Paul Valéry et les peintres
Présentation
Célébrant son cinquantenaire, le musée Paul Valéry de Sète propose une exposition sur le rapport du poète Paul Valéry avec les peintres. Le catalogue présenté ici en reprend les différentes composantes.
Il détaille le milieu artistique dans lequel le poète va être immergé dès son mariage avec Jeannie Gobillard, cousine germaine de Julie Manet, fille de Berthe Morisot, son amie d’enfance. Ils vont partager un petit appartement au 40, rue de Villejust. Cet immeuble est animé par des rencontres artistiques organisées mais aussi inopportunes.
Le livre explique aussi en courts chapitres la relation avec différents artistes et leurs techniques utilisées : Manet, Rouart, Berthe et Edma Morisot, etc. Sont présentées des photos de leurs oeuvres et même des agrandissements pour détailler le travail réalisé.
De plus son amitié pour Mallarmé lui ouvre tout le milieu artistique parisien. Paul Valéry a l’habitude de consigner ses impressions et ses découvertes dans de petits carnets où il écrit mais aussi dessine. Il, peut mener ainsi une réflexion personnelle sur la création. Le catalogue montre bien toute sa singularité. L’intérêt du poète pour à la fois la Renaissance italienne et les peintres comme Corot, Degas ou Manet lui permet de détailler des correspondances inattendues.
Mais Paul Valéry a gardé aussi le goût de peindre. Son naturel le prédisposait aux marines. Mais ses carnets s’ornent de dessins sur son environnement et les lieux qu’il découvrent. Le livre présente un certain nombre d’œuvres qui révèlent des “instantanés” d’une grande maîtrise.
Ce catalogue rend compte de façon très poussée de la richesse de cette exposition. Évidemment, la vraie rencontre avec les œuvres n’a pas pu se faire mais sa lecture a apporté évasion et plaisir !
Notamment pour aller plus loin
L’excellente exposition “Degas Danse Dessine” du Musée d’Orsay a révélé le lien étroit entretenu entre Paul Valéry et Degas à partir des carnets que le premier avait constitué.
D’habitude le catalogue d’une exposition permet d’approfondir les points abordés par l’exposition .Je n’ai pu ici en jugé. Néanmoins, je suppose que ce livre rend compte de façon approfondie du lien du poète avec chaque peintre présenté en l’étayant d’exemples puisés dans la littérature ou de détails du quotidien.
A la fin le catalogue est complétée d’une frise de repère généalogique qui est la bienvenue ! Une liste illustrée des œuvres présentées le conclut.
Il est évident que ce catalogue est un beau livre sur lequel je reviendrai souvent, soit pour préciser la nature du regard de Valéry ou pour appréhender une méthode, technique que Valéry a repéré.
Remerciements
Merci @Babelio et sa masse critique et #NouvellesEditionsLoubatières pour ce catalogue qui relate l’exposition du @MuséeValéry
Extraits
Le talent sans génie est peu de chose.
Le génie sans talent n’est rien.
Paul Valéry
(…) Tout à coup, utilisant l page blanche d’un de ses cahiers, se servant de ce squ’il,avait sous la main, enlevant très vite une aquarelle, un dessin sans intentions, pour lui-même, pour se délasser ou pour répondre au besoin de s’exprimer ainsi de cette manière , sans surtout se prendre au sérieux. Entretiens sur P. Valéry.
Une œuvre d’art devrait toujours nous apprendre que nous n’avions pas vu ce que nous voyons. L’infini esthétique . 1934
Celui qui écrit sur les arts ne peut se flatter de restituer
ou de préparer ce silence de stupeur charmée . L’amour sans phrase. Paul Valéry
J’aimais dessiner et me suis rendu compte par la suite, en prenant les choses au sérieux, que l’art du portrait était vertigineux : ressemblance ou évocation, effet pictural ou caricatural. Par quel artifice capter cette tremblante lumière intérieure ? Ce portrait de edon qui m’avait fascinée avait presque banni de mon attention les Degas, Monet, Manet, Morisot, Renoir, Gobillard, Laprade, Corot, J-E Blanche d’Espagnat tous ces noms descendaient du mur pour prendre corps dans les salons et certains furent régulièrement fréquentés. Beaucoup avaient pris pour modèles les demoiselles Gobillard et Julie Manet. Valéry les connaissait bien personnellement . Il avait une prédilection pour Degas dont l’intelligence aiguë lui plaisait. Agathe Valéry
Et comment a-t-il reçu les “nymphéas” ? A-t-il apprécié cette peinture à l’époque si nouvelle, ce vertige d’eau qui ne s’apparentait à aucune évocation connue de la nature ?
Ensuite d’autres ici
C’est l’esprit de Degas que Valéry a fréquenté plus que sa peinture. Il voyait toujours avec plaisir le peintre qu’il considérait comme un ami.
C’est par son milieu familial que Valéry a le plus intimement côtoyé les peintres.
Et quel paradoxe qu’une époque dont la vie même est soumise à la détermination exacte de bien des nombres, dont la science et l’industrie exigent l’emploi d’appareils des plus délicats, l’observance de précautions minutieuses, souffre dans la “technique” des arts, de tels relâchements et semble se complaire aux jeux de l’insuffisance et aux hasards de la facilité.
Nous vivions dans une atmosphère qui était post-impressionniste , et toute la famille peignait. Peignait dehors, peinture dedans, peignait partout et à toute heure. C’était effrayant. Mais en ce qui concerne mon père, c’était très différent. Il le faisait comme personne, tout à coup, utilisant la place blanche d’un de ses cahiers, se servant de ce qu’il avait sous la main, enlevant très vite une aquarelle, un dessin , sans intentions, pour lui-même, pour se délasser ou pour répondre au besoin de s’exprimer ainsi de cette manière, sans surtout se prendre au sérieux. Entretiens sur Paul Valéry
Brèves







Critiques
D’autres blogs en parlent
Amis du Musée Paul Valéry – Blog Photovalery –
En conclusion
Paul Valéry et les peintres
Courbet, Manet, Degas, Monet, Renoir, Matisse, Picasso…
Maïthé Vallès-Bled – Martine Boivin-Champeaux – Michel Jarrety – Thomas Golsenne – Stéphane Tarroux (Autre)
Éditeur : Nouvelles Editions Loubatières
Parution : 15 octobre 2020
EAN : 9782702167595
Lecture : Décembre 2020
Essais
Questions pratiques
Musée Paul Valéry – Exposition Paul Valéry et les peintres
25 septembre 2020 – 104mars 2021
J’avais lu la bio écrite par Dominique Bona de Jean Voilier , grand amour de Paul Valéry
Une histoire d’amour extra-ordinaire : 67 ans et amoureux fou pour cette jeune auteur qui faisait aussi tournée la tête à Giraudoux !
Merci passionnant
Merci d’être passée ici. Je mets le lien du blog Thegazeofparisienne que j’apprécie bcp https://thegazeofaparisienne.com/
Bonjour Matatoune. C’est intéressant de découvrir ces facettes de Paul Valéry, son goût pour le dessin et la peinture et ses amitiés avec ces artistes. Bonne journée
Ce fut aussi pour moi une belle découverte ! Je ne le pensais pas si immerger dans la peinture . Bonne soirée
Je ne savais pas que Paul Valéry pratiquait lui aussi la peinture ni qu’il connaissait bien Marie Laurencin, merci de cet article intéressant !
Tu continues à me faire découvrir ce poète dont tu as déjà parlé il y a peu. Ce livre a l’air magnifique en effet.
Bonne soirée
Oui, un beau cadeau en fait ! As-tu été sur la nouvelle Masse critique de mercredi ?
Merci pour cette excellente présentation. douce journée bisous
Bonne soirée aussi, Renée
je ne connaissais pas non plus cette attrait pour la peinture, je découvre grâce à toi des facettes de l’auteur que j’ignorais 🙂
il faut que je note le musée Paul Valery de Sète sur mes tablettes: chaque année quand je vais à Lamalou pour ma cure , je me dis que je vais visiter tel ou tel lieu et je suis tellement crevée que je n’ai qu’une envie rentre vite à la maison donc autoroute:-)
A Séte, il y a aussi le Musée Brassens qui cette année participera au centenaire de sa naissance … Alors, pourquoi pas !
intéressant, je ne connaissais pas ce goût du poète pour la peinture
On en avait eu un aperçu lors de cette exposition à Orsay; Mais là, l’expo et le catalogue détaille bien ce lien très particulier
Quand va-t-on retrouver les musées ? Heureusement, il y a les livres …
Oui, heureusement ! Ils comblent nos besoins de découverte …