Giacometti – Musée Maillol

Depuis quelques années, Giacometti est présent à Paris. En 2017, c’était lui qui s’invitait chez son ami pour l’exposition Giacometti chez Picasso . Puis, son amitié avec d’autres peintres était décrit au Musée d’Art Moderne pour l’exposition Derain, Balthus, Giacometti Une amitié artistique… . En 2018, sa fondation ouvrait dans le quartier Montparnasse avec l’exposition   Fondation Giacometti et Jean Genet.

Aujourd’hui, c’est le Musée Maillol qui recentre l’œuvre de Giacometti ( plus de cinquante sculptures présentées) avec vingt-cinq autres de ses contemporains dans l’exposition « Giacometti entre tradition et avant-garde ». C’est ainsi les sculptures de Rodin, Bourdelle, Maillol, Despiau, mais aussi Brancusi, Laurens, Lipchitz, Zadkine, Csaky ou encore Richier qui sont présentées aussi. En suivant un parcours chronologique, l’évolution de l’art de Giacometti y est décripté.

Influencé par l’art moderne, j’ai subi une évolution. J’ai été successivement exotique, surréaliste et abstrait. Alberto Giacometti 

Lors de son arrivée à Paris, de 1922 à 1927, le suisse Giacometti fréquente l’atelier de Bourdelle devenant son praticien à l’Académie de la Grande Chaumière au cœur de Montparnasse où se trouve tous ses contemporains.

Diégo, son frère, le rejoint dès 1925, et il s’installe peu après dans son propre atelier. Il va s’éloigner de son maître en reprenant les axes de création des artistes d’avant-garde et en se rapprochant du post-cubisme et des arts extra-occidentaux.

Le couple – 1927 –

Cette œuvre est exposée au Salon des Tuileries à coté des sculptures de Brancusi, Zadkine, entre autres, que Giacometti admire tant et qui commencent à être reconnues.

Tête de femme (Flora Mayo) – 1926 –

Flora Mayo est une sculptrice que Giacometti a rencontré chez Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière.

Certains sont ses ainés de quelques années : Joseph Csazy ( 1888-1971), le premier à adapter le cubisme à la sculpture – Ossig Zadkine ( 1890 – 1967)    – Jacques Lipchitz ( 1891-1973)

Baigneuse IV-1917-Jacques Lipchitz

Tout au long de sa vie, Lipchitz se revendique cubiste.

Jeune fille – 1927 – Joseph Csaky
Accordéoniste – Ossip Zadkine – 1922/1926

La galeriste Jeanne Bucher le présente à Jean Cocteau et André Masson, mais aussi au couple Noailles. En 1930, il devient membre officiel du mouvement surréaliste avec Breton en chef de file. Man Ray le photographie, tout comme il rend compte de l’activité du groupe.

Man Ray, Jean Arp, Yves Tanguy and André Breton. Premier rang : Tristan Tzara, Salvador Dalí, Paul Éluard, Max Ernst and Rene Crevel
Le baiser – Brancusi

Contrairement à brancusi qui considère qu’une sculpture est unique, Giacometti réalise ses bronzes avec un certain nombre de tirages.De plus, le plâtre est un matériau à part entière et non une étape de la réalisation d’une sculpture.

« La sculpture est pour lui un moyen de reproduction. » Beaux-Arts

Exposé en 1934 à Manhattan grâce à  Pierre Matisse, Giacometti intègre alors le haut-lieu du surréaliste. D’ailleurs, le MoMA, dès 1930, acquiert ses œuvres. Alors qu’il faudra attendre sa mort pour qu’une première exposition soit organisée en France.

Couple – 1925/1927
Verre et bouteille – 1917 – Henri Laurens

Au décès de son père en 1933, Giacometti opère un changement et en 1935, il reprend la sculpture d’après nature. Il se sépare aussi du groupe des surréalistes même s’il continue à exposer avec eux. Il continue ses recherches sur les sculptures de têtes d’après nature. Aussi, Giacometti engage un modèle professionnel : Rita Gueyfier. C’est aussi un travail en série le faisant varier en variant les matières, de peinture ou sculptures en passant par le dessin, absence ou présence de socle, etc.

Têtes de femme (Rita) 1936
Tête de femme (Rita) – 1936

Son frère Diego est son principal modèle. Il repart en Suisse en 1942 et ses œuvres se réduisent fortement.

Petit buste de Silvio sur socle –               1944/1945

Annette Arm rencontre Giacometti à Genève en 1943 et l’épouse en 1949. Elle s’installe à paris avec lui et dispose d’un petit atelier à côté du sien.

Petit buste d’Annette – Vers 1946
Tête de Marie-Laure de Noailles sur double socle – 1946

Très rapidement, Giacometti se met à installer ses têtes sur des socles massifs tirés du plâtre et retravaillés au canif. Comme Rodin, il en fait un sujet de réflexion artistique. Plus tard, il présentera la même composition sur des socles différents pour en changer la perception.

Simone de Beauvoir – 1946

Inspiré par la petite « Rieuse » de Bourdelle, Giacometti esquisse à grands traits le portrait de Simone de Beauvoir.

« Représenter quelqu’un non comme on le connait, mais comme on le voit. « 

Beethoven, petite tête sur socle – 1903 – Antoine Bourdelle

Bourdelle voue une admiration importante à Beethoven.

A partir des années cinquante, Giacometti travaille à des compositions plus complexes à partir de figures qu’il considérait avoir raté. Il a l’idée de les réunir sur un plateau appelé par Sartre « petites sociétés magiques ».

Il est vrai que ses personnages pour avoir été destinés à périr dans la nuit même où ils sont nés, sont seuls à garder, entre toutes les sculptures que je connais, la grâce inouïe de sembler périssables. Jamais la matière ne fut moins éternelle, plus fragile, plus près d’être humaine. Jean-Paul Sartre

               La forêt – 1950

Le succès vient avec les premières rétrospectives à New-York et à Londres en 1950. Ce sont les Noailles qui le fait entrer au Musée National d’Art Moderne de Paris. Et, puis son amitié avec Aimé Maeght lui ouvrira les portes à Saint-Paul-de-Vence de sa fondation.

« Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitte le monde pour une solitude temporaire mais profonde. L’art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu’elle les illumine. » Jean Genet

          Les bourgeois de Calais – 1885 – Rodin

Pour cette commande de la ville de Calais pour commémorer la guerre de cent ans, Rodin propose un groupe d’hommes graves qui vont vers une mort certaine. Après avoir travaillé sur chacun une émotion différente, il les recouvre du vêtement du condamné.

             Détail des bourgeois de Calais

Détails des Trois Nymphes de la prairie – Aristide Maillol – 1930/1937

Germaine Richier (1902-1959 ) a connu Giacometti lorsqu’ils étaient ensemble chez Bourdelle. En 1930, elle s’installe dans son atelier et sculpte avec modèles. Exilée en Suisse avec son mari pendant la guerre, elle revient à Paris vers 1946. La feuille est un être hybride par les empreintes figées dans le corps.

La feuille – Germaine Richier – 1948 –

            L’homme traversant une place – 1949 –
Saint Jean-Baptiste – Auguste Rodin-1890-
L’homme qui marche II -1960 –

Un parallèle est fait dans l’exposition entre l’homme qui marche et le St Jean-Baptiste de Rodin.

Sources

  • 9791020404855_giacomettientretraditionetavantgarde_2018-340x440.jpg

  • L’art et la matière – France Culture – Giacometti – 2017 –

Questions pratiques :

Le site du Musée Maillol

Giacometti- Entre tradition et avant-garde- Musée Maillol

Du 14 septembre 2018 au 3 février 2019

7 commentaires

  1. Encore une belle chronique.
    As-tu lu « 37, étoiles filantes » le dernier roman de Jérôme Atall dans lequel il met Giacometti en scène dans le Montparnasse de 1937?

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