Oskar Kokoschka-Le Saint-Suaire de…

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  Oskar Kokoschka – Le Saint-Suaire de Véronique

Budapest

Oskar Kokoschka compose ce tableau en 1909. Il s’est éloigné de son fidèle soutien Gustav Klimt, en publiant le poème qu’il illustre Les Garçons qui rêvent (1908) où il ose parler de la sexualité des jeunes gens.

Devant la réaction des critiques et du public, Oskar Kokoschka se rase la tête par pure provocation pour répondre aux qualificatifs dits sur lui.

Le Saint-Suaire de Véronique est l’un des rares tableaux aux références religieuses dans son œuvre. Pourtant, on y retrouve tout son style mais aussi toute la révolution qu’apporte cet artiste au monde de l’Art de son époque.

Une sainte…

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L’auréole de peinture blanche souligne la fragilité du personnage, sa délicatesse et son empathie pour cet homme, supplicié sur sa croix qui est venu s’essuyer sur son linge. Le regard est intérieur pour soutenir l’homme.

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L’empreinte ici est si expressive qu’on ne peut que se révolter du sort de cet homme, exécuté sur la place publique ! Seulement, dans cette société catholique Austro-Hongroise, reprendre un thème aussi sacré que celui du Saint-Suaire est un blasphème.

Des mains pour saisir la vie

Les mains de Véronique en annonce d’autres dans son œuvre. On pense aussi à Egon Shiele, son contemporain et ami, et ses portraits aux mais si expressifs. Elles saisissent et caressent à la fois. Ici, l’une semble caresser et l’autre soutenir. C’est bien ainsi que nous voyons l’intervention de cette femme, même si le rouge de la robe et un peu du corsage rappelle la mise à mort qui y est à l’œuvre.

Point de Dieu ici, juste un homme laissé à la vindicte populaire qu’une femme tente de soutenir et d’apaiser !

Mais, Oskar Koloschka est aussi écrivain. Sa pièce Meurtrier, espoir des femmes, écrite en 1907, provoque le scandale à Vienne, lors de l’exposition internationale.

« Kokoschka sentait monter dans la chair encore saignante le souvenir de la mort du Christ et celui du sacrifice de la sainte messe » Hofmann Werner, « La Mort dans la peinture autrichienne », Catalogue de l’exposition Vienne 1880-19

L’échange entre vie et mort est fréquent dans le mouvement expressionniste dont l’artiste sera un chef de file.

« Je suis expressionniste, car je ne sais pas faire autre chose qu’exprimer la vie »

En révélant dans son autobiographie que Véronique, le modèle, était la fille de la concierge, on retrouve toute la subversion du jeune artiste, déterminé à bousculer l’ordre artistique établi.

Un nom imprononçable,

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Conscient de cette difficulté, ses amis employaient un surnom. il signait ses œuvres OK.

Oskar Koloschka au MAM

Rétrospective sur un artiste assez méconnu en France, le Musée d’Art Moderne (MAM) a choisi, pour cet automne, de présenter la diversité de l’œuvre de Oskar Kokoschka qui a survolé tout le XXè siècle en militant pour une Europe active contre les barbarismes de toutes sortes.

Oskar Kokoschka (1886-1980) est peintre, poète, écrivain et auteur de théâtre. Tout cela a la fois ! Autrichien d’origine, il émigrera en Allemagne, puis en Angleterre, puis en Suisse et à Prague en passant par Paris, en Afrique du nord et au Moyen-Orient. Ce fut un voyageur infatigable !

Enfant terrible pendant la Sécession autrichienne, puis artiste dégénéré selon les nazis, Oskar Kokoschka n’a cessé d’exprimer la personnalité de ses modèles, plutôt qu’une représentation exacte.

Pour aller plus loin

Oskar Kokoschka – Le Saint-Suaire de Véronique

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Commissaire

Dieter Buchhart, Anna Karina Hofbauer et Fanny Schulmann, assistés d‘Anne Bergeaud et Cédric Huss

L’exposition sera présentée au Guggenheim Bilbao du 17 mars au 3 septembre 2023.

Sources

Beaux-Arts Magazine

Arte – Dans les tourments de l’histoire

Questions pratiques

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Oskar Kokoschka – MAM

Musée d’Art Moderne

22 septembre 2022 au 12 février 2023

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11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris

Expositions 2022

Chroniques culturelles

13 commentaires

  1. belle découverte car pour moi il peignait des tableaux plus tortueux et sanguinolents. Je vais approfondir le sujet, merci

    • Je n’avais pas vraiment conscience de l’étendue de son talent avant cette rétrospective.

  2. Ce tableau est magnifique, j’avais eu la chance de l’admirer à Vienne il y a longtemps. C’est très bien de rendre de la vie à une image religieuse que le temps a neutralisée, comme le suaire à son époque et dans sa société.Ta présentation est top. Bonne journée

    • Oui il fait partie de la première partie de la rétrospective où Oskar Kokoschka commence à trouver sa « patte » d’expression. Bon week-end

    • Tu as raison ! Je ne vais peut-être pas en rester là…Je pense qu’il y aura d’autres que je présenterais…Selon l’envie du moment 🙂

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