Le café cabaret Au lapin Agile est un lieu mythique de la vie parisienne de la moitié du 19è siècle à nos jours.
Implanté sur la fameuse Butte Montmartre, le cabaret se situe au 22 rue des Saulnes dans le 18ème arrondissement. Aristide Briand en fit sa renommée en rachetant l’établissement en 1913 avant sa destruction.
Pourtant, ce café n’a pas attendu ce propriétaire illustre pour devenir le rendez-vous des artistes et les écrivains.
On récitait pêle-mêle du Villon et du Verlaine, du Baudelaire et du Laforgue, et quand Barbenfeu réclamait du Lecomte de Lisle, le grelottant Hubert, pour lui faire plaisir, se mettait au piano, sans quitter ses mitaines ni sa toque de fourrure et improvisait un accompagnement. Roland Dorgelès – Le château des brouillards
Le rattachement de cette partie à Paris ne date que de 1860 mais le cabaret existe déjà sous le non de “Cabaret des assassins” car sur ses murs de nombreuses affiches de différents crimes décorent les lieux.
Frédéric Gérard, dit Frédé, patron d’un autre café, investit le bar et lui donne son nom Au Lapin agile. Avec lui, chacun a sa place, autant les peintres, les poètes, les journalistes en devenir, quelques étudiants, tous sans argent, mal vêtus avec en plus quelques jolies “mômes”.

En plus de l’âne, il y a un singe, une corneille et un rat, tous sont apprivoisés. Au violoncelle ou à la guitare, lorsque la nuit vient, il se met à pousser la chansonnette de sa gouaille naturelle ou en accompagner d’autres.
Peu peuvent payer. Alors, chacun offre son talent.
Max Jacob, André Salmon, Paul Fort , Francis Carco , Wilette , Poulbot , Utrillo , Steinlen , Renoir , Clémenceau , Van Gogh , Courteline etc. Apollinaire y lit des poèmes , Picasso peint… Le piéton de Paris
Au fond de la seconde salle, un énorme Christ en croix tout en plâtre du sculpteur anglais Leon-John Wesley semble veiller sur cette communauté disparate.

Picasso est encore un jeune homme de 24 ans, déjà peut-être avec Amélie Lang, surnommée Fernande Olivier et la chienne qu’il lui a offerte. Le bateau-lavoir, taudis où ils vivent avec d’autres artistes, est à deux pas. Cet Arlequin, triste et absorbé dans ses pensées, ressemble beaucoup à Picasso avec ses longues mains tenant le verre.
(…) une “fille de haut luxe” aguichante, Germaine, le modèle pour qui Gasagemas s’est suicidé, et avc qui Picasso coucha aussi un temps. A l’arrière-plan, Frédé, chapeau de trappeur sur la tête, gratte sa guitare et veille au grain. Ce tableau que Picasso offre à Frédé pour payer ses consommations fut vendu des années plus tard (…) pour 40 millions de dollars et offert au Metropolitan Museum of Art de New-York, où l’on peut le voir aujourd’hui. Cet étranger nommé Picasso- Annie Cohen-Solal
Autre témoignage de cette époque, le tableau de Picasso La femme à la corneille du même Picasso.

C’est Margot, serveuse Au lapin Agile et belle-fille du patron, avec sa corneille apprivoisée. Cet étranger nommé Picasso- Annie Cohen-Solal
Mais le quartier n’est pas très sûr. Des bandes appelées les Apaches “à demi-nomade de jeunes gens sans famille, sans métier, sans foyer fixe, qui constitue ce qu’à la préfecture de police même on nomme l’armée du crime”. Les Apaches – Henri Foulquier
Sources
Twitter : @LapinAgileParis – Instagram : @au_lapin_agile
- Le piéton de Paris
- Cet étranger nommait Picasso – Annie Cohen -Sohal
Très sympathique redécouverte de ce lieu mythique !
Oui une façon de faire un pont entre hier et aujourd’hui !
Au top ce genre d’articles
Oui je crois que cela a plu bcp 🙂
Top hésites à t’abonner à mon contenu stv 😉
Je veux bien m’abonner mais WordPress ne relie pas à ton blog 🙂
Intel-blog.fr merci à toi 😉
C’est fascinant de découvrir ce lieu grâce à ton très bel article Matatoune ! J’adore🙂
Ce devait être vraiment un lieu très particulier avec les artistes qui pour la plupart n’avaient pas de quoi payer, les animaux domestiqués et le patron qui poussait la chansonnette le soir 🙂
ça ferait un film formidable ! 🙂
Pourquoi pas 🙂
j’adore…
Du coup, j’ouvre une nouvelle rubrique “Les lieux mythiques “. Bonne continuation, Franck !
Ton article me fait penser au Lapin blanc, le troquet que fréquente le Chourineur dans les Mystères de Paris, un roman que je suis en train de relire en version audio. J’aime beaucoup ces endroits chargés d’histoires et si loin de nos self service aseptisés dans lesquels on circule masqués. Bonne journée
Ça se peut que l’auteur s’est inspiré de ce cabaret mythique ou d’autres comme le Chat noir, aussi à Montmartre ou le Moulin de la Galette, un de mes prochains articles ! Bonne soirée
Des lieux mythiques qui mérite une visite lors d’un séjour dans la capitale. Bisous
Oui certes, mais un peu attrape touristes maintenant ! Bonne soirée
Un endroit incontournable de l’époque. Il existe encore des cabarets à Montmartre où de jeunes artistes se produisent. C’est dans un de ceux-là que j’ai découvert Panacloque et sa marionnette, il y a une dizaine d’années !
Oui certains continuent à proposer une programmation de qualité de jeunes talents !