Fait nouveau de société, la vieillesse s’affiche et même revendique sa participation sociale ! Bernard Pivot choisit lui aussi à travers le roman …mais la vie continue de s’inscrire dans un mouvement de visibilité du grand-âge.
Quelques mots de l’histoire
A 84 ans, Guillaume Jurus est un retraité amoureux de Manon, légèrement plus jeune que lui qui est encore en activité puisque vétérinaire. Lui, il a quitté une carrière active d’éditeur avec les éditions de Montenotte pour une retraite tranquille. Il choisit de raconter sa vie notamment au travers de sa bande d’amis “Les JOP” (Jeunes Octogénaires Parisiens).
Octo, son plus vieil ami, parle autant de sa prostate que le narrateur de son estomac. Nina, l’ainée du groupe avec ses 95 ans, est plus jeune que les plus jeunes de la bande. Il y a aussi Coco dit Septu, le plus jeune mais aussi le plus séducteur du groupe. Deux couples viennent compléter l’ensemble, les Blazic, “le coupe de la sagesse” et les Gremillion, toujours entrain de se chamailler.
A partir d’anecdotes de la vie de ses octogénaires et même de nonagénaires, Bernard Pivot aborde tous les aspects de la vieillesse en donnant une image édulcorée. Ainsi, sont racontés les douleurs physiques et les problèmes de santé qui prennent plus de trois chapitres tant plus on vieillit plus ça prend de l’ampleur.
Les problèmes de mémoire avec notamment le manque du mot sont de simples soucis par rapport à la peur de la sénilité que représente l’Alzheimer.
Mais aussi, Bernard Pivot n’hésite pas à parler en vrac de sexualité, de sa mort et celle des amis, des bugs de l’informatique, etc.
Pour finir
Ce roman se lit facilement car le ton est toujours plein d’empathie en décrivant même les désagréments. Les plaisirs de la vieillesse y sont aussi racontés, comme des moments à privilégier. L’écriture est souvent poétique, toujours avec un brin d’humour, jamais acerbe.
C’est sûr, ces JOP ont bien de la chance ! Mais, plutôt que de se morfondre à regretter le passé, Bernard Pivot choisit de raconter le grand âge avec légèreté et distance. Un roman à mettre entre toutes les mains !
Puis quelques extraits
Les bilans annuels de santé sont aux vieux ce que sont aux jeunes les examens scolaires et universitaires.
A long terme, je n’ai plus beaucoup de temps ; à court terme, j’ai tout mon temps.
La perte des noms propres a commencé depuis longtemps. Ils se sont retirés de la mémoire sur la pointe des pieds , comme des fidèles avant la fin d’un office religieux.
Alzheimer est aux personnes âgées ce que l’ogre est aux enfants. C’est le nom redouté d’un monstre cruel qui s’introduit dans nos têtes et y sème la confusion, puis le chaos.
Publier les livres des autres est un moyen habile de se consoler de n’avoir pas assez de talent ou de folie pour écrire les siens.
Vieillir, c’est chiant à cause de tous les inconforts,les difficultés, les pépins physiques qui précèdent les coups durs. Si le bout du chemin qui mène au gouffre sentait la noisette plutôt que le camphre, vieillir serait un peu plus agréable.
Le bug est un AVC des appareils électroniques. Il est moins grave que chez l’homme. Mais, trop fréquent, trop perturbant, il peut provoquer un AVC chez le vieil homme fragile.
On est d’une ou deux générations de chanteurs comme on est d’un pays.
Les deux petits points sur le ï d’égoïsme sont les mêmes que ceux sur le ï de coït.
Sourire agace la mort, rire l’expulse.
La filandière aux ciseaux, je l’appelle Anastasie, patronyme de la femme qui symbolise la censure.
La tendresse est un capital retraite. Il s’est constitué au fil des années, avec patience, ramassant dans un assemblage l’accoutumance à l’art de vivre à deux, la fierté d’avoir vaincu des obstacles et d’être toujours ensemble, le projet de vieillir de concert, enfin ce qu’il reste d’amour et qui a pris la forme d’un invincible attachement.
Le retraité est un confiné rétribué.
Ici en bref




Du côté des Critiques
Europe 1 – France inter –
D’autres blogs en parlent
Un brin de Syboulette – La bulle de Véro – Les plaisirs de Marc Page par Willy Lefevre –
Pour finir
Questions pratiques
Bernard Pivot – …mais la vie continue
Éditeur : Albin Michel
Twitter : @AlbinMichel et Instagram : @editionsalbinmichel
Parution : 6 janvier 2021
EAN : 9782226451323
Lecture : Avril 2021
Bonjour Matatoune. J’aimais bien regarder Apostrophes mais je ne suis pas sûre de lire ce livre. Mon père a 87 ans et perd la tête… Bonne journée
Oui, Bernard Pivot choisit de nous présenter sa vie et ses “copains” du bon côté de la vieillesse. La maladie d’Alzheimer fait des ravages car ce n’est pas seulement la maladie de la sénilité comme on dit, c’est la maladie pour l’entourage de l’oubli, de l’absence et de la régression de l’être aimé. Bon courage à toi !
Ca a l’air d’un livre sympathique. A lire peut-être quand je serai plus âgée.
Pui, le grand âge est quand même difficile à accepter …
D’après ta description c’est une bonne lecture assurée je vais voir si il est en ebook peut-être sur mon site merci à toi. Bisous
Moi, il m’a plu mais attention, il faut un bon moral pour nvisager le grand âge avec sourire …. Bonne soirée
Ta chronique me donne envie de le lire. Je suis aussi fan de Pivot dont j’aimais l’émission Apostrophe et le magazine Lire. Il m’a vraiment donné le goût des livres . Bonne journée
Oui , je crois que son influence fut essentielle pour démocratiser la littérature et développer notre plaisir de lire ! Bonne soirée
Tient (d’après les extraits), il utilise essentiellement deux verbes : être et avoir.
Pas lourd de vocabulaire pour le grand expert de la langue….
Ce ne sont que des extraits car, au contraire, c’est bien écrit et très fluide.
Très fan de Bernard Pivot dont je regardais Apostrophes le vendredi soir !!
Oui, je crois qu’il a été vraiment essentiel à la propagation de ce plaisir de lire qui nous anime tous !
Absolument !
Il est dans ma PAL ! Et vu ce que tu en dis, il va vite en sortir pour que je le lise !
Bon dimanche.