Florence Chataignier – Des gens

Comme il faut

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Des gens comme il faut, premier roman de Florence Chataignier, sont au cœur de cette histoire d’adultes qui souhaitaient, par-dessus tout, être comme les autres et vivre comme une famille parfaite. Seulement, il ne suffit pas de paraître pour être. À trop se forcer, on en devient fou et on peut rendre fou ceux qui vivent avec vous ! Lorsque la mort survient, il est alors temps de revoir les détails d’une histoire subie pour s’en dégager. Florence Chataignier raconte une critique sociale dans un roman plein d’humour et de dérision.

Des brides d’histoire

« Soigner le mal par la poussière. » Fleur, mère de famille, décide, à la mort de son père, Jean, de partir au-delà des apparences en épluchant les documents familiaux, afin de retrouver l’âme du couple que furent ses parents. À aucun moment, Fleur ne dira ni papa, ni maman.

Au fil des pages, le lecteur comprend ses raisons. Les lettres de son père se dévoilent découvrant un secret qui n’en ai pas un, pour chaque membre de la famille, mais qui doit le rester pour son entourage lointain.

Le ton change lorsque Fleur évoque sa mère, Madeleine et son enfance. Très vite, elle nous montre de la tendresse pour cette jeune femme, trop discrète, trop effacée, beaucoup trop mélancolique aussi. Son rôle est de donner le change auprès d’un mari de vingt ans son aîné, brillant, cultivé et extraverti…devant autrui ! Première victime de ce théâtre de dupes qu’est cette famille, l’acceptation de sa souffrance rejaillira sur ses filles.

De façon détachée, Florence Chataignier raconte le statut particulier de Fleur, les manifestations de ses angoisses et le climat familial difficile. Car, les dysfonctionnements sont multiples.

Une critique sociale bienveillante

Avec la métaphore de l’empreinte sur le mur, Florence Chataignier rend compte de l’évolution que prend un arbre généalogique, au fur et à  mesure que le narrateur accepte de revenir sur les événements marquants de son enfance. Elle nomme ses souvenirs, explique leurs venues, raccordant les bribes pour former l’histoire de son passé. Il y a de l’invention littéraire dans cette écriture : des jeux de mots dotés d’une certaine ironie pour mettre à distance ses affects.

La construction de ce premier roman est parfaitement étudiée. Chaque décennie, Florence Chataignier raconte un aspect particulier de sa famille dysfonctionnelle. À chaque fois, le lecteur pense qu’il atteint le summum. Et, à chaque fois, une révélation vient bouleverser son ressenti.

Et pourtant, rien de mélodramatique dans cette introspection qui devient presque banale. La folie ordinaire de deux adultes qui s’assemblent retentit sur leurs enfants, sans avoir la même portée, même si l’une et l’autre développaient des conduites réactionnelles tout aussi dévastatrices. 

Impossible de décoder ce qui est du roman ou de l’autobiographie. Qu’importe ! On s’attache au cheminement de Fleur, aux extravagances de Jean, à la manière de survivre de Madeleine. Même, ce besoin d’étouffer leur profonde nature est oublié. Par contre, l’odeur d’humus de la cave, on l’a bien aimé. Florence Chataignier raconte la capacité d’une femme à se construire malgré une histoire sombre. L’introspection de son héroïne raconte une critique sociale sans colère, sans remords et même avec tendresse. Une excellente découverte !

Remerciements

Aux @cherchemidiediteur et à @babelio_avec sa Masse critique.

Puis quelques extraits

Quand on pousse la porte de ma cave, on pénètre dans ma mémoire.

L’art d’appuyer sur les points faibles, les blessures narcissiques , il le possédait depuis toujours et s’en servait sans modération.

Soigner le mal par la poussière.

L’attente embellit tout, elle affaiblit la raison.

C’est un match bien déséquilibré qui se joue cet été-là sur la plage, la lutte des classes sur un banc de sable.

C’est le début de leur histoire. Celle d’un tétraplégique qui demande à une aveugle de le ramener sur le rivage.

Il est bien difficile de démêler les fous des accompagnants dans le hall d’un hôpital psychiatrie.

Il faut sortir Freud de sa tombe et lui offrir mon cauchemar sur un plateau d’argent.

Mais l’amour, la confiance, la tendresse, tout le gros de la fonction maternelle ne se fabrique pas, ne se reprise pas.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus
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Incipit
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Un extrait
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Puis le dernier

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Florence Chataignier – Des gens comme il faut

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Éditeur : Le Cherche Midi

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Parution : 2 mai 2024

EAN : 9782749177144

Lecture : avril 2024

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