Les essais sont trop peu nombreux dans mes chroniques. Mais, j’aime qu’ils ouvrent sur le monde qui nous entoure et donnent des clefs de compréhension.
En tant que romancière, je ne veux surtout pas fixer de règles sur ce que la littérature doit être ou ne pas être. Jadis, les écrivains faisaient peur. On les décapitait. Aujourd’hui, les politiciens les récupèrent. Les livres ne sont plus que des produits marketing. Ce qui m’amuse, quand j’écris, c’est, à l’inverse du simple essai politique, d’explorer la multiplicité des formes littéraires que permet le roman.
Entretien L’Humanité, réalisé par Muriel Steinmetz le 16 février 2018,
Ariane Chemin raconte la vie de l’écrivain Mouloud Feraoun, à nouveau mis en lumière. En effet, une gerbe fut déposée par l’ambassadeur de France sur sa tombe un après-midi de mars 2022 à la demande du Président de la République. Mais, quel est le lien avec le suicide collectif de Montreux le 24 mars 2022 que la journaliste raconte dès le début de l’enquête intitulé “Ne réveille pas les enfants”.
Ali est âgé de 80 ans maintenant et est le seul survivant pouvant témoigner de la famille. Il est né en 1942, deux ans avant son frère, le père des jumelles. Celui-ci, Mouloud Feraoun, était instituteur en Algérie. Il a reçu le prix de la ville d’Alger pour son roman Le fils du pauvre. Réédité par l’éditeur français le Seuil en 1954, il connaît une certaine notoriété.
Les “événements” d’Algérie, comme on disait alors, ont commencé le 1er novembre de la même année. Puis, dès 1957, la terreur s’installe du fait des exactions de l’armée française. Sa famille les subit sous les menaces. Mouloud Feraoun continue de dire et d’écrire le terrorisme de la peur en action. La suite ici
Ce qui fait la spécificité de l’historien Ivan Jablonka c’est son attachement à analyser notre monde contemporain à partir d’un des figures de l’époque étudiée.
Goldman n’est pas simplement l’étude de la biographie d’un chanteur devenu presque mythe. C’est une analyse en profondeur de ce que furent les générations des années 70/80. Mais, c’est aussi celle issue des juifs réfugiés de l’Europe de l’est, ce “Yiddishland”, comme l’appelle l’écrivain.
Essai à portée sociologique et historique, Ivan Jablonka démontre l’attachement profond du chanteur au travail bien accompli et à la défense des petits. Jean-Jacques Goldman est sorti de L’EDHEC et aurait dû devenir un cadre libéral offert au capitalisme délirant.
Mais, par opposition à ce frère qui s’est brûlé les ailes, Ivan Jablonka affirme que Jean-Jacques Goldman fuit aussi les criards. Ce sont les représentants de la révolution “jet-septisée”, auquel il se tiendra toujours éloigné.
Comme il le fait à chaque fois, l’historien compare son milieu à celui du chanteur. Et de son 14 ème arrondissement natal à la banlieue de Montrouge des Golmann, il n’y a pas loin, retrouvant ainsi les accents de sa jeunesse bercée aux mêmes valeurs. La suite ici
Pour les soixante ans de l’anniversaire de la mort de la star, encore adulée, François Pomès décide de réaliser et de produire un documentaire puis de raconter sa démarche dans un livre, Marilyn Monroe, son dernier secret.
Pendant 3 ans, d’une intuition devenue obsession, François Pomès raconte sa quête qui débuta en 2015. Mais c’est en février 2019 que l’idée lumineuse lui vint, en relisant toutes les biographies de l’artiste.
Le postulat de départ était :”La femme (Marilyn) chercha perpétuellement le désir des hommes, comme autant de figures palliatives à un père sans existence pour elle, qui l’avait rejetée”. Alors, François Pomès se met en tête de le retrouver. Et, un nom semble possible : Charles Stanley Gifford, “un contremaître aux mœurs plutôt légères”. Il pourrait être le père inconnu que Norman Jeane a tant recherché ! Mais, il faut le prouver !
L’enquête démarre, et comme toutes les enquêtes généalogiques, les rencontres des survivants sont décisives avec la recherche des documents. Mais, pour certifier une filiation, l’ADN est maintenant disponible. Et, c’est cette recherche que François Pomès raconte dans Marilyn Monroe, son dernier secret. La suite ici
Déconstruire l’image du corps des femmes à travers la représentation de leur vieillesse, c’est la mission que s’est fixée FioraSchmidt dans son dernier essai au titre provocateur de Vieille peau. Attention, il ne s’agit pas de la véritable vieillesse, mais de celle qui commence au moment des quarante ans, juste la décennie avant la ménopause…
Car, l’image des femmes âgées, même si on commence à les rencontrer dans les magazines, vantant la grand-mère si attentionnée ou la femme “très mûre” si élégante et toujours dans le cous, sont des exceptions qui cachent un océan de représentations négatives du corps des femmes après quarante ans.
Et, le constat de Fiora Schmidt est implacable. En premier elle identifie l’âgisme avec ses préjugés et ses stéréotypes qui amènent des discriminations fondées sur l’âge. La suite ici
L’essai L’Ours et le Renard de Michel Goya et Jean Lopez analyse à deux voix le conflit en Ukraine qui a commencé le 24 février 2022 jusqu’au 6 avril 2023. Sous forme de dialogues, cette analyse accessible permet d’accéder aux différents aspects de ce conflit sans se “noyer” dans une masse d’informations et de commentaires.
Michel Goya est militaire et historien, Colonel des troupes de marine et Docteur en histoire contemporaine. Il est appelé dans les médias à analyser et commenter les conflits et notamment la guerre en Ukraine pour une chaîne d’infos en continu.
Jean Lopez est journaliste historien, directeur et fondateur de la revue Guerres et Histoire, grand spécialiste de la seconde guerre mondiale et du front de l’Est.
C’est Jean Lopez qui joue le naïf et pose les questions à Michel Goya qui développe ses arguments. Au fil des échanges, ils se transmettent leurs informations en les commentant. Passionnant ! La suite ici
Nadia Wassef raconte dans La libraire du Caire son aventure pour la création et le développement d’une librairie dans la capitale de l’Egypte contemporaine, de l’engagement pour les livres jusqu’à sa lente désaffection devant tous les tracas qu’elle a rencontré, politiques, sociaux mais aussi de management ainsi que ses soucis personnels.
Deux sœurs, Hind et la narratrice, ont le rêve fou de créer un lieu pour vendre des livres, arabes et étrangers, de poche et des beaux livres, des best-sellers aussi bien que des livres rares. Elles s’associent à une de leurs amies, Nihal et trouvent un local dans le quartier de Zamalek en 2003.
Les deux sœurs sont issues de la bourgeoisie copte égyptienne et ont fait leurs études à l’alliance américaine du Caire sur la littérature américaine. Leur amie, elle, est issue de la bourgeoisie musulmane du Caire. De leurs différences, elles feront la diversité de leur librairie.
Diwan est le nom choisi par les trois femmes pour leur librairie. Dans le monde islamique médiéval, ce mot signifie à la fois un divan, un recueil de poésie et l’enregistrement d’un ensemble, comme celui des combattants.
La librairie se veut un lieu de rencontres, un lieu d’échanges et un lieu de vie. Des professeurs venaient y donner leur cours. D’autres venaient regarder les livres avant de les acheter. D’autres encore avaient une activité complètement différente que la lecture…La suite ici
Ses trois mandats de maire jusqu’en 2008, au cœur de son petit village, non loin de Dieppe, en bord de mer et au passé historique riche, Christian Blanckaert les partage au sein de son Journal d’un maire de campagne.
À partir de chapitres courts et concis racontant une anecdote, un événement et une situation à résoudre, Christian Blanckaert illustre la fonction de premier élu d’une commune.
Ce qui frappe dans ce récit c’est la diversité des sujets à traiter au quotidien pour à la fois satisfaire les instances administratives mais avant tout, les habitants de sa commune.
Pourtant Christian Blanckaert n’était pas désarmé. Chef de plusieurs entreprises notamment du luxe, dont Hermès International durant la même période, il sait monter des projets, ramener des subventions, se battre pour privilégier un aspect de sa politique ou de la spécificité de sa commune. Mais, surtout, il avait l”habitude de commander un collectif pour l’efficacité de son action publique. La suite ici
De Frédéric Mitterrand, on se rappelle sa voix nasillarde et son “Bonsoir” traînant qui présentait à la télévision les sorties cinéma. Alors, lorsque cet essai Brad fut annoncé, il me semblait indispensable de s’y pencher !
Rien ne présageait la déclaration d’amour à l’acteur Brad Pitt dont ce récit fait état ! Il faut dire que Frédéric Mittérand n’est pas le seul puisqu’à chaque fois que l’acteur apparaît, il déclenche les sourires hystériques des filles et des femmes de la planète.
L’essai démarre en racontant par le menu sa prestation de “bad boy” dans Thelma et Louise.
Puis, Frédéric Mittérand reprend la biographie de ce fils de parents anabaptistes de Springfield, de ses études rapidement abandonnées à Colombia College puis de ses premières armes à Hollywwod. La suite ici
À l’ère du tout image, au point que les jeunes femmes pratiquent la chirurgie esthétique pour ressembler à des photos produites par l’Intelligence Artificielle, Lydie Salvayre propose un essai cynique, plutôt cinglant, sur la culture du paraître dans notre société.
Et, au lieu de transformer son écrit en nostalgie qui signe la vieillesse plus que les rides, du genre “c’était tellement mieux avant”, Lydie Salvayre parodie les écrits de développement personnel et présente un manuel du parfait “Paraître”, devant assurer à coup sûr le succès dans le milieu littéraire mais pas uniquement !
En deux parties, Irréfutable essai de successologie décline des recettes pour être reconnu, non pour son talent, mais pour sa capacité à imposer son image dans tous les lieux d’opinion.
Lydie Salvayre manie l’humour avec délectation, réussissant en plus de cent soixante-dix pages à ne pas lasser son lecteur ! Ici, le concept de successologie diffère de celui d’arriviste, chargé d’ondes négatives récoltées depuis Balzac et son Eugène de Rastignac. Il est aussi différent de celui de la renommée qui associe une nuance de talent dont la successologie est dépourvue. La suite ici
Après avoir écrit Proust contre Cocteau, publié en 2013, Claude Arnaud a eu envie de raconter l’amitié particulière entre Picasso et Cocteau qui a duré de 1915 à 1963.
Comme à son habitude, Picasso incarne, dans cette relation, le rôle du sadique, du bourreau avec un Cocteau masochiste non dissimulé, et peut-être légèrement assumé.
Chacun a envié les créations de l’autre n’hésitant pas à les piquer pour se les approprier. Cocteau, le fragile, aime les brutaux, les puissants. À la mort de Raymond Radiguet, son amant intermittent, son surnom devient Le veuf sur le toit. Ses tentatives pour protéger l’écrivain contre ses addictions n’ont pas suffi.
De douze ans le cadet de Picasso, Cocteau rencontre le “Maître” pour le ballet “Parade” de 1917 auquel Satie et Stravinski ont travaillé. Au fil des pages, Claude Arnaud fait découvrir aussi une galerie de personnages dont un Albert Breton, non seulement antipathique mais aussi homophobe.
On croyait que Picasso n’était pervers qu’envers les femmes. Toutes ses amantes en ont fait les frais et seule Françoise Gillot l’a dénoncé. Avec Claude Arnaud, le lecteur découvre ses relations diaboliques avec des hommes. Car, Cocteau a subi toute sa vie l’amour haine cruelle du Malaguène. La suite ici
Heinz Linge a passé dix ans au service d’Hitler en tant que majordome. Auprès de lui dès 1934, à l’âge de vingt et un ans, il jure de le servir jusqu’à la mort et fait partie de l’unité d’élite chargée de sa protection.
Après le suicide de son chef le 30 avril 1945 à 15h45, le commandant SS Heinz Linge met le feu à sa dépouille et celle d’Eva Braun, à l’extérieur du bunker, suivant les ordres d’Hitler. Fait prisonnier pour crimes de guerre par les Soviétiques, il compose un dossier important sur le dictateur pour Staline lui servant certainement de base à cet écrit. Ces mémoires sont publiées par un éditeur néerlandais en juin 1980, peu de temps après sa mort à l’âge de soixante-six ans.
Pour la première fois, les mémoires d’Heinz Linge sont publiées en France. Commentées par l’éclairage de Thierry Lentz, ces pages décrivent l’intimité du chef nazi, sa garde rapprochée, la présence d’Eva Braun, ses attitudes face à son entourage selon les différentes situations et au cours de l’évolution de la seconde guerre mondiale, ses marottes et au fil du temps, son isolement et la dégradation de sa santé.
En deux parties, Heinz Linge rapporte le quotidien d’un homme proche de la cinquantaine tranquille dont on peine à croire qu’il instaure une dictature extrêmement totalitaire, antisémite et xénophobe, de plus responsable de l’extermination de plus de cinq millions de personnes. La suite ici
Charles III de Philip Kyle est la première biographie en édition française du futur roi, qui est resté dans l’ombre de sa mère, Queen Elisabeth II, pendant si longtemps.
Son couronnement fera l’objet d’éditions spéciales en mai, y compris sur les chaînes républicaines françaises. De plus, sa première sortie officielle en tant que souverain, Charles III la réserve pour la France à la fin du mois de mars. Le récit de Philip Kyle se révèle indispensable pour en savoir un peu plus sur cet homme trop mal connu.
Fils de, époux de, puis père de, Charles III est né avec la télévision et va régner aux temps des réseaux sociaux. D’ailleurs, son fils l’a bien compris qui se répand dans un livre fleuve expliquant ses rapports et ceux de sa femme avec la famille royale, devenu en quelques jours un vaste succès.
En un peu plus de quatre cent cinquante pages, Philip Kyle retrace sa vie formée, et même formatée pour les responsabilités héritées par le sang. Du bébé qui voyait sa mère que deux par jour (une demi-heure le matin et une heure et demie l’après-midi pour le bain et le coucher) à l’enfant harcelé pour sa timidité et la grandeur de ses oreilles, Charles est en enfant qui préfère la compagnie des adultes à ses pairs. La suite ici
Lorsque Jean-François Blondel a constaté le rai de lumière dans la Cathédrale de Chartres, le jour du solstice d’été, il décide d’en savoir plus. L’essai Ces Cathédrales aux mystérieux rayons de lumière est né de ses recherches.
Jean-François Blondel croit que les bâtisseurs du Moyen-Âge ont attiré l’attention en mettant en place ce détail d’architecture. Car, il a constaté qu’un faisceau de lumière apparaît toujours à un moment précis durant un laps de temps assez court.
Historien de l’Art, spécialiste du Moyen-Âge, Jean-François Blondel remonte le temps à la recherche des mêmes phénomènes dans l’Antiquité, décrypte la révolution gothique et associe la cathédrale au travail artisanal du vitrail.
Dans la seconde partie de l’essai, Jean-Christophe Blondel emmène en voyage à travers toute la France, détaillant la spécificité de chacune des cathédrales citées. La suite ici
L’essai Bonheurs et grandeur d’Hervé Gaymard, paru en 2014 pour sortir les Français de leur dépression chronique, est réédité dans le format poche de la collection Tempus. En effet, l’ex-ministre souhaite, à travers treize événements puisés dans l’histoire de France, raconter des moments de partage et de bonheur collectif.
Pour que nous cessions de gémir, Hervé Gaymard espère qu’à la lecture de ces tableaux nous retrouvions la fierté d’être français. Un peu présomptueux ! Certainement… D’autant plus que presque dix ans plus tard, et après une pandémie et une guerre en Europe, les Français aurait bien besoin d’éléments positifs pour être fier de leur histoire et de leur culture et avoir foi en l’avenir !
Néanmoins, les événements choisis, de Henri IV entrant dans Paris à la Coupe du Monde de football, celle de 1998, permettent d’écrire une histoire positive de la France. Hervé Gaymard sait relever les situations où les Français se sont retrouvés ensemble et en liesse. La suite ici
Avec Ici et ailleurs, Florence Aubenas revient sur le devant de la scène littéraire avec sa compilation d’articles parus dans le journal Le Monde de 2015 à 2022 et elle prouve encore qu’elle est une excellente journaliste !
Même si je suis une lectrice de ce journal, la réunion de ses papiers révèle ce que le travail de journaliste a d’immensément nécessaire : rendre compte en s’attachant aux vécus des personnes rencontrées, laisser le lecteur s’imprégner d’une situation et surtout, ne jamais prendre parti, juste s’effacer devant les rencontres, les récits et les témoignages.
Jamais de “Je” dans Ici et ailleurs, juste des mots choisis avec soin pour s’effacer derrière le sujet. Sept ans pendant lequel le monde a basculé ! De la nuit des attentats de 2015 à la guerre en Ukraine, Florence Aubenas décrit la venue de la peur dans le quotidien, la fin des certitudes et l’arrivée du présent pour chacun. La suite ici
Journaliste, critique littéraire et éditeur, Uwe Wittstock publie son premier essai sur la façon dont le pouvoir nazi a muselé les arts en quelques jours, En reprenant le fil chronologique de ce mois si particulier, où la grippe espagnole sévit encore, Février 33 détaille comment le milieu littéraire fut contraint soit de se taire, soit d’émigrer. Et pour ceux, qui malgré tout, n’ont fait ni l’un ni l’autre, fin février 33, la prison et la déportation étaient leur destinée.
Février 33 devait être le mois de la campagne électorale, les élections étaient programmées le dimanche 5 mars. Seulement, Hitler est chancelier et Goering, chef de la police intérieure. Comme le démontre Uwe Wittstock, il a suffi de trente jours, seulement, pour casser ce que l’esprit artistique riche et inventif avait créé, à partir notamment du courant expressionnisme.
À partir d’un déroulé chronologique, Uwe Wittstock présente une galerie de romanciers, scénaristes et auteurs de pièces de théâtre qui ont fait la richesse du milieu artistique du Berlin des années 30. La suite ici
Richard Malka a bien raison de faire paraître ses plaidoiries. Avec la fin de sa trilogie, ce lanceur d’alerte n’arrête pas de marteler son credo complètement athée sur la liberté d’expression. Et, celle-ci est si claire, si documentée qu’elle restera dans l’histoire certes littéraire mais aussi politique.
Dans Traité sur l’intolérance, l’accusé de Richard Malka est la religion. Attention, pas celle qui demande à réfléchir, à commenter, à rechercher. Non, celle qui affirme, qui ordonne et qui condamne ceux qui osent discuter ! La suite ici
Babelio m’a demandé de lui concocter mon TOP 10 ESSAIS 2022 reproduit ci-dessous.
Le réseau social destiné à enregistrer des bibliothèques personnelles commentées par les autres utilisateurs a choisit de publier les 500 livres pour Noël.
Que c’est difficile d’en choisir dix , surtout dans un domaine aussi vaste que les essais ! Mais, voilà, il faut s’y essayer en cette période de Noël qui approche à grands pas. Alors, voici mon top 10, classé par ordre alphabétique. La suite ici
Masse critique en décembre de Babelio a déposé au pied du sapin un petit livre, condensé significatif d’une collaboration fructueuse entre un industriel et un architecte, Pierre Favre & Roger Taillibert, écrit par Léa Tichi. Leur association a complètement révolutionné la construction des bâtiments industriels.
Roger Taillibert est un architecte apprécié même si son nom est connu que des initiés : le stade du Parc des princes à Paris, cette sorte de bol aux anneaux de béton et le complexe de Montréal de 1976, qui rappelle la flamme olympique sont ses compositions.
Pierre Favre est fondateur et directeur des usines de produits pharmaceutiques et cosmétiques du même nom. La suite ici
Gaëlle Ghesquière, journaliste photographe spécialiste des portraits des stars du Rock et de la Pop, présente 250 photographies du groupe The Rolling Stones autour des concerts mythiques des Papys du Rock.
Vingt-cinq ans que la photographe suit tous leurs concerts ! Du coup, cet essai est un bel aperçu de la dernière partie de leur carrière !
J’y ai appris que leur communication est comptée, et même millimétrée, aux morceaux de début de concert. Du coup, après quelques chansons, les photographes sont comme évacués, manu militari, du concert ! Ce détail rend presque « humains » ces stars planétaires.
Autre confidence d’un proche, cette fête d’anniversaire qui se déroule presque normalement si ce n’est le faste du lieu ! La suite ici
Mona Chollet sort de son terrain habituel d’étude pour offrir une réflexion sur un comportement, sorte de doudou qui lui procure joie et sérénité, sa collection d’images d’art dans la mémoire de son téléphone.
Les collections d’objets sont habituelles. Elles nous révèlent même s’ils sont cachés aux yeux des autres ou qu’ils sont exposés en vitrine ou même en vrac. Chaque objet raconte une histoire en rapport avec un passé. Avec notre téléphone, devenu une mémoire transportable, la galerie de photos s’affiche comme une réserve à souvenirs.
Pourtant, Mona Chollet choisi de nous parler des photos prises au cours d’une exposition, d’une visite, d’une rencontre avec une œuvre ou lors une lecture, une photographie qui émeut, etc. Ces reproductions privées agissent pour tempérer une inquiétude, une désespérance, un énervement ou même un vide, en un mot pour donner du plaisir.
Ainsi Mona Chollet présente ses antidotes à la déprime accompagnée de citations de différents philosophes et penseurs qui ont cherché à comprendre notre rapport à ce type images. La suite ici
Guillaume Durand confie son admiration pour Edouart Manet à travers ce beau livre Déjeunons sur l’herbe inspiré du nom du tableau réalisé en 1863 qui est aussi le préféré du journaliste.
Guillaume Durand révèle avoir voulu être « Le Bernard Pivot de l’Art ». Il tente d’expliquer pourquoi l’histoire de l’art mais aussi ses modernités restent connues d’un public restreint, un entre-soi que même l’Éducation nationale, rappelle-t-il, entretient.
Alors, Déjeunons sur l’herbe présente en vingt neuf petits chapitres, superbement illustrés, l’œuvre de Manet, mis en perspective avec les œuvres des artistes de la seconde moitié du XXè siècle et du XIXè qui lui ont rendu hommage d’une manière ou d’une autre. La suite ici
Avec Migrants et réfugiés de 1789 à 1900, Philippe Christol documente la notion d’immigration depuis l’apparition du concept dans la France de la révolution jusqu’au début des grands déplacements pour raisons économiques.
De l’expatriation commerciale et artistique en vogue à la Renaissance aux prisonniers de guerre en passant par les expatriés politiques, cet essai explique les différents mouvements migratoires dans notre pays. Ceux-ci ont aidé à la définition d’un accueil, puis des conditions de celui-ci pour arriver finalement à la création du statut particulier d’étranger qui a évolué au fil des époques. De plus, en généalogiste avisé, Philippe Christol met en lumière des parcours, rendant imagé cette évolution.
La première partie retrace la première vague d’immigration qu’on pourrait appeler « de masse » en révélant le statut précaire des prisonniers et des déserteurs des guerres napoléoniennes.
Puis, à partir des réfugiés espagnols appelés au début « les afrancesados » dès 1813, PhilippeChristol raconte la première colonne de réfugiés. Dans celle-ci se trouvait un certain Francisco de Goya. Il avait prétexté une cure thermale pour s’installer à Bordeaux et y mourir quatre ans plus tard. La suite ici
Ce beau livre Photographes en Bretagne propose de balayer cent ans de vie bretonne. Du milieu du règne de Louis Philippe 1er, dernier roi de France, jusqu’à la seconde guerre mondiale, des clichés de photographes connus mais aussi amateurs sont présentés afin de chroniquer l’arrivée de la modernité dans cette région de France qui avait gardé ses traditions intactes depuis des décennies.
Avec un texte introductif et synthétique à la fois, Photographes en Bretagne laissent la place au choc des photos. Aucun texte ne les accompagnent. Seuls leurs légendes font progresser le lecteur à la fois dans la compréhension des enjeux sociétaux, économiques et culturels, mais aussi dans la capacité du lecteur à desceller les détails qui y figurent.
En quatre grandes parties, les auteurs déclinent les transformations profondes que la société bretonne a vécues pour s’ouvrir à la modernité. La suite ici
Si je vous dis « Dreams are my Reality », vous pensez tout de suite à la Boum, ce film français de Claude Pinoteau sorti en 1980 et dont la musique de Vladimir Cosma est indissociable !
Continuons à jouer ! Vous vous souvenez de la danse des Rabbis dans une rue de Paris réalisé par Gérard Oury avec un Louis de Funès endiablé ! Musique, toujours de Vladimir Cosma !
Une flûte de pan et un cymbalon, sorte de xylophone plus ancien, et tout de suite apparait Pierre Richard avec ses lunettes noirs en haut d’un escalier mécanique dans Le Grand Blond avec une chaussure noire de Yves Robert en 1972. Encore de Vladimir Cosma !
Et, Herbert Léonard chantant Puissance et gloire de Chateauvillon, toujours de Vladimir Cosma !
A peu près deux cents films et les arrangements, on ne les compte plus ! Alors, à 82 ans, Vladimir Cosma choisit de nous raconter ses mémoires, et bien sûr, ce sont non seulement des instantanés du cinéma français mais surtout un témoignage rare sur le monde musical de la seconde moitié du XXè siècle englobant aussi les vingt premières années du notre. La suite ici
Beaucoup de réticences à lire un énième témoignage d’un professeur, Jérémie Fontanieu, qui affirme avoir trouvé une méthode infaillible pour réduire l’échec scolaire, comme le prétend la bande de cette essai nommé L’école de la réconciliation !
L’effet de loupe des différents reportages des médias avait suffi à m’en éloigner. Seulement, pour sa première rencontre de l’année, ma librairie organisait sa venue. Alors, comme une élève qui veut se la jouer « bonne élève », deux jours avant, je me suis résolue à le lire.
Dés les premières pages, je fut surprise par sa sincérité. En effet, rares sont les enseignants capables d’exposer leurs doutes, leurs échecs sauf en privé !
Mais, comment Jérémie Fontanieu allait tenir les quelques deux cents pages de cet essai en exposant une méthode qui pourrait se résumer par : distance- exigence et ce mot si barbare de notre institution de co-éducation ? Car, ce ne sont pas les enseignants qui partagent l’éducation mais les parents qui acceptent qu’une partie de celle-ci soit assumée par des professeurs, que le système leur impose généralement. La suite ici
L’histoire complétement méconnue, celle des fascistes français attirés par le nazisme, Christophe Bourseiller s’en empare et propose avec son essai Ils l’appelaientMonsieur Hitler une étude complète et documentée sur cet aspect particulier de la politique française d’avant, pendant et juste après la seconde guerre mondiale.
En trois parties, Ils l’appelaient Monsieur Hitler donne une identité précise du fascisme hitlérien français de 1920 jusqu’en 1944.
La première partie intitulée Le séduisant Hitler jusqu’en 1932 reprend l’ascension du futur dictateur. Christophe Bourseiller montre l’aveuglement des médias et partis politiques français sous estimant la menace réelle que Hitler faisait planer en répétant pourtant que ses deux ennemis étaient les juifs et les français.
Entre autres, Christophe Bourseiller montre la manipulation que les nazis ont mis en place pour attirer les pacifiques français, eux déjà séduits par la croyance en un renouveau de la jeunesse orientée vers la modernité oublieux des atrocités de la première guerre mondiale. La suite ici
Delphine Horvilleur s’empare du thème de l’identité pour produire un texte de colère, destiné à être joué sur scène dans un monologue incarné par le fils fictif d’Émile Ajar, écrivain fantoche, inventé par Roman Gary.
Quel superbe pied de nez que de s’interroger sur cette vague actuelle qui ne cesse de catégoriser pour nous enfermer dans des petites boîtes au point de ne plus pouvoir communiquer et échanger, en utilisant un personnage bidon, héros de papier, au talent crédible et reconnu par ses pairs.
Pour rappel, Roman Gary est le seul écrivain a avoir reçu le Goncourt sur deux noms différents aux sujets si différents prouvant par sa supercherie que la fiction peut permettre de se réinventer toute autre. La suite ici
Thierry Frémaux propose un hommage à l’immense cinéphile et réalisateur que fut Bertrand Tavernier. Son essai « Si nous avions su que nous l’aimions tant nous l’aurait aimé davantage » livre un portrait fouillé, documenté et élogieux de cet homme qui m’a fait aimé, à distance, le cinéma.
Bertrand Tavernier était un pédagogue passionné, né par et pour le cinéma. Est-ce qu’il y a plus fort comme terme que cinéphile ? Parce que le cinéma était toute sa vie.
Thierry Frémaux raconte son compagnonnage au côté de Bertrand Tavernier : de la création de l’institut Lumière en 1982 à sa présidence jusqu’à la fin de sa vie en 2021, rue du Premier-Film à Lyon.
Quarante ans d’amitié décrites avec beaucoup de tendresse ! Aucune révélation privée, Bertrand Tavernier ne l’aurait pas supportée ! Plutôt la description d’un homme passionné, acceptant de reconnaître s’être trompé lors d’un avis, cherchant jusqu’à la fin à compléter sa culture, pourtant si phénoménale que personne ne peut le remplacer !
Par trois fois, Bertrand Tavernier était venu parlé de son film du moment dans mon cinéma de banlieue. A chaque fois, le silence qui régnait montrait combien chaque spectateur était honoré de recevoir ses anecdotes, ses confidences sur la manière de monter telle ou telle scène, etc. Aucun de ceux présents regardait sa montre pour s’inquiéter de l’heure qui passait trop vite. Cet homme était d’une simplicité si désarmante avec son imper et son échappe rouge que j’aurais donné beaucoup pour suivre ses Matersclass si elles avaient existé. La suite ici
De l’affaire dite de PPDA, les informations nous sont parvenues au compte – goutte. Dans Impunité, Hélène Devynck résume les faits, rassemble les témoignages (vingt trois femmes qui ont déposé devant la police !), explique le déroulement de l’instruction jusqu’au classement sans suite. Elle nous livre une analyse fine et si juste de l’Impunité qui entoure l’agresseur dans notre société actuelle que on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas !
Hélène Devynck, et ses sœurs d’infortune, sont des classées sans suite ! Classées sans suite, les exactions du violeur en série que fut le journaliste adulé des téléspectateurs, représentant le gendre idéal lors du début de sa carrière, le père attentif et attentionné pour sa fille anorexique et même, le grand-père tranquille qui continuait à faire sa nage matinale dans sa Bretagne d’adoption.
Classées sans suite, ce prédateur sexuel qui sautait sur tout ce qui était sexuellement identifiée comme une femme jeune et admirative. Le journaliste a bénéficié d’un système qui l’a protégé, encouragé et même s’est rendu complice de ses viols en séries. Même si ils se défendent en répétant la litanie du « On les croyait consentantes ! ». Lire la suite
La journaliste Sonia Devillers, spécialiste de l’étude des médias, confie son histoire familiale dans ce premier essai Les exportés, un récit incroyable sur le pays de ses ancêtres, La Roumanie, et la façon dont le régime communiste a traité les juifs, des années après le génocide de l’Allemagne hitlérienne.
La voix de Sonia Devillers m’accompagne le matin sur France Inter. Souvent haletante, tant son sujet la passionne et le manque de temps la contraint, sa voix m’explique, au fil des jours, l’évolution mais aussi les dessous de la planète-médias et des industries culturelles.
Du coup, Les exportés sont très loin de ce que son image médiatique nous livre régulièrement. Cette histoire d’exil familial, non seulement, ouvre un pan entier de l’histoire de l’Europe de l’Est, mal connue, mais aussi livre le récit poignant d’une recherche pour mettre des mots sur un passé complexe et rendu silencieux par la nécessité de mettre à distance la souffrance vécue. La suite ici
Pour la collection « Ma nuit au Musée », Lola Lafon a choisit de répondre à l’invitation du Musée d’Anne Franck au bord du canal à Amsterdam et de séjourner une nuit dans l’Annexe où Anne et sa famille ont vécu pendant vingt-six mois, rejoints après par quatre autres personnes. Cette vie entre parenthèses fut arrêtée par l’arrestation de tous les occupants.
Seul Otto, le père et chef de l’entreprise où l’annexe était cachée derrière une bibliothèque, est rentré du camps de concentration. Les feuilles du Journal d’Anne ayant été conservées, il choisit de les publier sous le titre « Le journal d’Anne Franck ».
Difficile de rendre compte de la portée de Quand tu écouteras cette chanson. Au moment où la troisième génération prend conscience de l’intérêt de raconter, à leur manière, les conséquences des crimes contre l’humanité mis en place de façon délibérée par le régime hitlérien encouragé par les gouvernements autochtones, Lola Lafon redonne au Journal d’Anne Franck toute sa portée en rappelant la genèse de son écrit, son traitement après la guerre, les élisions de certaines parties, son exploitation médiatique, etc.
Le portrait d’Anne est connu de tous, illustrant de son visage d’adolescente de treize ans la couverture de son journal dans toutes les éditions. Lola Lafon montre, à partir des heures vécues dans l’ensemble du musée, une jeune adolescente tout en légèreté rêvant de stars et découvrant sa féminité et sa sensualité. La suite ici
Je n’ai absolument pas résisté devant ce roman graphique, La présidence Macron sous enquêtes, lorsque je l’ai vu dans la vitrine d’une librairie. Parce que le Président Macron avait fait sa campagne en 2017 sous le signe du changement en politique, les différentes enquêtes sorties par Médiapart et reprises après par des journaux comme Le Monde démontrent que la politique n’est pas, encore, un monde comme les autres.
Lors de sa campagne en 2017, Emmanuel Macron a promis un nouveau monde. Cinq ans plus tard, force est de constater que la réalité n’a pas suivie ses propres recommandations. D’ailleurs, avant chaque enquête une pleine page reprend au mot près une de ses affirmations.
Six affaires sont présentées respectant les propos des antagonistes. Seuls les décors, les situations, l’environnement sont inventés. Et, là, où je croyais passer un bon moment de franche rigolade, je me suis surprise à être plus dégoutée, plus touchée que je l’avais pensé par le manque d’éthique de ses affaires.
Car du Ministre de l’intérieur au Ministre de la justice en passant par le Président de l’Assemblée nationale, la compilation de ses affaires donne vraiment un goût amer sur la réalité de la politique française. La suite ici
Paul Sérusier – La quête artistique
Dans ce fascicule de la catégorie Art, Paul Sérusier. La quête artistique, Virginie Foutel présente un condensé particulièrement complet de sa biographie accompagnée d’œuvres significatives. Ce peintre dont on découvre l’importance pour l’histoire de l’Art en cette fin du XIXè siècle qui mène vers l’Art moderne.
Paul Sérusier (1864-1927) est un peintre d’origine parisienne. Après plusieurs séjours à Pont-Aven, il s’installe à Chateauneuf-du-Faou sur la route de Huelgoat en Bretagne pour y retrouver l’authenticité de cette ruralité qu’il affectionne mais aussi la simplicité du mode de vie de ses habitants dont il ne cessera de rendre compte.
.Lui, le peintre formé au grec et au latin, est devenu le chef de file des Nabis,(prophète en hébreu), après avoir peint « un petit essai polychrome », sous la dictée de Paul Gauguin, qui prendra le nom de Talisman. La suite ici
Je l’avais oublié cet essai sur les Expositions universelles, reçu pourtant très rapidement après la Masse critique de juin 2022. Merci CFC. Pourtant, Le procès perdu de l’architecture moderne replace l’Art nouveau au centre des vitrines que furent les Expositionsuniverselles comme autant de rendez-vous manqué. L’essai développe un argumentaire étayée de documents d’archives, au langage accessible et surtout présentant une série d’illustrations choisies avec soin pour permettre une compréhension plus aisée.
Trois chapitres pour ce petit recueil qui tient facilement dans la main. Le premier chapitre présente les deux projets Art nouveau refusés par l’Exposition universelle de 1897 à Bruxelles, dont celui de Paul Hankar, architecte précurseur de l’Art Nouveau associé à Adolphe Crespin, peintre décorateur. La suite ici
En 1967, Cabu illustre quatre articles du magazine Nouveau Candide, hebdomadaire de droite cherchant à faire du « buzz », comme on dirait maintenant, lors de la publication des travaux de Claude Lévy et Paul Tillard sur La Grande Rafle du Vel D’Hiv. Jean Cabut, âgé de 29 ans, dit Cabu, a créé quinze dessins et un inédit, reproduit ici.
Comme de nombreux français, Cabu découvre, grâce aux travaux de Lévy et Tillard, le récit de cette opération orchestrée par la police française qui a arrêté 12 884 juifs, hommes, enfants et enfants en moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942.
Au préalable de ce document, le résumé de cette opération est précisé avec l’évacuation de vélodrome d’Hiver vers les camps d’internement de Pithiviers et de Beaune-la-Rollande. Puis, vient la déportation vers le camp d’Auschwitz, d’abord des adultes puis les premiers convois d’enfants qui partiront de Drancy. Dès le 16 août 1942, un premier convoi s’ébranle avec à son bord 583 enfants dont 526 nés en France, mêles avec 417 adultes qu’ils ne connaissaient pas. La suite ici