
ALBERTO GIACOMETTI / ANDRÉ BRETON.
Amitiés surréalistes
Alberto Giacometti et sa proximité avec André Breton, pape du surréalisme, et plus largement le groupe des surréalistes, sont l’objet de cette exposition qui se termine dans quelques jours. Leur amitié ne dure que cinq ans, temps court certes mais, semble-t-il, intense pour la création du sculpteur.
Vue l’exiguïté de la Fondation Giacometti, peu d’espace pour présenter l’exposition. Pourtant l’essentiel est mis en valeur. Car, la boule suspendue prêtée par le Centre Pompidou siégeait au milieu du bureau de Paul Follot reconstitué.
Un brin d’histoire

A son arrivée à Paris âgé d’une vingtaine d’année,et envoyé par son père, Giacometti ne connait personne. Il parle plusieurs langues dont le français. Il va fréquenter Man Ray, Louis Aragon, Alexander Calder, Jean Cocteau, Marx Ernst, Jean Arp, Miro, mais surtout Georges Bataille et . Et, il commence à exposer. D’ailleurs Anna de Noailles lui achète plusieurs sculptures.

Le groupe surréaliste est né en 1924 dans plusieurs endroits. A Paris, c’est autour d’André Breton, mais aussi Aragon et Eluard. En 1927, Aragon et Eluard adhèrent au Parti communiste et y entraine Breton.Seulement, le surréalisme se réclame du rêve et de l’onirisme, à l’inverse d’un mouvement politique qui s’inscrit dans la réalité.
Au cours d’un des “séminaires” de travail du groupe surréaliste au Café Blanche, il devient évident que la réponse à ce dilemme est la production d’un objet qui représente le rêve mais en tant qu’objet s’inscrit dans le réel. Breton charge deux membres dont Salvator Dali de chercher et de trouver cet objet.

Giacometti fréquente Georges Bataille auquel il restera attaché toute sa vie, jusqu’à le soutenir financièrement lorsqu’il en aura besoin. Bataille est un dissident du groupe surréaliste. Il a crée la revue Documents auquel participe entre autres Michel Leiris et Robert Desnos. Il est pour la libération sexuelle, lui surnommé à l’époque ” le bordel s’est substitué à l’église“, évoquant le virage entre sa jeunesse et sa jeune vie d’adulte, alors que Breton est beaucoup plus “classique” sur ce point !
La Boule suspendue prêtée par le Centre Pompidou.
Toujours envie de faire bouger le fil pour en éprouver l’impossible balancement
Certainement que Alberto Giacometti a entendu parler de la recherche de l’objet, lui qui déjà réalise des têtes plates. Il compose la Boule suspendue et l’expose dans une galerie avec d’autres. Dali la remarque, il a trouvé enfin son « objet à fonctionnement symbolique ».

En visitant l’exposition, Breton tombe en extase devant cette sculpture. Il l’achète et la gardera toute sa vie.
Dans une cage sans barreaux évoquant un lit à baldaquin, la boule fendue est suspendue juste au-dessus d’un croissant dont l’arête saillante correspond parfaitement au creux de la sphère qui la surplombe. Une irrépressible pulsion voudrait que l’on mette le balancier en action pour apprécier l’emboîtement des deux éléments, mais leur inclinaison empêche tout mouvement, autorisant à peine un frottement. Télérama
Évidemment, Breton souhaite rencontrer cet artiste dont la création correspond complétement à ses réflexions. Ça y est Giacometti est admis dans ce cercle très fermé.
Amitié tourmentée

Cette amitié n’a pas été simple. Giacometti aimait sa liberté. De plus, ses difficultés de relations avec les autres ont mis à distance l’emprise de la personnalité de Breton. Donc, ce fut amour et haine pendant 5 ans.

La Boule suspendue

Les uns y voient l’évocation d’un désir inassouvi. Les autres un balancier empêché. Qu’importe, chacun y projette son propres imaginaire. A partir de cette sculpture, Dali s’installera dans la création surréaliste. Breton la verra comme une œuvre fondatrice.
Giacometti la présente, (…) dans sa lettre à Pierre Matisse (…), il reviendra sur la nécessité qu’il ressentait alors de traduire le mouvement réel de la main, par où s’effectue le mécanisme du désir : cette nécessité « muette », énigmatique, ressortissait pour lui au fantasme inconscient Centre Pompidou.
En 1934, Alberto Giacometti est le témoin de Breton lors de son mariage avec Jacqueline Lamba. Il lui offre un exemplaire de la Boule suspendue en bois et fer, différente donc de celle acheté à la galerie qui était faite en plâtre. D’ailleurs, elle figure au centre du mur des objets de Breton comme l’a reconstitué le Centre Pompidou.

Rupture
La rupture intervient en 1935. En produisant la Femme qui marche, Giacometti rompt avec le mouvement surréaliste en produisant le portrait d’une femme, en fait la réalité ! Néanmoins, Giacometti entretiendra toujours une relation individuelle avec beaucoup d’entre eux.

Pour aller plus loin
Alberto Giacometti – L’objet invisible
Commissaires : Serena Bucalo-Mussely, conservatrice Fondation Giacometti
En collaboration avec Constance Krebs, directrice éditoriale, Association Atelier André Breton
Sources
Les regardeurs – Jean de Loisy et Sandra Adam-Couralet – France Culture
Le Surréalisme et l’objet- Exposition du Centre Pompidou en 2014- Commissaire : Didier Ottinger
Questions pratiques
ALBERTO GIACOMETTI / ANDRÉ BRETON.
Amitiés surréalistes
Du 19 janv. au 10 avril 2022
Fondation – Giacometti – Institut
Twitter : @FAAGiacometti Instagram : @fondation_giacometti
Directrice : Catherine Grenier
Article très instructif ! Merci ! J’ai appris des choses ! Bon week-end !
Sans cette expo, je n’aurai pas mesuré les liens étroits de création qui ont uni les deux hommes. 🙂
Merci Mata pour ce partage passionnant. 🙏👏
Bonne soirée😙
Très bon week-end aussi 🙂
oui très interessant, et puis Breton, c’est quand même Nadja, quoi !
Ouiiiii 🙂
Je ne connaissais ni cet objet ni son histoire. Merci pour ce partage très intéressant, comme tous tes articles. Bon week end
Merci à toi. Bon we à toi