Laurent Gaudé – Chien 51

Rentrée littéraire 2022

Prix du roman des Écrivains du Sud 2022

vagabondageautourdesoi;com - Laurent Gaudé - Acheté dès sa sortie mais placé dans ma liste de livres à lire, jusqu’au moment où Laurent Gaudé a reçu, pour cette dystopie, Chien 51, un prix bien mérité. Alors, je m’y suis plongée, éperdument !

Les récits d’anticipation ne sont pas le genre que j’affectionne le plus. Pourtant, avec sa Magnapole, sur l’île de Céphalonie, qui classe son mode en trois zones, avec la troisième corvéable à merci, c’est un monde à la Elon Musk que Laurent Gaudé décrit.

Brins d’histoire

Imaginez, en zone 3, pas de vacances pour les salariés. Pour ceux de la zone 1, Magnapole ne promet peut-être pas l’immortalité, mais quand même, la certitude de vingt années de vie, en plus, à profiter du luxe, de la détente et de “chiens” à sa botte grâce à la greffe de l’Eternytox !

“Bon chien, bonne laisse”, Zem Sparak est un enquêteur de terrain en zone 3. Arrivée à la Magnapole, à l’age de vingt-quatre ans, la matricule XP 51 a choisi de travailler en zone 3, composée de personnes non qualifiées mais qui avaient un emploi en Grèce. Néanmoins, il a une accréditation pour passer en Zone 2.

“Bon chien ” Salia Malberg est celle qui tient la laisse : “creuser, fouiller, chercher, bon chien. ” Pur produit de Magnapole, son mentor, qu’elle enterre au début du roman, la surnommait “Brindille”.

Un meurtre horrible en zone 3 oblige Zem et Salia à être verrouillés. C’est un homme avec le corps tranché de la gorge au nombril dans un endroit où même les dealers ne viennent pas. Ils découvrent rapidement que l’homme vivait en zone 2 et avait été greffé à l’Ethernytox qu’on lui a volé. L’enquête peut débuter …

Roman noir et social

Le Péloponnèse est devenu un parc de recouvrement, zone de réception des déchets du monde entier. La faillite économique de la Grèce oblige les habitants à s’exiler dans “ce paradis” créé par une multinationale dont l’objectif est évidemment de servir les intérêts d’un petit nombre en exploitant tous les autres. Mais, puisqu’il n’existe plus d’autres possibles !

Au-delà de la dystopie et du polar, que Laurent Gaudé découvre avec succès, c’est un vrai roman noir et social qu’il propose avec Chien 51. Car, en montrant par effets de loupe, les inégalités de la Magnapole, c’est notre présent qu’il dénonce.

Les pluies acides en zone 3, le dôme protecteur de la zone 2 et le ciel étrangement bleu de la zone 1 rappellent étrangement les inondations de cet été vécues au Pakistan, la mer qui avance sur les différentes côtes du monde alors que la COP 21, réunie à Bali, ne devrait pas changer grand-chose.

En conclusion,

Laurent Gaudé nous divertit en dénonçant ce monde où les politiques seront, s’ils n’y prennent garde, remplacés par des multimillionnaires qui s’achèteront le monde, et nous avec !

Reste que la puissance narrative de Laurent Gaudé agit pour nous faire passer un excellent moment de lecture ! A consommer sans modération !

Pour aller plus loin

Laurent Gaudé – Paris, mille vies

Puis quelques extraits

cite-56a4b9b45f9b58b7d0d8877bIl jure qu’il remontera la trace du sang, patiemment, pour qu’au meurtre ne soit pas ajouté l’ouvrage de l’oubli.

Tout un peuple avançait, pas à pas, répondait aux questions mille fois posées, répétait patiemment si le recruteur le demandait de recevoir un tampon, espérait qu’il s’agisse du bon, rêvait à la vie d’après en essayant de ne plus penser à ce pays qu’il quittait et qui, déjà, n’existait plus que dans sa mémoire.

Et ce qu’il sent chaque fois qu’il revient, c’est le mépris tacite et immédiat de ceux qui possèdent envers ceux qui n’ont rien.

Il se sent si bien dans cette ville de fantômes, qui marche au ralenti. Il est chez lui et il sourit alors d’un sourire qui remplace la nuit.

La ville entière va se mettre cul par-dessus tête pendant vingt-quatre heures pour se vider de toute la fatigue , de tout stress accumulé et pouvoir ensuite retourner à sa piste de travail et recommencer.

C’était comme la botte d’un flic sur la joue d’un manifestant, tu vois. Ça gueule, ça chiale, mais on écrase encore. Les rues ne ses sont pas calmées toutes seules.

Le but de l’entreprise était-il d’offrir un paradis à un petit nombre en asservissant l’immense majorité des autres salariés!

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Premier extrait
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Puis dernier extrait

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Laurent Gaudé – Chien 51

Instagram : @laurentgaudeofficiel

Éditeur : Actes sud

Twitter : @ActesSud  Instagram : @actessud

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Parution : 17 août 2022

EAN : 9782330168339

Lecture : Novembre 2022

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11 commentaires

    • Bien construit, et Laurent Gaudé sait tellement bien nous raconter des histoires 😉.

  1. ça fait enrager de voir comme les puissants détruisent le monde avec notre complicité, la COP 27 n’est qu’une foire aux hypocrites. En même temps à voir comme on râle de ne pas dépasser 19° pour le chauffage, on peut douter qu’on fasse mieux, après nous le déluge ! Sur ces constats pessimistes, bonne semaine quand même.

    • 🙂 Et, oui il faudra attendre encore pour prendre la mesure des dangers, devenus bien réels Bonne semaine aussi !

    • Voilà un avis que je valide ! Je travaille depuis plus de 15 ans dans les économies d’énergie en industrie et j’entends les particuliers se plaindre des “gros pollueurs”, et maintenant que les prix flambent, les gens pensent enfin à faire des actions intéressantes pour le climat, sauf qu’ils ne le font que pour leur portefeuille…

      • Oui je comprends la colère mais qu’importe les raisons pour lesquelles on découvre les choses, puisque ce sont les actes qui sont importants et on ne peut revenir en arrière mais notre devoir actuellement c’est de ne plus se voiler la face et aller de l’avant ! Merci pour ce commentaire si juste 🙂

        • Cette note positive est également très juste. Je reconnais ta bienveillance ! Je le suis généralement aussi, sauf quand ça touche à une cause qui fait partie de ma vie depuis de si longues années ! Mais je vais m’appliquer à avoir cette vision ! 😉

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