Florian Forestier – Basculer

Rentrée littéraire 2021

vagabondageautourdesoi.com Florian Forestier -

Premier roman de Florian Forestier pour cette rentrée littéraire 2021, Basculer raconte le cœur du pouvoir qui est au bord du précipice avec des conseillers qui ne peuvent plus y surnager ! La classe politique décrite ici qui gouverne la France est jeune, bardée de diplômes, les yeux rivés sur leurs téléphone, en lien direct avec les réseaux sociaux et tâchent plus ou moins de répondre soit au Président, soit à ses ministres soit aux avis d’une opinion qu’on sent prépondérante dans la gestion du pays.

Daniel Fresse est coincé au fond d’une crevasse et ce temps hors norme lui permet de s’interroger sur sa vie. Est-un accident ? Ou, est-ce un suicide professionnel déguisé ?

Car Daniel avait tout pour faire comme ses parents l’ont rêve. Il est brillant, habitué à réussir ses études, à travailler sans compter ses heures, à s’oublier derrière les demandes urgentes, qui ne peuvent attendre… Même s’il est complétement effacé,  il peut compter sur quelques personnes qui savent parler à l’oreille de ceux qui décident.  Influent et omniprésent, il est devenu incontournable pour ses savoirs-faire de haut-fonctionnaire, conseiller du gouvernement. Malgré cela, sa faille est terrible comme « une vache impuissante contre le talon qui le harcèle » : Il lui arrive de se sentir priver des mots et de son esprit car il accumule une colère qui le brûle de l’intérieur. Le seul moyen qu’il trouve pour s’épancher, c’est de se répandre sur les réseaux sociaux, croisant l’insulte, comme d’autres par le passé, croisaient le fer !

Alicia, son ex, était vive, pleine d’une énergie fébrile, professeure de lettres en classe prépa chargée de cours à l’université. Elle était le soleil de sa vie, tellement différente de lui et de son manque de confiance maladif. Mais maintenant, elle est désenchantée, froide et ne cesse d’accuser ce capitalisme cannibale !Est-ce la particularité de leur fille ?

Julie est la coqueluche des cabinets gouvernementaux seulement elle n’a quand-même qu’un contrat à durée déterminée et peut à tout moment, si elle n’est plus si recherchée, se retrouver sans travail.

Stanislas, le magicien, a organisé son monde comme ses théories mathématiques. Et, puis, il y a Bruno qui consacre sa vie et ses économies à une bâtisse en Bourgogne où certains tentent de vivre autrement. Son groupe est baptisé Ananke. Tous les copains, y compris Daniel, sont attirés par cette enclave, qui peut ressembler à une secte, mais qui rassure l’inquiétude de chacun. Car la faille a envahit leur univers. Pour Daniel, c’est sa fille qui présente comme un autre enfant du groupe, les symptômes d’un syndrome autistique. Du coup, l’enclave qu’elle apporte par sa présence permet à son père de se ressourcer et rend la course à sa reconnaissance bien vaine.

Basculer raconte ces trentenaires, bientôt la quarantaine, entrés en politique pour se faire une place au soleil, sans idéologie sociale, sans valeurs éthiques, sans convictions réfléchies qui d’un regard, d’une opinion peuvent influencer une tendance, une loi, une gouvernance et peuvent sans ciller dire le contraire ! Lorsqu’en plus, ça déraille dans la vie intime qui n’existe que très peu, alors, la faille devient béance et finit par être un fossé trop difficile à combler.

Florian Forestier raconte une séquence de cette vie vouée au vide intime où les affects sont mis en berne au profit du pouvoir, des relations utiles et de l’appui que peut amener une rencontre. Rien ne force la prise de conscience ! Ni la responsabilité d’un suicide professionnel. Ni le rythme infernal subit par les corps ! Tous souhaitent un effondrement mais tous courent pour prendre encore un peu plus, avant ! C’est vertigineux ! Surtout qu’il ne s’agit pas d’une dystopie ! Plutôt qu’un essai, la fiction montre de façon convaincante ce que sont ces gouvernants qui décident pour nous.  A eux on n’a pas confié de mandat électif mais comme nos élus leur font totalement confiance, cette armée de conseillers bardés de diplômes gouvernent le pays.

Très bien écrit, Florian Forestier a le talent pour nous raconter une belle histoire, sauf qu’elle est trop criante de vérités, tant ses personnages inquiètent avec leur mal être qui les empêchent de réagir en les obligeant à agir. Du coup le lecteur est leur otage ! Alors, Daniel, seul, au milieu de sa crevasse, retrouve la liberté comme d’autres dans le roman !  Faudra-t-il vraiment attendre un effondrement pour que les choses changent ? Peut-on se permettre d’attendre ? La réponse appartient à chacun, le roman de Florian Forestier peut aider à y répondre !

Remerciements à @Belfond et @Netgalley pour #Basculer de @florianforest et du service de presse @du_perier

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Puis quelques extraits

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Il est de ces êtres qui n’ont le sentiment de vivre que confrontés à l’incertitude et à la tension. Le temps libre lui donne l’impression de voguer sur un fleuve et de glisser droit vers la mort.

Isoler un objet, le généraliser, bâtir une théorie formalisable, puis en tirer des conséquences systématiques. (…) Pour lui, cette façon de procéder est une évidence.

Léa habite la vie comme un vêtement qui n’a pas été fait pour elle.

Quand je la laisse venir dans ma vie en ouragan, c’est avec la sécurité de savoir qu’elle y est seulement pour deux ou trois jours. C’est avec elle, au fond, que tout a commencé. Depuis qu’elle est là, je ne pense plus à l’avenir sans effroi.

Ça se passe toujours comme ça. (…) D’autant que les notables qui utilisent ces mots sont éduqués à deviner la faiblesse, à exploiter tout rapport de force. (…) Les rancunes personnelles et les souffrances individuelles n’ont plus leur place dans le grand drame des prochaines années, car oui, c’est forcé, d’une façon ou d’une autre, quelle que soit la forme que ça prendra, rapide ou lente, violente ou déliquescente, la société finira par se déliter, ça va péter, comme ils disent sur les réseaux.

Si seulement il pouvait ne plus faire partie du monde. Ne plus déprimer des mêmes petites choses : l’arrogance d’élites qui n’en sont plus, l’État qui ponctionne tout et tous, le président, son ait de vendeur d’aspirateurs sous coke, et aussi le fait de manquer de mots pour exprimer ce qui l’accable…

Évidemment, on peut dire qu’elle rêve sa vie, mais ça n’a rien d’un rêve éthéré, plutôt l’essor continué d’une force qui se nourrit d’elle-même, qui n’est jamais venue se briser contre rien, peut-être aussi parce qu’un instinct de conservation l’a toujours retenue de se précipiter contre les murs. Pour entretenir la sensation d’être invincible, elle s’est gardée de tenter l’impossible.

Sous contrat, comme toute mercenaire. Elle est la flèche, elle ne décide pas de la direction dans laquelle on l’a pointe. Elle joue le rôle qu’on attend d’elle, laisse croire aux puissants qu’elle trouve leurs blagues drôles, rit avec eux de ses maladresses de fille qu’ils aiment tant la voir en faire. (…) Tout cela fait-il vraiment d’elle quelqu’un de libre.

Daniel n’est plus très loin de ses quarante ans, jusqu’à maintenant il a vieilli sans mûrir. Un vieil enfant, terrifié de lever les yeux vers l’immobilité qui vient, la nuit qui se précipite. Il n’a rempli aucune mission, n’a rien connu, rien accompli, si son heure sonnait maintenant, il pourrait en se débattant comme un chat qu’on noie dans un sac.

Sérieusement ! Miser sur la colonisation d’une planète nue, impropre à la vie organisée, plutôt que sur la préservation du produit de quatre milliards d’années de complexification ?

D’où vient-elle donc, cette rage ? Cette impuissance qui se transforme en rage ?

Nous ne sommes plus lucides, ni maîtres de nos actions, notre agitation n’est qu’un peu de chaos supplémentaire.
Il a protesté contre la constitutionnalisation de l’état d’urgence. Contre les mesures contre- insurrectionnelles . Contre beaucoup de décisions qui ont eu pour effet d’accroître démesurément le pouvoir exécutif depuis deux ans. pour lui, maintenant, le mot » effondrement » est un symbole, un trou noir. Un parcours initiatique, qu’il est entrain de suivre sans savoir où il va le mener.

Cette mode de l’autisme, ont-ils dit. Cette culture de l’excuse. Cette vanité des parents qui veulent des enfants particuliers.

Dépendant d’un système qu’il hait, mais sans lequel il ne serait rien, sans lequel il mourrait en deux jours.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Un premier extrait
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Puis un second extrait
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Puis, le dernier

Questions pratiques

Florian Forestier – Basculer

Éditeur : Belfond

Twitter :  @Belfond Instagram : @editionsbelfond

Parution : 19 août 2021

EAN : 9782714495785

Lecture : Août 2021

Littérature contemporaine

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Chroniques littéraires

9 commentaires

    • Tu me diras … Attention c’est un premier roman donc indulgence sur l’intrigue, peut-être qui devrait être mieux travaillée sinon le reste, c’est chouette !

    • Attention, c’est un premier roman donc avec des imperfections mais l’écriture est aisée, le sujet diversement proposé et son point de vue est intéressant ! Alors, oui c’est une réussite !

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