Quel plaisir de retrouver l’excellent conteur qu’est Marek Halter ! Sa série “Les femmes de l’Islam” m’avait enchantée. Avec “La juive de Shangaï“, c’est l’histoire romancée d’une jeune femme qui a traversé presque le monde pour fuir l’enfer des nazis. C’est aussi une formidable histoire d’amitié, de celle qui permet d’avoir le courage de poursuivre son rêve.
Brins d’histoire
Ruth, qui signifie “la compatissante”, est l’héroïne de cette aventure du début du XXè siècle et plus précisément de décembre 1937 jusqu’en août 1945. Elle va traverser les épreuves de l’exil tout d’abord en l’Allemagne et devenir une presque célèbre couturière. Puis à son retour à Varsovie, chez son père, elle va reprendre sa place dans la famille et sa communauté.
Mais, le nazisme progresse et Ruth part sur le routes de l’exil tout en découvrant l’amour. Son chemin la mène jusqu’en Lituanie puis en Russie, et après le Japon puis pour finir dans la ville colonisée de Shanghaï.
Seulement, ce parcours, terriblement dangereux à travers l’Europe et l’Asie ne fut rendu possible que par l’amitié que Ruth, la solitaire, porte à une autre jeune femme, rencontrée par hasard.
Au nom de cette amitié, Ruth se met à lui adresser son journal dans des carnets qui garderont trace du périple improbable qu’elle a parcouru. Clara Garmelint, activiste communiste à Berlin, sera cette amie à laquelle les lettres sont destinées.
“Fuir n’est pas une honte”
Grâce à cette relation épistolaire, la jeune fille timide et trop effacée surmonte tous les dangers de l’époque, du voyage, difficile, des maladies et des séparations successives.
En plus de ses carnets, l’objet que l’on retrouve auprès de Ruth et qui la définit tellement est une machine à coudre Singer, preuve de ses capacités de transformation du tissu en vêtements admirés de beaucoup. Son rêve qu’elle n’a pu réaliser en s’exilant à Berlin. Mais aussi, l’objet indispensable qui fait qu’elle “retrouve” n’importe où !
Marek Halter propose, si ce n’était l’histoire tragique de la communauté juive européenne, un récit d’aventure haletant, mais aussi romanesque. Seulement, son roman est plus vraie qu’il n’y parait …
Pour conclure,
Marek Halter illustre par son roman La juive de Shanghaï une partie complétement méconnue de l’exode de la communauté juive. Son talent de conteur s’y déploie simplement et harmonieusement. Longtemps Ruth, Clara, Hugo et les autres restent dans nos mémoires.
Avec ce récit Marek Halter rend visible un élément de cette tragédie du XXè siècle qui ne cesse de nous hanter. Une façon agréable, et même romanesque, d’appréhender ce que fut cette période pour ceux que le régime nazi avait choisi d’éliminer. Mais la petite Xiao- Nao est le signe d’un renouveau …
Remerciements
@XOeditions et @NetGalleyFrance pour #LajuivedeShangai de @MarekHalter
Puis quelques extraits
Ruth elle-même ne parvenait pas à savoir exactement ce qu’elle ressentait. De la peur, sans doute. Mais diffuse. Moins pénible que cette humiliation qui lui glaçait le sang quand elle pensait aux millions de gens qui écoutaient les insultes et mensonges du Führer envers les Juifs puis les colportaient comme des vérités. Et que pouvait-on faire contre cela ? Rien.
Il ne faut pas croire que fuir soit une honte.
” Demain ce sera la guerre partout. Les gens deviennent des loups par temps de guerre. N’oublie pas : même si on ne se revoit jamais, on est amies. Amies pour toujours. Jusqu’à la nuit des temps. “
Pour nous les Juifs, aujourd’hui, le courage n’est pas de tuer des nazis. Bien sûr, on rêve tous de les anéantir jusqu’au dernier. Pourquoi avoir de la clémence envers ses monstres? Or le courage, Ruth, notre courage de Juifs d’aujourd’hui, c’est de parvenir à rester vivants. Anéantir tous les nazis, on y arrivera pas… À l’inverse, eux, s’ilsl le décident, ils pourront nous exterminer. Et ils en ont envie. Oh, comme ils en ont envie, crois-moi ! Il rêve de ce massacre ! Alors il n’y a rien d’autre à faire : rester vivants. Chaque jour. Chaque jour ! Quoi qu’il en coûte à notre orgueil. Crois-moi, Ruth. Crois-moi ! C’est ça, notre courage et notre devoir. Les nazis ne nous veulent plus allemand seulement juifs. Alors, soyons juif, mais vivants.
Rien ne s’efface plus vite que ce qui a déjà été vécu…
Tout fuir pour un autre monde, inconnu, comme neuf. Où l’on pouvait vivre, oubliant enfin qu’on était juive.
Ici, en bref ,



Questions pratiques
Marek Halter – La Juive de Shangaï
Twitter : @MarekHalter Instagram : @marekhalter
Éditeur : XO Éditions
Twitter : @XOeditions Instagram :@xo_editions
Parution : 3 novembre 2022
EAN : 9782374484044
Lecture : Octobre 2022
[…] Matatoune: https://vagabondageautourdesoi.com/2022/10/28/marek-halter/ […]
Tiens, je crois que je n’ai jamais lu cet auteur, ou alors il y a très longtemps. Ce que tu dis de ce roman de l’auteur me tente.
C’est un conteur assez talentueux 🙂
Dans le même registre Adieu Shanghai de Wagenstein
Oui, tu as raison, un peu !
Je n’ai toujours pas pris le temps de découvrir la plume de l’auteur ! Celui-ci me tente beaucoup 🙂
J’espère que le plaisir de lire sera au rendes-vous, alors 🙂
Merci 🙂
ce livre me tente beaucoup il y a longtemps que je n’ai rien lu de l’auteur…
Mais j’hésite à le demander je suis tellement en retard dans mes chroniques 🙂
Oui, pour ceux et celles qui connaissent l’écriture de Marek Halter savent combien il est un conteur né ! Mais, les livres en attente sont nombreux pour moi aussi. Bonne fin de soirée
Il me tente bien celui-là….pile qui ne raccourcis pas donc je verrais…Bisous bon weekend
Comme je l’ai déjà dit, je crois qu’il peut plaire à bcp tant Marek Halter raconte bien distillant du suspens, du romantisme et des émotions. Bonne fin de jour de repos.
Bonjour Matatoune. Ce livre devrait me plaire, surtout si l’histoire est bien contée et les personnages attachants comme tu nous le dis. Bonne journée
Oui, je crois qu’il a tout pour plaire et passer un bon moment de lecture. Bonne fin de week-end 🙂
Ce livre a l air passionnant et une fois de plus je le mets dans les projets. Cette période me passionne. Bon week-end
Oui, Marek Halter est vraiment un conteur né. Bon week-end
Merci pour cette chronique, 😍 Il s’agit de l’une de mes prochaines lectures, et je me réjouis de le découvrir.
Alors, je lirai avec plaisir la prochaine chronique
L’Inconnue de Birobidjan est le seul que j’ai lu de lui…. si seulement ma PAL n’était pas si haute….
Ah …les stocks de livres qui ne cessent de s’allonger, irrémédiablement 🙂