Leonor de Recondo – Le Grand

Feu

RENTREE LITTERAIRE 2023

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Dans Le Grand Feu, Léonor de Recondo sait magnifiquement composer les mots, comme un bouquet illuminant une pièce. Dès les premières pages, la poésie de la vie se confronte à la permanence de la mort. Car cette fin du Moyen-Âge, au cœur de la ville riche et commerçante de Venise, en décrit aussi bien l’intense beauté que la peste rampante et insidieuse, avec au cœur de cette situation, le couple de Giacomo et Francesca et leurs filles.

La dernière vient de naître. Francesca la laisse intégrer dès sa naissance La Piètà pour sanctifier la grandeur d’un chant liturgique à la vie obscure à l’arrière d’une boutique de tissus. Cette école publique forme des fillettes à la musique de haut niveau malgré le régime presque carcéral subi. Leur fille, Iliana Tagianotte, sera une de leur meilleure violoniste formée par les anciennes de l’école et surtout élève apprentie du musicien Antonio Vivaldi, professeur à l’école.

Venise au Moyen-Âge

En plongeant dans ce XVIIè siècle, Léonor de Recondo entremêle ses deux passions, le violon et la musique baroque, avec un brio remarquable. Suivre l’évolution de l’enfant devenue jeune fille au cœur de cet univers est une délectation rare d’autant plus que sa découverte de la musique la transplante au cœur du grand feu de la passion.

Car, Léonor de Recondo sait décrire l’embrasement ressenti. Le choix des mots raconte les émotions vécues, les sensations perçues et le bonheur irradiant. J’avais peur du “trop”, éloignant de la réalité. L’apprentissage de cette passion se fait par une enfant si éloignée de l’affection et de la tendresse, dans son quotidien, que l’exaltation est justifiée tant cette découverte lui est déstabilisante.

S’immerger dans cet univers historique est un vrai régal. La grouillante Sérénissime s’oppose à l’inaction ancestrale de l’école, gouvernée par des religieuses se cloîtrant autant dans leurs corps que dans leur couvent, comme le montre Léonor de Recondo. De plus, en faisant intervenir une amie, Prudenzia, Iliana goûte au monde autrement que lors des concerts, cachée des regards.

Avec Le grand feu, Léonor de Recondo réussit un roman d’amour et de passion à la musique, mais aussi à la vie, où le drame n’est jamais loin. Mais, n’est-ce pas ainsi que les grandes histoires s’écrivent ? Car, assurément, Le Grand Feu est un grand roman qui devrait en ravir beaucoup !

Remerciements

@editionsgrasset et @NetgalleyFrance pour #Lagrandfeu de @leorecondo

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Puis quelques extraits

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Combien de mères, le front appuyé sur le mur, versent leurs dernières larmes avant d’actionner le tour, à l’aube, quand la ruelle est encore déserte, et de s’enfuir ?

Ilaria entre alors dans l’esprit du compositeur. Elle voit les sentiers qu’il emprunte, les bifurcations, les traverses, les évitements, les évidences qui tisse sa musique. Elle pénètre le labyrinthe de la fabrication. Et ce faisant, elle apprend. Les accords se succèdent, la ligne du violon se dessine, elle la sent sous ses doigts. Le mystère se révèle.

Rien n’est plus fort que le pouvoir qu’elle a ici. Pouvoir de se sentir utile auprès des générations de filles qui trouvent refuge et instruction à la Pietà.

Toute la sensibilité du monde est dans la voix. La peur, les outrages, les doutes, l’amour. Tout.

Quand elle joue avec Antonio et qu’ensemble ils montent dans les aigus du violon, d’une table d’harmonie à l’autre, d’une corde à l’autre, archers synchrones, accords parfaits, demi-cadences, improvisations, elle puise désormais ses forces à la racine d’une ineffable oscillation, puissante et vivante, celle de l’amour qui se mêle à celle du son.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Un extrait
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Puis le dernier

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Leonor de Recondo – Le grand feu

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Éditeur : Grasset

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Parution : 16 août 2023

EAN : 9782246834793

Lecture : Juillet 2023

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21 commentaires

    • Oui, envoûtante voix pour décrire un portrait féminin hors norme particulièrement réussie !

    • Dépaysement garanti ! La Venise y est décrite à travers les yeux d’une enfant privée de tout, subissant comme ses compagnes, une règle stricte avec comme seule lumière la musique qu’elle travaille chaque jour. Alors, lorsque le monde sera découvert, on imagine le ravissement ressenti ! Il devrait être très apprécié en cette rentrée littéraire ! Bonne journée

  1. Tu me tenterais presque alors que je ne suis pas une inconditionnelle de cette autrice, un poil trop lyrique pour moi …

    • Alors là, je pense que tu risques d’être déçue. Car, oui, cette passion est décrite de façon très lyrique. Mais, comme elle est ressentie par cette enfant qui est privée de tout, je trouve que cela passe bien …Tout ce qui peut là sortir de cette condition très dure qu’elle subit, comme les autres pensionnaires, décuple ses ressentis et le lyrisme employé se justifie ! A mon humble avis ! 😉

    • Pas lu celui-là ! Mais, dans Le Grand Feu , Leonor de Recondo propose un portrait d’enfant puis de jeune fille sacrifiée pour l’amour du chant liturgique qui quand même réussi à s’accomplir dans cet univers tout en rêvant de découvrir la ville de Venise et ses mystères. Un drame qui émeut en touchant au sublime par l’amour de la musique !

    • Je peux comprendre ! Il s’agit pour l’ecrivaine de célébrer l’amour de la musique et son héroïne est très bien décrite. Notre sympathie s’attache tout de suite à cette enfant condamnée au manque d’amour pour celui de la musique !

  2. J’avais lu de cette écrivaine “la leçon de Ténèbres” sur la vie du peintre Le Greco. C’était un livre correct. Mais pas enthousiasmant non plus

    • La leçon des ténèbres entrait dans la série Une nuit au Musée. Elle s’était attachée à decrire sa proximité avec les œuvres du Greco au Musée de Tolede, que je ne connais pas. Ce récit était sorti au moment de l’exposition sur cet artiste à Paris et j’avais bcp aimé les détails que l’écrivaine apportait sur la vie de l’artiste. Ici, Le Grand Feu est un roman où son talent peut s’exprimer pleinement. Son écriture et son récit romanesque, très bien construit, peut s’y déployer allègrement. Et, pour moi, c’est très réussi !

    • Leonor de Recondo nous enchante de ses deux passions, la musique et l’Italie, et c’est vrai, son écriture est très aboutie, comme un concerto de Vivaldi 😉. Un vrai régal !

    • Oui, c’est la Venise au temps de sa grandeur ! C’est vraiment un personnage à part entière dans ce roman très attachant ! Mais, suivre Ilaria est aussi extrêmement agréable, elle qui conquiert sa liberté en maîtrisant son art du violon. Un des événements de cette rentrée, je crois !

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