Visite le samedi 3 décembre 2017
Le Musée d’Orsay a placé cette exposition Degas Danse Dessins au 5ème étage en face des salles des impressionnistes et loin des expositions grand format présentées habituellement.
C’est une petite exposition qui choisit de présenter comme fil conducteur l’amitié entre les deux hommes à partir du livre de Paul Valéry Degas Danse Dessin réalisé à la demande d’Ambroise Vollard vers 1937. Vollard invente donc le livre d’art!
Présentation
Au début de l’exposition, les petites salles montrent l’intimité qui existaient entre les deux hommes et leur apport réciproque.
C’est une amitié de plus de vingt ans : Tout d’abord, Paul Valéry est fasciné par cet artiste de quarante ans son aîné. Il le rencontre chez un ami commun, Henri Rouard. Ils évoluent dans le même cercle : Degas fréquente régulièrement Manet dont il a fait un portrait en dessin qui est célèbre. Mais surtout, Valéry épousera la cousine germaine de la fille de Berthe Morizot et de Manet.
A l’époque de leur rencontre, il se cherche lui-même. De son côté, Degas aime transmettre et le prend en amitié. Ainsi, Paul Valéry prend des notes en vue d’écrire un livre. Il consigne dans des petits carnets ses réflexions et les illustrent de dessins ou d’esquisses.
“Cette photographie m’a été donné par Degas, dont on voit l’appareil et le fantôme dans le miroir. Mallarmé est debout auprès de Renoir, assis sur le divan, dans l’hôtel construit par Berthe Morisot et son époux. Degas leur inflige une pause de 15 mm à la lumière de neuf lampes à pétrole. La scène se passe au 4ème étage rue de Villejust n°40. Dans le miroir, on voit ici les ombres de Mme Mallarmé et sa fille. L’agrandissement (…)”. Écrits de la main de Paul Valéry


Les dessins de Degas
Dans une boîte à cigares, Degas rangeait ses pastels, ses violets d’un côté et ses verts de l’autre. Ces bâtonnets reposent sur une couche de coton fibreux qui les protègent des chocs. L’objet peu ragoutant qui les accompagne est une estompe, outil du dessinateur pour estomper les traits de pastels, certainement fabriqués par Degas lui-même.

Les sonnets de Degas n’ont été connus que des proches. Valéry rapporte qu’à un diner où le peintre évoquait sa difficulté à en composer, se plaignant que ce n’était pas les idées qui lui manquaient. Mallarmé lui aurait répondu “Mais, Degas, ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers (…) C’est avec des mots.”
Valéry aura rapidement l’idée d’un livre sur Degas. Mais, l’idée prendra vraiment forme que vers 1930.
Il y mêle ses propres souvenirs et ceux d’Henri Rohart, époux de Julie Manet et ses propres réflexions sur la création. M.O



La famille Tellier
Enfin, en 1933, Vollard fait paraître un texte de Maupassant accompagné par des dessins : La famille Tellier.
Portraits de la famille Bellini
L’exposition se poursuit par la découverte des salles beaucoup plus spacieuses pour découvrir les dessins.
Il y a une immense différence entre voir une chose sans le crayon dans la main, et le voir en les dessinant.
Son tableau “Portraits de la famille Bellini” est exposé avec une série de dessins qui nous montrent l’artiste entrain d’essayer et d’essayer encore de capturer une expression, un détail.
C’est un passage de l’exposition très particulier. Je ne connaissais pas les dessins de Degas. Et, là devant nous, le talent de l’artiste éclate.
“Un tableau est le résultat d’une série d’opération”(…) DDD
Les repasseuses
De même, avec le tableau “Les repasseuses”, les dessins montrent le travail d’expression réalisé, ce que Paul Valéry appelle “la mimique”. Et, c’est étonnant de réalisme!
“Je jette sur une table un mouchoir que j’ai froissé. Cet objet ne ressemble à rien. Il est d’abord pour l’œil un désordre de plis. (…) Il s’agit de rendre intelligible une certaine structure de l’objet qui n’en a point de déterminée”. DDD.
En mettant en perspective, le travail “sur les plis” d’Ingres, de Delacroix et de Degas, le spectateur amateur comme moi prend conscience du travail exigeant que fournit l’artiste.
“Degas aujourd’hui me parle d’Ingres et de ses rapports qu’il a avec lui (…) Ingres aurait feuilleté les études que ce carton contenait, l’aurait refermé en disant : C’est bon! Jeune homme ! Jamais d’après nature. Toujours d’après le souvenir et les gravures des maîtres”.
La danse
Ensuite, l’univers de la danse est présenté. C’est une source d’inspiration énorme. A mon avis, à partir de 1870, les visages des peintures manquent de précisions, d’expressions: Est-ce la différence entre l’excellence des dessins ou les problèmes de vision qui se révèlent ainsi. Un parallèle est fait par Valéry entre les danseuses et les méduses. Avec ce “bon mot” de Mallarmé: “la danseuse n’est pas une femme qui danse, car ce n’est pas une femme, et elle ne danse pas”, Valéry pense que la plus voluptueuse des danses est celle des méduses.
Sacha Guitry s’était vu refuser un entretien par un Degas affaibli et presque aveugle. Il avait attendu dans la rue avec sa caméra et voici le film :
Même à la fin de sa vie…
Mais encore ses mains cherchaient des formes …
Chroniques Culturelles
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