La Villa Savoye est une construction baptisée “Les Heures claires” par ses habitants et construite par Le Corbusier de 1928 à 1931 à Poissy dans les Yvelines. Avec le printemps, reviens l’envie des découvertes et des ballades. En voici une à faire en Ile de France.
La ville de Poissy vient d’inaugurer une statue de l’architecte au centre ville. Au même moment, dans un article du journal Le Monde, un groupe d’intellectuels demande au ministère de la Culture de retirer les subventions publiques aux œuvres de l’architecte et notamment celles du projet de construction d’un musée au motif de sa collaboration avec le régime de Vichy pendant la seconde guerre de mondiale. Mais, comme le rappelle le journal, Le Corbusier a aussi travaillé pour Léon Blum et l’architecte Nouvel pour le Louvre Abou d’Abhi du prince saoudien Mohammed Ben Salman…
Son implication dans la recherche de son époque est reconnue. Tout ne fut pas idyllique :la construction des unités d’habitations appelées “Cité radieuses” ( appelée à Marseille la “maison du fada”) car elle exposaient des théories qui ne correspondaient pas aux besoins des classes populaires auxquelles elles étaient destinées et réduisaient leurs espaces de vie à une autarcie dont on a compris depuis les limites. Il n’empêche que la Villa Savoye construite aux alentours de 1930 révolutionne l’habitat des habituelles villas et met en œuvre les cinq principes fondamentaux d’une doctrine dont on profite dans nos habitats contemporains.
Charles-Édouard Jeanneret-Gris (1887-1965) dit Le Corbusier “est architecte, urbaniste, dessinateur, peintre et sculpteur.
« Si l’on doit parler d’architecture, je veux bien le faire, mais je ne veux pas le faire sous le nom de Jeanneret. J’ai dit « j’prendrai le nom de… d’un grand… d’un ancêtre maternel, Le Corbusier, et je signerai mes articles d’architecture Le Corbusier”

Occupant un terrain de 7 hectares, cette “machine à habiter” comme l’a qualifiée son auteur mesure 9,40 m de haut, 21,50 m de long et 19 m de large. Inscrite au patrimoine de l’Unesco en 2016, elle se dévoile dans un beau parc arboré.

En 1928, la famille Savoye désire une maison différente de celles que l’on construit habituellement.
Les Savoye demandent à Le Corbusier, architecte connu pour ses constructions nouvelles et originales, de leur bâtir une villa où ils viendront profiter de la campagne en fin de semaine. Ils veulent une grande maison pour y recevoir leurs amis sans s’éloigner de Paris.

Autre chose: la vue est très belle, l’herbe est une belle chose, la forêt aussi : on y touchera le moins possible. La maison se posera an milieu de l’herbe comme un objet, sans rien déranger.
Extrait de Le Corbusier, Œuvre complète, volume 2, 1929-1934
Le Corbusier conçoit pour eux une maison en béton armé qui ressemble à une boîte suspendue en l’air, posée au milieu de la verdure.
Pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), elle est occupée par des soldats allemands. Puis, avec le temps, la maison s’abîme et ses propriétaires l’abandonnent.
L’État la rachète, la restaure et l’ouvre au public en 1997.

Cette villa a été construite dans la plus grande simplicité, pour des clients dépourvus totalement d’idées préconçues : ni modernes, ni anciens. Leur idée était simple : ils avaient un magnifique parc formé de prés entourés de forêt; ils désiraient vivre à la campagne; ils étaient reliés à Paris par 30 km d’auto.
Extrait de Le Corbusier, Œuvre complète, volume 2, 1929-1934

Les cinq Points de l’architecture moderne sont les suivants :
– La structure sur pilotis. Des pilotis externes évoquant les péristyles grecs, supportent une partie du premier étage permettant ainsi de créer une promenade couverte destinée, dans le cas de la Villa Savoye, à la circulation automobile !
On va donc à la porte de la maison en auto, et c’est l’arc de courbure minimum d’une auto qui fournit la dimension même de 1a maison. L’auto s’engage sous les pilotis, tourne autour des services communs, arrive au milieu, à la porte du vestibule, entre dans le garage ou poursuit sa route pour le retour: telle est la donnée fondamentale.
Extrait de Le Corbusier, Œuvre complète, volume 2, 1929-1934

– La façade libre : Grâce à cette ossature évoquée plus haut, les façades sont dites libres lorsqu’elles ne supportent plus rien. Le Corbusier va ainsi pouvoir multiplier les ouvertures vitrées en façade et donner la forme qu’il souhaite à celles-ci sans aucune contrainte structurelle. En conséquence, pour amener un maximum de lumière au rez-de-chaussée et diversifier les volumes extérieurs, il concevra par exemple une façade courbe et vitrée à ce niveau.

– Les fenêtres en bandeau : Ces fenêtres se composent de deux panneaux vitrées horizontaux et rectangulaires dont un pan coulisse le long de l’autre. Elles sont placées sans interruption en façade, Le Corbusier apporte ainsi un maximum de clarté à toutes les pièces de la maison. C’est cette diffusion de la lumière panoramique et sans angle mort qui va pousser Monsieur et Madame Savoye à surnommer leur maison de campagne : « Les Heures Claires ».

Le plan libre : Les planchers étant « seulement » supportés par une trame de poteaux/pilotis en béton armé, les murs perdent leur fonction porteuse et deviennent des cloisons à l’intérieur comme à l’extérieur. Un plan est donc qualifié de libre lorsque les murs internes ne sont que des cloisons. Ce principe permettra à Le Corbusier de concevoir un séjour de 86 m² ouvert sur l’extérieur et sur trois faces par des fenêtres en longueur placées en série et une baie vitrée aux dimensions extraordinaires de 9*3 mètres !


L’architecture arabe nous donne un enseignement précieux. Elle s’apprécie à la marche, avec le pied; c’est en marchant, en se déplaçant que l’on voit se développer les ordonnances de l’architecture. C’est un principe contraire à l’architecture baroque qui est conçue sur le papier, autour d’un point fixe théorique. Je préfère l’enseignement de l’architecture arabe.
Extrait de Le Corbusier, Œuvre complète, volume 2, 1929-1934


– La structure sur pilotis. Des pilotis externes évoquant les péristyles grecs, supportent une partie du premier étage permettant ainsi de créer une promenade couverte destinée, dans le cas de la Villa Savoye, à la circulation automobile !

– Le toit-terrasse. La Villa Savoye se compose de deux niveaux de toits plats qui deviennent des espaces de vie : un jardin suspendu au premier étage et un solarium au second dans le cas de la Villa Savoye.
Si l’on est debout dans l’herbe, on ne voit pas très loin l’étendue. D’ailleurs, l’herbe est malsaine, humide, etc… pour y habiter; par conséquent, le véritable jardin de la maison ne sera pas sur le sol, mais au-dessus du sol, à trois mètres cinquante: ce sera le jardin suspendu dont le sol est sec et salubre, et c’est de ce sol qu’on verra bien tout le paysage, beaucoup mieux que si l’on était resté en bas.
Extrait de Le Corbusier, Œuvre complète, volume 2, 1929-1934




Pou clôturer cette visite, petit passage au pavillon du gardien-jardinier, sorte de “Villa Savoye” en miniature.

Photos de vagabondageautourdesoi.com
Sources
Dossier enseignant Villa Savoye

Questions pratiques

« Si l’on doit parler d’architecture, je veux bien le faire, mais je ne veux pas le faire sous le nom de Jeanneret. J’ai dit « j’prendrai le nom de… d’un grand… d’un ancêtre maternel, Le Corbusier, et je signerai mes articles d’architecture Le Corbusier”
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