A la suite de la grandeur déchue d’Hollywood avec Billy Winder et moi, Jonathan Coe raconte dans Le royaume désuni le déclin de la Grande Bretagne en suivant le destin de la famille de Mary Clarke habitant le petit village de Bournville, réputé pour sa chocolaterie fondée par les Cadbury.
Ainsi, de la fin de la guerre en 1945 jusqu’au lendemain du Brexit, et par petites touches, Jonathan Coe décrit la lente régression de ce pays qui dans l’histoire a connu un rayonnement envié et respecté.
Au moment du covid, Peter prend des nouvelles de sa mère, Mary, âgée, et prend conscience du temps qui passe. Il décide de profiter de ses moments hors temps habituel pour préparer la fête des cinquante ans de mariage de ses parents.
L’occasion de ressortir les souvenirs, les vieilles photos, d’interroger les uns et les autres, et Jonathan Coe raconte ainsi plus de soixante ans de vie de cette famille autour de l’ancrage que constitue pour le Royaume Uni la monarchie incarnée par Élisabeth II.
De l’humour comme toujours avec Jonathan Coe, des tranches de vies parfaitement reconstruites de façon vivantes et variées, un art éprouvé de la narration, Le Royaume désuni est un roman à découvrir !
Pour aller plus loin
Jonathan Coe – Billy Wilder et moi
Puis quelques extraits
Les gens qui ont de la chance dans la vie n’aiment pas trop qu’on le leur rappelle.
Vous savez, le pair avec son hermine, la pairesse avec son diadème, et puis hop : ” Passez-moi les Corn-Flakes, Chérie”.
Si tu leur disais que tu combattais le fascisme au juste que tu te battais pour la démocratie ils te prenaient pour un dingue. Pour eux c’était une simple histoire d’autodéfense : les Allemands voulaient nous envahir, nous occuper, un peu qu’on allait les arrêter, merde.
(…) et pour être honnête, si tu les poussais à parler politique, tu t’apercevais que certains avaient des opinions pas si éloignées que ça de celle des nazis.
– Mais il nous faut un roi ou une reine c’est la tradition, c’est l’histoire anglaise, et c’est …c’est essentiel.
Mais ce jour-là, cette cérémonie indigeste, ésotérique et incompréhensible lui faisait l’effet d’une bouffée d’air rance qui ramenait l’assistance à un monde passé, plus solide, un monde qui ne reposait pas sur de douteuses valeurs humaines, qui était entièrement fait d’éblouissantes abstractions et de hiérarchies occultes. Juste devant leurs yeux, la reine elle- même, cette femme passive et insondable de vingt-sept ans qui était au centre du rituel, avait cessé d’être humain au véritable sens du terme pour devenir un pur symbole. Et, c’était totalement juste. C’était sa destinée.
Chaque semaine, elles dévorent des yeux et désirent secrètement ces jolis garçons aux cheveux longs qui se détachent devant la caméra en chemise à fleurs et col pelle à tarte : c’est comme si ces chansons étaient les dépêches d’un autre monde, un monde de mélodies ou de couleurs, de liberté et de légèreté, d’ambiguïté et de transgression.
Et encore,
Peut-être que le danger, quand on gagne une guerre, c’est que ça vous donne un sentiment de triomphe et de réussite – tout à fait justifié – qui porte à croire qu’on peut se permettre de se laisser aller pendant un temps. Alors que la défaite, en particulier une défaite comme celle que nous avons subie, ne vous laisse pas d’autres choix que de vous relever, et de commencer à reconstruire en ne ménageant pas vos efforts pour y parvenir. En tout cas cela semble être la philosophie de notre chancelier. Mr Erhard.
Autrement dit, chose incroyable, la finale de la Coupe du Monde de 1966 se jouera le 30 juillet entre l’Angleterre et l’Allemagne de l’Ouest, au stade de Wembley.
Bien sûr, cette rencontre portera les traces d’une histoire aussi douloureuse que récente, mais pointer cela du doigt constituerait assurément une atteinte aux bonnes manières et au tact anglais.
Durant des années, on se souviendra du geste courtois avec lequel il a essuyé ses paumes en sueur sur son short avant de lui serrer la main, pour ne pas souiller les gants d’un blanc virginal d’Elizabeth II. Il aurait pensé à ça, le capitaine ouest-allemand ? Bien sûr que non. Il n’y a que les Anglais qui savent se tenir !
Ici en bref



Du côté des critiques
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Questions pratiques
Jonathan Coe – Le royaume désuni
Éditeur : Gallimard
Twitter : @Gallimard Instagram : @editionsgallimard
Parution : 3 novembre 2022
EAN : 9782072990878
Lecture : Novembre 2022
J’aime beaucoup le point de vue qu’à l’auteur sur ses concitoyens. Je note ce titre.
Pareil, j’aurais plaisir à lire la chronique
Bonjour Matatoune. C’est un auteur que j’apprécie et je lirai avec plaisir ce roman. Bonne journée
Oui, il devrait te plaire. J’aurais plaisir à lire ton avis. Bonne soirée
[…] Ils/elles en parlent aussi : Anita. Aire(s) libre(s). Vagabondage autour de soi […]
J’aime beaucoup cet auteur, ce livre va me plaire.
Merci beaucoup 🙏🎄
Oui il devrait te plaire. Bonne lecture. 🎄✨️
je le note car j’aime bien son écriture et les thèmes qu’il aborde mais je n’ai pas encore lu sa précédente trilogie 🙂
merci pour cette présentation. Bisous doux weekend
Très bon dimanche 🌲
bonne idée de lecture, merci
J’avais tellement aimé le Billy etc. que je ne pouvais passer à côté de celui-ci même si ma chronique n’est pas aussi fouillée que d’habitude…surtout par manque de temps! Jonathan Coe ne devrait pas m’en vouloir 🤣 puisque je lirai son prochain 😉
Merci pour le lien !
De rien. Bon dimanche
Je n ai encore rien lu de cet auteur et ta chronique me donne très envie d y remédier. Bon week-end
Il n’à pas son pareil pour raconter les petits moments de la vie et aussi changer de formes littéraires tout en restant talentueux . Bon dimanche 🎄