Oscar Coop-Phane –

Rose nuit

RENTREE LITTERAIRE 2023

vagabondageautourdesoi.com - Oscar Coop-Phane- Jamais la rose qu’un homme essaye de vendre un soir pendant le dîner ne paraît si chargée de souffrance qu’après avoir lu Rose nuit d’Oscar Coop-Phane.
Les trois personnages, dont Oscar Coop-Phane décrit le quotidien, font de ce nouveau roman une description très élaborée de notre société actuelle.

Brins d’histoire

Jan était un étudiant inscrit dans un programme Erasmus, Après deux ans à l’est de Melbourne, le voici travaillant à Amsterdam, lui, le belge. Depuis son ancienne copine, Chloé, devenue en Australie une image d’ordinateur, est sortie de sa vie. Son quartier maintenant c’est Zuidas, aux immenses buildings peuplés par les cadres et leurs familles.

Ali est depuis peu arrivé en France. Avant, il était livreur. Il aimait se déplacer à bord de sa moto. Venant directement du Bangladesh, le voilà échoué à Paris. Sans papier, il est le sixième dans une pièce qu’un marchand de sommeil leur loue à prix d’or. Pour rembourser son passeur et envoyer de l’argent  à sa femme et son fils, encore au pays, il vend chaque soir des roses dans les restaurants de la capitale.

Éthiopienne, Nina était étudiante à l’université. Elle aimait réfléchir, apprendre et découvrir. Seulement, sans possibilité d’emplois, elle accepte d’être ouvrière à la ferme Vitchpro. Son corps est perclus de courbatures, tensions et tendinites diverses à force de faire toujours le même geste, huit heures pas jour, six jours sur sept. Depuis, elle n’arrive plus à penser.

La rose Sorbet Avalanche est une variété très prisée, produite tout au long de l’année. Grâce aux pesticides, elle pousse vite, même si ceux-ci altèrent à jamais le corps des femmes dans la ferme. En vingt-quatre heures, la commande et la livraison se font, dans une mondialisation à couper le souffle.

Mondialisation à outrance

Oscar Coop-Phane choisit pat sa langue pénétrante des mots tranchants qui n’occultent rien. Il relate le circuit des roses du point de vue des humains avec une telle sensibilité que les personnages deviennent sympathiques. Ils nous ressemblent tellement, empêtrés dans le carcan pesant et aliénant de leur condition.
Oscar Coop-Phane parle du banal, du courant, de la normalité de notre monde qui semble pourtant bien marcher sur la tête.

Les vingt-quatre heures nécessaires au traitement de la rose Sorbet Avalanche représentent la faillite de l’ultra libéralisme, décrite de façon magistrale ici. Quelle vacuité de permettre qu’en 24 h, une commande soit livrée pour être vendue en ayant traversé la terre !

Dans Rose nuit, le travail, quel qu’il soit, est décrit comme une marchandise. Les pesticides qui permettent une production de masse détruisent les corps et leur descendance. La vente est l’objet de réseaux parfaitement rodé où le pouvoir s’exerce sans aucun état d’âme sur les vies qu’ils massacrent ! Jusqu’au cadre qu’on jette aussitôt qu’il ne répond plus aux besoins.

Certes, la vision de Oscar Coop-Phane semble terriblement noire, ne laissant à ses personnages que la liberté de leurs addictions ! Et, pourtant, ces trois personnages sont sympathiques. Car, l’écrivain ne juge pas. Rose nuit n’est pas un pamphlet, c’est un roman !

Remerciements

@editionsgrasset et @NetgalleyFrance pour#Rosenuit de #OscarCoopPhane

Puis quelques extraits

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Les coups de poing du monde vous matraquent la gueule et un jour, finalement, ils vous clouent au sol.

On croit que l’on ne pourra jamais saisir un esprit, qu’on aura beau emprisonner des corps, les marteler ou de les obliger, les âmes garderont leurs libertés et leurs pensées. C’est faux. Seuls ceux qui n’ont jamais été obligés vous diront des choses comme ça. Oui, seulement ceux qui n’ont jamais connu les vraies contraintes vous le diront . Eux et les enragés, puisque leurs colères ont au moins l’avantage de leur faire croire qu’ils parviennent encore à penser.

La peur aussi rend les idées poreuses. C’est une tétanie sournoise. Elle se manifeste, elle est forte, on la comprend et on l’observe. Il y a tous ces moments où on croit qu’elle est terrée quand en réalité, elle vous caresse la nuque.

Et encore

Il a séparé le monde en deux, les glandeurs, les incapables, c’est pareil, et les autres, de son côté, qui travaillent et arrachent leur pain chaque jour, en lutte avec la brutalité du monde.

Il s’endort avec son ordinateur comme les enfants sales avec un chiffon.

La nuit et l’illégalité, quand on les subit, ont tendance à effacer les personnes. C’est du gris, c’est du sombre qui ternit les visages.

(…) il ne pourra jamais en être, Il ne pourra jamais en jouir. Ils se sentirait comme une tache de gras sur une nappe en papier. Il y a la nationalité bien sûr, l’histoire de la traverse, ce voyage vers l’inconnu, la trouille au ventre, parce qu’on a plus le choix, parce qu’il faut fuir pour survivre. Mais ce n’est pas seulement ça. C’est un malaise bien plus diffus qu’une nationalité ou une origine. On parle de classe, de rang social, de hiérarchie. C’est l’impossibilité de faire partie d’un monde, de s’échapper du sien aussi.

Non seulement Jan ne peut comprendre comment ces fleurs se transportent, mais il ne sait pas non plus au prix de quelques vies elles grandissent, au prix de quel destin elles se fanent.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Un extrait
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Puis le dernier

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Éditeur : Grasset

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Parution : 23 août 2023

EAN : 9782246816935

Lecture : Juillet 2023

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10 commentaires

    • Oui, on croit que puisque cela ne se passe plus en Europe, c’est effacedu monde. Seulement, le sort des femmes qui travaillent à ramasser les fleurs, tu as raison, ressemble à de l’esclavage ! Tu me diras ton ressenti ! Bon week-end 😉

    • Oscar Coop-Phane raconte en énonçant les faits, bruts avec un ton cinglant et avec ce roman il décrit cette mondialisation qui traite le travail comme un esclavage. Une belle rencontre pour moi !

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