Je n’aurais peut-être pas lu Gaspard Koenig, si Humus n’avait pas fait partie des sélections des prix littéraires! Cette histoire de lombric, de lombrimix, de copulation de vers de terre ne me tentait que très moyennement, moi qui m’endors invariablement devant des documentaires animaliers. Mais la curiosité fut plus forte ! Et je ne le regrette absolument pas.
Gaspard Koenig saisit notre modernité au cœur de cette révélation, l’urgence écologique à changer notre façon de consommer pour assurer la survie de l’espèce. Sûr comme ça, pas envie de découvrir ce roman ! Alors, voici l’autre façon… La suite ici
« Derrière chaque livre se trouve un nom, une personne. En ce cas, détruire un livre équivaut à la destruction d’une vie humaine ». Marek Halter
Auteurs commençant par H.I.J.K de littérature générale
Avec ce roman au titre à rallonges, Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, Stéphanie Kalfon décrit les méandres du ressenti d’une mère qui tombe dans une incertitude envahissante jusqu’à se perdre complétement, seule c
Julie Heraclès donne une autre voix à la jeune femme photographiée par Robert Capa, le 16 juin 1944, que l’on nomme la “Tondue de Chartres”. En alternant les chapitres qui enchevêtrent le présent de l’arrestation et son passé, une Simone Grivise se raconte et se dévoile, différente de la femme photographiée, dans ce premier roman.
Dans la ville de Chartres, son enfance est assez choyée dans un foyer de commerçants. Sa mère est aigrie par les faillites successives et se réfugie facilement dans l’alcool. Son mari est toujours effacé et subit les invectives incessantes de sa femme. Néanmoins, assez rapidement, Simone découvre que cet homme n’est certainement pas son père. Madeleine, sa sœur, devenue institutrice, est considérée depuis toujours comme la bonne à tout faire de la maison.
Mais la petite Simone bénéficie d’un statut privilégié en intégrant des écoles privées tenues par des religieuses. Pourtant, elle se vit comme une victime, harcelée et dévalorisée. C’est en priant Sainte Bernadette qu’elle découvre la force de se battre. Simone garde une propension à se sentir victime, rejetée, incomprise et toujours mise à l’index.
D’ailleurs lorsque son amie Colette Klein est obligée de fuir les violences antisémites, Simone est incapable d’empathie et vit son départ comme un abandon et même une désertion !
Puis, vint l’adolescence où va s’accélérer toute son histoire! La suite ici
Ce qui fait la spécificité de l’historien Ivan Jablonka c’est son attachement à analyser notre monde contemporain à partir d’un des figures de l’époque étudiée.
Goldman n’est pas simplement l’étude de la biographie d’un chanteur devenu presque mythe. C’est une analyse en profondeur de ce que furent les générations des années 70/80. Mais, c’est aussi celle issue des juifs réfugiés de l’Europe de l’est, ce “Yiddishland”, comme l’appelle l’écrivain.
Essai à portée sociologique et historique, Ivan Jablonka démontre l’attachement profond du chanteur au travail bien accompli et à la défense des petits. Jean-Jacques Goldman est sorti de L’EDHEC et aurait dû devenir un cadre libéral offert au capitalisme délirant.
Mais, par opposition à ce frère qui s’est brûlé les ailes, Ivan Jablonka affirme que Jean-Jacques Goldman fuit aussi les criards. Ce sont les représentants de la révolution “jet-septisée”, auquel il se tiendra toujours éloigné.
Comme il le fait à chaque fois, l’historien compare son milieu à celui du chanteur. Et de son 14 ème arrondissement natal à la banlieue de Montrouge des Golmann, il n’y a pas loin, retrouvant ainsi les accents de sa jeunesse bercée aux mêmes valeurs. La suite ici
Le troisième roman d’Alexandra Koszelyk, L’archiviste, aborde très justement la manière d’effacer un peuple en détruisant sa culture, son histoire, son essence avec autant de réalisme que des armes !
La sœur de k, Milla, photographe de presse, est détenue par la bande de l’Homme au chapeau, représentant du pays agresseur, qui exerce un chantage artistique. Ainsi, il impose à k, archiviste de son métier, de détruire petit à petit toute la culture de l’Ukraine afin d’éradiquer son peuple, sa civilisation, son histoire. Ainsi, sa sœur sera libérée.
« Il ne s’agit pas de tout changer, vous l’aurez compris, mais seulement certaines parties, détourner quelques vers, mettre un mot à la place d’un autre, gommer un personnage sur un tableau, remplacer un chef d’État sur une photographie, détourner un objet folklorique de son usage premier. Vous voyez bien, ce n’est pas grand-chose ! Il ne s’agit même pas de destruction mais de réorganisation, voire de création ! De devenir l’autrice de cette nouveauté !»
Bien sûr, K trouve une manière créative de se soumettre au chantage tout en préservant les richesses de son pays. Néanmoins, le roman étant si proche de la réalité actuelle, je n’ai pu m’y plonger avec détachement et légèreté.
Alexandra Koszelyk a répondu à sa manière à l’invasion de son pays d’origine en se donnant pour mission d’expliquer ce qui fonde l’histoire et la culture de son pays. Du coup, force est de constater notre ignorance ! La suite ici
De son emprisonnement, cinq ans plus tôt dans une prison de Tunis, Pauline Hillier propose un roman poignant et édifiant sur la condition des femmes enfermées mais aussi de celles de ce pays.
Fin mai 2013, Pauline Hillier manifeste seins nus avec d’autres Femen devant le Palais de Justice de Tunis durant le procès de Amina Sbouï, militante féministe. Elle avait posté sur les réseaux sociaux une photo d’elle, seins nus, affirmant en commentaire « Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne ».
Séquestrée par des groupes extrémistes, elle décide de taguer un mur d’un cimetière pour dénoncer son traitement. Arrêtée, elle subit une peine d’emprisonnement de deux ans et demi pour possession de bombes aérosols et profanation d’un cimetière. Pour protester contre son arrestation abusive, deux Femen françaises, dont Pauline Hillier, et une allemande ont été incarcérées.
Pauline Hillier choisit dans ce roman Les contemplées de se présenter seule pour raconter son incarcération et donner voix, corps, histoires à ces femmes, parias d’un monde sous le joug d’un patriarcat absolu, oubliées et muselées, au fin fond de La Manouba, la prison de femmes, dans le pavillon D. La suite ici
Quel plaisir de retrouver l’excellent conteur qu’est Marek Halter ! Sa série « Les femmes de l’Islam » m’avait enchantée. Avec « La juive de Shangaï« , c’est l’histoire romancée d’une jeune femme qui a traversé presque le monde pour fuir l’enfer des nazis. C’est aussi une formidable histoire d’amitié, de celle qui permet d’avoir le courage de poursuivre son rêve.
Ruth, qui signifie « la compatissante », est l’héroïne de cette aventure du début du XXè siècle et plus précisément de décembre 1937 jusqu’en août 1945. Elle va traverser les épreuves de l’exil tout d’abord en l’Allemagne et devenir une presque célèbre couturière. Puis à son retour à Varsovie, chez son père, elle va reprendre sa place dans la famille et sa communauté.
Mais, le nazisme progresse et Ruth part sur le routes de l’exil tout en découvrant l’amour. Son chemin la mène jusqu’en Lituanie puis en Russie, et après le Japon puis pour finir dans la ville colonisée de Shanghaï.
Seulement, ce parcours, terriblement dangereux à travers l’Europe et l’Asie ne fut rendu possible que par l’amitié que Ruth, la solitaire, porte à une autre jeune femme, rencontrée par hasard. La suite ici
Avec Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel propose le récit d’une victime qui dès son plus jeune âge à refusé de l’être par orgueil, peut-être, par dépit, sûrement, et avec une extrême vigilance, sans aucun doute.
Un roman comme un hurlement, où Jeanne, la narratrice, n’en finit pas de traîner la maltraitance de l’enfance oscillant entre colères tonitruantes et culpabilités invalidantes, et pourtant, elle était sa préférée !
Ce court roman se lit presque d’une traite, tant Sarah Jollien-Fardel maitrise son style tiré au cordeau sur le fil de nos émotions. De sa mère et de sa sœur, elle sera celle qui fut la plus préservée des coups répétés, des insultes salissantes, des violences extrêmes déchainées pour rien. Tout le monde savait, mais personne n’en a rien dit. Le silence comme barrière infranchissable sur l’horreur !
Quand tout tourne autour du bourreau ! Quand l’air que le reste de la famille inspire est celui qu’il expire ! Quand tout s’arrête avec le bruit d’un moteur ! Quand … Que leur reste-t-il, sinon le dédoublement par le rêve. Du moins, c’est la voie choisi par l’une d’entre elles. L’autre se noiera dans le regard des autres. Et elle, Jeanne, n’en finira pas de se défier pour ne pas sombrer. La suite ici
Delphine Horvilleur s’empare du thème de l’identité pour produire un texte de colère, destiné à être joué sur scène dans un monologue incarné par le fils fictif d’Émile Ajar, écrivain fantoche, inventé par Roman Gary.
Quel superbe pied de nez que de s’interroger sur cette vague actuelle qui ne cesse de catégoriser pour nous enfermer dans des petites boîtes au point de ne plus pouvoir communiquer et échanger, en utilisant un personnage bidon, héros de papier, au talent crédible et reconnu par ses pairs.
Pour rappel, Roman Gary est le seul écrivain a avoir reçu le Goncourt sur deux noms différents aux sujets si différents prouvant par sa supercherie que la fiction peut permettre de se réinventer toute autre. La suite ici
Débarquer, le nouveau roman de Hugo Boris paru pour la rentrée littéraire 2022 raconte l’instant où, lors d’événements insupportables, la vie remporte contre la mort qui rode.
En conviant un vétéran venu revoir le lieu où sa vie à basculer, sur cette plage d’Omaha Beach, et une jeune femme, guide conférencière, qui vient de perdre l’homme de sa vie, Débarquer pose la question de cet instant où la mort est toute proche, mais où la vie triomphe !
Cinq chapitres pour raconter le débarquement du sergent Andrew, au côté de Gareth, pilote de la barge. Horreur et vision apocalyptique, les mots les révèlent présents, incontournables. Du coup, la peur des hommes se ressent parmi les tirs ennemis. Il ne reste plus à Andrew, pour retrouver le courage de traverser cet effroi, d’appeler sa mère. Mais une interrogation l’obsédera durant toute sa vie : ils sont tant tombés autour de lui, pourquoi pas lui ?
Puis, Magali investit Débarquer, seule à faire face aux pleurs de sa dernière, Albane, et aux insomnies d’Émilien. Sans nouvelle de son mari, elle essaye de continuer à vivre bien que ses pensées et son corps voudraient se fondre pour oublier l’inquiétude, la solitude, la peur et l’épouvante qui la saisit lorsque son esprit revient de façon obsédante auprès de son mari parti faire son jogging et qui n’ai jamais revenu.
Magali est guide conférencière à Colleville sur mer. On lui propose d’accompagner un vétéran de plus de quatre-vingt dix ans. C’est Andrew, à la fin de sa vie, qui est revenu pour revivre cette nuit qu’il n’a pu oublier.
De leur rencontre, Hugo Boris en fait un rapprochement improbable qui va permettre aux deux, que la vie a rendu solitaires, de se dépasser et de retrouver le goût de poursuivre leur vie. La suite ici
Une bibliothèque de la vie sans fin, c’est ce que propose Matt Haig dans son nouveau roman La Bibliothèque de Minuit paru en cette rentrée littéraire 2022 d’hiver.
Nora Seed veut en finir avec la vie et organise son suicide. Mais entre vie et mort, elle découvre un espace possible pour revoir sa vie et savoir si sa décision est sûre et certaine, La Bibliothèque de Minuit. Dans cet espace, Nora retrouve Madame Elm, sa bibliothécaire de jeunesse. Elle peut, avec son aide, feuilleter les livres de sa vie. Mais celui qui pèse le plus lourd est celui des regrets. Des regrets d’avoir pris les mauvaises décisions, qui encombrent son quotidien de « Si j’avais su … »,etc.
Tous ce qui fait que de ruminations en ruminations, la dépression envahit le quotidien et entraîne inexorablement vers le suicide. Matt Haig avoue avoir vécu il y a de nombreuses années ce genre de situation.
Cette bibliothèque extraordinaire donne l’occasion à Nora de reprendre des brins de sa vie avec des décisions légèrement différentes que celles réellement vécues. Mais dès qu’elle éprouve un regret, elle revient instantanément dans ce lieu particulier et retrouve son « moi racine ». Aussi, Nora a l’occasion de pouvoir effacer toutes ses erreurs et vivre toutes les vies qu’elle désire. La suite ici
Premier roman de Lou Kanche, Rien que le soleil, titre extrait du Barbe Bleue de Perrault raconte une année scolaire de la vie d’une jeune femme confrontée à ses rêves inassouvis d’une vie différente et son quotidien devenu, au fil des mois, banal et routinier. Une voix littéraire se découvre certainement en cette rentrée littéraire !
Norah Baume est une jeune professeure de Lettres mutée à Garches lès Gonesse en banlieue parisienne. C’est la rentrée dans son lycée. Débarque en retard dans sa classe un adolescent sûr de son pouvoir attractif, avec une confiance décuplée de son charme et qui s’amuse du trouble croissant de son enseignante.
L’ennui et le costume trop étriqué du professeur font que Norah a de plus en plus de mal à tenir son rôle, surtout que l’image de l’adolescent commence à l’obséder. La routine ne suffit plus à effacer le vide de son existence, comparé à ce qu’elle avait imaginé. De plus, il y a six mois, son père est décédé.
Norah continue à proposer ses cours en perdant de plus en plus son enthousiasme. Ainsi, avec un extrait de la Chartreuse de Parme de Stendhal, elle bâtit sa séquence pédagogique autour de la modernité du personnage en littérature : Alors, le héros, Fabrice Del Dongo est subjugué par la beauté d’un valet. Il arrête son geste criminel pour ne pas ternir cette image parfaite. C’est une métaphore du trouble ressenti par l’enseignante qui découvre, en circulant dans les rangs, que le bel adolescent n’a pas son texte devant lui. Trahison instantanée, le dérapage approche ! La suite ici
Maylis de Kerangal réunit huit nouvelles comme un roman particulier autour de l’expression de la voix humaine.
Maylis de Kerangal triture jusqu’à la démesure son langage, choisissant mots et expressions au plus juste de son envie de perfection, les malaxant pour faire éclore émotions et sensations, les agençant sur plusieurs pages sans respiration, le point intervenant longtemps après …
Delphine Horvilleur raconte dans Vivre avec nos morts son travail d’accompagnant sur le chemin de la mort. De la présentation d’inconnus, comme sa meilleure amie, en personnes célèbres comme Marceline et Simone, « Les filles de Birkenau », ou la psy de Charlie, et tant d ‘autres, la rabbin explique son travail auprès des vivants et donne aussi des clés de réflexion pour apprivoiser la mort.
Nombreux sont les objets ou actions que je dédie à mes morts comme autant de cailloux pour soutenir la vie. Alors autant dire que ce titre m’est parfaitement connu ! Et pourtant, quelle provocation de sortir ce livre dans la période actuelle ! La suite ici
Sixième enquête de l’inspecteur Ari Thór Arasson, Sigló permet à Ragnar Jónasson de sortir de la trilogie de la Dame de Reykjavík et de retrouver ce petit village du nord au nom imprononçable, Siglufjördur, pendant le long week-end de Pâques.
Alors, Ari Thór est particulièrement content de retrouver pour ce week-end particulier son fils Stefnir, trois ans, avec son ex-femme Kristin, émigrée en Suède pour reprendre ses études de médecine. La suite ici
Avec Ce matin-là, Gaëlle Josse présente la renaissance d’une femme confrontée à un burn-out et qui va devoir reconstruire sa vie pour en retrouver un goût renouvelé, peut-être un peu différent de celui d’avant.
Quelle merveilleuse idée de roman ! Gaëlle Josse prend dans ses bras son héroïne Clara, trente-cinq ans, victime du travail et détaille à la fois les raisons de sa dépression mais aussi les moyens de son réveil. La suite ici
Pour son nouveau roman, Douglas Kennedy propose avec Et c’est ainsi que nous vivrons une dystopie doublée d’une enquête policière aux accents de drame familial. En sortant de son cadre habituel d’écriture, l’écrivain américain se confie sur l’avenir et ses inquiétudes, le temps qui passe, ses ressentis d’écrivain et malgré tout ça, garde espoir dans la capacité humaine à se réinventer.
L’Amérique dans plus de trente ans
Les Etats-Unis ne sont plus unis ! Le fédéralisme a éclaté, laissant deux entités politiques complètement opposées, irrémédiablement irréconciliables. Seule la ville de Minéapolis est partagée et comporte une zone neutre (ZN) aux lois particulières.
Au sein de l’Amérique de 2045, la République Unifiéee (RU) est une démocratie autoritariste avec à son sommet Morgan Chalwick à la doctrine sociale directement inspirée du principe de prévention. Il régit tout, harmonieusement et sereinement, au prix de l’omniprésence d’un système de surveillance. Notre société occidentale n’a pas encore franchi ce cap, puisque nous en sommes encore qu’au principe de précaution. Ce nouveau pays regroupe en partie tous les états actuels de l’Est et l’Ouest.
Les autres états (notamment du Sud) se sont regroupés dans une Confédération Unie (CU) dont le dogme est dicté par les Douze Apôtres. L’avortement, le travail des mères jusqu’à ce que leurs enfants atteignent seize ans, le divorce, l’adultère, etc. y sont interdits et le culte religieux y est obligatoire. La suite ici
Troisième volet de Apocalypse, Kos, pseudo de Erwan Le Morhedec, publie pour cette rentrée littéraire 2022 un nouveau polar à tendance catastrophique qui heureusement se finira bien. Bleu pour apprendre à dépasser les désastres du monde que la vie nous fait subir !
La tempête Maya est annoncée presque aussi forte que celle de Xynthia. Sauf, que les services de météorologie avaient oublié qu’il y aurait aussi les marées d’Équinoxe. D’où coup, la cellule de crise envisage l’évacuation de la population, suite aux inondations prévues, y compris le C.H.U, la station d’épuration et même la station de gaz de Nantes.
Au centre de repos de l’ANAS à Nantes, la clinique pour le burn-out des flics, Franck Caillot surnommé Hobbit par l’équipe des Nouvelles Menaces basée au 6ème étage du Bastion, est accueilli. Il a fait une tentative de suicide qui l’oblige à être transporté à l’hôpital.
Les deux précédents tomes ont présenté l’équipe avec Hugo Kezer et Anne Gilardini, ici enceinte; les deux chefs de cette équipe de choc. Sur le terrain de la ville de Nantes, Fabrice Le Troadec est chargé de l’enquête sur un corps retrouvé dans La Loire. Ça pourrait ressembler à un suicide. La suite ici
Quel plaisir de lire le roman noir, Les hommes ont peur de la lumière de Douglas Kennedy traduit par Cloé Royer qui décrit une Amérique actuelle, lézardée, fracturée et exsangue par une politique libérale où l’argent a toujours été roi.
Retrouvant le style de ses débuts, l’écrivain rend compte en particulier de la réalité vécue par les femmes qui souhaitent avorter dans des états fédéraux où les pro-vies ont choisi de contester la loi en vigueur. Du coup, c’est un portrait cinglant d’une démocratie fragilisée par ses extrémistes qui ne peuvent plus s’écouter pour vivre ensemble.
Brendan est devenu chauffeur Uber, travaillant de soixante à soixante-dix heures par semaine pour douze dollars de l’heure après trente-cinq années dans la vente et un diplôme d’ingénieur obtenu dans sa jeunesse.
Après avoir déposé une femme d’un certain âge devant un porche où l’entrée se fait par un digicode, il décide de s’octroyer une pause dans un lieu proche. A son retour, il surprend un motard balançant un cocktail Molotov à l’intérieur de l’immeuble où la femme s’était engouffrée. L’explosion permet à Brendan de faire la connaissance d’Élise, Douma accompagnant bénévolement les femmes qui viennent se faire avorter. La suite ici
Deuxième roman de Cai Jun traduit en France, Comme hier est un polar complétement immersif dans la Chine actuelle où les croyances ancestrales s’imbriquent à l’essor, économique et technologique, phénoménal actuel. Et de technologie, il en est question. Car le jeu électronique « Comme hier » développe la possibilité de revivre ses propres souvenirs mais aussi de ressentir ceux d’un lieu précis. Pour les différents protagonistes, les cauchemars ne sont pas loin, mais Cai Jun développe aussi un côté onirique particulier.
Suite à un incendie, on découvre un homme de trente-cinq ans, complétement carbonisé. C’est Jiao Keming, propriétaire de l’appartement, professeur d’informatique au Lycée Nanming. Néanmoins, après avoir pensé à un accident, les services de police s’orientent vers un assassinat, surtout lorsqu’ils découvrent à ses côtés, asphyxiés, sa femme, Cheng Lisha, et leur enfant en situation de handicap.
Son téléphone révèle très peu de contact, sauf la photo d’une jeune fille aux cheveux rouges et au pseudo, sur le réseau social chinois ‘Le Dieu de la mort et la jeune fille » dont la traduction serait « La jeune fille et la mort ». Est-ce une rencontre extraconjugale ou autre chose ?
Sheng Xia est une ancienne étudiante du lycée où enseignait le professeur, hackeuse expérimentée, excellente sportive en boxe thaï et surtout solitaire. Elle désire venger sa mort en découvrant son assassin. Son temps de vie est compté car une tumeur a envahit son cerveau. Elle va s’allier au flic, Ye Xiao, qui s’occupe de l’enquête. Tous deux vont former un duo amour/ répulsion accompagné par un autre protagoniste bien mystérieux. La suite ici
Ragnar Jonasson, le Simenon islandais comme le présente son éditeur, propose son nouveau polar Dix âmes, pas plus qui se situe au nord de son pays, dans le village de Skàlar. Sur la péninsule de Lang, c’est un lieu complétement paumé où l’obscurité en hiver ne semble pas quitter l’extérieur.
Una n’a pu faire médecine comme son père. Alors elle est devenue enseignante. Seulement, son salaire d’enseignante ne suffit plus à lui assurer un petit confort. Elle doit sans cesse se restreindre chaque jour un peu plus. Ses relations sociales semblent être elles aussi en régression.
Alors, lorsque Sarah a connaissance qu’on cherche dans le nord une enseignante, elle pousse son amie, Una, à participer pour un an à cette expérience, pour se changer les idées, pour enfin connaître d’autres choses. La suite ici
Charles III de Philip Kyle est la première biographie en édition française du futur roi, qui est resté dans l’ombre de sa mère, Queen Elisabeth II, pendant si longtemps.
Son couronnement fera l’objet d’éditions spéciales en mai, y compris sur les chaînes républicaines françaises. De plus, sa première sortie officielle en tant que souverain, Charles III la réserve pour la France à la fin du mois de mars. Le récit de Philip Kyle se révèle indispensable pour en savoir un peu plus sur cet homme trop mal connu.
Fils de, époux de, puis père de, Charles III est né avec la télévision et va régner aux temps des réseaux sociaux. D’ailleurs, son fils l’a bien compris qui se répand dans un livre fleuve expliquant ses rapports et ceux de sa femme avec la famille royale, devenu en quelques jours un vaste succès.
En un peu plus de quatre cent cinquante pages, Philip Kyle retrace sa vie formée, et même formatée pour les responsabilités héritées par le sang. Du bébé qui voyait sa mère que deux par jour (une demi-heure le matin et une heure et demie l’après-midi pour le bain et le coucher) à l’enfant harcelé pour sa timidité et la grandeur de ses oreilles, Charles est en enfant qui préfère la compagnie des adultes à ses pairs. La suite ici
Ersin Karabulut raconte dans son roman graphique, Journal inquiet d’Istanbul,son cheminement en tant que dessinateur depuis son enfance jusqu’à son arrivée comme rédacteur en chef d’un journal satirique. Il met en perspective son évolution avec celle de son pays, la Turquie, passant de la démocratie à un régime autocrate islamiste.
Je ne connaissais pas ce caricaturiste. Journal inquiet d’Istanbul m’a attirée parce qu’il relatait l’histoire moderne de la Turquie.
A travers son histoire, Ersin Karabulut montre la venue du parti AKP au pouvoir depuis vingt ans et les restrictions des libertés opérées au fil des jours par le chef du parti. Puis, à partir de 2007, il montre les menaces sur la presse et l’abandon de la liberté d’expression. En même temps s’installe en Turquie un régime de terreur où toute opposition, même seulement pressentie, est muselée, emprisonnée,torturée sans respect d’une justice de base. La suite ici
Soixante printemps en hiver raconte la désertion de Josy, le jour de l’anniversaire de ses soixante ans. Par trop plein d’ennui, par manque de nouveautés, pas routine exacerbée, Josy tranquillement prépare sa valise dans sa chambre seule, alors que la famille continue sa vie au rez-de-chaussée. D’ailleurs, chacun la réclame pour servir le repas : en premier, sa fille qui s’en est occupée, puis ses petits-enfants qui crient leur famine et son fils, présent lui aussi. Son mari rentre après d’où on ne sait où !
Vient le gâteau. Les soixante bougies. Et là, Josy annonce son départ. Elle prend sa valise, ressort le vieux Combi Volkswagen du garage et se « barre » devant la famille interloquée.
Au fil de Soixante printemps en hiver, le désir retrouvé éclate à chaque bulle : l’envie de découvrir, de se redécouvrir, de penser à soi, de faire ce que l’on veut au moment où on le veut loin des obligations subies au fil des jours. Ce nouvel élan de vie lui permet de souhaiter s’ouvrir aux autres, d’abord la joyeuse Camélia malgré sa situation précaire, puis le groupe des CVL, Club de Vilaines libérées, où elle rencontrera de nouveau l’excitation et le plaisir. La suite ici
Voici un joli conte de la littérature jeunesse, Rutabaga, l’éléphant tout plat, à découvrir seul ou avec ses enfants ou petits enfants de plus de sept ans, le soir avant de dormir ou alors à toute heure tant le récit fait voyager au pays des rêves mais aussi de la réflexion.
Sous la mine d’Émile, devenu mathématicien installé depuis deux ans à Ouessant, se dessine des éléphants. Comme il aimait déjà les chiffres, il lui fallait un animal aux proportions adaptées. Il en dessinait des petits, des gros, des assis et même des couchés. Puis, devenu trop préoccupé par d’autres chiffres, il s’arrêta. Un soir, l’esprit un peu retourné, il se décide à chercher dans son enfance. Il y trouve un éléphant parfaitement proportionné qu’il s’attache à recopier. Baptisé Rutabaga, Émile peut se coucher et reprendre demain ses calculs alambiqués. Seulement, la feuille va s’animer et Rutabaga voyager …La suite ici
A l’ombre des jeunes filles en fleurs – Autour de Mme Swann T2
Adaptation et dessin de Stéphane Heuet
Côtoyer Swann et sa femme, Gilberte et même le jeune Marcel sous le dessin et les couleurs de Stéphane Heuet dans A la recherche du temps perdu adaptée en BD est une pépite qu’il faut découvrir pour gouter la modernité du texte de Marcel Proust : l’émotion de retrouver un souvenir, le désespoir de perdre un être aimé ou le flamboiement d’une feuille au soleil, etc, mais surtout un hymne à la vie !
Vingt-quatre ans de travail, huit albums et deux intégrales ( A l’ombre des jeunes filles en fleur – Du côté de Swann ), Stéphane Heuet découvre la bandes dessinées en relisant Proust. Poussé par son ex-femme, il se met à apprécier toute sa complexité après l’avoir pourfendu. Habitué à dessiner pour son métier de marin, il se met alors à traduire cette histoire en images.
A partir d’une documentation phénoménale, Stéphane Heuet raconte qu’il choisit d’abord le texte. Il passe beaucoup de temps à élaborer son scénario. Puis il organise ses bulles. Par exemple, les photographies de Nadar lui permette de donner vie aux parents de Marcel. Il y a aussi tous les tableaux de peintres et pas uniquement les impressionnistes. les travaux sur Haussmann le documentent sur Paris et sa transformation.
Par ailleurs, concernant le mobilier, notamment la chambre du grand hôtel de Cabourg, il choisit « ses meubles ». De recherches en lectures nombreuses, les bulles sont autant de situations éclairées pour revenir au texte. La précision du dessin augmente d’autant le plaisir des mots. On retrouve les textes longs et les détails d’un Blake et Mortimer mais il y a aussi du Tintin, dans cette recherche là. La suite ici
Ah, je l’ai attendu, le Yoga pour enfants, de la Masse Critique du mois de mai chez Babelio ! Non, seulement parce que je suis toujours contente de recevoir un livre en échange d’une chronique, mais aussi, parce-que le yoga fait partie de ma vie depuis plus de quinze ans !
Alors qu’avais-je à apprendre d’un livre pour enfants ? Justement, je suis tellement adepte de cette technique que j’ai souvent cherché à l’adapter aux petits. Difficile devant des troubles de concentration ou devant une inquiétude injustifiée, ou juste un moment de retour au calme, de permettre à l’enfant de se recentrer sur lui-même sauf à lui chuchoter « Inspire, expire! » sans s’arrêter ! . Convaincue que le mouvement aide à se relier à soi, j’étais curieuse de découvrir Yoga pour enfants !
D’abord, c’est un beau livre avec des couleurs chatoyantes et des illustrations simples et attrayantes agrémentées par des mandalas, évidement relaxants. Leila Kadri Oostendorp est une enseignante de yoga respectée en Allemagne. Elle anime des formations à travers le monde et prône un yoga joyeux et partagé. La suite ici
A la fois magistrat, homme politique et auteur de polar, Eric Halphen rajoute encore une corde à son talent : celui d’écrire un essai sur l’art du XIXè siècle à partir de l’histoire du petit fils du peintre Jean-François Millet qui se fit faussaire assez talentueux pour vendre beaucoup avant qu’on ne l’arrête.
La façon de se détendre de Eric Halphen était de se perdre sur Ebay enchères à la recherche de dessins. Lorsqu’un jour, il tombe sur un dessin signé jean-Charles Millet, il s’interroge et découvre que ce peintre était de la famille du grand peintre, mais surtout qu’il était devenu son faussaire !
Peintre majeur du XIXè siècle, le talent de Jean-François Millet a impressionné Van Gogh, mais aussi Dali, le photographe Walter Evans et encore Terence Malik dans les Moissons du ciel et même Banksy qui en détourne son fameux tableau Les glaneuses en dessinant une pause cigarette pour l’une d’entre elles ! Très apprécié en Amérique et au Japon, il reste peu connu en France. La suite ici
Sur Van Gogh, il y a tant déjà… Des documents, des essais et tant d’expositions. Malgré tout, en une centaine de pages, les Éditions Ateliers Henry Dougier relèvent le défi avec chemins sans issue de David Haziot et propose une biographie qui raconte notamment les derniers jours de sa vie avec la réalisation du tableau Champ de blé aux corbeaux.
Vincent Van Gogh s’est installé à l’Auberge Ravoux à Auvers-sur-Oise en cet été 1890. Les moissons n’ont toujours pas commencé et les blés illuminent les champs autour du village. Vincent Van Gogh est pris d’une urgence à créer tout en reprenant le fil de sa vie. Au cours d’un week-end, pour aider Théo et sa femme à déménager, Vincent retrouve ses angoisses, replonge dans sa folie, se sent coupable et s’enfonce dans la solitude. La misère lui broie les nerfs. Sa culpabilité aussi.
La collection Le roman d’un chef d’œuvre souhaite immerger le lecteur au cœur d’une œuvre pour découvrir un artiste. Rendre accessible l’art est un de ses objectifs. Les deux volumes que je viens de découvrir remplissent parfaitement cette fonction. J’ai apprécié en fin de volume la mini biographie avec les dates les plus importantes ainsi que la liste complète des œuvres citées. A noter, un format qui se place facilement dans une poche et se lit n »importe où ! La suite ici
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