Fabrice Caro nous invite dans Samouraï à suivre Alan Cuartero, écrivain en panne d’inspiration, qui traverse une période de déprime suite à sa séparation avec Lisa, qui l’a quitté en déclarant peu de temps avant “Tu ne peux pas faire un livre sérieux”.
Non seulement, il lui faut soigner sa blessure narcissique mais aussi tenter d’écrire un roman qui corresponde aux attentes de son ex, remise en ménage avec un spécialiste de Ronsard !
Un brin d’histoire
Autant dire qu’Alan, double de Fabrice, n’a aucune chance ! Et, Fabrice Caro le décrit désœuvré, blessé et sec de mots. Au début, les chapitres sont courts, pas plus de cinq pages, et s’enchaînent avec un bon mot à la fin.
Pour aider Alan, Fabrice Caro introduit un couple d’amis, Florent et Jeanne, plutôt Jeanne et son conjoint, qui cherche à lui trouver une remplaçante en lui présentant trois femmes qui forment les trois parties de ce roman !
Fabrice Caro raconte la vie qui va, en mettant en avant les moments où le manque de confiance, la colère, la bonne éducation ou l’ennui peut faire déraper et où l’humour tente de rétablir l’équilibre.
Du coup, dans Samouraï, on croise une Claire Chazal renvoyant, comme au tennis, l’écrivain sur son terrain, l’enterrement de Marc, l’ami d’enfance qui s’est suicidé et une grande piscine qui verdit au fur et à mesure des jours qui passent, et tant d’autres choses.
En conclusion,
Entrer dans l’univers romanesque de Fabrice Caro, c’est être assurée d’au moins un sourire et même un rire au cours de sa lecture, même si quelques fois on se dit que malgré tout le procédé n’est plus efficace. Malgré tout, une fulgurance rappelle le talent d’écriture de l’écrivain. Et, ça fait du bien de pouvoir se moquer d’un autre nous-même qui nous ressemble tant empêtré dans les absurdités du monde.
Pour aller plus loin
Puis quelques extraits
Toute autre préoccupation ne serait qu’ornement et superflu, chaque instant consacré à percevoir en moi la voix venue du fin fond des âges, celle de mes grands maîtres samouraïs, me dictant la marche à suivre. Et m’occuper d’une piscine. Ça me semble gérable comme programme.
Il y a quelques années, ma mère a décrété qu’on ne se disait pas assez Je t’aime et a fait voler en éclats la règle tacite de notre famille faite de non-dits, de demi-mots, de quarts de regards. Depuis, chaque fois qu’elle m’appelle, sa dernière phrase est invariablement Et n’oublie jamais que je t’aime, et chaque fois je me retrouve, là aussi, complètement déstabilisé, alors que je sais que cette phrase advient invariablement, mais non, je ne sais pas quoi faire avec ça, je ne sais pas quoi faire avec les déclarations d’amour, on ne nous apprend pas à gérer ce genre de situations, balbutiements gargouillis.
Mylène, ne le prends pas mal mais, voilà, je suis atteint de la phobie du volontaire désigné.
On écrit toujours pour quelqu’un, réel, imaginaire, de substitution, l’archer sans cible perd toute raison d’être.
Et encore
Je surestime largement l’attente qu’elle place en moi, comme ces joueurs de foot remplaçants qui entrent sur le terrain cinq minutes avant la fin du match en faisant de grands gestes aux autres, leur donnant mille recommandations, l’air grave et solennel.
Faute d’être un auteur à succès, je faisais un épouvantail formidable.
Si j’avais du choisir une chanson qui le représentait, je n’ aurais pas su, je n’ aurais pas voulu surtout, trop de responsabilité, il faut savoir être humble face au souvenir. Affirmer le jour du grand départ il je vous le dis, Marc c’était ça, ferme, définitif, Marc c’est ce morceau, point barre, c’est non négociable, non, très peu pour moi.
(…) ma libido s’est fait la malle avec mes Illusions, main dans la main, emoji moine marchant sur le chemin de Compostelle.
Ici en bref



Du côté des critiques
Le Monde –
Du côté des autres blogs
One more cup of coffee – Lilylit –
Questions pratiques
Fabrice Caro – Samouraï
Éditeur : Gallimard
Twitter : @Gallimard Instagram : @editions_gallimard
Parution : 5 mai 2022
EAN : 9782072988110
Lecture : Juin 2022
Bonjour Matatoune,
Belle chronique. J’ai beaucoup ri en lisant ce roman et je viens de rajouter un lien vers ici. Bon dimanche
Bonjour Matatoune. Depuis j’ai lu et apprécie Broadway. Il faudra que je lise celui-ci. Bon dimanche
Samouraï est de la même veine. On ne présente plus son autodérision qui permet de relativiser et de retrouver le sourire. Assez rare quand même en littérature ! Bon début de semaine 😉
J’ai adoré ce roman loufoque vraiment poilant. Il est si rare de rire franchement en lisant un livre. C’est plus drôle que Le discours, et Broadway. Et aussi réussi que Figurec.
C’est vrai que Fabrice Caro a le chic pour nous entraîner dans ses bouffonneries. Et rire en lecture, c’est vrai est plutôt rare 🙂
Quand j’ai lu Broadway, j’ai effectivement ri (pas juste des sourires, mais de vrais rires). Il faudrait sûrement que je tente celui-là !
Celui-ci semble meilleur que son roman précédent que je n’ai pas lu… alors que j’avais beaucoup aimé Le discours.
Bonjour Matatoune. Je n’ai jamais rien lu de cet auteur. Il faudrait que je tente l’expérience…
Alors, j’attendrai ton avis ! Bonne soirée
oui, il a le don de faire rebondir l’action à chaque chapitre. “le discours” est hilarant mais évitez le film tiré du roman
Oui tout à fait pour le style de l’écrivain. Je n’ai pas vu le film.