RENTREE LITTERAIRE 2023
François Bégaudeau décrit deux vies en 96 pages. Cinquante ans de vie commune où le temps s’écoule sans trop d’aspérités, sans évènements majeurs, juste le temps qui passe à deux avec de l’amour, sans majuscule.
Jeanne deviendra sténo après avoir fait le ménage dans le gymnase de sa ville, au côté de sa mère et tenue un hôtel, longtemps, la nuit. Jacques, qui a été l’éternel apprenti de son père avec semble-t-il deux mains gauches, a pensé, un temps, à l’armée puis a oublié pour devenir jardinier de sa ville. Ce sont les années soixante-dix et le temps ne compte pas ! Alors, même si Jeanne zieutait plutôt Pietro, c’est Jacques qu’elle a choisi.
Dans l’amour, il y a juste de l’ordinaire, rien d’extravagant, presque une routine, mais enrobée de cette tendresse qui fait passer les jours et les années sans s’en apercevoir. C’est la description du rien qui s’écoule qu’exalte l’écriture de François Bégaudeau en montrant ce lien indéfectible entre Jeanne et Jacques qui remplit toute leur vie.
Compagnonnage d’un couple
Pourquoi si arrêter alors ? Juste parce que c’est beau, touchant, parfois énervant et même accablant quelques fois. Car cet amour-là est émouvant dans sa simplicité et dans l’absence de qualificatif, car il ne se dit pas. François Bégaudeau réussit à nous entraîner dans son histoire où il ne se passe rien de passionnel, juste un compagnonnage au long cours.
Mais, François Bégaudeau décrit une espèce déjà presque disparue. Des couples qui passent ensemble cinquante ans de leur vie, ils ne devraient plus en avoir beaucoup dans les années futures. Alors, quel bel hommage leur rend cet écrivain qui tranquillement raconte les faits qui ont rempli leurs vies. De ceux qui composent une histoire de tendresse sans trop s’en moquer, même si un peu, quelques fois, juste pour faire sourire, mais à contre-courant de notre époque qui fait de petites phrases exaltées le chouchous de la communauté.
Des années 70 jusqu’à aujourd’hui, l’amour remonte dans le temps au fil des objets, des films et des chansons pour raconter des enfants aux lendemains de la guerre de milieu ouvrier devenir petits-bourgeois jusqu’à leur fils, au futur mondialisé.
Pour la fin de L’amour, rien d’innovant, c’est la vie qui se finit. Mais, François Bégaudeau provoque l’émotion, comme l’amour de Jeanne et Jacques, intime et silencieuse, de celles qu’on aura des difficultés à oublier.
l’amour, François Bégaudeau le met en scène dans la vie de Jeanne et Jacques pendant cinquante ans, sans explosion, sans cri et sans rupture dans ce petit roman. Juste de l’attention pour l’autre, au quotidien, et c’est tout juste émouvant !
Puis quelques extraits
Jacques ne pense plus à l’armée, les violons de l’électrophone font moins pleurer Jeanne.
Les téléphones sont à touches, les bouteilles en plastique, les mouchoirs en papier, les têtes d’hommes nues, les machines à coudre envolées, le papier peint suranné, les baguettes tradition, les wagons non-fumeurs, les shorts de foot longs, et Jeanne et Jacques préfèrent le plus souvent lambiner pieds nus sur la moquette qu’ils ont choisie épaisse et vert d’eau.
Même une fois à une manouche qui avait sonné en bas pour lui vendre un panier. Il n’a pas pris le panier, elle a pris une fusée.
Les piliers en béton, d’accord, mais quant à dire comment ça tient vraiment il donnait sa langue au chat, enfin façon de parler parce qu’il tient à sa langue.
Il y a des choses comme ça plus on en sait plus c’est mystérieux.
Elle est sa compagne et lui son compagnon.
Ici en bref



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Questions pratiques

François Bégaudeau – l’amour
Twitter Instagram @la_minute_begaudeau
Éditeur : Gallimard
Collection Verticales
Twitter : @Gallimard Instagram : @editionsgallimard
Parution : 17 août 2023
EAN :9782073029164
Lecture : Août 2023
[…] parlent également d’amour : Matatoune, Louise, Nicole, Chantal, Margot, Mademoiselle Plume, Lire ma page, […]
[…] qui de près ou de loin traitent de l’amour (avec ou sans grand A). C’est un post de Matatoune qui m’a incité d’acheter (et finalement de dévorer) le petit livre qui, avec ses 90 […]
Ce livre devrait me plaire. Une belle histoire toute simple. Bonne journée
Tout simple, cet amour qui s’étend tranquillement pendant cinquante ans ! François Bégaudeau adapté parfaitement son style à cet hommage, sans excès et sans grand esclandre, juste le plaisir de veiller l’un sur l’autre !
Bonjour Matatoune. Je ne suis pas attirée par ce thème a priori. Bonne journée
je pense qu’il me plairait aussi (je prévois les mouchoirs!)
Oui, l’écriture de François Begaudeau évoque cette fin de vie avec bcp de sobriété, mais ces faits nous évoque une situation vécue qui émeut tellement bcp ! J’attends cette chronique avec impatience !
ça m’a l’air bien sympa !
Moi, il m’a happée. C’est en lisant la chronique de Motspourmots que je n’ai pu m’empêcher de le découvrir à mon tour. J’ai souvent été déçue par certains de cet écrivain. Mais, là, c’est une réconciliation bienvenue !
Oh ton billet me donne vraiment envie de découvrir ce livre ! Ça parle de l’amour simple, celui que je trouve le plus beau. Les couples veulent vivre de manière festive, tout en éclat, surprise et plein de paillettes… C’est peut-être une des raisons que les choses fonctionnent mal…
Peut-être ! J’avoue que je ne sais pas vraiment ! Mais, François Bégaudeau tire le meilleur de lui-même pour décrire ces deux vies attachées simplement l’une à l’autre, sans trop d’aspérités et sans cris ni violence. Juste un compagnonnage ( que j’aime ce mot) pendant cinquante ans. Roman très court qu’on lit presque d’une traite et que la fin bouleverse terriblement !
Je l’ai noté, j’aime cette idée de compagnonnage 🥰
Chronique à lire avenir et à apprécier 😉
J’aime bien la plume de Begaudeau, souvent caustique … Là, il semble plus “tendre”. En tout cas, j’aime bien l’incipit qui donne le ton de cet amour ordinaire que tu évoques, cet hommage à un couple qui semble vraiment attachant.
Oui, on retrouve des traits caustiques notamment en décrivant le trouble du langage de Jacques ( comme une constante dans son œuvre, semble-t-il) ,mais le plus souvent, c’est cette écriture tendre qui domine. En tout cas, la fin est très réussie, mouchoirs indispensables !