Artem Chapeye

Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes

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Rien ne forcer Artem Chapeye, ukrainien, à faire autre chose que réfléchir, s’interroger, triturer des idées, transmettre ses réflexions, les confronter avec d’autres puis les écrire dans des livres pour que d’autres se mettent à réfléchir, etc. ! « La réponse est simple: je ne connais pas le choix tant que je ne t’ai pas fait. » Car Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes, sauf quand on envahit leur pays. Alors, difficile de ne pas s’armer !

Une centaine de pages d’une confession d’un homme, pacifique en temps de paix, qui explique pourquoi les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine, il a souhaité entrer dans le camp des résistants. À travers sa fuite pour mettre sa famille à l’abri, Artem Chapeye prend conscience qu’il veut pouvoir continuer à se regarder dans le miroir, sans éprouver  » la honte espagnole « , comme on dit en Ukraine.

La décision que prend Artem Chapeye est lourde de conséquences, pour lui, pour sa femme, pour ses fils, ses compatriotes, son pays, mais aussi pour nous, encore insouciants de notre chance.

Artem Chapeye décrit son engagement, son affectation, son évolution psychique, ses pleurs, ses méditations, ses culpabilités, Bref, un récit à vif, découvert dans un souffle celui de l’émotion et du respect de l’expérience rapportée comme d’une voix du fond des tranchées, au bord des villages ravagés et de notre conscience européenne.

Depuis deux ans, l’Europe est à nouveau en proie à la guerre.
730 journées où Artem Chapeye, journaliste et écrivain, tente de garder son humanité et d’expliquer comment. Il a appris qu’un soldat ne peut que parler à un autre soldat, tellement les mots ne suffisent plus. Que son choix, il ne le regrette pas, même si son plus cher rêve est de serrer de nouveau, dans ses bras, ses deux fils, exilés avec sa femme en Allemagne.

Ses doutes, il ne les contourne pas et nous les révèle. Mais, pour lui, mieux vaut se battre que de mourir torturé ou de vivre prisonnier. « Nous sommes obligés d’épuiser la dictature par nos propres souffrances.« 

Ce récit est publié dans la nouvelle collection, Bayard Récits, qui « s’inscrit dans le genre de la narrative non-fiction, au croisement entre le journalisme et la littérature, le document et le roman ». Artem Chapeye se livre sans fard, presque un testament entre l’homme d’avant « le vingt-quatre » et celui d’après « le vingt-quatre ». Un récit qu’on ne peut oublier !

Puis quelques extraits

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Imaginons. Les années 1940. La France sous l’occupation nazie. Question : que dois-je faire dans cette situation, moi, personnellement ? Rester avec ma mère qui a tant besoin de moi, son fils, ou bien rejoindre la résistance ? La réponse est simple: je ne connais pas le choix tant que je ne t’ai pas fait. Je deviendrais ce que je serais après avoir fait mon choix existentiel. L’existence précède l’essence.

Or, depuis l’invasion russe, l’armée ukrainienne compte un million de personnes de dix-huit à soixante ans.

Jusqu’au dernier jour de la paix, nous ne croyons pas que cela pourrait se produire.

Car ce sont de vies différentes. » Avant le vingt-quatre » et « après le vingt-quatre ».

En 2023, en Pologne, dans le centre d’aide aux enfants ukrainien évacués suite aux bombardements, il y avait une annonce de six mots : » Rigoureusement interdit d’apporter des ballons. « 

Je suis écrivain de profession et je me suis surpris à m’inquiéter bêtement : je ne trouvais pas de mots.

Nous sommes obligés d’épuiser la dictature par nos propres souffrances.

Je sais en revanche qu’en Ukraine ceux qui sont allés défendre leur pays après l’invasion des Ténèbres parlent bien moins de  » patriotisme  » que les leaders d’opinion à l’arrière-front.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus
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Incipit
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Un extrait
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Puis le dernier

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Les gens ordinaires ne portent pas de mitraillettes

Instagram : @artem.chapeye

Traducteur : Irina Bonin

Éditeur : Bayard Editions

X :  Instagram : @editionsbayard

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Parution : 7 février 2024

EAN : 9782227501676

Lecture : février 2024

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11 commentaires

  1. Bine que Ghandi, s’il était vivant, dirait qu’il y a toujours une solution non violente. Je crois qu’ Il est des situations où les gens ordinaires doivent porter des mitraillettes.

    • Aucune violence, au contraire, beaucoup d’humanité même pour les russes, en face. L’ennemi est Poutine et son régime !

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