Germaine Richier (1902-1959) est mise en lumière au Centre Pompidou jusqu’en juin 2023. Cette rétrospective rassemble plus de deux cents œuvres, une façon complète de cheminer autour de cette sculptrice qui n’a cessé de chercher et de réinventer son expression artistique.
Seule sculptrice a avoir été exposée de son vivant au Musée d’Art moderne (1956), Germaine Richier s’est attachée à représenter la nature dont la figure humaine tient une place importante.
Germaine Richier au début de sa carrière dans son atelier
L’Orage et l’Ouragane
Au sortir de la guerre, en 1947, Germaine Richier abandonne ses bustes traditionnels. En demandant au modèle, Antonio Nardone, qui a posé pour Robin pour son Balzac, de l’aider dans la conception de L’Orage, elle illustre les blessures et les traumatismes de la guerre.
L’orage
“Mes statues ne sont pas inachevées. Leurs formes déchiquetées ont toutes été conçues pleines et complètes. C’est ensuite que je les ai creusées, déchirées, pour qu’elles soient variées de tous les côtés.”
Détail de L’Orage
C’est peut-être la différence entre un Giacometti et Richie. Elle, elle creuse à certains endroits mais laisse le volume. Giacometti dépouille en triturant jusqu’à ne laisser qu’une silhouette en filigrane. Avec la fondation Giacometti et le décès jeune de Germaine Richier, le premier a éclipsé la seconde.
Présenté pour la première fois à la Biennale de Venise en 1948, Francis Ponge qualifie L’Orage d”homme sauvage”.
Un an plus tard, Germaine Richier lui donne une compagne, L’Ouragane. Souvent ses amis l’ont surnommée du nom de cette sculpture, car «derrière le paravent de ses bonnes manières, derrière son sourire de Joconde égarée dans un univers qui ne semblait pas être fait pour elle, Germaine Richier n’était que feu, tension, volcan toujours prêt à exploser“.
L’Ouragane- Bronze patiné foncé
“Pénétrant pour la première fois dans l’atelier de Germaine Richier, j’eus l’impression d’accéder à ce monde étrange, après les ravages du déluge atomique.” (Brassaï)
Les réalisations de Germaine Richier sont “vivantes” pour l’artiste, au point de leur prévoir des cercueils quelques années avant son propre décès. Ce furent les rares incursions de l’artiste dans l’univers abstrait.
Avec la collaboration d’Eugène Dodègne. L’ombre de “L’Orage” et de “LOuragane”- 1956
Le sablier III
Celui présenté à l’exposition a une forme plus épurée que les précédents. Huit exemplaires ont été réalisés. L’un d’entre eux a été vendu très cher dernièrement aux enchères par Christie’s.
Le sablier III – 1953
Le couple est réuni. Évidemment, le temps de la jeunesse a passé. Néanmoins, le couple forme un tout et se soutient d’un côté. Mais le temps passe et l’incertitude advint. Déjà, l’un choisit de ne plus être tourné uniquement vers l’autre.
Germaine Richier s’est mariée en 1929 avec Otto Bänninger, sculpteur et plasticien suisse, dont elle divorcera en 1954, soit presque vingt-cinq ans plus tard. La même année, elle épouse René de Solier., écrivain engagé, historien et critique d’art.
Le couple peint – 1959
La sculpture est fondue trois ans plus tôt. Germaine Richier se sait très malade. Elle ne peut plus sculpter comme avant. Alors, pour continuer à ouvrir des voix nouvelles à sa création, elle commence à les colorer.
Le couple peint
Les mains sont réunies. Le regard se fond dans celui de l’autre. Les couleurs éclairent ces deux êtres et les rendent joyeux et paisibles. Il y a une infinie tendresse dans cette sculpture.
En guise de conclusion
Évidemment, cette présentation ne montre ni la fascination de l’artiste pour le monde animal (même si La chauve-souris est présentée), ni les hybridations.
Le parcours présenté par le Centre Pompidou choisit l’évolution chronologique. L’apport de la sculptrice, un peu oublié, éclate de liberté et de recherches. Il est grand temps de redonner la place de Germaine Richier dans l’histoire de l’art moderne.
Commissaires
Ariane Coulondre – Conservatrice du patrimoine Musée National d’Art Moderne
Oui, et un bel hommage rendu par le centre Pompidou. Nos articles montrent des œuvres différentes mais ni vous ni moi n’avons fait l’impasse sur Orage et Ouragane. Les deux œuvres qui m’ont peut-être le plus touchée.
[…] Germaine Richier […]
C’est fascinant ! Merci pour ce très bel article qui m’a fait découvrir cette formidable sculptrice.
Elle a révolutionné toute la sculpture. Là, où un Giacometti fait du vide, elle fait du plein ! Une exposition très intéressante 🙂
Je ne connaissais pas du tout cetet sculptrice, j’aime beaucoup ce que tu en montres. Bon dimanche
Ses sculptures m’émeuvent bcp. Bon début de semaine
Voilà une expo que j’espère voir….
Je le souhaite car elle est très complète !
J’irai à Pompidou a notre retour
Bonne visite, alors !
je ne connaissais pas du tout cette artiste. merci pour la découverte.
L’exposition est très intéressante , j’y ai pris bcp de plaisir 🙂
Merci de ce bel article ! J’ai bien l’intention de voir cette exposition, prochainement.
Oui, elle est à découvrir !
Bel article !
Une artiste exceptionnelle !
Oui, et un bel hommage rendu par le centre Pompidou. Nos articles montrent des œuvres différentes mais ni vous ni moi n’avons fait l’impasse sur Orage et Ouragane. Les deux œuvres qui m’ont peut-être le plus touchée.
Pour moi, c’est le couple peint qui m’a énormément émue surtout aussi par le désarroi de cette artiste que la maladie empêche de pétrir. Je mets ici le lien vers ta chronique : https://carnetsdevy.com/2023/03/07/germaine-richier-centre-pompidou/
🙂
Désolée du retard, je n’avais pas vu cette réponse.
J’ai moi aussi fait un lien vers ton article.
Merci; Au plaisir d’échanger autour de nos ressentis !