… et réfugiés de 1789 à 1900
Avec Migrants et réfugiés de 1789 à 1900, Philippe Christol documente la notion d’immigration depuis l’apparition du concept dans la France de la révolution jusqu’au début des grands déplacements pour raisons économiques.
De l’expatriation commerciale et artistique en vogue à la Renaissance aux prisonniers de guerre en passant par les expatriés politiques, cet essai explique les différents mouvements migratoires dans notre pays. Ceux-ci ont aidé à la définition d’un accueil, puis des conditions de celui-ci pour arriver finalement à la création du statut particulier d’étranger qui a évolué au fil des époques. De plus, en généalogiste avisé, Philippe Christol met en lumière des parcours, rendant imagé cette évolution.
La première partie retrace la première vague d’immigration qu’on pourrait appeler “de masse” en révélant le statut précaire des prisonniers et des déserteurs des guerres napoléoniennes.
Puis, à partir des réfugiés espagnols appelés au début “les afrancesados” dès 1813, Philippe Christol raconte la première colonne de réfugiés. Dans celle-ci se trouvait un certain Francisco de Goya. Il avait prétexté une cure thermale pour s’installer à Bordeaux et y mourir quatre ans plus tard.
En 1831, la Grande Émigration polonaise amène l’administration française à créer le statut de réfugiés. A partir de documents d’archives, Philippe Christol démontre les tergiversations de l’État et l’évolution du statut. Il détaille pour chacune des grandes communautés, polonaise, espagnole, italienne et toutes les autres leurs particularités.
Une partie spéciale est consacrée à la Commune de Paris. Pour chacune des communautés est documentée la position particulière des étrangers avec la liste de leurs noms, donnant ainsi une base à une recherche généalogique possible.
Avec la fin de ce siècle aux changements multiples, le statut d’étranger est arrêté et fonctionne pour le contrôle et le suivi des populations, complété par celui de réfugiés. Après la première guerre mondiale, le pays peut s’ouvrir aux grandes émigrations économiques.
Ce survol du XIXè siècle sous l’angle particulier de l’immigration est une pépite de découvertes. Migrants et réfugiés de Philippe Christol décline de façon attrayante l’histoire d’hommes et de femmes qui ont choisi, un jour, de s’installer dans notre pays et d’y fonder une famille. Un peu de notre histoire à tous !
Remerciements
à Philippe Christol pour l’envoi de cet ouvrage extrêmement riche de découvertes.
Puis quelques extraits
Les choses en sont au point que dans le Puy de Dôme en 1794, le département et la commune de Clermont ne connaissent pas l’existence des lois qui fixent les conditions d’accueil des prisonniers ainsi que les salaires à donner au gardien !
Amusante anticipation, comme la pratique généralisée à la fin des années 1920 pour l’immigration polonaise, de nombreux propriétaires se mettront à réclamer nommément leur prisonnier aux prochaines occasions, personne à laquelle ils se sont habitués ou qui à une bonne réputation de travailleur acquise dans le voisinage…
On est confronté à cette difficulté bien connue des généalogistes Franco polonais, identifier un lieu au nom fortement déformé et dont on ignore la région.
On retrouve dans cette instruction ( juillet 1813) de nombreuses caractéristiques des règlements qui vont suivre en particulier sous Louis Philippe, sans oublier cette tendance à rechercher la perfection d’un système que les administrations locales auront bien du mal à appliquer dans le détail pendant tout le XIXe siècle.
Et encore,
Avant même la question ” que faire de ces individus !” se pose celle, plus fondamentale, “qu’est-ce qu’un réfugié !” Il faut leur inventer un statut, et la France, pays phare depuis 1789 pour toutes les causes insurrectionnelles, va devoir innover.
L’organisation de l’accueil et de la surveillance, concernant les Polonais, mais aussi les Espagnols et Italiens présents sur le territoire, se base sur le système en place antérieurement pour les prisonniers et des déserteurs;
Au tournant du siècle, la figure du réfugié pour qui la compassion se mêle aux sentiments républicains, a fait place à celle de l’immigrant du travail, au point d’en faire oublier cette période de près d’un siècle où l’étranger était tout d’abord une victime de l’exil.
Le tournant sécuritaire se situe dans les années 1890. Les difficultés économiques de la fin du siècle associées à la mondialisation, suscite la peur des étrangers et crée un besoin de contrôle renforcé : le critère de l’aptitude au travail devient clé dans la décision de qui doit rester ou être chassé du pays.
La France n’est plus terre d’accueil inconditionnelle.
Ici en bref



Du côté des critiques
Revue française de généalogie –
Questions pratiques
Philippe Christol – Migrants et réfugiés de 1789 à 1900
Éditeur : GeneaPologne Livres
Parution : 9 mars 2022
EAN : 9782958227708
Lecture : Décembre 2022
Bonjour Matatoune, je viens te souhaiter un joyeux Noël et de belles fêtes de fin d’année. Je te remercie pour tes gentilles visites. Que 2023 t’apporte joie et bonheur.
Mes amitiés ♥
Bonjour Matatoune. Cet essai doit être intéressant mais ne me tente pas alors que tant de romans m’attendent.
Je comprends qu’on puisse être plus attiré vers la fiction. Passe une bonne journée !
Je n’aurais jamais pensé que l’immigration “de masse” était si ancienne. ça me rappelle que notre canton a accueilli à l’époque un des régiments de Napoléon en fuite. Il y a encore une fresque à la frontière qui le rappelle. Bonne journée
Je ne connais pas cette fresque. Moi aussi , étonnée d’apprendre que les prisonniers étaient les premiers immigrés. Bon week-end