RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Que reviennent ceux qui sont loin
Prix Première plume – Furet du Nord – Décitre – 2022
Avec Que reviennent ceux qui sont loin, Pierre Adrian raconte le moment dans une vie où l’enfance avec ses magies s’enfuit définitivement pour laisser la place à l’adulte, raisonnable et responsable. Un roman d’une subtile nostalgie qui dépeint le monde qui passe, se prélasse dans son Pays de Léon au cœur de la Bretagne et plus précisément dans la Maison Blanche au bord de la plage.
Brins d’histoire
Cette plage devient au cœur de l’été un lieu de sociabilité improvisée et d’échanges comptés. La vie y déambule dans les yeux d’un homme d’une trentaine d’années, le narrateur, qui regarde son enfance et le monde qu’il a cru immuable dans cette grande maison accueillant la famille élargie chaque année. Néanmoins, il l’a déserté pendant dix ans avec un temps de vacances compté, de ces quelques jours en juillet jusqu’au milieu d’août.
A côtoyer le petit Jean, six ans, le narrateur s’aperçoit vite que le temps de ses peurs enfantines devient irraisonnable à l’épreuve de la réalité de l’adolescence puis l’adulte qui lui est devenu.
Mais, aussi, c’est la vie qui passe auprès des aînés et sa fragilité qui affleure à la conscience du jeune homme. Les sillons des rides sur leurs visages, leur vitalité et les absences à eux-mêmes que Pierre Adrian interroge.
De visites des aînés en rencontres des voisins, c’est le temps qui défile avec ce lien, obscur mais indéfectible, avec cette terre ancestrale où cohabitent les signes familiaux vivants mais aussi morts.
Dès les premiers paragraphes, les mots interrogent par leurs précisions faisant naître par leur proximité des agencements ancestraux. Et, pourtant, la tendresse et la poésie qu’ils véhiculent envahissent à chaque page comme une photo sépia avec un amour perdu mais retrouvé sur ce support de papier.
Pour conclure,
De la découverte des mots de Pierre Adrian, apparait au fil des pages le souvenir de quelque chose ou de quelqu’un qui nous plonge au cœur de notre passé.
En partageant ce qui est immuable, mais aussi ce qui bouleversera le ressenti de chacun, Pierre Adrian nous propose un moment poétique et tendre sur le temps qui passe où l’enfance est partie inexorablement. Et, puis, ce roman est une ode à la Bretagne, cette terre que la mer ne cesse de harceler ! Un excellent moment de lecture !
Puis quelques extraits
Et moi j’aurais pu lui répondre que je devinais bien ce qu’elle avait : elle avait l’extrême vieillesse, bientôt un siècle, l’immense fatigue de la vie.
Plus personne ne voulait orner sa cuisine américaine d’assiette à motifs, son salon scandinave d’un meuble en merisier.
La colère des doux est comme l’alcool chez ceux qui ne boivent pas. Elle est rare et dure mais ils deviennent possédés.
Si certains prétendent qu’aux plus âgés les journées semblent longues, elle disait au contraire que les jours pour elle étaient trop courts. (…) Chaque soir, un jour de plus s’éteignait qu’elle avait à peine consommé.
A chaque âge de l’enfance, naissait une crainte qui disait mon hostilité au monde.
Le temps ne passait sans rançon.
Ce pays de prêtre en était devenu orphelin. Ce pays de fidèles les voyait disparaître ; Il s’était pourtant tassé en foule, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, sur les bancs en bois aujourd’hui clairsemés.
Il en était de la grande maison comme de ceux qu’on chérit, elle avait besoin qu’on lui dise haut et fort qu’on l’aime, qu’on ne peut pas vivre sans elle.
Sans doute était-ce cela une famille, un enchevêtrement, une tour en Kapla dont l’équilibre précaire tient, coûte que coûte, grâce à la solidité des uns et malgré la fébrilité des autres.
La souffrance d’un enfant est une énigme.
Ici en bref

Du côté des critiques
Télérama –
Du côté des blogs
La culture dans Tous Ses Etats – Mangeurs de livres – Lectures de rêves – JoelleBooks – Horizons de Patricia – La lecture de Maman nature –
Questions pratiques
Pierre Adrian – Que reviennent ceux qui sont loin
Éditeur : Gallimard
Twitter : @Gallimard Instagram : @editionsgallimard
Parution : 25 août 2022
EAN : 9782072989681
Lecture : Octobre 2022
Bonjour Matatoune. Ce livre doit être très beau mais nostalgique. Et c’est vrai que le temps passe très vite. Bonne journée
Oui, ça c’est sûr ..Il manque du temps pour faire tout ce qu’on voudrait 🙂 Bonne fin de journée !
[…] Le murmure des âmes livres. Lectures de rêves. Les chroniques de Coco. Patricia. Joellebooks. Vagabondage autour de soi. La culture dans tous ses […]
Ta critique est vraiment très belle et saisit tout à fait l’essence de ce roman je trouve !
Ce roman a une tendre nostalgie comme tu le dis aussi très bien dans ta chronique ici https://pamolico.wordpress.com/2022/10/13/que-reviennent-ceux-qui-sont-loin-pierre-adrian/
Merci !
J aime beaucoup ce style de livres plein de nostalgie, je le note. Bonne soirée
Je ne reçois plus les articles de ton blog. Il faut que j’aille voir ça
Pas tentée par le sujet (malgré la Bretagne).
Pas grave ! Il faut toujours suivre son intuition ….Bonne continuation:)
pourquoi pas ? une pause dans ce monde de brutes
Oui cela peut-être ça, en fait ! Un entre deux, comme le décrit cet écrivain !
Ça semble être un très joli livre ! Et les extraits donnent envie d’en savoir plus. Merci de cette chronique !
Oui c’est une tendre nostalgie qui montre le temps qui passe de l’enfance à l’adolescence jusqu’à l’âge où on découvre qu’on est devenu adulte. Bonne continuation !
Merci Mata pour ce choix.
J’ai vraiment hâte de lire ce livre.
Bises de Bretagne
Je pense qu’il devrait te plaire ! Bonne semaine 🙂