RENTREE LITTERAIRE 2023
Prix du Roman Histoirique 2023
Dès la préface, Laurent Binet cueille la curiosité de son lecteur, hameçonné à son histoire de traductions d’un lot de lettres anciennes racontant Florence au mitan du XVIè siècle. En 141 lettres, Perspective(s) relate l’enquête établie pour retrouver le meurtrier du peintre Pontormo (1494 – 1557), représentant “de la manière” à Florence, après le retour des Médicis (1512) et l’élection papale de Paul IV.
Giorgio Vasari, père de l’histoire de l’art et peintre lui-même, est l’enquêteur nommé par Cosimo de Médicis, Duc de Florence, pour résoudre l’énigme de la disparition du peintre réputé, Jacomo Pontormo, tué d’un coup de ciseaux dans le cœur dans son atelier de la chapelle majeure de San Lorenzo.
Depuis onze ans, le peintre composait ses fresques qui pouvaient par leur modernité rivalisaient avec le travail de La Sixtine de Michel-Ange Buonarrotti, Maître de tous, bien que vieillissant. Parallèlement à cet assassinat, les fresques de la chapelle ont été dégradées et un tableau de Pontormo fut volé.
Le tableau doit être retrouvé car il fait scandale : Imaginez, il représente la fille du Duc, Maria, dans une pose très embarrassante, pouvant atteindre à sa réputation, avant son mariage, avec un triste sire. Dans cette famille de pouvoir, les affaires politiques prennent le pas sur l’amour d’un père !
Faire revivre La Florence du Moeyn-Âge
Le format choisit par Laurent Binet se prête à mélanger les différents milieux décrits, les aspirations spécifiques et évidemment les rivalités, nombreuses, dans cette ville de Florence en ce début de l’année 1557. La variété de Perpective(s) est une des composantes de sa réussite.
Ainsi, le monde des artistes, y côtoie celui des religieux intégristes ainsi que le pouvoir politique qui déborde au-delà de la ville. La fresque que Laurent Binet dresse au fil de ses correspondances est dense, documentée et vivante.
Mais, en mettant au cœur de ces échanges la recherche d’un meurtrier, Laurent Binet y instille du suspense, des fausses pistes et, à la fin, la révélation d’une vérité que jusque-là, rien ne laisser soupçonner.
Prenant autant de plaisir, semble-t-il, à balader son lecteur que celui-ci en a à la découverte de Perspective(s), Laurent Binet prouve, s’il le fallait encore, son talent véritable et aussi sa capacité à renouveler son art avec énormément de brio ! Un grand plaisir de lecture !
Remerciements
@editionsgrasset Pour #Perspective(s) de @LaurentBinettH
Puis quelques extraits
J’avoue que je ne comprends pas pourquoi Jacomo a placé sous les pieds du Christ Dieu le Père créant Adam et Eve. Je m’étonne aussi qu’il n’ait varié ni ses têtes ni sa couleur, et je lui reprocherais encore de n’avoir tenu aucun compte de la perspective.
Vasari à Michel-Ange
Oh, quand c’est Michel-Ange qui empilait les corps nus, arrêtez-moi si je me trompe, mais, jusqu’à preuve du contraire, vous trouviez cela merveilleux. Je sais bien que les temps changent, mais on n’est pas obligés de changer avec eux.
Vincent Borghini à Giorgio Vasari. 27
Du matin au soir, toute la ville y défile et, la nuit, mille hommes montent la garde. Je pourrais arguer de l’effervescence due aux préparatifs du Carnaval, mais je ne veux pas vous tromper : la Seigneurie est en travaux depuis quinze ans et rien ne laisse penser que ces travaux finiront un jour, chantier éternel que nous devons à Vasari, la putain du Duc, qui passe pour travailler vite mais qui sait très bien rallonger ses commandes pour faire pleuvoir les ducats sur sa petite face de rat.
Benvenuto Céline à Pietro Stozzi, maréchal de France. 40
Et encore
Nous, femmes, sommes les pièces qu’on déplace sur l’échiquier des empires, et si nous ne sommes pas sans valeur, assurément nous ne sommes pas libres de nos mouvements.
Catherine de Medicis, reine de France, à Maria de Médicis. 43
Vous savez bien que ce ne sont pas tant les hommes qui changent leurs goûts que la politique qui change les hommes.
(…) ce n’est pas pécher que de pécher en silence.
Marie de Medicis, reine de France, à Maria de Medicis. 67
Que m’importent vos histoires de banquets, de joueurs de flûte, de vieillards aux oubliettes ou d’épouse réformée ? Le mari peut bien manger sa femme en ragoût si ça lui chante ! la peste soit de cette famille ! Le duc d’Este et son fils vous ont semblé dégénérés ? La belle affaire. Êtes-vous donc le seul à ignorer que la mère du Duc était Lucrèce la putain, fille du Borgia ?
Giorgio Vasari à Vincenzi Borghini . 113
Il n’y a rien de plus certain que la perspective, rien de plus essentiel, ni rien de plus éternel. C’est elle, et elle seule, plus que toutes les batailles et tous les poèmes et tous les traités de Machiavel ou de Castiglione, qui a rendu notre Toscane immortelle, qui a fait qu’on parlera de nous dans les siècles des siècles, de la Chine aux Amériques.
De Giorgio Vasari à Michel-Ange Buonarrotti – 132
Ici en bref



Du côté des critiques
Du côté des blogs
Questions pratiques

Laurent Binet – Perspective(s)
Twitter @LaurentBinetH – Instagram @laurentbineth
Éditeur : Grasset
Twitter : @editionsgrasset Instagram : @editionsgrasset
Parution : 16 août 2023
EAN : 9782246829355
Lecture : Juillet 2023
[…] Petit bulletin (Laurent Duchêne) Blog Je lis, je blogue Blog Tours et culture Blog Christlbouquine Blog Vagabondage autour de soi Blog Bulles de […]
[…] Ils/elles en parlent aussi : Christlbouquine. Vagabondage autour de soi […]
Je suis d’accord de A à Z !
Une des belles découvertes de cette rentrée littéraire. Cette forme est ici très savamment menée, on s’immerge pleinement dans cette communauté artistique de l’époque. Sûr qu’on ne regardera plus Florence et la Toscane de la même façon !
J’ai hâte de le lire.
Je l’ai trouvé très réussi avec ses manigances de pouvoir et la personnalité de l’enquêteur Vasari. De plus, cette forme épistolaire ne s’encombre pas de descriptions et de digressions propres aux autres formes littéraires. J’attends ta chronique. Hâte !
Bonjour Matatoune. Ce roman qui mêle histoire, arts et intrigues devrait me plaire. Bonne journée
Oui, il est très réussi. La descriptions des manipulations de toutes sortes et les intérêts peu académiques de l’enquêteur font de ce nouveau roman un très bon moment de lecture que je te souhaite de découvrir !
Depuis la “septième fonction du langage”, Laurent Binet est dans mon top 10 des écrivains français à suivre!
J’avais moins aimé “Civilization”. Mais ici, dans ce roman si particulier par sa construction, Laurent Binet réussit un coup de maître: nous immerger dans la Florence des Médicis au cœur des intrigues et des manipulations. Un vrai régal !
Je dois dire que moi aussi. Mais HHhH est à conseiller. Je vais me procurer celui-là, bien sûr.
Ce roman semble très réussi et son sujet vraiment passionnant. Bonne journée
je l’ai bien aimé aussi ( chronique à venir …), la fresque florentine est assez jubilatoire pour les manipulations politiques et certains personnages, vraiment hauts en couleur… Je n’ai pas lu énormément de titres de la rentrée, mais en littérature française, pour l’instant, ce titre est presque mon préféré.
Moi, j’ai le cœur comme une marguerite et j’avoue que bcp, bcp de bons , de très bons romans, en cette rentrée littéraire où les écrivains ont un peu laissé de côté l’autofiction, apparue bcp avec les confinements, pour retrouver le romanesque. En tout cas, celui-ci est une petite merveille d’ irrévérences et de luttes de pouvoir, comme tu le dis. Hâte de lire ta chronique !
Ah l Italie ! Je me laisserai tenter
Florence, et la Toscane, reste une ville monde pour le Moyen-âge avec ce foisonnement de talent que Laurent Binet réussit très bien à restituer !
j’ai de supers souvenirs de Florence, je le lirai avec plaisir!
Laurent Binet réussi à nous immerger dans ce microcosme moyenâgeux, des puissants aux plus humbles, avec des religieux extrémistes aux prises avec des mœurs de plus en plus frivoles …Bref, un petit bijou qui devrait plaire à bcp !
💝
Un roman qui devrait ravir bcp de lecteurs (rices) en cette rentrée littéraire.
Ça a l’air passionnant comme intrigue et le contexte intéressant. Je le note autant pour moi qu’une amie passionnée d’art et de Florence.
Normalement, il devrait plaire. Par ses deux formes, polar et épistolaire, Laurent Binet offre un des grands romans de la rentrée, je pense.
Deux genres que j’adore…
A suivre donc, avec bientôt la chronique !