Auteurs commençant par B catégorie littérature
Deux voix se répondent dans ce roman de
Maylis Besserie. Celle de Jessie Lightfoot qui fût sa nourrice lorsque le peintre était petit puis qu’elle a suivi adulte. Et l’autre, la voix de Francis Bacon posée sur ses tableaux, qu’ainsi
Maylis Besserie commente.
La fiction autour de la nourrice éclaire, renforce et permet de trouver des clefs de compréhension d’une œuvre qui reste difficile. Cette attention toute maternelle éclaire une personnalité blessée, repoussant ses limites, pour s’éprouver dans une violence recherchée. Même si le registre de langue que lui fait adopter
Maylis Besserie perd quelquefois en crédibilité en voulant faire un peu trop “peuple”. Celui-ci permet des respirations salutaires tant la course du peintre vers sa destruction est à la hauteur de son désir de plaire.
Mais, ce sont les mots que posent
Maylis Besserie sur les tableaux qui sont le plus remarquables !
Bien sûr, impossible de découvrir cet essai fiction d’une seule traite. Non seulement la description des sévices à l’enfant, mais aussi ceux que le peintre aimera retrouver à l’âge adulte, est une véritable épreuve. Mais, l’analyse des tableaux proposés, tablette disponi
Rachid Benzine fait renaître une voix afin qu’un fils retrouve le chemin de son passé.
“Je prie chaque jour pour vous retrouver.
J’espère que vous êtes fiers de moi. ”
Cinquante-six ans plus tard, son fils écoute cette voix d’avant lui, d’un homme jeune, comme lui maintenant. Cette voix raconte à son père et sa mère la dureté de sa vie, sa tristesse d’être loin d’eux. Elle les rassure pour qu’ils cessent de s’inquiéter.
Après la toilette rituelle, après l’enterrement, qu’après avoir vidé l’appartement, le fils, devenu pianiste, de renommée internationale, entend pour la première fois la voix de son père. Elle lui parle de son exil, de son travail, de ses renoncements pour donner à ses enfants, la chance que leur vie soit différente.
La voix d’un père qui n’a jamais rien raconté, rien révélé, rien partagé de son exil. C’est le subterfuge littéraire, ou le récit d’une réalité, qu’importe, que propose
Rachid Benzine pour que l’on écoute enfin cette génération de migrants qui a tout sacrifié pour que leurs enfants puissent avoir un autre avenir.
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Claire Berest décortique de façon presque chirurgicale dans son nouveau roman
L’épaisseur d’un cheveu le délitement d’un couple jusqu’à la violence imprévisible du féminicide.
Étienne Lechevallier est correcteur pour les éditions de l’Instant fou. Seulement, il ne se limite pas à corriger les fautes, retoucher de-ci de-là des tournures de phrases et remettre une virgule pour laisser circuler la lecture. Non, Étienne peut réécrire presque complètement les ouvrages qui tombent entre ses doigts. Il ne supporte aucune déviance, aucune familiarité et aucun contresens.
Vive, sa femme, est photographe au carnet d’adresses très fourni. Elle travaille quelques après-midi à l’association Nid des Arts.
Étienne et Vive partagent leur vie depuis dix ans. Il est plus juste de dire qu’il partage le même appartement, tant leurs relations se sont délitées. Le concert du mardi soir reste le seul moment de partage de leur vie commune.
Le lundi, Vive organise un vernissage auquel Étienne est convié. Vincent de Gazeau, son ami de toujours, est aussi présent. A partir de cet événement, l’inévitable va se produire trois jours plus tard !
À chaque fois, Étienne rate “à un cheveu” tout ce qu’il touche : par exemple, la mention “Très bien” sur sa thèse par rapport à un malentendu ou le concours des Chartristes.
C’est aussi à un cheveu de sa vie que celle de sa compagne va basculer dans l’horreur.
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Guy Boley, en associant Elisabeth à la biographie de son frère, Fredrich Nietzche, dresse dans
A ma sœur et unique un portrait de femme terriblement démoniaque.
Elisabeth est une femme vénale, méchante, menteuse, bigote et raciste, incapable de tendresse, ni même d’une simple humanité. Son seul but semble de tenir sa place dans la “bonne société”, s’enrichir pour mieux en imposer et, en plus, récolter la compassion de tous. Prête à tout, et même à trahir les écrits de son frère et à le transformer en antisémite et fasciste, elle en fait un penseur adulé du Troisième Reich.
En dix parties,
Guy Boley tente de rétablir la vérité en racontant, comme un conte, l’histoire de ce génie si précoce, philosophe, penseur et musicien à la fois, souffrant notamment de douleurs ophtalmiques. Vient renforcer ce récit, la présentation de sa relation avec sa sœur, cadette de deux ans, prête lors de sa jeunesse à aliéner son destin à celui de son frère pour prendre soin de lui.
Avec l’amitié pour le musicien Wagner, avant que Louis II de Bavière ne le prenne sous son aile,
Guy Boley transforme son joli conte en tragédie. En effet, Frédéric est décrit se réfugiant de plus en plus dans la solitude et Elisabeth commençant à apprécier les avantages de la haute bourgeoisie.
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François Bégaudeau décrit deux vies en 96 pages. Cinquante ans de vie commune où le temps s’écoule sans trop d’aspérités, sans évènements majeurs, juste le temps qui passe à deux avec de l’amour, sans majuscule.
Jeanne deviendra sténo après avoir fait le ménage dans le gymnase de sa ville, au côté de sa mère et tenue un hôtel, longtemps, la nuit. Jacques, qui a été l’éternel apprenti de son père avec semble-t-il deux mains gauches, a pensé, un temps, à l’armée puis a oublié pour devenir jardinier de sa ville. Ce sont les années soixante-dix et le temps ne compte pas ! Alors, même si Jeanne zieutait plutôt Pietro, c’est Jacques qu’elle a choisi.
Dans
l’amour, il y a juste de l’ordinaire, rien d’extravagant, presque une routine, mais enrobée de cette tendresse qui fait passer les jours et les années sans s’en apercevoir. C’est la description du rien qui s’écoule qu’exalte l’écriture de
François Bégaudeau en montrant ce lien indéfectible entre Jeanne et Jacques qui remplit toute leur vie.
Pourquoi si arrêter alors ? Juste parce que c’est beau, touchant, parfois énervant et même accablant quelques fois. Car cet amour-là est émouvant dans sa simplicité et dans l’absence de qualificatif, car il ne se dit pas.
François Bégaudeau réussit à nous entraîner dans son histoire où il ne se passe rien de passionnel, juste un compagnonnage au long cours.
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Dès la préface,
Laurent Binet cueille la curiosité de son lecteur, hameçonné à son histoire de traductions d’un lot de lettres anciennes racontant Florence au mitan du XVIè siècle. En 141 lettres,
Perspective(s) relate l’enquête établie pour retrouver le meurtrier du peintre Pontormo (1494 – 1557), représentant “de la manière” à Florence, après le retour des Médicis (1512) et l’élection papale de Paul IV.
Giorgio Vasari, père de l’histoire de l’art et peintre lui-même, est l’enquêteur nommé par Cosimo de Médicis, Duc de Florence, pour résoudre l’énigme de la disparition du peintre réputé, Jacomo Pontormo, tué d’un coup de ciseaux dans le cœur dans son atelier de la chapelle majeure de San Lorenzo.
Depuis onze ans, le peintre composait ses fresques qui pouvaient par leur modernité rivalisaient avec le travail de La Sixtine de Michel-Ange Buonarrotti, Maître de tous, bien que vieillissant. Parallèlement à cet assassinat, les fresques de la chapelle ont été dégradées et un tableau de Pontormo fut volé.
Encore, un autre tableau doit être aussi retrouvé car il fait scandale : Imaginez, il représente la fille du Duc, Maria, dans une pose très embarrassante, pouvant atteindre à sa réputation, avant son mariage, avec un triste sire. Dans cette famille de pouvoir, les affaires politiques prennent le pas sur l’amour d’un père !
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Avec Oum Kaltoum en couverture accompagnée des multiples climatiseurs,
L’heure égyptienne fait renaître à partir de poèmes, l’essence de ce pays, ancestral et moderne à la fois, avec les mots et les illustrations que ce petit recueil bilingue français — arabe sait susciter.
Ramona Badescu, avec son crayon pour choisir les mots, et Benoît Guillaume, avec sa palette de couleurs, se sont baladés d’Alexandrie au Caire pendant le confinement de 2020. Alors que le monde se renferme,
L’heure égyptienne révèle un univers plein de senteurs, de bruit mais aussi de cette langueur particulière que ce pays sait si bien révéler.
On y retrouve le bruit incessant des klaxons, la saveur des citronnades mentholées, la fraîcheur des rooftops, et bien sûr, la senteur des frangipaniers.
La maison d’édition marseillaise
Le port a jauni est spécialisée dans des ouvrages bilingues français – arabe de poésie et pour la jeunesse. Ramona Badescu, originaire de Roumanie, est devenue depuis plus de dix ans autrice de textes pour enfants traduits dans plusieurs langues, albums, romans et romans graphiques. De formation graphiste, Benoît Guillaume s’exprime maintenant uniquement par le dessin.
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Lorsque
Jean-François Blondel a constaté le rai de lumière dans la Cathédrale de Chartres, le jour du solstice d’été, il décide d’en savoir plus. L’essai C
es Cathédrales aux mystérieux rayons de lumière est né de ses recherches.
Jean-François Blondel croit que les bâtisseurs du Moyen-Âge ont attiré l’attention en mettant en place ce détail d’architecture. Car, il a constaté qu’un faisceau de lumière apparaît toujours à un moment précis durant un laps de temps assez court.
Historien de l’Art, spécialiste du Moyen-Âge,
Jean-François Blondel remonte le temps à la recherche des mêmes phénomènes dans l’Antiquité, décrypte la révolution gothique et associe la cathédrale au travail artisanal du vitrail.
Dans la seconde partie de l’essai, Jean-Christophe Blondel emmène en voyage à travers toute la France, détaillant la spécificité de chacune des cathédrales citées.
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Le roman
L’heure des femmes d’
Adèle Bréau rend compte, à travers trois axes, de l’évolution des droits des femmes de la période des années 70 jusqu’à notre époque et dresse le portrait de la première personne qui a parlé de sexualité féminine sur les ondes françaises, Menie Grégoire.
La narratrice est journaliste. Rapidement, elle confie qu’elle est dans une période de rupture amoureuse mais aussi dans un creux professionnel qui l’accable. Alors, lorsqu’une ancienne connaissance lui propose une étude sur “La dame de cœur”, son surnom, elle part à la découverte de la femme qu’était Menie Grégoire.
La narratrice la cueille au moment où le magazine Elle lui propose d’être pigiste. Puis, rapidement, Philippe Labro, nouvellement nommé à la chaîne RTL, lui ouvre les portes d’une radio qui se veut différente.
Comprenant d’emblée le potentiel de cette femme, grande bourgeoise évoluant avec son mari dans les arcanes du pouvoir et de l’actualité, il lui propose d’être présente au moment du repas du midi pour rapporter la parole des femmes. Ce sont la fin des années 60. Personne n’osait parler des droits des femmes. Menie Grégoire s’y est plongée.
Parallèlement, la narratrice raconte le carcan dans lequel vit Mirelle : ménagère, mariée à Lucien, ouvrier, déjà six enfants dont les deux derniers sont encore au sein.
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Ceci n’est pas un fait divers affirme
Philippe Besson, c’est un féminicide ! Le romancier s’attache dans son roman à décrire le ressenti des enfants lors du féminicide de leur mère.
Brins d’histoire
Le narrateur, un jeune homme d’une vingtaine d’années est appelé au téléphone un jour par sa jeune sœur de 13 ans qui l’informe du drame. Puis, se déroule le schéma habituel : appeler la police, prendre un train, rejoindre le lieu du crime, assister à l’enquête qui commence, répondre aux questions des policiers, etc. Mais, dès que le cerveau se reprend à penser, il faut subir l’assaut de multiples questions qui ne vont pas cesser de l’envahir. Aucune réponse sensée ne viendra apaiser. Aucune.
Avec beaucoup de pudeur,
Philippe Besson s’attache à partir des événements qui suivent la découverte du corps à décrire les ressentis de ces deux enfants. Subitement projetés dans un monde où plus personne ne peut les protéger, leur donner cet amour filial si nécessaire, tous deux, malgré la tendresse qui les relie et les responsabilités qui incombent au narrateur, vont à leur manière montrer comment un tel drame contrecarre tous les rêves, tous les chemins que jusque là, ils avaient empruntés. Et, pourtant, ils avaient un grand-père qui a pu leur redonner un espace tendre pour continuer à vivre.
La jeunesse de Léa, la sœur, dont la vision du drame ne pourra s’effacer vient s’effondrer devant l’impossibilité de choisir l’amour envers ses deux parents. Là encore, Philippe Besson sait mesurer ses mots, les charger de cette affection toute en subtilité qu’il décrit.
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Auteurs commençant par B catégorie essais

En tant qu’ami et admirateur, Pascal Boniface raconte l’histoire du poète,
Léo Ferré, avec un sous-titre qui le définit justement,
Ni Dieu, ni maître. Ce roman graphique permet à la jeune génération de connaître cet amoureux de la musique et des mots et aux plus anciens de retrouver le ton de rage et de révolte qui caractérise son répertoire.
Pascal Boniface choisit de faire raconter l’histoire par
Léo Ferré lui-même. On apprend son histoire, ses années de galère et son début de carrière à quarante-cinq ans grâce à la rencontre avec le prince Rainier ! Puis, c’est le découvreur de talent, Eddy Barclay, qui décide de le produire, alors que tout les distingue. Icône d’une jeunesse révoltée, ses spectacles ressembleront de plus en plus à des meetings.
En plus de sa vie publique, est exposée ici sa vie plus intime avec ses trois compagnes ainsi que la naissance de son fils lorsque ses cheveux devenus longs étaient immaculés. La relation de l’artiste avec sa guenon y est détaillée ainsi que les différents lieux où il a vécu.
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Ses trois mandats de maire jusqu’en 2008, au cœur de son petit village, non loin de Dieppe, en bord de mer et au passé historique riche,
Christian Blanckaert les partage au sein de son
Journal d’un maire de campagne.
À partir de chapitres courts et concis racontant une anecdote, un événement et une situation à résoudre, Christian Blanckaert illustre la fonction de premier élu d’une commune.
Ce qui frappe dans ce récit c’est la diversité des sujets à traiter au quotidien pour à la fois satisfaire les instances administratives mais avant tout, les habitants de sa commune.
Pourtant Christian Blanckaert n’était pas désarmé. Chef de plusieurs entreprises notamment du luxe, dont Hermès International durant la même période, il sait monter des projets, ramener des subventions, se battre pour privilégier un aspect de sa politique ou de la spécificité de sa commune. Mais, surtout, il avait l”habitude de commander un collectif pour l’efficacité de son action publique.
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L’histoire complétement méconnue, celle des fascistes français attirés par le nazisme,
Christophe Bourseiller s’en empare et propose avec son essai
Ils l’appelaient Monsieur Hitler une étude complète et documentée sur cet aspect particulier de la politique française d’avant, pendant et juste après la seconde guerre mondiale.
En trois parties,
Ils l’appelaient Monsieur Hitler donne une identité précise du fascisme hitlérien français de 1920 jusqu’en 1944.
La première partie intitulée
Le séduisant Hitler jusqu’en 1932 reprend l’ascension du futur dictateur.
Christophe Bourseiller montre l’aveuglement des médias et partis politiques français sous estimant la menace réelle que Hitler faisait planer en répétant pourtant que ses deux ennemis étaient les juifs et les français.
Entre autres,
Christophe Bourseiller montre la manipulation que les nazis ont mis en place pour attirer les pacifiques français, eux déjà séduits par la croyance en un renouveau de la jeunesse orientée vers la modernité oublieux des atrocités de la première guerre mondiale.
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Avec
Roches de sang, Oliver Bal délaisse son journaliste enquêteur préféré, Paul Green, pour embarquer son lecteur à la fois dans toute l’Europe mais surtout sur une île, chère à son cœur, la Corsica, pour un thriller parfaitement maîtrisé, âpre et haletant, mais aussi sensible et émouvant.
Miroslav Horvat, soixante-treize ans, serbe dont le surnom est Le Président des Ombres ou le Chuchoteur, est assassiné à Londres le 1er décembre 2019 sur sa terrasse avec une inscription en corse, tracée en lettres de sang sur sa baie vitrée. De plus, il manque un objet dans une vitrine cachée aux regards des visiteurs où des objets hétéroclites sont exposés. Une vitrine du souvenir en somme !
Marie Jansen, depuis un an, enquête au nom d’Europol, accompagnée par la police anglaise sur cet homme, qu’elle aurait du arrêter pour extorsion, blanchiment et corruption publique. Il s’en ai fallu de peu !
Le 25 juin 1993 au Pradet, en France, Ange Basini dit Le Taiseux tant il est solitaire à l’accent indéfinissable, assiste à l’incendie d’un club de plongée dont il est responsable.
Chez les Basini, il y a eu le père, surnommé L’Ours, L’Ogre ou Le Tueur, qui, jusque sur le chemin de retour de l’école enseignait violence et terreur à ses fils, dont le cadet, Théo, de trois ans plus jeune que son aîné, continue d’entendre ses mots de haine.
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