Javier Cercas laisse l’autofiction notamment sur l’histoire contemporaine de l’Espagne pour investir le domaine du polar avec Terra Alta pour lequel il a reçu le prix Planète 2019.
Melchor Marin, surnommé l’Espagnolard par ses collègues policiers, est arrivé depuis quatre ans en Terra Alta. Marié à Olga, la bibliothécaire, ils ont une fille qui s’appelle Cosette.
Finissant son service de nuit, il reçoit l’appel d’une domestique sud-américaine qui prévient du double meurtre de ses patrons. Meurtres stupéfiants de violence sur cette terre aride, sèche et brulée à plus de deux heures de Barcelone où d’habitude il ne se passe jamais rien !
Avec ce flic de polar, Javier Cercas retrouve les sujets vers lesquels il aime s’aventurer : la guerre civile qui a séparé les frères, familles et amis d’un même village, le pouvoir capitaliste qui écrase les plus petits, le déterministe social inéluctable qui contraint, et enfin, la liberté de chacun de construire sa vie de la manière qu’il choisit.
Pourtant, Terra Alta est aussi une ode à la littérature. En s’appuyant sur le roman Les Misérables de Victor Hugo, Javier Cercas montre que lire ouvre à l’apprentissage de la vie et encourage la réflexion et permet d’aider dans les épreuves vécues.
Car Melchor a une histoire complexe même s’il ne boit que du coca et qu’il aime jouer avec sa petite Cosette. Sa personnalité se découvre au fil des pages et rien n’est aussi lisse que ce qu’il veut laisser paraître.
Dévoré par une vengeance stérile et impliqué dans des trafics nombreux, son admiration pour Jean Valjean, qui a su s’inventer en Monsieur Madeleine et celle pour le policier Javert, intègre à l’obsession dévorante, vont lui servir de modèles. Ses nombreuses relectures lui apportent des réponses aux drames et épreuves qu’il traverse.
Avec Camus, Perec, Pasternak et bien d’autres, Melchor va poursuivre sa découverte de la littérature et apprendre d’eux. La relation avec ces héros de papier est au cœur de son cheminement pour maîtriser sa violence personnelle.
Avec ce premier volet d’une série de trois, Javier Cercas introduit son nouvel enquêteur Melchor Marin qui va avec opiniâtreté résoudre l’enquête sur Les meurtres ultra violents de la Terra Alta tout en survolant l’Histoire du XXè siècle, de la guerre aux attentats. Alors, à quand la suite …
Pour aller plus loin
Le monarque des ombres – Javier Cercas paru en janvier 2018
Puis quelques extraits
L’écrivain fait la moitié d’un livre, l’autre moitié, c’est toi qui l’a fait.
Une terre de passage où ne restent que les gens qui ‘ont d’autre solution que de rester , ceux qui n’ont aucun endroit où aller. Une terre de perdants .
Les pauvres sont plus forts que les riches. Les riches sont mal habitués, et ils ont beaucoup à perdre ;ça les rend mous,vulnérables.
Comme la semaine précédente, la bibliothèque venait d’ouvrir ; comme la semaine précédente, il n’y avait qu’eux deux.
— Pasternak était poète, dit Olga. Tu aimes la poésie ?
— Pas tellement, reconnut Melchor qui avait lu peu de poésie. Les poètes, pour moi, ce sont des romanciers paresseux.
Olga eut l’air songeur.
— Peut-être, dit-elle. Mais pour moi, presque tous les romanciers sont des poètes qui écrivent trop.
Ici en bref

Du côté des Critiques
Le Monde – Les Inrocks –
D’autres blogs en parlent
Questions pratiques
Javier Cercas – Terra Alta
Traduction Alexandar Grujicic – Karine Louesdon
Éditeur : Actes Sud
Twitter : @ActesSud Instagram : @actessud
Parution : 5 mai 2021
EAN : 9782330150143
Lecture : Juin 2021
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J’adore Javier Cercas “Le monarque des ombres” m’avais laissé un grand souvenir. Merci pour ce retour Matatoune 🙂
Oui, moi aussi j’avais bcp aimé cette histoire de cet homme si jeune qui avait fait le mauvais choix dans cette guerre d’Espagne qui se vivait au cours des familles. A lors retrouver cet auteur qui attache bcp d’importance à la littérature et on ne peut qu’être d’accord avec lui avec nos blogs littéraires 🙂
oh que oui ! belle après midi Matatoune 🙂
Bonjour Matatoune. Je ne connais pas cet auteur et ce roman semble intéressant. Je note le titre. Bonne journée
Oui, c’est un polar très réussi comme tout ce que fait Javier Cercas. J’aurais plaisir à lire ton avis!
Excellente présentation merci Matatoune. bon dimanche bisous
Un polar bien monté et que j’ai aimé découvrir. Bonne soirée
Je ne connais pas cet auteur, mais tu me donnes très envie de le découvrir, je connais très mal la littérature hispanophone et l’Espagne en général, ce n’est pas mon aire culturelle, je devrais y remédier.
Bon dimanche
Moi je suis assez nulle en littérature étrangère contemporaine en général … A y remédier
J’aime beaucoup ces extraits au sujet de la littérature et de la poésie. Et cet éloge des grands écrivains français me plaît ! Je note ce livre, même si les polars ne sont pas trop mon style.
Javier Cercas est un amoureux des livres. Il parsème ses livres toujours de littérature. Moi j’ai bcp aimé !
Déjà remarqué sur d autres blogs, noté sur mon oense-bete de Babelio, bien envie de le lire
A suivre donc pour avoir le plaisir de lire ton avis !
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