Rencontre avec Stéphanie Kalfon

Scénariste et écrivaine, Stéphanie Kalfon a participé dernièrement à l’adaptation de la lettre de Vous n’aurez pas ma haine, en film long métrage, sorti en 2022. Véritable touche à tout de projets artistiques variés en direction du théâtre, de la télévision ou de la radio, l’écrivaine est aussi passionnée de musique. D’ailleurs, son premier roman Les Parapluies d’Erik Satie fut lauréat du Prix Littéraire des Musiciens en 2018.

Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau est son troisième roman où elle explore encore et toujours les aspects des relations perturbées de la nature humaine.

« Le Prix Folies d’Encre est un peu notre Goncourt, nous les librairies indépendantes » portant ce nom en Seine-Saint-Denis, précise Stéphane notre libraire. La rencontre rassemble des lecteurs curieux de rencontrer Stéphanie Kalfon après avoir découvert son roman ainsi que d’autres qui vont se laisser charmer par sa présentation chaleureuse.

Gena Rowlands dans Une femme sous influence

Après avoir résumé son roman, Stéphanie Kalfon précise qu’il lui a demandé dix ans de travail « car il est question ici d’un vertige« . À l’époque, elle travaillait à l’adaptation d’un scénario, et parallèlement, se documentait sur le trouble de la personnalité paranoïde. Au cours de ses recherches, elle découvre un syndrome neurologique dont elle veut explorer tous les retentissements. Au même moment, elle était « hantée » par le film de Cassavetes, Une femme sous influence. Entre Ces deux axes et avec le sourire de l’actrice, « il fallait parler d’amour » !
Voilà une bien belle façon de résumer Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau.

Un livre puissant

vagabondageautourdesoi.com - Stéphanie Kalfon -


« C’est un livre qui demande d’être vrai » précise l’écrivaine : « J’ai écrit en me plaçant de tous les points de vue : du père, de l’enfant et de la mère.  »

La sincérité de Stéphanie Kalfon est palpable. Son engagement dans la dramatique qu’elle a mis en place est authentique, elle en parle avec ardeur. Son attirance pour décortiquer les relations humaines défaillantes apparaît dans son attitude, cette façon très « véridique » de s’expliquer. On la sent vibrante par l’intensité de son travail. Et au fil de la rencontre, son obsession à décrire l’amour réciproque entre cette mère et la petite fille apparaît, au-delà de l’étrangeté de la situation dans laquelle Stéphanie Kalfon les a mises. Du coup, on s’interdit des questions trop personnelles. La romancière en donnera des éléments de réponse à la toute fin de la rencontre.

Une lectrice précise que  » le roman est puissant, « qu’on y croit et que ça dérange à l’intérieur. »

C’est vrai qu’Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau interroge notre propre ressenti sur l’enfance ou sur le lien entre maternité (paternité) et amour maternel (ou paternel). D’ailleurs, la qualité du silence de cette rencontre est palpable, comme si chacun avait compris que dans ce roman, il fallait aussi le découvrir avec « ses tripes ».

Alors Stéphanie Kalfon reprend : « C’est un livre qui fut intense physiquement ». « La folie n’est pas du côté de l’extravagance mais dans celui de la normalité. » précise-t-elle encore. Chacun accueille ses mots sur le chemin singulier de son ressenti…

La narration


Stéphane, notre libraire, interroge le processus narratif. « C’est l’histoire d’un vacillement » répond Stéphanie Kalfon.« Ce sont des doutes dans le quotidien d’une femme qui ne sait pas ce qui lui arrive ». Son  » inquiétante étrangeté est une quête de compréhension« .

Le travail d’écriture


Stéphane souligne la palette de couleur présente tout au long du roman et l’importance de la musique. Stéphanie Kalfon explique que la musique, « c’est son ADN et plus particulièrement, l’implication du silence ». Pour elle, « il reste sonore et doit finir par sonner juste. Ça de , ça vibre dans des regards, dans des expressions », dans ce qui ne se dit pas. Puis la conversation glisse sur le deuil blanc et la relation de l’enfant.

Stéphanie Kalfon se défend d’avoir présenté une maladie mentale et précise que c’est bien une maladie neurologique. Pourquoi cette réserve ? Alors que par ailleurs, l’écrivaine nomme folie ce qui est défaillant dans les relations de ce roman. Force est de constater que la connaissance neurologique du cerveau en est à son balbutiement et qu’on n’a pas découvert, encore, où se situent les marques de la schizophrénie et d’autres maladies psychiques. Qui sait si un jour, leur existence ne sera pas attestée par une atteinte neurologique quelconque. Mais, la rencontre n’en est pas le propos ! D’autant que l’écrivaine souligne avec satisfaction combien les professionnels de la psychologie retrouvent dans ses portraits la justesse de leurs situations cliniques.

Puis, Stéphanie Kalfon présente sa collaboration avec les éditions Verticales, empreinte de confiance et de compréhension mais aussi de soutien pour l’écriture finale.

Et, le prochain ?


Stéphanie Kalfon ne confie rien sur son prochain roman. Comme une superstition, elle précise « Je ne peux rien en dire…Pour l’instant c’est entre lui et moi et ça doit rester intime…En dire quelque chose j’aurai l’impression de trahir et après je douterai de son intérêt. » Vigilance, alors, sur les prochaines parutions pour découvrir ce bijou qui semble déjà tout absorbé son écrivaine.

vagabondageautourdesoi.com - Stéphanie Kalfon -

Après avoir lu quelques lignes, qui plongent l’assemblée dans une certaine intensité méditative, Stéphanie Kalfon résume son roman en posant la question qui obnubile toute la découverte de son roman : « Qu’est-ce qui est le plus violent : ne pas reconnaître son enfant ou ne pas reconnaître que l enfant a changé », car dit-elle peu après « les enfants s’épuisent à vouloir répondre à la demande des parents ». Puis, comme pour finir « il y a de la beauté à s’épuiser dans la perte et la difficulté « .

Comme le roman, cette rencontre n’avait rien de superficielle. Stéphanie Kalfon s’adresse à notre intimité mêlée à notre rapport au monde. Loin d’un langage convenu, elle touche autant par son écriture que par sa présence, dans cette partie de soi, entremêlés du passé et de ce présent que chacun essaye de construire. Et son talent est bien de parler ainsi à cette partie de nous-même, consciente et inconsciente, qui est notre identité.

vagabondageautourdesoi;com - Stéphanie Kalfon -

Remerciements à Stéphane pour cette animation qui permit de comprendre l’univers de l’écrivaine.

Librairie Folie d’encre

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4 commentaires

    • Oui, je trouve qu’il est toujours étrange de confronter son « roman » à celui qu’à écrit son ou sa auteur(e) …
      Bon week-end 😉

    • J’ai aimé rencontrer cette romancière particulière qui par ses recherches sur les relations humaines déviées posent des mots et en fait une fiction. Assurément, je continuerai à la suivre !

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