RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Débarquer, le nouveau roman de Hugo Boris paru pour la rentrée littéraire 2022 raconte l’instant où, lors d’événements insupportables, la vie remporte contre la mort qui rode.
En conviant un vétéran venu revoir le lieu où sa vie à basculer, sur cette plage d’Omaha Beach, et une jeune femme, guide conférencière, qui vient de perdre l’homme de sa vie, Débarquer pose la question de cet instant où la mort est toute proche, mais où la vie triomphe !
Brins d’histoire
Cinq chapitres pour raconter le débarquement du sergent Andrew, au côté de Gareth, pilote de la barge. Horreur et vision apocalyptique, les mots les révèlent présents, incontournables. Du coup, la peur des hommes se ressent parmi les tirs ennemis. Il ne reste plus à Andrew, pour retrouver le courage de traverser cet effroi, d’appeler sa mère. Mais une interrogation l’obsédera durant toute sa vie : ils sont tant tombés autour de lui, pourquoi pas lui ?
Puis, Magali investit Débarquer, seule à faire face aux pleurs de sa dernière, Albane, et aux insomnies d’Émilien. Sans nouvelle de son mari, elle essaye de continuer à vivre bien que ses pensées et son corps voudraient se fondre pour oublier l’inquiétude, la solitude, la peur et l’épouvante qui la saisit lorsque son esprit revient de façon obsédante auprès de son mari parti faire son jogging et qui n’ai jamais revenu.
Magali est guide conférencière à Colleville sur mer. On lui propose d’accompagner un vétéran de plus de quatre-vingt dix ans. C’est Andrew, à la fin de sa vie, qui est revenu pour revivre cette nuit qu’il n’a pu oublier.
De leur rencontre, Hugo Boris en fait un rapprochement improbable qui va permettre aux deux, que la vie a rendu solitaires, de se dépasser et de retrouver le goût de poursuivre leur vie.
Rapprocher l’état d’une jeune femme au bord de l’abîme et un vétéran revenu revivre le ressenti qui l’a obsédé toute sa vie, et leur permettre par l’échange de leur rencontre de pouvoir repartir plus serein dans la suite de leur vie, est une belle leçon de partage et de force de vie !
Alors,
Débarquer m’a conquise par son humour et sa dérision, cette façon particulière d’assembler les mots pour décrire les émotions, si fortes, si envahissantes. Hugo Boris raconte la face cachée des ressentis sous le visage impassible de Magali. L’effondrement psychique y est décrit par petites touches d’un parfait réalisme. Mais aussi, les souvenirs qui hantent Andrew qui viendra un soir les déposer pour s’en décharger.
Mais, Hugo Boris se moque aussi de ce tourisme de masse de la commémoration, de l’engouement pour ses plages où une jeunesse fut sacrifiée, où on pose pour des selfies sans respect pour les morts qui y ont laissé leur vie.
En conclusion,
Avec la description du Débarquement, Hugo Boris partage la prouesse de décrire avec des mots le film imaginaire de cet nuit historique. Les mots immergent intensément dans cet horreur. Le sujet est énormément lourd, mais Hugo Boris le traite avec humanité et empathie.
Un roman fort et émouvant !
Remerciements
@editionsgrasset @NetGalleyFrance pour #Débarquer de #HugoBoris
Puis quelques extraits
Il n’était pas arrivé en retard à la distribution d’amour propre.
Elle a employé le mauvais ton au mauvais moment, il est parti courir, ça fait neuf mois qu’il galope sans argent, sans Carte vitale et sans chargeur.
(…) tous ces vacanciers avec leur vision romantique de la guerre et à l’attention si fragile qu’ils avaient besoin d’anecdotes à tout bout de champ, d’héroïsme, d’émotions, par ici la bonne soupe, tous ces visiteurs qui finissent par devenir des extensions des précédents, débarqués pour faire les plages, check, et aussitôt repartis.
On lui dépose des pierres dans les poches, on l’a fait pivoter sur elle-même par les épaules, une grande tape dans le dos : va ! Va trouver un.lac pour te foutre dedans.
Et, encore
Pendant un arrêt à un feu qui s’éternise, seule dans sa voiture , la question revient toujours : qu’est-ce qu’elle n’a pas vu? Qu’est-ce qui lui a échappé ? La question, assise à l’avant de la voiture pendant chaque trajet, tapie derrière chaque arbre, chaque haie. A la maison, elle l’accompagne dans chaque pièce. (…) Elle porte en elle la question comme elle a porté ses enfants.
Aimantés par les plages. Que la côte est chargée d’ondes, l’air saturé de plaintes et de sollicitations muettes d’âmes errantes .
-S’il y en a dans ton groupe qui se réjouissent des morts allemands, lui avait-il dit une fois, persuadés d’être du bon côté de l’histoire, tu leur parles des dix mille déserteurs américains qui erraient sur les routes de Normandie comme des bandits de grands chemins pour attaquer leurs propres convois et les revendre au marché noir. Et si ça ne suffisait pas, tu leur parles des trois mille cinq cent femmes qu’ils ont violées.
Pour dix vieillards à la casquette siglée Word War II , l’œil pétillant et le pouce levé, il y avait toujours un bataillon de quarante accompagnateurs, épouses, enfants, petits enfants, infirmières, chauffeurs, bonne âme de tous poils, avec location de déambulateurs et de fauteuils roulants pour qu’ils puissent s’asseoir à tout moment, installation de lits médicalisés dans les familles d’accueil, scans des ordonnances envoyés deux mois à l’avance pour les traitements au long cours, des fois que la valise se perde pendant le transfert.
Ici en bref



Du côté des critiques
Du côté des blogs
De quoi lire – Les livres de K79 –
Questions pratiques
Hugo Boris – Débarquer
Éditeur : Grasset
Twitter : @editionsgrasset Instagram : @editionsgraasset
Parution : 17 août 2022
EAN : 9782246828334
Lecture : Août 2022
J’ai hâte de le lire, j’adore cet auteur.
Alors j’attends ton avis avec impatience 🙂
Bonjour Matatoune. Ce roman devrait me plaire si je peux l’emprunter.
Oui Hugo Boris est une valeur sûre !
Je n’aurais pas pensé que vu la thématique, il y ait une bonne dose d’humour, mais je trouve cela intéressant, l’humour permettant de parler de choses difficiles sans tomber dans le pathos. Quant au tourisme de masse de la commémoration, je ne savais pas que ça existait…
Humour, peut-être plus de la dérision … Non, si ce n’est les chapitres sur le débarquement, le roman se lit facilement ! Concernant le tourisme de masse, Hugo Boris parle de ces hordes de familles qui accompagnent un vétéran et les visites guidées qu’il faut enchaîner …
Cela me fait penser à un texte étudié en cours d’italien où un journaliste dénonçait ces hordes de touristes détruisant petit à petit Venise et l’esprit de son Carnaval…
Oui, je crois que le tourisme de masse tel qu’on l’a connu à Barcelone, Venise ou ailleurs est révolu !
Je l’espère…
J ai besoin de livres plus légers en ce moment. Bonne soirée
Oui, je viens de finir un polar, pour ma part, pour me changer un peu. Mais, à part les cinq premiers chapitres, le reste est léger car Hugo Boris raconte très bien ! Bonne soirée
Je le lis en ce moment. Je partage ton avis.
Merci Mata, tu en parles très bien 👏
Oui je trouve qu’il écrit très bien. Son évocation du débarquement est saisissante. J’attends ton avis complet 🙂