Gaëlle Josse – A quoi songent-ils,

Ceux que le sommeil fuit ?

RENTREE LITTERAIRE HIVER 2024

vagabondageautourdesoi.com - Gaëlle Josse -

À quoi songent-t-ils, ceux que le sommeil fuit permet à Gaëlle Josse de rassembler une série de nouvelles autour de la nuit. Comme des instantanés à un moment donné, l’écrivaine en propose une trentaine pour explorer toute l’amplitude des situations qui illustrent ce temps arrêté souvent de solitude, où le monde s’infiltre par une fenêtre.

La problématique de la nuit est récurrente dans l’œuvre de Gaëlle Josse au point de la faire figurer dans plusieurs de ses titres. Le prologue, précis et poétique, répond à la question posée. On imagine la voix de l’écrivaine la lire à notre oreille.

Sa démarche s’illustre dans cet extrait  » Nos nuits éveillées parlent d’étreintes, d’une silhouette évanouie, d’un geste retrouvé, de solitudes accrochées à notre cou, de voix murmurées, de la couleur d’un mur sur une île saturée de lumière, d’une phrase recopiée de carnet en carnet, de l’attente d’un appel, d’un mot qui n’a pas été dit, d’un prénom qui nous hante encore.« 

Ses saynètes font le lien avec notre propre mémoire. Toutes ces nuits de solitude où la vie s’est construite autour d’une décision, d’une compréhension, d’une peur à apaiser, de chagrins à étancher, d’un corps à apprivoiser, d’une peau à découvrir et des mots à trouver.

Gaëlle Josse les attrape et les offre en quelques lignes qui viendront toucher notre mémoire et retrouver un souvenir, illuminer notre corps de ce retour d’émotions qui nous avait marqués.

Une trentaine de situations autour de l’obscurité, souvent à l’intérieur de maisons, où la fenêtre symbolise le lien avec le monde. La nuit est le moment où la voix intérieure reprend sa place, où le chuchotement s’impose même dans une boîte de nuit, et où enfin, les masques tombent pour mettre à nu notre soif de vivre, même si la mort rôde.

Quelqu’un quelque part …

Avec beaucoup de poésie et de pudeur, Gaëlle Josse décrit les moments nocturnes où la vie est au cœur de nos préoccupations. Les derniers instants d’amour d’un homme avec sa femme mourante, une femme âgée qui attend les signes de vie dans la rue vide, la première nuit d’un couple dans leur nouvel appartement.

La vérité de nos engagements, même si ce n’est que pour une minute, est plus intense dans l’obscurité du monde. Gaëlle Josse immerge au cœur de la fin de la carrière d’un grand pianiste, au moment où un homme se retrouve de nouveau père, ou à l’instant où une jeune femme remporte la sélection pour un rôle, même secondaire.

Mais, Gaëlle Josse ne contourne pas les peurs, les cassures et les souffrances. Elle imagine un chirurgien commettant une erreur banale ou nous emmène auprès d’un enfant terrifié, blotti au fond du lit.

L’écrivaine se met elle-même en scène, reprenant son stylo, un soir de dédicace dans sa chambre d’hôtel, en confiant son besoin de se recréer un monde, celui des mots. « Peut-être écrit-elle ce lieu, aussi, celui qu’elle habite en rêve, là où les champs de blé viennent caresser la mer. »

Pour conclure

Venue à l’écriture par la poésie, Gaelle Josse apporte sa sensibilité à saisir l’ambiance de nos vies. Étudiés à l’école, ses textes sont devenus presque des classiques et sont traduits dans plusieurs langues.

En quelques lignes, en quelques mots, ses microfictions créent un monde où l’ambiance est posée, l’attention captivée, l’émotion libérée. Comme dans ses romans, l’intensité romanesque est préservée, malgré la concision. De l’exercice littéraire qu’elle s’est imposé, Gaëlle Josse révèle, avec sensibilité, tout son talent.

C’est varié, bien croqué et terriblement réaliste ! Semblables aux stories sur internet, les histoires s’énoncent. Comme un air familier, la phrase poétique les distingue. Elles sont toutes différentes mais captent une situation réaliste, issue de l’expérience de chacun. Et, puis, une autre, encore et encore. On ne peut s’arrêter qu’à la fin. Encore une réussite !

À offrir pour ceux qu’un roman effraie !

De façon plus concise…

Des petites histoires, qui se lisent vite, mais qui racontent, chacune, une expérience de vie, importante ou banale, solitaire ou à plusieurs, qui ont toutes pour dénominateur, la nuit ! Passionnant !

Remerciements

Aux éditions Noir Sur Blanc pour ce service de presse.

Pour aller plus loin

Gaëlle Josse – Ce matin-là

Gaëlle Josse – La nuit des pères

Puis quelques extraits

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À quoi songent-t-ils, tous ceux que le sommeil fuit? À quelle part de leurs histoires, de leur mémoire, à quels absents parlent-ils en silence ? Qu’attendent-ils ?

Le charme discret ça ne s’apprend pas. Sa réussite lui, c’est celle de la revanche. La colère, ce feu. Aujourd’hui, il se sent apaisé, mais ce n’est jamais très loin au fond de la gorge, ça se réveille vite. L’Audi et la Mini-Cooper décapotable, les vacances au ski, les compétitions de poney de la petite, il a décroché tout ça avec les dents, jour après jour, années après années, sans rien lâcher. Jamais

On est toujours beau quand un visage amoureux se penche sur soi.

Les heures profondes de la nuit sont aussi les premières du matin, un matin qui s’ignore et n’a rien à dire au jour, un matin enveloppé de ses ténèbres comme dans un manteau d’hiver.

Après, il avait rempli les trous de l’absence avec le sérieux, avec l’obstination d’un enfant qui vide la mer avec son seau de plage, une histoire de Danaïdes, de jamais fini, de toujours recommencer les pas sur le fil et les bras en balancier.

Où qu’elle soit, quand l’écriture est là, elle est son foyer, son arbre,son monde au bord du monde. L’écriture se faufile entre les silences, elle cherche ce qui n’a pu être dit , ce qui fait peur, ce qui fait cri, ce qui fait joie. Elle cherche le passage secret un jour entrevu, le cours d’eau où aller à la dérive.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus
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Avant propos
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Phrase poétique avant une autre nouvelle
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Du côté des critiques

Le Télégramme –

Questions pratiques

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Gaëlle Josse – A quoi songent-ils,

ceux que le sommeil fuit ?

Éditeur : Noir sur Blanc

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Parution : 1er février 2024

EAN : 9782889830008

Lecture : février 2024

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20 commentaires

    • Oui, c’est un plaisir à découvrir. Certaines sont très courtes . Mais toutes sont très justement choquées. Gaëlle Josse à bcp de talent ! Bonne lecture !

  1. J’ai bien aimé les trois ou quatre livres de Gaëlle Josse que j’ai lus jusqu’à présent. Et j’aime bien le genre de la nouvelle également. Donc pourquoi pas !

    • Ah, oui, il devrait te plaire ! Simplement, Gaelle Josse à le chic pour décrire toute en subtilité nos ressentis !

    • Oui, Gaëlle Josse a bien du talent ! Et même si le format de nouvelles peut frustrer, là je n’ai pas du tout éprouvé cela !

    • Oui, c’est un moment privilégié pour se retrouver , souvent, soi-même ! Un recueil très réussi ! Bon dimanche 😉

  2. Normalement je n’aime pas les nouvelles, mais tu me donnes envie de découvrir celles-ci, d’autant plus que j’apprécie cette auteure découverte récemment. Bon week end

    • Cela m’a fait penser aux stories des réseaux dont on n’arrive pas à se détacher ! Sauf, qu’elle a joué avec des mots qui provoquent images et émotions. Moi non plus, je ne suis pas vraiment trop emballée par des nouvelles, mais ici, très réussi ! Je te les recommande, et pourquoi pas en audio. Il devrait sortir bientôt ! Bon week-end 😉

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