Frédéric Viguier – La vérité …

…N’aura pas lieu

RENTREE LITTERAIRE 2023

vagabondageautourdesoi.com - Frederic Viguier -

Avec La vérité n’aura pas lieu, Frédéric Viguier démarre d’un fait réel, une lectrice lui demande d’écrire un roman sur l’histoire tragique de son fils, pour analyser ce qu’est la vérité, le mensonge et l’omission, confrontées à sa position d’écrivain.

Ce récit prend par la main son lecteur dès les premières lignes pour le promener dans les méandres d’une enquête confrontée à la volonté d’une mère. Elle est aux prises avec des violences policières pour expliquer les raisons qui conduisent son fils à se suicider après une interpellation.

Brins d’histoire

Gisèle Chabaud désire s’offrir les talents d’un écrivain pour donner une éternité à son fils afin de rétablir sa réputation. Car celui-ci a été victime de comportements délictueux de la part de policiers. Ils l’ont accusé, trop vite et sans preuve, d’agressions sexuelles sur mineure, ce qui a entraîné son suicide. En effet, la jeune Marion, quatorze ans, accuse Sylvain Chabaud, le père de sa meilleure amie et ami de ses parents, de l’avoir agressée.

Devenir le porte-voix romancé d’une mère blessée qui veut rétablir la mémoire de son fils, accusé à tort ne cesse-t-elle de crier, n’est pas sans poser problème à cet écrivain. Car, en panne d’inspiration pour son troisième roman, il est ravi de pouvoir enfin avoir un sujet. Il faut bien manger !

Mais, la vérité d’une mère, construite au fur et à mesure des événements, peut-elle résister à une analyse froide et impersonnelle d’un tiers, même s’il est “son” écrivain, répondant à un contrat !

Car, où est la vérité ?

Au fil de ses investigations, Frédéric Viguier donne à son écrivain la possibilité d’effectuer une lecture différente des faits que celle rapportée par une mère blessée. Car, la personnalité de Sylvain, entrevue par son entremise, apparaît uniquement comme un homme ouvert et affable, toujours à vouloir rendre service. Pas besoin d’interroger la victime, la situation est sans équivoque !

Lorsque, découvrant des situations passées sous silence, le narrateur laisse aller son inquiétude sur la personnalité de Sylvain, le fantôme de Truman Capote avec son roman De sang froid ne cesse de le hanter.

Tout au long de ce récit, alternant les pages de son nouveau roman et le rapport de ses investigations, Frédéric Viguier met en scène ses réflexions. Passionnant car le lecteur découvre cette mise en forme du travail d’écriture d’un documentaire criminel !

Alors, approchant petit à petit une vérité qui au départ ne peut s’entendre, Frédéric Viguier dénonce l’attitude du lecteur d’interpréter les mots d’un autre sans faire l’effort de comprendre ce qu’ils disent, vraiment. Et, la fin développe ceci avec apothéose !

Pour conclure,

Le talent de Frédéric Viguier est particulièrement abouti car il brouille les situations, les mots et les témoignages pour que le lecteur s’y perde aussi ! Soumise à cette manipulation littéraire, j’ai été envoûtée par l’histoire, sans jamais la discuter, complètement absorbée par la recherche littéraire !

Difficile d’en dire plus, sans spolier ! En tout cas, Frédéric Viguier est un écrivain machiavélique au terrible talent ! Formidable roman noir et social à la fois qui a su me captiver dès les premières lignes jusqu’à l’épilogue sidérant.

Vraiment à découvrir !

Remerciements

@NetGalleyFranc et @editionsplon pour #Lavériténaurapaslieu de #fredericviguier

Puis quelques extraits

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Le problème, c’est que je n’ai pas le début du commencement d’une histoire, aucune énergie à consacrer à réfléchir à “quoi” raconter et surtout à “comment” le rendre lisible…

Elle dit qu’il n’y aura rien de mieux qu’un écrivain pour contribuer à rendre son fils immortel.

Avant de pianoter sur l’écran de son téléphone, de le rapprocher de son visage, et de lire: ” Emmurer la souffrance, c’est prendre le risque qu’elle te dévore de l’intérieur. ” Elle m’a ensuite dévisagé je n’avais rien à répondre à cette évidence, sauf peut-être qu’il n’y avait que les artistes pour oser faire céder le ciment de la connerie, qui faisait de nos âmes les emprisonnées de la souffrance.

Elle espérait humblement que son texte me servirait de “base de travail” même si elle aurait préféré n’avoir rien écrit pour ne pas être assimilée à ceux qui se permettent d’utiliser la littérature pour se ” faire du bien “, ou qui écrivent par thérapie.

Le plus important n’est pas ma survie littéraire, mon égo a finalement moins d’appétit que mon estomac.

Je n’étais pas ” en panne d’inspiration “, je découvrais-il était temps — que le véritable enjeu n’est pas de savoir écrire, mais de refuser de dépendre d’un objectif imposé.

Et encore

N’importe quel écrivain un peu consciencieux aurait pu raconter en bon français le calvaire de Sylvain Chabaud et démontrer la respectabilité de sa décision, celle de mettre fin à ses jours. L’empathie ainsi créée, à l’égard d’un homme “comme vous et moi ” aurait fait des lecteurs les témoins d’une descente aux enfers au trajet balisé par deux flics aux méthodes de cow-boys. Tout le monde aurait été amené à se questionner sur ce qui guette, un “ce” qui n’arrive pas toujours qu’aux autres, et la maman de Sylvain Chabaud aurait peut-être trouvé, dans cette complaisance de traitement, le moyen de se consoler. Mais je n’étais pas un écrivain consciencieux, et j’avais à l’égard du genre humain plus de certitudes que de doutes, telle que celle de penser qu’une victime n’a pas toujours besoin d’un bourreau pour exister.
Elle a fait comme la majorité des lecteurs de romans, elle a interprété mon texte en fonction de son intimité, pour manigancer la réalité à son profit.
Elle ne veut pas que je l’oblige à ” comprendre “, elle préfère se choisir des ennemis, les combattre lui a permis de mieux accepter l’absence.
Son combat, qui n’est pas celui de la vérité mais celui de la préservation des apparences, n’a rien de romanesque; il n’aurait intéressé aucun lecteur.

Et encore, encore

On nous préparait déjà à souffrir socialement, au collège, en nous disant que réciter des poésies nous aiderait plus tard, quand il faudrait faire bonne impression devant un patron.
(..) c’est tellement humain de se croire important alors qu’une vie ne mérite pas plus qu’une autre d’être mis en avant. Que toutes les destinées se valent, quels que soient le drame ou les pleurs qui s’y rattachent.
La posture de l’écrivain à ses avantages. Si les stars de la téléréalité entrent gratuitement dans les boîtes de nuit, les auteurs de romans pénètrent à l’œil dans le cœur démoli des malheureux.
Comment leur expliquer que j’avais un désir à assouvir ? Une pulsion à satisfaire… Une curiosité comparable à celle du peintre qui vient d’achever le portrait d’une inconnue, et qui n’a qu’une envie : que cette femme se place devant la toile et murmure dans un souffle ” Vous ne m’avez pas seulement réussie…Vous m’avez devinée…”

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Frédéric Viguier – La vérité n’aura pas lieu

Twitter : @Laveriteviguier Instagram :@frederic.viguier

Éditeur : Plon

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Parution : 24 août 2023

EAN : 9782714497406

Lecture : Juin 2023

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Chroniques littéraires

22 commentaires

    • J’ai passé un excellent moment de lecture en le découvrant. Ce fût mon premier roman lu pour cette rentrée littéraire et j’étais ravie !

    • Merci pour ta confiance ! J’espère qu’il saura te conquérir comme je m’y suis laissée prendre !

    • Comme toi, j’ai aimé ce roman. Je me suis laissée embarquer dans les méandres des réflexions d’un écrivain sans contester la première affirmation !

    • Ce roman m’a véritablement enchantée. Je crois que c’est le premier lu de cette rentrée littéraire en juillet, car NG l’a mis en ligne rapidement. Et, il m’ a embarquée dans son monde avec bcp de facilité ! Bonne journée

    • A partir d’une situation réelle, Frédéric Viguier refechie sur la vérité d’un fait, sa realite et les non dits que cela entraîne. Tres bien mené ! l

    • Pas vu …je dois y aller bientôt ! À voir si il y a un lien ! En tout cas, Frédéric Viguier décrit parfaitement les réflexions de l’écrivain qui s’intéresse à un True crime, avec la recherche de la vérité, mais quelle vérité, entre omissions et non dits…Passionnant !

    • Ah oui, une documentation criminelle comme disent les québécois qui interroge bcp cet écrivain en panne d’inspiration . Très agréable !

    • Frédéric Viguier m’a complètement baladée avec son histoire de True crime et sa création littéraire ! En tout cas, les méandres de l’écrivain sont particulièrement bien décrites. A découvrir !

    • J’ai été baladée sans anticipée la fin. Mais, personne ne m’avait alertée, aussi. Peut-être que cela ne sera pas pareil! J’ai bcp hésité pour écrire cette chronique. Il fallait dire sans dire. J’espère que je n’ai pas spolié…

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