L’école de la réconciliation
Un professeur à Drancy
Beaucoup de réticences à lire un énième témoignage d’un professeur, Jérémie Fontanieu, qui affirme avoir trouvé une méthode infaillible pour réduire l’échec scolaire, comme le prétend la bande de cette essai nommé L’école de la réconciliation !
L’effet de loupe des différents reportages des médias avait suffi à m’en éloigner. Seulement, pour sa première rencontre de l’année, ma librairie organisait sa venue. Alors, comme une élève qui veut se la jouer “bonne élève”, deux jours avant, je me suis résolue à le lire.
Dés les premières pages, je fut surprise par sa sincérité. En effet, rares sont les enseignants capables d’exposer leurs doutes, leurs échecs sauf en privé !
Mais, comment Jérémie Fontanieu allait tenir les quelques deux cents pages de cet essai en exposant une méthode qui pourrait se résumer par : distance- exigence et ce mot si barbare de notre institution de co-éducation ? Car, ce ne sont pas les enseignants qui partagent l’éducation mais les parents qui acceptent qu’une partie de celle-ci soit assumée par des professeurs, que le système leur impose généralement.
Seulement Jérémie Fontanieu décrit son parcours, l’entrecoupant de portrait d’adolescents suffisamment justes pour que chaque enseignant, chaque éducateur, chaque parent y associe un jeune qu’il connait.
Ces interludes dans la présentation de sa démarche forment des bulles de vitalité de la réalité enseignante. Car, dans L’école de la réconciliation rien est omis, ni la souffrance au travail, ni la solitude du professeur, ni les conditions d’apprendre des élèves, etc.
Bref, rien de particulièrement nouveau dans cette stratégie, sauf la posture de l’enseignant! Et, c’est là toute la différence.
Jérémie Fontanieu construit sa “pédagogie”, ce mot si décrié actuellement, sur ses doutes, ses interrogations, mettant son intelligence, sa finesse de compréhension des personnalités de ses élèves au service de leur réussite, de la recherche des éléments qui leur permettra de changer leur image d’élèves moyens en adolescents réfléchissant, capable d’argumenter et de discuter leurs apprentissages.
En exigeant de tous l’investissement personnel nécessaire à tous apprentissages, le professeur leur signifie sa confiance en leurs possibilités pour développer leurs capacités. Et 100% de réussite au Bac, pendant plusieurs années, ce n’est pas rien, surtout dans un département où les jeunes sont estampillés “cas soss” par d’autres.
Cet essai n’est pas uniquement destiné aux enseignants. Il doit s’ouvrir à un public plus large. Car, ici, se trouve la définition de ce qu’est un bon enseignant, c’est à dire celui qui s’interroge sur ce qu’il va changer dans son attitude, sa prestance, son enseignement pour permettre à ses élèves de, non seulement progresser, mais de se dépasser pour connaître le goût d’apprendre sans laisser personne au bord du chemin.
Puis quelques extraits
Son corps dominait la table parce qu’elle avait goûté au surplomb et qu’elle ne voulait plus revenir en arrière; Gaëlle conquérait, et dans sa revanche sur la douleur des premières semaines il y avait la promesse d’une vie nouvelle.
Je vivais simplement ce que les enseignants-stagiaires vivent tous, ce que les enseignants chevronnés suffisamment ambitieux pour faire leurs cours chaque année, vivent eux aussi, et qui prend un temps et une énergie si grands.
Entre mes élèves de Gagny et mes amis et moi, il n’y avait dans le fond qu’une différence majeure, que l’on a déjà évoquée mais qu’on ne rappellera jamais assez : les connaissances extra-scolaires qui permettent à un élève dont les parents ont fait des études supérieures de s’en sortir sans gros efforts.
Et encore,
– dans le fond, j’avais appris de mes débuts à jouer un rôle comme le font tous les enseignants, et cette posture nouvelle ne constitué qu’une subtilité de plus à intégrer.
Amuser la galerie ne lui permettait certes pas d’aborder les sujets fondamentaux en ce qui le concernait-la relation compliquée avec son père, le rapport ambigu à ses origines, revendiquées aussi fort qu’il les connaissent peu, et les horizons intellectuels et spirituels auxquels Ryad devait bien aspirer dans le fond.
L’expérience de Gagny m’avait appris que je ne voulais pas être simplement de passage sur la route des élèves, je voulais et surtout pouvais leur faire vivre une mise au travail aux conséquences majeures, durables.
Personne ne m’avait dit que l’exercice de mon métier possédait des limites qui n’étaient qu,’apparentes.
-on n’échappe jamais tout à fait à la traces traumatismes dont on a hérité.
Et encore, encore
L’adolescence à Drancy est particulièrement ardue, dans un pays où l’égalité des chances est une chimère, dans un pays où les employés et les ouvriers sont sous représentés politiquement, médiatiquement, artistiquement, dans un pays où les représentations des catégories populaires, des banlieues, des musulmans souvent caricaturales, si ce n’est insultantes. Non seulement tout cela n’est pas déjà facile psychologiquement et socialement, donc, mais à cet environnement compliqué viennent parfois s’ajouter à la maison divorces, violences conjugales, disparition du papa, de la maman, du grand frère ou parfois.
Lorsque les violences du métier deviennent écrasantes, les personnels de l’Éducation nationale font parfois face à une bureaucratie silencieuse, en apparence impuissante ou passive et qui semblent souvent préoccupée par la volonté politique de “ne pas faire de vagues”: absence de médecine du travail, non reconnaissances des maladies professionnelles, silence vis-à-vis du harcèlement entre collègues ou de situations ponctuelles explosives avec un élève, avec une famille, etc, Difficile d’affirmer que l’administration est délibérément malveillante, et pourtant la grande majorité des personnels de l’Éducation nationale la voie comme l’un des principaux obstacles à leur bien-être professionnel.
Ici en bref

Du côté des critiques
Marianne – Le Pélerin –
Rencontre Librairie
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projet.reconciations@gmail.com
Questions pratiques
Jérémie Fontanieu – L’école de la réconciliation
Un professeur à Drancy
Instagram : @jfontanieu
Éditeur : Les liens qui libèrent
Twitter : @editionsLLL Instagram : @les_liens_qui_liberent
Parution : 31 août 2022
EAN : 9791020910073
Lecture : Novembre 2022
Bonsoir Matatoune. Je viens d’une famille d’enseignants. Tout ce qui peut éviter l’échec scolaire est important. Bonne soirée
Oui, très important !
Je me dis quand même qu’être prof de nos jeunes actuels reste un sacré défi et il est heureux de rencontrer des enseignants qui ont encore la foi. Il y a des bons et des moins bons partout ! Je le vois avec mon fils diagnostiqué TDAH sur le tard. Il y a encore quelques profs qui n’y croient pas un quart de seconde, et d’autres qui mettent en place de vrais plans pour l’aider !
Belle mise en avant d’un titre qui pourtant ne t’attirait pas !
Oui, les jeunes différents ont quand-même bien du mal à être accueillis avec les adaptations qui leurs sont nécessaires. Et, chaque année, il faut en début d’année repartir au combat et quelque fois, malheureusement, faire le deuil d’un prof bienveillant ! C’est d’une grande injustice et je crois, sans jouer les vieilles nostalgiques, je crains que cela ne s’améliore pas 🙂
Merci Mata 🙏
J’ai plusieurs enseignants dans ma famille. C’est un métier difficile actuellement.
Je suis très intéressée par ce livre.
Oui, et encore plus actuellement, tu as raison 🙂 Bonne continuation
Ta chronique sait mettre en valeur ce livre, comme toujours. Toutefois je ne me sens guère concernée par ce sujet. Bonne semaine
Oui, je comprends ! Bonne journée 🙂
Nice post
Merci. Bonne continuation