En deux heures quinze, Mascarade de Nicolas Bedos raconte le monde des hyperriches que des jeunes espèrent gruger pour partager un bout de leur gâteau. Et c’est relativement facile, si on accepte brimades, dépréciations et autres réjouissances du même style. Comédie dramatique, au goût pathétique où les hommes sont encore les sujets de femmes puissantes !
Brins d’histoire
Le film Mascarade commence par une vue plongeante sur la Côte d’Azur, Nice, sa promenade des Anglais et file vers l’hôtel Negresco. Puis, il plonge dans une suite où au balcon, s’appuie Adrien (Pierre Minier). Tout chez lui évoque le luxe, sa prestance, sa tenue dans ce peignoir épais…La caméra nous invite dans la salle de bains. Une femme magnifique, Margot, se prépare (Marina Vacht). On comprend qu’ils sont amants.
Parallèlement, dans sa voiture, un homme aux cheveux grisonnants, Simon, semble fébrile (François Cluzet). Il arrive au Negresco. D’ailleurs, Adrien semble le voir entrer. Il sonne à une porte de chambre. Margot ouvre et Simon lui tire une balle dans l’épaule.
La séquence suivante s’ouvre sur le début du procès de Simon, vieilli, anxieux, agité.
Des flash-back vont raconter le procès et l’histoire de Simon qui un jour, lorsqu’il lui a fait visiter un appartement, a rencontré Margot, non pas tout à fait de façon fortuite.
Car Adrian se vend comme Gigolo depuis son accident de moto où sa carrière s’est arrêtée. Tout le temps, défoncé à l’alcool et à la fumette, il se fait entretenir par une actrice au charme passé, Martha (Isabelle Adjani), qui se comporte encore comme une diva.
Margot, elle, sait que son capital (sa beauté) est de très courte durée. Son passé lui permet de gruger les hommes qu’elle attire, comme une mante religieuse dans les filets de ses charmes.
De leur rencontre, va naître un partenariat amoureux pour une arnaque de haute volée. Mais, le twist final montre au spectateur que décidément, le monde a bien changé et que le sentiment n’y a plus sa place.
Comédie ou drame
Après la séance, difficile de dire l’impression ressentie !
Le jeu d’Isabelle Adjani est très réussi dans ce rôle d’actrice complètement seule qui cherche encore à être aimée et adulée, surtout de son ex dont elle est la seule à ne pas avoir compris qu’il entretenait une relation homosexuelle depuis longtemps installée.
Alors, elle s’achète un jouet vivant et en plus sexuellement dominé. En ce moment, c’est Adrien, corvéable à merci !
Seulement, il y a du pathétique jusque dans la scène où elle découvre un peu de la vérité : yeux rougis et joues imperturbables par le botox ou la chirurgie pratiquée. D’une tristesse absolue !
À l’inverse, le personnage de Margot a une détermination prête à tout. Sa première rencontre avec Adrien le démontre parfaitement. Son jeu avec le danger, plusieurs fois, montre à quel point la mort pour elle, pour l’autre est proche. Et, ce n’est pas son appartement miteux qui fera changer d’avis.
Sauf que Nicolas Bedos en opposant des extra-riches à la pauvreté ne signe pas un film social. C’est le cynisme et la violence qui prépondérants ici, justifient toutes les infamies pour se sortir du jeu, même si c’est la fin justifie les moyens. Le mensonge, la jalousie ne servent que celui qui sait s’en servir jusqu’au bout, étouffant ses désirs et ses affects.
Seulement, ce qui dérange le plus, c’est le regard que porte Nicolas Bedos sur la femme.
Celle qu’il admire comme une mère, c’est le personnage d’Emmanuelle Devos (Carole) : exemplaire dans l’adversité.
Celle dont son père lui a tant parlé, et qu’il a du fréquenter, peut-être même séduite sans consommer, c’est cette diva esseulée, colérique et sanglante.
Et, la femme qu’il aime, moderne, magnifique de sensualité, terriblement séduisante, dont il ne peut qu’être l’esclave, nous dit-il, abusé et grugé, et même contraint à la violence lorsqu’elle lui demande !!!
La vie amoureuse de Nicolas Bedos doit être bien sombre, quand même !
En conclusion,
Film à gros budget, Mascarade, donne un goût doux-amer comme l’époque qu’elle raconte, car Nicolas Bedos l’affirme le monde, et les relations avec les femmes surtout, change et a déjà changé, même si une certaine nostalgie surannée lui fait regretter beaucoup le monde d’avant !
Secrets de tournage
Nicolas Bedos se dit être un écrivain raté car pour la seconde fois, son scénario était un souhait de roman. Mais sa compagne de l’époque le voyant s’embourber dans des digressions lui aurait suggéré d’en faire un film.
La citation du début du film est de Somerset Maugham qui au sujet de la French Riviera a déclaré « A sunny place for shady people » (« un endroit ensoleillé pour des gens louches »).
Ce film, Nicolas Bedos le revendique comme un film très personnel qui a coûté beaucoup d’argent. C’est un film dont il rêvait pour célébrer le cinéma. Il souhaitait le sortir au cinéma, lui qui prépare actuellement une série pour une plateforme.
De plus, le réalisateur semble ne pouvoir travailler qu’avec des gens qu’il connaît. C’est ce qu’on sent dans l’ambiance de ce film.
François Cluzet et Isabelle Adjani avaient émis l’envie de travailler avec lui. Donc, dès le début Nicolas Bedos a pensé tout de suite à François Cluzet. Il n’imaginait pas que Isabelle Adjani aurait accepté..
Pierre Minier était au conservatoire dans la classe de son père. Il le connaît depuis longtemps. Il a travaillé avec lui dans OSS117, son précédent film
En parlant de Marine Vacht, Nicolas Bedos dit que c’est sa Romy Schneider à lui, se comparant du même coup à un Sautet !
Le titre de Mascarade est venu très rapidement. Nicolas Bedos voulait rendre compte des deux sens du mot : se masquer ou faire partie d’une comédie hypocrite.
Nicolas Bedos est né dans cette région. Il a une petite maison vers Saint Paul de Vence. Mais, il pense que la région était un joyau mais est saccagé par les hommes et leurs constructions.
Du côté des critiques
Télérama –
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Sources
Questions pratiques
Mascarade
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Nicolas Bedos Pays : France
Durée : 2 h 14
Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2022
Sortie nationale : 1er novembre 2022
Distributeur : Pathé film
Bonjour Matatoune. Je l’ai vu il y a quelque semaine et j’ai été déçue. J’avais bien aimé La Belle Epoque, beaucoup moins celui-ci. Les acteurs sont bons mais c’est triste. Bonne journée
Ah, oui, de vraies arnaques qui ne vont même pas satisfaire les protagonistes ! Bon week-end
Bonjour Matatoune. Je le regarderai quand il passera à la télé car ce que tu en dis ne me donne pas envie d’aller le voir au cinéma. Bonne journée
Oui, tu as raison ! C’est un film de télé 🙂 Bonne soirée !
N’est-ce pas plutôt Pierre Ninez ? (Qui a joué le rôle de Gary soit dit en passant…)
Non, c’est bien correctement noté 🙂
J’hésite à aller le voir, j’ai peur du too much.
Oh, on passe un bon moment quand-même, mais c’est vrai que cela commence à faire un peu trop lourd 🙂
Merci pour cette critique très bien écrite mais le sujet ne m’intéresse pas. Peut-être un peu désuet..
Oui un peu mais le jeu des acteurs est qua,d- même très réussi 🙂
Je n’irai pas pour ma part. Ce thème de richesse vs pauvreté plane aussi sur le film d’Ostlund “Sans filtre”. Pas vraiment réussi non plus, mais sûrement plus que celui-là.
Pas vu Sans filtre et pas trop attirée non plus 🙂
J’ai pourtant adoré The Square
Assez décapant, en effet !
je ne sais pas si j’irais le voir au ciné, à la TV c’est sûr (j’y vais peu et en plus je suis tombée sur un navet convenu “Amsterdam” que je vous déconseille fortement. Mais votre critique est belle et touchante
C’est un divertissement qui laisse un goût un peu amer !
La thématique est intéressante mais je ne compte pas aller le voir. Bonne journée
C’est un bon divertissement mais un peu pathétique. Bonne soirée 🙂
Il y a un très beau casting mais je ne suis pas convaincue d’y aller. Ta chronique est assez mitigée… Et puis le visage d’Isabelle Adjani est vraiment trop “modifié”.
Oh oui je suis tout à fait d’accord 🙂
Eh ben, je ne sais pas si je me déplacerai pour celui-là…..
Ça reste un moment de cinéma …. 🙂