis que les autres étaient dans l’action, projetées vers un avenir qui se traçait sous leurs pas, sans la menace d’une épée au-dessus de l’échine, Maria, elle, avait reçu cette épée, cohabitait avec ses piques et les souffrances qu’elle provoque. La maladie lui avait appris l’immobilité et l’attente de ce qui ne vient pas.

À Maïdan, quelque chose s’était joué, le peuple s’était rassemblé, de façon pacifique, pour protester contre un président sous influence qui se détournait de la volonté du peuple, désireux de se rapprocher de l’Europe. Ce que la population avait appelé « la révolution de la dignité » donnait tout son sens à l’origine du mot «démocratie»: «le pouvoir au peuple ». C’était bien cela qui s était passé, avec une puissance que personne n’aurait pu prévoir.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

vagabondageautourdesoi.com - Alexandra Koszelyk -
Un extrait
vagabondageautourdesoi.com - Alexandra Koszelyk -
Puis un autre
vagabondageautourdesoi.com - Alexandra Koszelyk -
Puis le dernier

Du côté des critiques

Du côté des blogs

Domi C lire – Joelle Book

Questions pratiques

Alexandra Koszelyk – L’archiviste

Twitter : @AlexandraKZYK   – Instagram : @alexandrakoszelyk

Facebook

Éditeur : Aux forges de Vulcain

Twitter : @forgesdevulcain Instagram : @auxforgesdevulcain

Facebook

Parution : 7 octobre 2022

EAN : 9782373056556

Lecture : Avril 2023

Littérature contemporaine

Littérature générale

Auteurs commençant par H, I, J, K,

Chroniques littéraires

12 commentaires

  1. Non on ne sait pas tout…..Je ne sais pas si j’aurais envie de le lire d’un coté oui mais d’un autre pas envie de plonger dans cette guerre en ce moment même si ici elle ne semble pas être trop abordée dans ce livre…bisous bisous

    • En ce qui concerne la destruction de l’Histoire, on peut peut-être aussi penser à Orwell, « 1984 ». Au ministère de la Vérité, Winston, le protagoniste, est chargé de « corriger », d’effacer les événements passés qui contredisent les événements ou les déclarations du jour du « gouvernement ».

      • Oui les inspirations peuvent être nombreuses comme « 1984 » mais aussi faire revivre les œuvres en s’immergant de façon un peu hallucinatoire , par exemple !

Un petit mot ...

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.