Anatomie d’une chute – J.Triet

Palme d’Or du Festival de Cannes 2023

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Le film Anatomie d’une chute de Justine Triet ne cesse de rafler titres et distinctions. Bientôt, peut-être, les Césars (onze nominations) et les Oscars (cinq nominations)… Attente, bien sûr, fierté déjà, car ce film s’invite sur les écrans de tous !

Seulement quatre films, et la réalisatrice Justine Triet, accompagnée de son compagnon Arthur Harani, arrive au sommet avec un film qui dérange et interroge, jusqu’à la fin !

Brins d’histoire

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Les acteurs Milo Machado Graner, Antoine Reinartz, Saadia Bentaieb, Sandra Huller, Arthur Harari, Anne Rotger, Samuel Theis, Swann Arlaud, et la réalisatrice Justine Triet, à Cannes, le 21 mai 2023.

Elle, Sandra Voyter (Sandra Hüller) et lui, Samuel Maleski (Samuel Theis, à l’écran pour quelques scènes) se sont isolés au fond d’une vallée avec leur fils de onze ans (Milo Machado-Graner). Lors d’une matinée ensoleillée d’hiver, elle, écrivaine reconnue, reçoit une journaliste pour une interview. Seulement, elles sont obligées d’arrêter car, à l’étage, une musique empêche de s’entendre.

Le fils s’en va avec son chien se promener près de la rivière. Lorsqu’il revient, il se cogne sur son père allongé dans la neige. Malvoyant, il appelle sa mère qui constate son décès, accidentel, semble-t-il !

Le film montre le démarrage de l’enquête, la préparation du procès avec Swann Arlaud, en avocat de la défense, formidable d’empathie envers sa cliente, et le procès avec l’avocat général, Antoine Reinartz, brillant, le seul à donner une présence à la victime.

Pour moi, une réussite !

Chaque parole est écoutée, importante et indispensable, pour la compréhension des enjeux de ce couple. Aucune réponse à la question de la culpabilité de la femme n’apparaît au cours du film. Chaque spectateur possède sa réponse bien que ce ne soit pas le point principal.

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« Cette femme libre qui est finalement jugée aussi pour la façon qu’elle a de vivre sa sexualité, son travail, sa maternité : je pensais qu’elle apporterait une complexité, une impureté au personnage, qu’elle éloignerait totalement la notion de « message« . Justine Triet

La scène de la dispute, enregistrée par le mari, est édifiante pour comprendre la défaite de ces deux adultes à construire leur couple. Celui-ci est mort avant de mourir vraiment par l’absence !

Néanmoins, plus habitué à voir des féminicides jugées à l’aide d’une caméra, là, l’inverse étonne et bouleverse nos représentations. Tout au long du film, l’interrogation perdure. De plus, l’attitude de l’avocat général n’aide pas à effacer l’impression de malaise et d’étonnement.

Sandrine Hüller est une grande comédienne. L’année 2023 lui permet d’investir la scène française avec brio. Reste le rôle de l’enfant, malvoyant qui devient celui qui apportera la vérité ! Magnifique, entrée de ce jeune acteur dans le monde du cinéma !

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« Nous avons opté pour une malvoyance qui soit la plus légère possible à incarner, une forte myopie sans atteinte de la vision périphérique. » Justine Triet

Les avis spectateurs sont extrêmement partagés. Et, pourtant ce film reçoit de plus en plus de distinctions. Que dit-il de notre époque ? Que met-il en exergue pour que les avis soient aussi dissemblables ? Difficile d’y réfléchir dans le brouhaha qu’il déclenche. Quoiqu’il arrive au niveau des distinctions, pour moi, Anatomie d’une chute est un excellent film, à voir ou à revoir!

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Et vous, l’avez-vous vu ?

Qu’en pensez-vous ?

Du côté des critiques

Télérama

Du côté des blogs

Un autre avis ici Le Tour d’écran

Sources

Cinéma Tati –

Questions pratiques

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Anatomie d’une chute

Réalisateur : Justine Triet

Instagram : @justine.triet

Pays : Français
Durée : 2 h 30

Avec Sandra Hüller – Swann Arlaud – Milo Machado-Graner – Antoine Reinartz

Sortie nationale : 23 août 2023

Distributeur : Le Pacte

CHRONIQUES DE FILMS

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32 commentaires

    • Les avis sont très mitigés. Mais, en tout cas, pour nous, un excellent moment de ciné ! Merci d’être passé ici

  1. En effet, un bon film qui sort un peu de la masse même si je trouve qu’il a eu un peu trop de prix hier. Mon avis était plus positif que celui de Princecranoir (mais je comprends parfaitement son point de vue). Quant à Sandra H. – il faudra la voir (aussi) au Théâtre – sa présence sur scène est celle d’une Isabelle Huppert allemande. Et quand on la regarde se tortiller dans et s’extirper de sa robe dans « Toni Erdmann » et se mouver nue avec un naturel stupéfiant parmi les invités de sa petite fête – et juxtapose ensuite sa démarche lourde, butée dans « Zone of Interest » on comprend que c’est une grande actrice.

    • A regarder la bande annonce du film Toni Erdmann, en effet, un film à découvrir pour moi.
      Isabelle Huppert qui semble, hier soir, dans la mise en scène de Romeo Castellucci, avoir encore révolutionné Bérénice à Montpellier ! Qu’est-ce qui peut arrêter le talent de cette femme ?
      C’est tout à fait juste, la démarche de Sandra Hüller dans La zone d’intérêt exprime toute son obstination morbide dans sa revanche sociale.
      A suivre avec attention…

  2. Je ne peux que aller dans ton sens, et particulièrement en ce qui concerne le rôle du fils, qui est souvent oublié au profit de celui de la mère, même si l’actrice a le talent fou de rester à la limite de l’empathie. On aimerait la croire, sans réserves mais …

    • C’est tout à fait ça, mais …
      J’ai apprécié que l’on ne distribue pas à ce jeune homme des hommages appuyés …Laissons lui le temps de peaufiner ce talent qui est, c’est sûr, bien présent 😉

    • Oui, est-ce l’anglais si présent ou …difficile de le dire maintenant. Il faut prendre un peu de recul, quelques années, peut-être, pour analyser pourquoi ce film fut autant apprécié du public.
      Peut-être, la force du personnage de Sandra, femme puissante, nous dirait Léa Salamé, sûre d’elle même si elle n’est pas cru , assumant son succès littéraire, sa sexualité et même sa bisexualité, sa relation sereine avec son fils, peut-être un peu de tout ça…Qu’en penses-tu ?

      • Pour l’anglais, je n’y avais pas pensé avant de te lire mais ça a sans doute joué sur sa réception à l’international, tu as raison. Peut-être que sa sobriété esthétique et formelle qui brouille les frontières entre réalité et fiction a aussi plu dans un monde où le documentaire et le true-crime ont la part belle. Et enfin, oui, cette mise en avant de la liberté féminine a sans doute achevé de convaincre – quoique les avis des spectateurs lambdas ne soient finalement pas si enthousiastes quand on fouille bien !

        • En effet, la mise en avant de la liberté féminine explique sans doute une grande part de son succès, plus critique que public, avec une bonne campagne de com auprès des professionnels j’ai l’impression. C’est aussi un film dans cet air du temps un peu woke, où tous les personnages masculins sont décrits négativement, car pour moi son innocence est claire et appuyée par les êtres innocents (l’enfant, le chien). La seule scène remarquable est la scène d’ouverture, pour le reste on est plus proche du téléfilm, avec beaucoup de critiques sur la vraisemblance (par exemple le procès). Je ne pense pas qu’il restera dans les mémoires, comme La Nuit du 12 c’est plus un film militant qui est récompensé

            • Je pense le contraire. Je pense même qu’un film comme Le Molière imaginaire, qui a connu un échec (j’ai l’impression qu’il a été cancellé) sera réévalué à la hausse.

          • Oui, malgré quelques vacillements, son innocence est claire et on a envie qu’elle le soit. Ceci dit, même si je vois ce que tu veux dire, tous les personnages masculins ne sont pas négatifs (l’avocat de la défense et l’adolescent, pour ne citer qu’eux, ne sont pas antagonistes).
            La vraisemblance ne m’a pas dérangée, au contraire, je trouve que tout tend vers elle, quitte à volontairement oublier l’esthétique du film, son côté artistique au fond.
            Pour sa postérité, je ne sais pas. Peut-être qu’il n’a pas fini de nous surprendre ?

    • Oh, pas grave ! il y a tant d’autres films qui nous font vibrer ! Très bon week-end

    • Ravie ! Merci pour ce retour ! Alors, bien sûr, on peut regretter qu’il reçoive autant de distinction ce qui cache d’autres films plus confidentiel.
      Ravie aussi que Chien de la casse sorte aussi du lot avec cet acteur si particulier, Raphaël Quenard…
      En fait, une année cinématographique exceptionnelle, même si je n’ai pas parlé ici de tous les films découverts !

    • Tu as tout à fait raison. N’hésite pas à revenir donner ton avis , après ! Très bon week-end

    • Oui, et les avis sont très partagés. Chef d’œuvre pour les uns , nullité pour les autres. Nécessaire d’avoir son propre ressenti. En toit cas, pour moi, le film de l’année, certes au détriment de tellement d’autres..

    • Non, il est glaçant et dérangeant, mais c’est souvent ce qui se passe avec les films qui ne laissent pas indifférents ! Bon week-end

  3. Un regard de femme sur le couple. Un regard psychanalytique dont la réalisatrice semble coutumière. Sa « Sibyl », déjà, tentait de lire dans l’esprit des autres. Cette fois, elle s’attaque à un bloc de glace, un visage de marbre, celui de Sandra. Un marbre un peu trop dur selon moi, qui n’aura pas su me séduire vraiment. Chacun sa sensibilité.
    Merci beaucoup pour le lien 😀

    • C’est vrai, que le visage de Sandra Hüller est un grand masque de marbre. Je trouve que cette actrice a un talent fou.
      C’était presque surréaliste au César, hier, de la voir exprimer tout son contentement ..elle est apparue fragile et terriblement empathique..
      Tout le contraire de son rôle ici ou de l’arriviste prête au meurtre par procuration pour continuer à asseoir son confort petit bourgeois de La zone d’intérêt.
      Décidément, un grand talent !

  4. C’est un sujet brûlant. Notre société est de plus en plus violente, même si c’est rarement les femmes qui ont le dessus. Bonne soirée

    • Ici, on ne saura rien de la vérité de cette femme…même le final servi par son fils ne réussit pas à lever nos doutes ! Très bon week-end

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