De Francis Bacon
RENTREE LITTERAIRE 2023
Deux voix se répondent dans ce roman de Maylis Besserie. Celle de Jessie Lightfoot qui fût sa nourrice lorsque le peintre était petit puis qu’elle a suivi adulte. Et l’autre, la voix de Francis Bacon posée sur ses tableaux, qu’ainsi Maylis Besserie commente.
La fiction autour de la nourrice éclaire, renforce et permet de trouver des clefs de compréhension d’une œuvre qui reste difficile. Cette attention toute maternelle éclaire une personnalité blessée, repoussant ses limites, pour s’éprouver dans une violence recherchée. Même si le registre de langue que lui fait adopter Maylis Besserie perd quelquefois en crédibilité en voulant faire un peu trop “peuple”. Celui-ci permet des respirations salutaires tant la course du peintre vers sa destruction est à la hauteur de son désir de plaire.
Mais, ce sont les mots que posent Maylis Besserie sur les tableaux qui sont le plus remarquables !
Bien sûr, impossible de découvrir cet essai fiction d’une seule traite. Non seulement la description des sévices à l’enfant, mais aussi ceux que le peintre aimera retrouver à l’âge adulte, est une véritable épreuve. Mais, l’analyse des tableaux proposés, tablette disponible aux côtés, ne peut se faire de façon linéaire.
Il faut du temps pour que les mots trouvent leur chemin vers la nouvelle œuvre présentée et argumentée par la voix du peintre. De plus, l’importance ici est d’y confronter son propre ressenti. Alors, Il faut ingérer, digérer et éprouver. Dommage que la présentation des tableaux ne suive le fil chronologique du récit.
En tout cas, le travail de Maylis Besserie devient, me semble-t-il, un incontournable pour donner des clefs à cette œuvre, si particulière, illustrant de façon magistrale la meurtrissure d’une vie brûlée de tous côtés.
Puis quelques extraits
Vous savez, quand j’ai pris mon service à Cannycourt House, je n’avais aucune idée de l’endroit où je mettais les pieds, de ce qui se passait en Irlande. Vous pensez, l’arrivée de George V sur le trône me passionnait bien plus que leur guéguerre ou leurs histoires de pommes de terre.
Il n’échappera pas à la malédiction qui frappe les garçons de cette famille, qui leur ferme les yeux avant qu’ils aient de la barbe au menton.
Le boucher ne salit même pas les mains, il laisse faire les larbins et profite du spectacle. Il insinue le poison par ses mots, dégoûte l’enfant de lui-même par la parole, le tord pour mieux se plaindre ensuite qu’il soit tordu. Il agit ainsi jusqu’à ce que l’enfant né soit plus qu’une ombre, qu’il ne lui en fasse plus.
Lui le chassé, le banni, il n’est pas près de laisser son père avoir sa peau. Il sait voler de ses propres ailes. Il fera lui-même son trou.
Lui, il est comme Mamie, il a besoin que ça vive autour de lui, qu’il y ait des gens, que ça tangue, que ça secoue dans tous les sens. Il a besoin que ce soit carnaval et feu d’artifice tous les jours. Sinon l’angoisse le reprend, se met autour de son cou et l’étouffe comme un serpent.
Autoportrait- Francis
Tu jettes ton épaule sur la peinture encore fraîche, souilles ta bouche, scies ton menton, l’ouvres en deux, en fait une autre bouche. L’être que tu vois désormais ne ressemble à personne, n’aura jamais ni père ni successeur. Il est ce que tu as fait de toi. Ton monstre.
“À Berlin, m’écrit-il, aucun amour n’est interdit — le vin pétille, le désir est assouvi.”
Tête II
Tu n’épargnes personne. Ton massacre a toi est déjà fait, ta tête numéro II, définitivement endommagée.
Du haut de ses dix-huit ans, ce petit est un piège à garçons, du pollen pour gros bourdons.
Du côté des critiques
Du côté des blogs
Pamolico –
Questions pratiques

Maylis Besserie – La Nourrice de Francis Bacon
X : Instagram
Éditeur : Gallimard
Twitter : @Gallimard Instagram : @editionsgallimard
Parution : 17 août 2023
EAN : 9782073026064
Lecture : Septembre 2023
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Chroniques littéraires
Ici en bref



Bonjour Matatoune, Francis Bacon est un peintre que j’apprécie même si son oeuvre est parfois sombre et dérangeante ! Cette biographie est sûrement intéressante !
Merci de cette présentation et très bonne journée 🙂
PS : Je suis contente de pouvoir mettre de nouveau des commentaires 🙂
Ravie que cela soit réparée, et sur votre blog aussi ! Oui, une biographie qui devrait être retenue pour illustrer l’univers de ce peintre tourmenté.
Pas fan de biographie, même si elles servent parfois à connaître mieux les artistes.
Oui, moi aussi! Mais, ici des éclairages très importants pour comprendre une œuvre difficile qui hurle le malaise !
Bonjour Matatoune. J’ai lu ton article sur la villa Majorelle à Nancy et n’ai pas pu le commenter dessous. J’ai apprécié de découvrir cette maison très originale. Bonne journée
Je ne comprends pas! Les commentaires sont bien ouverts sur cet article. Est-ce le changement d’interface sur WordPress ? J’avoue , je n’en sais rien. Compliqué en ce moment. Il faut re-découvrir une autre façon de monter les articles…Un peu fastidieux mais, une nouvelle habitude va naître.
En tout cas, merci pour ra vigilance et ra fidélité!
Bonne journée 😉
Bonjour Matatoune. Je n’apprécie pas moi non plus ce peintre et ne suis pas tentée par cet essai. Bon dimanche
Maylis Besserie s’atèle à cet œuvre avec bcp de pédagogie et je pense qu’elle fera référence dans la littérature sur l’art . Bonne continuation 😉
merci mais c’est un livre que je ne lirais pas. bisous bon weekend
J’espère pouvoir de nouveau avoir accès aux commentaires sur ton blog! Décidément, bien des tourments en ce moment avec les interfaces qui gèrent nos écrits.
Bon dimanche 😉
Un livre qui me ferait plutôt fuir, je n’apprécie pas du tout ce peintre. Bon week end
Je le savais bien ! Bon dimanche 😉