Et tu n’es pas revenu – Marceline Loridan Ivens – Judith Perrignon

Lorsque Marceline Loridan Ivens est décédée en septembre de cette année, j’ai cherché à savoir si ce livre, au titre si explicite, était supportable à lire. Pas de réponse dans mon entourage! Et, puis,  Jean-Pierre Viale sur son site “Mes belles lectures” l’a chroniqué et d’un coup, l’envie est redevenue impérieuse ! 

Même à plus de 80 ans, lorsqu’elle écrit à quatre mains ce livre, Marceline Loridan-Ivens reste cette jeune ado qui a 15 ans est arrêtée avec son père par la milice française au service des SS. Il lui a dit “Toi, tu reviendras peut- être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas” un jour d’avril 1944 au camp de Drancy avant de partir, elle pour Birkenau et lui pour Auschwitz. 
Comme un cadeau, Shloïme (ou Salomon) donne à sa petite fille à la chevelure de feu le droit de vivre coûte que coûte ! Marceline Loridan -Ivens explique dans cette autobiographie combien ce fut à la fois lourd à porter, mais aussi, combien cette protection l’a aidée sur la route de sa vie.

Lorsque le temps se fait plus long et que les tempes se grisent, il est souvent le moment où on peut dire ce qui a été le moteur de sa vie. Marceline Loridan-Ivens s’y autorise enfin ! Et elle raconte le froid, la peur, la dégradation, les injures, l’absence d’avenir, la survie, la faim …Et, surtout l’inhumanité des tortionnaires avec toujours, l’odeur des corps gazés ! Et, pourtant, la solidarité était indispensable ! Ces gestes qui resteront comme autant d’espoir contre la folie humaine ! Et, pourtant, lorsqu’elle est revenu même sa mère n’a pu l’écouter ! Et, Les autres de sa famille lui en voudront à elle d’être là alors que lui, il n’en est pas revenu !

Comment faire pour que ce livre soit lu, commenté, discuté ! Car, notre époque a besoin de ses témoignages qui nous rappellent que la vigilance doit être toujours de mise car, rien n’est jamais acquis!

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Je sais maintenant que l’antisémitisme est une donnée fixe, qui vient par vagues avec les tempêtes du monde , les mots, les montres et les moyens de chaque époque. (…) Il est profondément ancré dans les sociétés.

Mais pour vivre comme mes oncles avant moi, et jusqu’à la déraison, qu’on peut changer le monde.

Et si je suis restée sèche, menue, c’est parce-que j’ai souvent pensé devant ma glace, dix, vingt ou trente ans plus tard. Faut que je reste mince et svelte pour pas passer au gaz la prochaine fois.

Survivre vous rend insupportable les larmes des autres. On pourrait s’y noyer.

Il fallait que la mémoire se brise, sans cela je n’aurais pas pu vivre.

Il était malade des camps sans y être allé.

Il faut vieillir pour accéder aux pensées de ses parents.

a noter

Et tu n’es pas revenu – Marceline Loridan -Ivens

Judith Lorignon

Éditeur : Le livre de poche

Parution : Août 2016

ISBN : 2253095060

Lecture : Décembre 2018

21 commentaires

    • Ravie de te revoir ! Mais, je ne reçois toujours pas tes posts…Bonne journée !

  1. Un bien bel article qui fait écho à ma dernière lecture : ma vie balagan de Marceline Loridan-Ivens. Oui, c’est une femme qui mordait dans la vie à pleines dents. Une belle leçon de vie…

  2. Je ne l’ai toujours pas lu faute de temps. j’aimais bien cette belle dame rousse, l’écouter est un plaisir (encore plus émouvant maintenant qu’elle a tiré sa révérence…)
    je n’arrive plus à lire des livres sur ce thème (j’en ai beaucoup lu…) peut-être parce que les haines sont de retour…
    le dernier doit être bien aussi 🙂

  3. Merci, je m’interrogeais également sur ce livre et cela me donne encore plus envie de le découvrir! Je suis d’accord avec vous sur le fait qu’il ne faut pas « perdre la mémoire »… Des livres tels que celui-ci ou encore « Où passe l’aiguille » de Véronique Mougin ou « Idiss » de Robert Badinter traitent de façon différente mais oh combien interpellantes les facettes du nazisme et des exactions commises au nom du « racisme anti-tout ce qui ne plaît à une certaine catégorie de personnes »…

    • Le Idiss de Badinter me tente aussi ! Que j’aime la simplicité de cet homme ! Joyeuses fêtes !

    • Non, pas dure car Marceline, qu’elle veuille bien m’excuser de cette familiarité là où elle est, est une femme sereine, gaie et aimant la vie ! La situation est arrivé contre horrible! Bonne fête en famille !

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