Jean-Christophe Buisson

Le noir et le brun

Au Top de mes plus beaux livres pour les fêtes

Jean-Christophe Buisson publie Le noir et le brun, une anthologie sur l’histoire mondiale du fascisme et du nazisme de 1919 à 1946, présentée de façon chronologique et illustrée. Très agréable à découvrir, cet essai facile d’accès propose une documentation sérieuse, diversifiée et animée.

En 2016, Jean-Christophe Buisson publie l’essai 1917, L’année qui a changé le monde. Sa présentation et son traitement de l’information ont remporté un vif succès. Le journaliste historien a repris les mêmes ingrédients pour Le noir et brun.

A partir d’une présentation innovante, le recueil propose une chronologie commentée avec une illustration riche et rare, ponctuée d’une vingtaine de portraits de personnalités culturelles ou politiques de premier plan, souvent négligées par la postérité.

L’histoire est découpée en trois grandes parties. De 1919 à 1932, la première balaye le rayonnement de l’Italie fasciste. Lors de la seconde période (1933 à 1940), Hitler en imposant son racisme antisémite amène une rupture totale avec le fascisme. Et après 1941 jusqu’en 1946, c’est la défaite de tous les totalitarismes jusqu’à leurs chutes.

Par sa publication, Le noir et le brun explique la triste date du centième anniversaire de la présentation au public de Mussolini via La marche de Rome, ouvrant l’ère du fascisme. Celui-ci fut amplifié, dix ans plus tard, par l’avènement d’Hitler avant de plonger le monde dans l’enfer de la guerre mondiale. Puis, il a connu une fin tragique, scellée par le procès de Nuremberg.

Jean-Christophe Buisson montre bien que le fascisme et le nazisme plongent leurs racines dans le traumatisme de la première guerre mondiale, même s’ils divergent sur de nombreux points. Par contre, ils convergent dans leur haine des démocraties occidentales et leur volonté d’ériger un État totalitaire, conquérant et absolutiste.

Une des grandes richesses de ce livre, qui en compte beaucoup, est de montrer le caractère mondial de l’attraction qu’ils ont suscitée, non seulement en Europe mais dans le monde entier. Ainsi, le nombre d’État-croupion, de partis frères sans oublier le Japon, troisième pilier de l’Axe sont considérables.

Comme à son habitude, Jean-Christophe Buisson englobe tous les aspects de l’histoire, celle culturelle, politique, diplomatique et militaire démontrant une perspective innovante. De plus, l’essai est magistralement illustré de représentations méconnues ou oubliées. Des petits portraits illustrés rendent vivants cette litanie de l’horreur.

Le noir et le brun est un livre événement de Jean-Christophe Buisson promis au rang futur d’incontournable de la période de l’avènement du fascisme et de l’hitlérisme. C’est un essai riche, vivant et accessible ! A mettre entre toutes les mains passionnées par l’Histoire. vagabondageautourdesoi;com - Jean-Christophe Buisson

Remerciements

à Chams des @EditionsPerrin pour #Lenoiretlebrun de @jchribuisson

Puis quelques extraits

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C’est-à-dire un système politique qui se définit par un usage permanent de la violence physique ou psychologique, une économie dirigiste, l’absence de débat politique, l’instauration d’un parti unique, l’écrasement de tout corps social intermédiaire. un contrôle quasi absolu de la culture et de l’éducation. le musellement de l’opinion publique. Un culte du chef divinisé, une radicalisation continue de son discours et de sa pratique du pouvoir, etc.

Lors d’une réunion du NSDAP, un des militants suggère que le drapeau du parti comporte les couleurs rouge, blanc et noir: » le rouge signifie que nous sommes socialistes, mais des vrais, pas des phraseurs ; le blanc que nous voulons être nationaux; et la croix gammée noire que nous sommes farouchement antisémites ».

29 mai 1922
Dans un discours à Munich, Hitler elle met qu’il partage le même objectif que les partis traditionnels de droite (la libération de l’Allemagne), mais « non par la voie parlementaire et démocratique, mais en imposant par la violence des forces nationales saines ».

Le dramaturge italien Luigi Pirandello, devenu célèbre grâce à Six personnages en quête d’auteur (1921), publie dans le journal pro gouvernemental l’Impéro une lettre ouverte dans laquelle il annonce son adhésion au Parti national fasciste.

Si la décision du parti nazi de faire revêtir à ses miliciens une chemise uniforme fait écho au mouvement fasciste italien, le choix de sa couleur, lui, n’est porteur d’aucune symbolique : il correspond très prosaïquement à l’opportunité qu’ont eu les dirigeants du NSDAP d’acquérir à un prix modique un stock important et disponible rapidement de chemises militaires tropicales de couleur brune…

28 novembre 1930
Des militants des Comités nationalistes de la Seine perturbent la première projection du film de Luis Busnuel L’âge d’or, film surréaliste blasphématoire se moquant principalement des prêtres et des bourgeois, incarnation, dixit le cinéaste espagnol, d’une société en putréfaction qui essaie de se survivre en utilisant les prêtres et les politiciens » .

Et encore,

18 septembre 1931
Fille du demi-frère d’Adolf Hitler , Geli Raubal se suicide dans l’appartement de Munich où elle vivait avec son oncle et amant. Âgée de près de vingt ans de moins que lui, elle ne laisse aucune explication sur son geste. Jalousie vis-à-vis de sa rivale de dix-sept ans, Eva Braum, l’employée du studio de photographie Hoffman dont Hitler semble s’amouracher ? Refus de poursuivre une relation toxique avec un homme jaloux et possessif, qui, en outre, exigerait des relations sadomasochistes? Seule certitude : avec Geli disparaît la dernière personne avec qui le Führer entretenait une relation réellement affective. Désormais ne comptent plus pour lui que le parti et la conquête du pouvoir.

À Rachele, sa femme , il ( Mussollini, ) déclare que  » Gandhi est un saint. Un génie, qui se sert d’une arme inconnue en politique  » la bonté  » .

6- 21 août 1932
Premier Festival international du film de Venise, baptisé la Mostra. (…) L’événement offre une publicité prestigieuse au régime fasciste.

26 avril 1937
Dans le Pays Basque espagnol, des bombardiers de la légion Condor rasent la petite ville de Guernica, faisant des centaines de victimes civiles. La Légion Condor est unité allemande de 6000 hommes, 1000 véhicules terrestres, 72 chars, quelques dizaines de pièces d’artillerie et une centaine d’avions créé au début de la guerre civile espagnole par Hitler pour soutenir les armées franquistes. Organisée par Hermann Goering, la Luftwaffe naissante a notamment permis le transport des troupes de nationalistes sur le continent depuis le Maroc espagnol en juillet et à août 1936

7 octobre 1937
L’archevêque de Paris, Mgr Verdier, adresse une lettre ouverte au primat d’Espagne, Mgr Goma, dans laquelle il assure de son soutien dans  » la lutte titanesque entre la civilisation chrétienne et la prétendue civilisation de l’athéisme soviétique » .

Et encore, encore

5 novembre 1937
Lors d’une réunion secrète à la Chancellerie du Reich de Berlin, Adolf Hitler annonce aux dirigeants de l’armée et aux hauts responsables de la politique étrangère allemande ( Hermann Göring, Kontzntin von Neurah, Erich Raeder. Werner von Blomberg et Werner von Fritsch) qu’il envisage une guerre d’ici cinq ans afin d’agrandir  » l’espace vital » européen nécessaire à l’expansion du peuple allemand.L’aide de camp du Führer, Frédéric Hossbach, rédigé un compte rendu attestant du déroulement de cette réunion.

Paul Hoonaert transforme la Légion nationale belge, qui regroupe quelques centaines de vétérans de la guerre, en milice paramilitaire sur le modèle fasciste. Ses 4000 adhérents arborent des chemises bleues et prônent un identitarisme, ni wallon ni flamand. Parmi ces chefs figure l’écrivain Pierre Nothomb arrière-grand-père de la célèbre romancière belge.

5 juillet 1931
L’organe du Vatican. L’observatore Romano, publié l’encyclique de Pie XI Non abbiamo besogne (  » Nous n’avons pas besoin « ) promulguée quelques jours plus tôt par le pape. Rédigée en italien et non en latin, elle est dirigée contre l’État fasciste dont elle condamne  » la statolâtrie païenne  » et affirme l’incompatibilité d’un État qui  » accapare les jeunes générations, entièrement et sans exception, du plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte  » avec la doctrine de l’Église catholique.

Et encore encore encore

Octobre 1937
Figure du Paris des années folles, ami de Renoir, Desnos, Soutine, Modigliani et Kiki de Montparnasse, l’artiste Foujita, revenu dans son pays natal au printemps, se lance dans la
peinture de batailles après avoir visité le front chinois au sein de l’armée impériale japonaise. Je deviens pendant quelques mois un pilier de l’association artistique de l’armée et une figure de proue des peintres de guerre. Parmi ces œuvres de propagande figure notamment Combat final à Attu et les Japonais de Saidan préfèrent la mort par suicide au déshonneur.

Bientôt, la SA ne se contentera pas de faire office de simple service d’ordre dans les meetings nazis, mais de milices pour les combats de rue contre les communistes ou les socialistes. Régie selon un ordre quasi militaire (avec grades et récompenses), elle devient peu à peu une structure armée tolérée par le gouvernement, et voilà l’occasion de contourner l’interdiction pour l’Allemagne de posséder une armée de plus de 100 000 hommes et un moyen de combattre indirectement les milices communistes.

3 mai 1933
Le magazine français Vu publie un reportage photographique de Marie-Claude Vogel sur les camps de concentration allemands de Dachau et Oranienburg.

1er juillet 1938
Près du château Renaissance qui domine le village de Wolfsburg est posée la première pierre d’une ville ouvrière destinée à abriter l’usine où sera fabriquée, sur les plans de Ferdinand Porsche, la voiture du peuple ( Volkswagen )allemande. La ville portera le nom de » Stadt des KdF- Wagens. ( KdF: Kraft durch Frédéric,  » La force de la joie », nom de l’organisation de masse nazie de loisirs, intégrée dans la structure syndicale unique au III Reich ) . Vendue moins de 1000 Reichtmarks.

Et enfin

« Cette fois-ci, Céline s’est trompé d’urinoir » lâche Georges Bernanos.

C’est-à-dire un système politique qui se définit par un usage permanent de la violence physique ou psychologique, une économie dirigiste, l’absence de débat politique, l’instauration d’un parti unique, l’écrasement de tout corps social intermédiaire. Un contrôle quasi absolu de la culture et de l’éducation. le musellement de l’opinion publique. Un culte du chef divinisé, une radicalisation continue de son discours et de sa pratique du pouvoir, etc.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Présentation chronologique
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Portait concis et précis, illustré
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Un autre portrait parmi la vingtaine présentée.
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Des illustrations

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Jean-Christophe Buisson-Le noir et le brun

Twitter : @jchribuisson

Éditeur : Perrin

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Parution : 3 novembre 2022

EAN : 9782072990878

Lecture : Novembre 2022

384 p. — 27,00 €

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14 commentaires

  1. Aussitôt dit aussitôt fait. J’ai commandé le livre sur Fnac.com, réception mardi. Nous en reparlerons ensemble lorsque je l’aurais lu et chroniqué. Encore une fois, merci pour ce précieux conseil lecture Matatoune 🙂

  2. Tu ne peux pas me faire plus plaisir que d’aborder la thématique de ce livre d’histoire globale. J’ai repéré ce livre en farfouillant sur la Fnac.com où je surveille les nouveautés histoire. Jean Christophe Buisson « Le noir et le brun » m’a tout de suite attiré. Je lis en ce moment un livre d’histoire de Jean Paul Bled « Les hommes d’Hitler », une succession de portraits saisissant de l’entourage du dictateur. Ta chronique tombe pile dans la période de l’histoire qui me passionne. J’ai fais plusieurs achats. Tu m’as convaincu pour « Le Noir et le brun » lorsque tu soulignes des illustrations peu ou pas vus jusqu’alors. Une mise en page attirante, une évolution chronologique et thématique (c’est toujours plus accessible). Ta critique est très réussie. Une brillante explication sur les attraits du livre de Jean Christophe Buisson. J’aime aussi beaucoup la série « Apocalypse » de Daniel Costelle et Isabelle Clarck. Pour une première approche de la période, c’est plutôt bien fait. Tu as vraiment de la chance de recevoir en service presse ce livre d’histoire. Merci Matatoune de nous présenter des livres d’histoire de cette qualité😊. Finalement, il n’y a pas tant que ça de blog qui parlent d’histoire. C’est peut-être juste une impression. Je peux me tromper.

    • Oui, c’est vrai.. peu de blog parle des sorties littéraires côté histoire. Je suis étonnée que l’éditeur ne t’ait pas contacté car j’ai souvent pensé à La culture dans tous ses états en voyant leur catalogue. Tente … J’avais repéré sa sortie et son précèdent sur l’année 17 était excellent. Je pense évidemment que c’est un livre à revenir le feuilleter pour avoir précisions, réflexions supplémentaires, etc. C’est pour cela que je l’ai classé dans mon top 10 des beaux livres que je vais dérouler ce mois ci, tout en respectant la variété, les sujets sérieux ou pas, etc. Merci d’avoir pris le temps de me lire si attentivement.

  3. un livre sans doute intéressant au vu des documents d’archive mais pas très gai pour des fêtes…enfin c’est perso. Bisous doux début de weekend

  4. Ce livre me passionnerait, il est riche de documents méconnus et offre un éclairage intéressant sur cette période. Bonne soirée

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