RENTREE LITTERAIRE 2023
Le récit de jours de vacances au bord de l’Atlantique permet à Marie Lacire de présenter un portrait de femme attachant, ni fragile ni démunie, mais assumant ses doutes pour maintenir son couple à flot et affiner la femme et l’écrivaine qu’elle souhaite devenir.
Marie Lacire présente une jeune femme, Anne, déjà primo-romancière. Son éditeur la presse pour en écrire un second. Seulement, l’angoisse monte devant la page blanche. La tension au fil des jours s’intensifie. Son compagnon propose quelques jours de vacances au bord de l’Atlantique, dans le Médoc.
La jeune femme investit la maison familiale de son compagnon, jamais habitée depuis trente ans. Certes, il y a un jardin mais complètement envahi, un salon aux meubles d’un autre âge, de la vaisselle en grand nombre et des objets qui encombrent de partout.
Combattre le passé
Avec beaucoup de pudeur, et sans jamais nommer la maladie, Marie Lacire aborde le syndrome de Diogène. Cette maladie oblige la personne à accumuler des objets de toutes sortes, même si elle n’en a pas l’utilité. Rapidement, son univers est un désordre d’objets.
La réaction de Phil la désarçonne. Lui, se délecte dans un fauteuil abîmé de cette régression estivale. Aucune gêne n’est ressentie devant cette accumulation. Son passé s’expose, sans qu’aucun embarras ne le traverse. La narratrice comprend que si elle ne veut pas qu’il se renferme et que son passé vienne englober son présent, il lui faut faire le ménage !
Ranger, jeter et déplanter pour créer un présent. Son alibi, s’installer pour écrire ! La rencontre d’un écrivain est propice à retrouver une sociabilité et, avec la littérature, un chemin de vie.
Premier roman convaincant
Le ton est vif et percutant. Marie Lacire permet à son héroïne de livrer sans gêne ses émotions même avec ses excès, ses doutes, sa mauvaise foi et ses partis pris. Ça claque, ça bouge et ça déménage !
De chapitres courts racontant les situations du quotidien, Marie Lacire, journaliste, croque un portrait de femme moderne, énergique et terriblement vivante. Ses doutes et ses interrogations en font un personnage passionné et captivant qui réussira à faire évoluer son couple, tout en retrouvant la possibilité d’écrire.
Pour conclure,
Atlantique de Marie Lacire se révèle être un premier roman lumineux où l’ambivalence et l’indécision féminines y sont superbement décrites et assumées et ainsi que la difficulté à entrer dans l’acte d’écrire.
Petit soldat de sa vie, le personnage de Marie Lacire est l’incarnation d’une nouvelle féminité, combattante, courageuse et opiniâtre.
Un vrai plaisir de découvrir ce premier roman au ton si peu conventionnel !
Remerciements
À @editionsplon pour #Atlantique de #marielacire
Puis quelques extraits
Comment peut-elle écrire dans une maison où tout stagne comme l’eau croupie, où chaque fois qu’elle entre, il s’abat sur elle une sensation morbide. L’angoisse que rien ne change.
On ne sait pas toujours pourquoi on reste. C’est trop triste de partir encore une fois, de ne pas y arriver encore une fois, de ne pas faire face à un homme encore une fois.
Tout ça la crève. Ce vase clos. Ces pensées en boucle. Cette envie de sortir de là. La volonté de changer les choses. Le soir, elle est crevée , et parfois le matin, le midi, après déjeuner.
Les vagues de l’Atlantique faites pour les enfants, les adultes à âmes d’enfants et les surfeurs dont le corps musclé jamais elles ne flagellent.
Le soir, ni café, ni tabac, ni place, ni fontaine, le résultats des ronds-points à hypermarchés.
Et encore
Mesure-t-on la possibilité d’un certain bonheur à ces moments précis ? Des moments qui restent en tête, vus de l’extérieur, des détails qui disent un changement, un basculement.
Voilà, elle veut écrire un sirtaki de Zorba! C’est comme quand elle est arrivée à Paris, jeune femme, encore jeune fille, elle n’a pas aimé toute cette beauté, le Louvre, les immeubles aux façades décorées, les ponts, les moulures au plafond, les trucs en trop. C’était mieux dans son port. Les avenues mènent à la mer, des bourrasques vous arrachent, les bars sans terrasse, les rues vides où l’on n’est que soi-même.
Les êtres hurlent parfois comme des chiens, tristes, montrent les crocs, se défendent, luttent, s’arrachent les cheveux, se tapent la tête contre les murs, en bavent. Y a pas de honte. Ils ne lisent que des livres qui font vivre et supporter la mort.
Derrière ses Ray-Ban, elle a des crises d’angoisse. Derrière ses fenêtres avec vue, elle se débat. Derrière ses fenêtres, elle n’a pas toujours voulu vivre. Elle cherche une place.
Ici en bref
Incipit


Du côté des blogs
Questions pratiques

Marie Lacire – Atlantique
Twitter – Instagram @marielacire
Éditeur : Plon
Twitter : @editionsplon Instagram : @editionsplon
Parution : 24 août 2023
EAN : 9782259316101
Lecture : Juillet 2023
Bonjour Matatoune. Ce roman devrait me plaire. J’ai tendance à accumuler et beaucoup de mal à jeter. Bonne journée
Sur Edge, ça fonctionne mais pas sur Chrome
Oui, je suis en lien avec le support de WordPress et il semble qu’il n’ait pas trouvé 🥲 Merci pour ton message qui m’a permis de comprendre ce qui se passait car pour moi tout fonctionné !
Oui, certes la séparation des objets peut-être difficile. Mais, ici c’est une vraie maladie que décrit Marie Lacire, du moins celle de la famille de son compagnon qu’elle tente de contenir et qui la renvoie à ses propres incertitudes. Et, tout ça, comme un récit de vacances !
Tu me donnes envie de découvrir ce livre. Bonne soirée
Un portrait de femme très attachant, en effet ! Bonne journée 😉
style haché ? pas forcément pour moi, mais le portrait a l’air sensible
Peut être pas dans les citations extraites ici. Mais, mon ressenti est que ça déménage ! En tout cas, tu as raison un portrait de femme complexe qui aborde bcp de sujets: le devenir du couple, la place de l’écrivaine et ce que cette femme a envie pour son présent. Le tout, en racontant un quotidien assez banal en somme, quelques jours de vacances !
Vous avez piqué ma curiosité ! Une chronique intéressante !
Merci, bonne journée !
C’est un portrait de femme étonnant écrit de façon hachée et tonitruante ! Un style différent !
eh ben, j’aimerai bien savoir plus sur “l’ambivalence et l’indécision féminines” – elle diffèrent des “nôtres”, celles des hommes ?… à part ça, tu as ouvert une fenêtre sur un texte qui pourrait me plaire…Merci.
Pour moi, l’ambivalence et l’indécision est la petite musique que souvent on a dans la tête, malgré une image sociale très sûre et affirmée. Pour l’avoir souvent entendue et reconnue chez d’autres , je ne peux que penser qu’elles sont peut-etre des points de la sensibilité dite féminine ! Mais, évidemment, ce point de vue est purement sexiste et absolument pas scientifique 😀Ici, c’est le ton qui est étonnant ! Pas sûr qu’il plaise 😒