Dernière sélection du Prix Médicis
RENTREE LITTERAIRE 2023

Le cinquième roman, Les alchimies, de Sarah Chiche est son premier roman complètement fictionnel qui s’ouvre sur un mystérieux expéditeur d’un mail. Celui-ci prétend savoir où se trouve le crâne du peintre Goya.
Sarah Chiche va développer son intrigue à partir de deux “livres” très différents. Le premier implante le personnage, Camille Cambion, dans une lignée de médecins légistes attachés aux connaissances et à la valeur scientifique des recherches. Implantée dans un service légiste, la narratrice a réussi à faire sa place au sein du service renommée du professeur la Brusse. Séparée de son compagnon, avec une fille adolescente bougonne, Camille consacre beaucoup de temps à son travail.
Deux parties très différentes
Le titre du premier livre, Les désastres de la guerre, reprend le nom d’une série de quatre-vingt-deux dessins de Goya à l’époque où il était encore le peintre de cour et des portraits de puissants, avant la déclaration de sa maladie. Cette partie détaille et explique les liens entre sa famille et le peintre.
Le second livre au titre évocateur de Songe de la raison rappelle une estampe de Goya où il s’est représenté endormi pour réaffirmer la prépondérance de la raison et de la lumière de la connaissance. Ainsi, cette partie est racontée par la mystérieuse expéditrice du mail et se mélange avec les souvenirs de Camille Cambion. Sarah Chiche conte le cheminement de sa famille, scientifiques convaincus, après la disparition du crâne de Goya. Elle reprend une des explications fantaisistes concernant la disparition du crâne de l’artiste.
La première partie est implantée dans la réalité des problèmes de l’hôpital public, d’une famille monoparentale et d’une femme travaillant dans un univers assez machisme. La seconde remonte l’histoire jusqu’au XVIIIéme siècle en reprenant des thèses subversives expliquant le titre du roman. Seulement, l’écart est grand. Peut-être trop ! Entre la réalité et la modernité actuelles et l’ésotérisme et le fétichisme de l’autre, il manque de l’équilibre.
Goya, peintre moderne !
Certes Sarah Chiche surprend par sa capacité à imbriquer l’histoire de sa légiste avec celle du peintre. La description de la maladie invalidante du peintre est analysée en expliquant les répercussions sur son œuvre. Elle souligne aussi la modernité de ses productions. C’est décrit sans faire étalage de quelconques superconnaissances. Et, c’est très agréable. Les obsessions littéraires de Sarah Chiche se retrouvent aussi dans Les Alchimies, secret de famille et traumatisme, même s’ils sont traités par son personnage Camille, un double littéraire.
Seulement, ce sont les liens qui posent légèrement problème : des parents, fanatiques de fêtes sataniques, l’utilisation des drogues, certes éclairée, mais peu vraisemblable avec les performances d’études scientifiques. Une Camille très naturelle qui devient porteuse d’une intelligence supra normale admirée par son père. Trop d’éléments qui interpellent l’imaginaire du lecteur et qui l’empêche de s’envoler tranquillement, me semble-t-il.
Le style est toujours aussi flamboyant, avec des phrases travaillées d’une grande intensité.
Alors, un sentiment mitigé m’anime, à la fois admirative car j’ai appris beaucoup sur le peintre, mais, interrogative sur l’univers particulier dans lequel nous plonge Sarah Chiche lorsque son imaginaire déborde !
Sûres, ses alchimies devraient être récompensées par un prix, car ce roman est retenu dans la seconde sélection du prix de l’Académie Francaise. La réponse sera dans quelques jours !
Puis quelques extraits

La maladie de votre père, je le comprends aujourd’hui, n’était pas à proprement parler la maladie d’un seul homme, mais la maladie humaine. Elle s’attaque en priorité aux plus doués. Pas aux illuminés, non. Aux êtres qui dissèquent tout, trop épris d’analyse et de raisonnement pour ne pas vivre leur intelligence comme une malédiction. Ils creusent les terres de l’esprit pour trouver de l’or, trop longtemps, trop loin, tant et si bien que coupant à travers la peau des âmes ils finissent par tomber sur leur propre carcasse collée à l’os du monde.
Il ne faut jamais mentir à personne, me dis-je en contemplant un masque chirurgical usagé qui gisait à mes pieds. À personne, sauf peut-être aux gens qu’on aime.
Le génie d’un homme qui en quelques coups de pinceau te montre les régions où l’esprit s’abîme quand il croit s’être élancé au plus près du soleil de la connaissance.
– Quand la vie cesse d’être un jeu sérieux pour ne plus devenir qu’une réclame pour les monte escaliers à destination des personnes âgées dépendantes, elle n’est plus digne d’être vécue.
Les réseaux sociaux ont remplacé la ville.
Chaque patient l’instruirait sur ce qu’est la vie, ce qu’est la douleur, ce qu’est la mort. Chaque tête serait un royaume qui se loge dans le monde dans lequel se loge l’univers tout entier.
Vénérer les reliques des saints n’a jamais fait de nous des saints.
Ici en bref




Du côté des critiques
Du côté des blogs
Questions pratiques

Sarah Chiche – Les alchimies
Instagram @chiche.sarah
Éditeur : Seuil
X : @EditionsduSeuil Instagram : @editionsduseuil
Parution : 18 août 2023
EAN : 9782246829652
Lecture : Octobre 2023
[…] PPS : Voici l’avis de Matatoune (vagabondageautourdesoi) : https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/22/sarah-chiche-les-alchimies/ […]
Celui-ci, je ne le note pas. Merci pour ton ressenti.
Depuis l’écriture de cette chronique, j’y repense et trouve, peut-être, un peu trop “rude”, mon avis ! A suivre donc !
Donc toi aussi mitigée.
Oh dslee, j’ai oublié le lien vers ta chronique. Je le mets ici
https://lorenztradfin.wordpress.com/2023/10/13/les-alchimies/
Pourquoi désolée ?? Je t’embrasse. Merci
J’aime bien mettre les liens de blogs que je suis et qui me donne envie 😉
Je comprends. Mais je te rassure, je t’en voudrais pas si tu ne le fais/ feras pas….
Moi aussi je vais passer mon tour, peu intéressée par les sujets traités et ce peintre. Bonne journée
Je n’ai certainement pas su bien donner envie ! Dommage !
Bonne journée 😉
Je crois que je vais passer mon tour pour ce roman même si au début de ta chronique je le trouvais intéressant.
C’est vrai qu’il m’à laissé une impression mitigée !
Comme ce peintre ne me passionne vraiment pas, je vais m’abstenir, surtout que le satanisme n’est vraiment pas ma tasse de thé. Bonne semaine
Satanisme est peut-être un mot un peu fort, j’aimerai en trouver un autre ! Je vais y réfléchir !
Bonne continuation 😉