Alexander Starritt – Nous,…

…les allemands

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022

Lauréat du Dayton Literary Peace Prize

vagabondageautourdesoi;com - Alexander Starritt Nous les allemands d’Alexander Staritt est le leitmotiv de ce roman qui raconte l’envers du décor de la seconde guerre mondiale.

En demandant à son grand-père de raconter sa guerre, Callum se heurte à un mur. Aucune réponse. Ce n’est qu’à son décès, qu’une longue lettre vient éclairer les années passées à servir son pays. Alors, Opa Meissner raconte…

Évoquant la victoire sur la France en seulement six semaines, cette armée est devenue un détachement de vainqueurs. Alors, lorsqu’il est recruté par la Weihrmarch presque à la sortie du lycée, il ne s’imagine pas vivre les années qu’il raconte.

En effet, l’armée russe a envahi en 41. Du coup, il est envoyé sur le Front de l’Est pendant quatre ans. Puis fait prisonnier en 45, il est détenu au nord-est de la Mer Noire jusqu’en 48.

Opa Meissner décrit ses espoirs, puis ses désenchantements, puis la survie et le ravalement de sa dignité pour pouvoir survivre.

Ce texte est court, décrivant la réalité de la guerre, crue et sans fard. Je n’ai pu détacher mes pensées de ces jeunes russes, envoyés sans préparation à la guerre en Ukraine, actuellement. Et, rapidement, ne pouvant pas garder une certaine distance par rapport aux mots, ma lecture est devenue de plus en plus douloureuse.

Alexander Staritt réussit à poser l’horreur de la guerre, sans jugement. Ce texte décrit un conflit précis mais les réflexions sont tellement fortes qu’il devient à contrario un pamphlet pour la paix.

Est-il nécessaire de transmettre lorsque la culpabilité étouffe toute transmission alors que l’horreur n’est pas vers celui qui possède l’arme mais celui qui arme …

Roman intense, dérangeant et pas facile à lire, mais dont le récit est nécessaire !

Remerciements

@Belfond  et @NetGalleyFrance   pour #Nouslesallemands de #AlexanderStarritt

Puis quelques extraits

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Sauf qu’en le lisant, nous les Allemands, nous sommes obligés de penser…Nous avons commis ça.

Mais envahir la Russie, c’était comme déclarer la guerre à la mer : elle nous a tout simplement avalés.

C’est l’enfer ici, et nous sommes les damnés. Quelqu’un a décidé que notre châtiment ne pouvait pas attendre notre mort, et l’enfer est monté se répandre sur cette campagne ukrainienne crépusculaire. Nous devons nous tirer de là.

Quand je me pose la question de savoir si nous étions tous immoraux, aussi nos actes répréhensibles faisaient de nous des êtres mauvais, je me dis que nous avons été flétris par les conséquences de décision prise par d’autres. Nul n’a jamais la pleine responsabilité de son propre équilibre moral. L’impitoyable vérité, la durée antique vérité, c’est que vous pouvez être coupable d’une chose qui ne dépendra pas du tout.

Chacun de nous se dit : Ce n’est pas moi qui ai fondé le parti nazi ; je n’ai déclaré la guerre à personne, moi, je n’ai envoyé personne dans les camps. Mais nous l’avons fait.

La honte, ce n’est pas comme la culpabilité ; elle n’admet pas de réparation. Les juifs dont je parle sont morts. Ceux qui avaient mon âge à l’époque n’auront jamais donné le jour à des enfants, à des petits-enfants. La honte ne s’expie pas ; elle est une dette impossible à acquitter.

Les gardiens m’ont balancé une louche de soupe claire devant les pieds, à même le sol.
La Croix Rouge les obligeait à nous nourrir, disaient-ils, mais pas à nous fournir de la vaisselle.

Mais nous, les Allemands, nous savons dans notre chair – et les Polonais, les Ukrainiens, les Juifs et les Russes le savent aussi – que la guerre à l’Est était la seule vraie : nue, impitoyable, affranchie de toute loi, exempte de toute compassion, une pure affaire de haine et d’annihilation.

Mais envahir la Russie, c’était comme déclarer la guerre à la mer ; elle nous a tout simplement avalés.

Ici en bref

 

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

vagabondageautourdesoi;com - Alexander Starritt
Premier extrait
vagabondageautourdesoi;com - Alexander Starritt
2nd extrait

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Alexander Starritt – Nous, les allemands

Traductrice : Diane Meur

Éditeur : Belfond

Twitter : @Belfond  Instagram : @editionsbelfond

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Parution : 25 août 2022

EAN : 9782714495662

Lecture : Novembre 2022

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13 commentaires

  1. Je trouve ton parallèle avec les jeunes conscrits russes très juste. Ils sont, sans presque aucune formation militaire, envoyés en Ukraine au front. C’est une condamnation à mort à plus ou moins brèves échéances pour ces jeunes conscrits. Je songe aux adolescents allemands, dans les dernier mois de la guerre, envoyés au front à l’Est pour la plupart. Ce fût un massacre. Plus tard, il y eût le “Volkssturm.” Le parallèle entre nazisme et ultra nationaliste russes entourant un Poutine prêt à sacrifier son peuple pour ne pas perdre la face, j’adhère à cette idée. Il y a beaucoup de ressemblance. Le terme utilisé : “Opérations spéciales”, les crimes de guerre systématiques comme les viols, tortures, exécutions sommaires. Tout cela me fais songer à une page de notre histoire que je ne pensais plus revoir en Europe.

    • Oui tout à fait . Le roman est étonnant dans la description de cette lente descente vers l’abject, les comportements violents et interdits où il ne reste plus que l’obligation de sauver sa peau coûte que coûte. Peut suis-je trop ” fleur bleue” , mais même un roman peut faire mal à lire …Expérience difficile pour moi …

  2. 2e tentative pour poster mon commentaire!!!
    c’est un livre dur car il entre en résonnance avec la guerre en Ukraine et fait remonter beaucoup d’émotions… Il va hanter ma mémoire longtemps 🙂

  3. il est dur et fait beaucoup réfléchir car il entre en résonnance avec la guerre en Ukraine mais je l’ai beaucoup apprécié il va rester longtemps dans ma mémoire 🙂

    • C’est un roman que j’ai eu bcp de mal à lire, tellement les mots entraient en résonance avec cette guerre et ces jeunes des deux côtés

    • Oui la guerre en Ukraine m’a accompagnée tout au long de la lecture. Et j’ai pensé à ces jeunes russes enrôlés et envoyés à la boucherie….

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