RENTRÉE LITTÉRAIRE
Beyrouth-sur-Seine
Beyrouth-sur-Seine, vous connaissez ? Non, car c’est indiqué sur aucune carte. Sabyl Ghoussoub la fait naître sous nos yeux en racontant l’histoire de l’exil de ses parents libanais en plein cœur de Paris.
C’est un roman hommage à une communauté qu’il connaît bien, à son pays aussi, en fait à ses origines qui malgré sa naissance à Paris restent son attache.
Sabyl Ghoussoub est le narrateur. Il choisit d’interviewer ses parents avec micro et tralala sur leur exil et leurs conditions de vie depuis les années 80 où leur cœur est resté au Liban.
Ainsi, c’est par petites touches qu’on apprend à aimer cette famille et qu’on approche la réalité du Liban en guerre depuis si longtemps.
Brins d’histoire
Même si sa mère est une petite femme, grande est son empathie pour sa communauté. Le nombre de ses contacts actifs sur Whattsap en atteste. Elle les appelle régulièrement, et pour certains, tous les jours. On comprend que pour cette femme, l’attention aux autres est une nature profonde.
Son père se présente comme une sorte de dandy avec son costume et ses chaussures vernies attablé au fond d’une salle d’un café parisien un peu piteux à suivre les prévisions du PMU. A la maison, c’est le contraire, il traîne dans sa vieille veste de pyjama rapiécée qu’il ne veut plus quitter.
Les entretiens commencent. Mais, ses parents ne sont d’accord sur rien, ni sur les dates, ni sur les situations, sur rien ! Alors, Sabyl Ghoussoub les rencontre séparément et essaye de remonter le fil de son passé.
Chroniques d’un pays lointain
Longtemps l’écrivain a cru que son père était un espion et sa mère, une prostituée ! Il ne pouvait expliquer pourquoi son père parlait plusieurs langues et n’avait pas de bureau et, sa mère rentrait toutes les nuits, maquillée et en talons hauts.
Au fil des entretiens, Sabyl Ghoussoub partage ses découvertes, souvent avec humour, et toujours avec sincérité, n’hésitant pas à témoigner de comportements délictueux de cette famille élargie qui a traversé, de l’invasion israélienne de1982 aux attentats de la rue Copernic, plus d’une soixantaine d’années d’exil.
Appartenir à la Diapora et ne plus être proche du lieu de son enracinement a développé pour cette famille un humour à toutes épreuves. Comme cette mère qui au lendemain des attentats du 13 novembre se présente à la porte de chez son fils avec dans ses mains un gâteau en chantant “Happy birthday for me ! “.
Sabyl Ghoussoub nous transmet, au gré des confidences de ses aînés, l’histoire de ce pays, dans un désordre qui permet de relever les constantes, la violence, les morts et les difficultés à construire une paix durable.
Et, pourtant, l’écrivain parvient à raconter le quotidien sans jamais lasser. Car, cette famille au sens large englobe des personnages hauts en couleurs. De plus, il parvient à faire comprendre en racontant le quotidien, le fossé qui existe entre la grisaille parisienne et la plage du village maternel. Néanmoins, ce sont aussi les poèmes du père rédigés pendant son exil qui donnent l’essence de sa culture ancestrale.
Pour conclure,
Avec Beyrouth-sur-Seine, Sabyl Ghoussoub transmet l’amour pour le pays de ses ancêtres en interviewant ses parents sur les conditions de leur exil, leur vie au quotidien à Paris mais aussi sur l’histoire moderne du Liban.
Histoire complexe décrite ici en désordre selon les souvenirs qui s’égrainent au fil des événements et des souvenirs. Sabyl Ghoussoub réussit l’exploit de nous conter une histoire sombre avec légèreté et humour. Comme le rayon de soleil libanais …
Remerciements
@EditionsStock et @NetgalleyFrance pour @Beyrouthsurseine de #SabylGhoussoub
Puis quelques extraits
Dans les trois premiers albums, elle n’écrivait qu’en arabe, même le mot “Tour Eiffel”, ce qui n’a parfaitement aucun sens. Puis l’arabe s’est mélangé au Français pour enfin totalement disparaître dans les derniers albums qu’elle a réalisés un peu après ma naissance.
” Tu n’as pas idée comme ces gens sont des putes. Ils me font vomir. Ils sont si fortement intellectuels et si pourris que je ne les supporte plus. C’est vraiment trop pour mon caractère. J’aimerais mieux rester assise par terre à vendre des tortillas sur le marché de Toluca qu’avoir affaire à ces saloperies artistiques de Paris. ” Frida Khalo
Mes parents voulaient que je naisse à Beyrouth. Ils m’ont dit après des heures d’entretiens qu’ils avaient attendu si longtemps entre Yala et moi pour me concevoir. Ils pensaient que la guerre se terminerait et qu’ils rentreraient enfin. Ils ne voulaient pas que je naisse à Paris, alors pendant toute leur vie ils ont recréé sans s’en apercevoir Beyrouth à la maison.
Je suis né à Beyrouth dans une rue de Paris.
J’ai, comme lui, un faible pour les cafés miteux. J’aime siroter un serré au bar du coin avec les poivrots du quartier. Comme mon père, c’est dans cet environnement que je me sens le plus à l’aise, parmi les “petites gens que nous sommes et que nous resterons en France ” m’a-t-il déjà dit.
Ici en bref


Du côté des critiques
Du côté des blogs
Athalie –
Questions pratiques
Sabyl Ghoussoub – Beyrouth-sur-Seine
Instagram :@sabylghoussoub
Éditeur : Stock
Twitter : @EditionsStock Instagram : @editionsstock
Parution : 28 août 2022
EAN : 9782234092570
Lecture : Octobre 2022
Ecoute, très honnêtement je ne comptais pas le lire ce Goncourt. Le titre m’a dérouté mais après t’avoir lu je vais me laisser tenter. Pas en décembre parce que ma PAL est archi pleine, mais je le note car tu as attisé ma curiosité, merci Matatoune 🙂
Son roman montre la réalité de l’exil, ses tiraillements, ses renoncements, etc tout en reprenant simplement l’histoire de ces deux parents. Il devrait faire partie de mon Top 10 famille de l’année 2022 que je n’ai pas encore commencé 🤣
J’en ai commencé la lecture il y a deux soirs. Seulement 54 pages lues, je m’endors très rapidement. Est-ce juste la fatigue ou le texte ? Je t’en dirai plus dans quelque temps.
Ok, j’attends ton avis . Moi j’ai aimé cet univers brouillon qui au début part un peu dans tous les sens, puis après la personnalité de ses parents se définit plus finement à travers les événements racontés et je me suis attachée à cette histoire complexe que je n’arrive pas à démêler facilement.
Bonjour Matatoune. Je ne pense pas le lire dans l’immédiat. Bonne journée
Comme bon te semble, la lecture doit répondre à une envie ! Bonne soirée
J ai eu la chance de visiter ce beau pays il y a bien longtemps. Ce livre me fait très envie et je le mets dans mes projets. Bonne journée
Oh comme j’aurai aimer le visiter … Bonne soirée !
Je l’avais repéré et ton beau billet me donnes envie de m’y plonger !
Sa façon de raconter les événements au gré des souvenirs de ses parents amène une légèreté qui permet d’appréhender presque “sereinement” l’histoire tragique de ce pays . Et ces parents ont eu mille vies, très particulières. J’espère qu’il plaira !
Il faut que ma PAL lui fasse une petite place déjà 😉 mais je suis plus tentée que jamais !
Ah la Pal 🙂
Voilà voilà 🙂