Caryl Ferey – Okavango

RENTREE LITTERAIRE 2023

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Premier polar français au cœur d’une réserve africaine, Okavango de Caryl Férey traite de la préservation de la faune sauvage contre des braconniers aux méthodes connectées où la vie humaine n’est rien par rapport à leurs intérêts financiers.

Brins d’histoire


Okavango de Caryl Férey est un roman noir social avec une touche de romanesque qui débute par le meurtre d’un jeune homme retrouvé en plein cœur de la réserve Wild Bunch dirigé par l’énigmatique John Latham. Lui est un Afrikaner au passé de vétéran des guerres en Afrique.
Solanah Betwase, lieutenante Ranger, travaille au quartier général de la KaZa et démarre l’enquête.

La KaZa est une entité regroupant trente-six réserves d’une superficie comme la Suède basée sur 5 pays : Namibie, Angola, Botswana, Zambie et Zimbabwe. Un espace de protection des espèces sauvages naît de l’idée de Nelson Mandela. Solanah est originaire du Botswana.
Seth, son équipier est nubien. Toute leur équipe travaille à la préservation de la diversité de la nature.

La singularité d’une écriture


Bien sûr, chaque thème exploré avec une documentation poussée et argumentée par Caryl Férey est une dénonciation d’un fait, d’une situation injuste que rien ni personne ne semble vouloir et pouvoir changer.
Ici, en immergeant son nouveau polar en Namibie, Caryl Férey rappelle que l’histoire de l’humanité est née là et que les tribus San et Khoï ont toujours réussi à vivre en harmonie avec la nature.

Seulement l’argent facile et les superstitions ancestrales ont permis le développement de mafias mondialisées comme celle du Scorpion, braconnier aux pouvoirs considérables. Cette destruction crée un déséquilibre très inquiétant pour la survie de l’espèce animale et par voie de conséquence pour l’espèce humaine, elle-même.

Ici, ce sont les animaux sauvages qui sont l’objet de la bienveillance de Caryl Férey. Choix politique implanté dans notre actualité, pourrait-on lui reprocher ? Ce serait juste méconnaître son œuvre. Car, au cœur de l’immersion dans la sauvagerie africaine, Caryl Férey dénonce encore et toujours les sans-voix contre le profit mondialisé et la mainmise des trafiquants.

Montée en puissance


La première partie pose le lieu magnifique de cette Afrique de légende qui berce nos imaginaires depuis si longtemps. Seulement, chez Caryl Férey, le pire côtoie le meilleur. La beauté des paysages et des animaux sauvages flirte avec le trouble des personnages que la lieutenante Ranger va rencontrer au fil de son enquête.

Puis, tout s’accélère avec des meurtres d’animaux où la barbarie ensanglante la couleur dominante de la savane. Des hommes meurent aussi d’une mort qui ressemble à s’y méprendre à des crimes déguisés.

Évidemment, rapidement Okavango devient un turn-over où les situations s’enchaînent à un rythme effréné sur les plus de cinq cents pages à dévorer.

Peu attirée par les documentaires animaliers, c’est peu dire que j’ai retardé à découvrir Okavango pourtant acheté dès sa sortie. Seulement, la sensibilité et la maîtrise littéraire de Caryl Férey m’ont encore complètement conquise. Forcément, les descriptions de paysages en présence de cette beauté animale resteront gravées. Et, bien sûr, Okavango nous rend vigilant sur ces trafics auxquels nous ne pourrons rester éternellement indifférents.

Pour aller plus loin

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Puis quelques extraits

L’occident désignait comme nature des territoires inertes ou à exploiter massivement, sanctuarisait quelques parcs voués à la récréation, à la performance sportive ou au ressourcement spirituel : jamais il n’était question d’y habiter.

Voilà l’avenir que l’homme moderne réservait aux bêtes sauvages : une prison.

L’Europe avait dépecé l’Afrique en taillant dedans à la règle, se partageant les parts du gâteau devenues colonies.

Tous les enfants du monde rêvent d’animaux sauvages, de grimper sur un cheval ou sur un fauve pour courir après le vent, tous les enfants dessinent des animaux, tous les enfants ou presque jouent avec des figurines ou des peluches d’animaux qu’ils aiment comme leurs petits avant de devenir adultes et d’oublier ce sentiment d’osmose.

Sauf qu’un monde sans animaux sauvages n’est pas un monde.

Prenons Dieu, par exemple, enchaîna-t-il: une part de moi y pense comme à une fable pour enfants, une autre se doute que je ferai peut-être appel à lui au moment de mourir, une autre encore se dit que les humains ont besoin d’espérer. On est plusieurs dans le même corps.

(…) dès qu’un animal est menacé, sa cote à la Bourse du braconnage grimpé en flèche, et moins qu’il en reste , plus on s’acharne. Rien n’est fait pour sauver les survivants du génocide, respecter leur habitat ou simplement garantir leur liberté. De grands mots, des traités accouchant d’accords que personne ne respecte, des ricanements paternalistes à vomir quand des enfants manifestent pour leur survie, notre espèce est si inconséquente que je n’en attends plus rien.

Ici en bref

Incipit
Un extrait
Puis le dernier

Du côté des critiques

Télérama

Du côté des blogs

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Caryl Ferey – Okavango

Éditeur : Gallimard

X : @Gallimard Instagram : @editionsgallimard

Parution : 17 septembre 2023

EAN : 9782072942525

Lecture : Septembre 2023

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Chroniques littéraires

17 commentaires

    • Il devrait y être très rapidement car, Caryl Férey est un inconditionnel de cette rentrée littéraire. Car Série noire de Gallimard a choisi de le sortir en août alors que les polars sortent plus tard dans l’automne. Une preuve que cet écrivain évolue vraiment en littérature !
      Bon dimanche 😉

  1. Oui il est intéressant et belle écriture, juste un peu trop violent parfois. Je lirais donc celui-ci sur vos conseils

    • Puis je confier quelque chose ? Un de mes fils avait lu Zulu après moi et avait été étonné de découvrir des scènes de grande violence, s’étonnant que ce polar me plaise tant ! J’avais découvert que, en fait, je ne les avais pas vraiment lu c’estca dire que je n’avais pas imaginé ces scènes de violence. J’avais découvert les mots mais je ne les avais pas recrés dans mon imaginaire.
      Et, hier, en voyant la violence que l’écrivain exprimait avec une certaine jouissance à avoir ” buté” à la fin de son roman tous les braconniers, je me suis dit que j’avais encore complètement édulcoré ces scènes ! Pratique, non 😆

    • Oui, franchement, un très bon cru . Du coup, j’attends avec impatience les prix qui viendront couronner certains et oublier les autres 😔

  2. Quel bel article Béatrice. La mise en images est tellement plus belle que ce que nous mettons en ligne sur babélio que j’ai l’impression de relire le livre avec des bulles d’images en plus. Ce roman m’avait moi aussi fait comme un électrochoc, et ceci même si j’imaginais les problèmes (et encore mon mot est faible) sur place. Caryl Férey est un très bon sonneur d’alerte, ou plutôt Robespierre comme je le disais de mon côté. Bravo Béatrice

    • Ça me fait bizarre. Ici, c’est mon surnom qui prédomine 😉 . Du coup, je vous ai retrouvé sur Babelio sous le pseudo aa67 C’est vrai que Caryl Ferey a un côté Robespierre, intransigeant et sensible. De plus, hier soir à la Grande Librairie, il a bien déclaré qu’il s’était fait plaisir ” en butant” tous les braconniers à la fin de son polar ! Un peu gênant, quand-même, on aurait imaginé plus de retenue, plus de sublimation, plus de politiquement correct, moins radical, moins premier degré, moins punk…moins Robespierre qui a fini les mains ensanglantée par son intransigeance et sa soif d’absolu !
      Un autre point pour ma théorie : les écrivains manient les mots dans la solitude de leur univers. Ils nous font entrer dans un imaginaire que nous recréons à nouveau.
      Mais, on ne devrait jamais leur demander de faire leur promo !
      Quelque fois, plus destructeur qu’avantageux ! 🤨

    • Oui, du coup, je suis revenue lire ta chronique et ai remis le lien. Dslee de l’avoir oublié précédemment 🙃

  3. Ce sujet m’interpelle, je n’ai pas encore découvert cet auteur et ce roman pourrait bien être l’occasion d’y remédier. Les paysages africains me font rêver depuis toujours. Bonne soirée

    • Ah, bien alors, si les paysages te font rêver, alors n’hésite pas ! Moi, je m’ennuie devant les docs animaliers à moins qu’ils y instillent du suspens 😁 Bonne journée 😉

    • Il est très réussi ! Hier, à la Grande Librairie, il était tjs aussi punk, aussi tranchant aussi peu habitué à faire le beau devant les caméras, pas vraiment à sa place dans l’univers feutré d’Augustin Trappenard et pourtant, c’est, dit-il, son roman le plus personnel puisque depuis tout petit, il a envie ” de buter” des braconniers 😅

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