Centre Pompidou

Germaine Richier est associée au projet ambitieux de l’Eglise catholique Notre-Dame-de-Toute-Grace sur le plateau D’Assy à 1000 m d’altitude en face de la chaîne de montagnes du Mont-Blanc. Ce village est réputé pour ses lieux de soin. En effet, plusieurs sanatoriums accueillaient des inconnus mais aussi des personnes illustres (Igor Stravinsky- Marie Curie – etc.)

Construite dans la première moitié du XXè siècle, la décoration de l’église est réalisée par les plus grands artistes du moment : Œuvres de Bazaine, Bonnard, Bony, Braque, Chagall, Couturier, Hébert-Stevens, Huré, Kijno, Léger, Lipchitz, Lurçat, Mary, Matisse, Rouault, Signori, Strawinsky. Elle est consacrée en 1950 et témoigne du renouveau de l’art sacré au XXè siècle.

Le père Couturier, a l’initiative du projet, a fait “le pari du génie” comme le souligne l’article “La leçon d’Assy”, toujours affiché dans l’église.

“(…) Et c’est cela qui a frappé les gens, en tous pays ; c’est cette idée très simple que pour garder en vie l’art chrétien, il faut, à chaque génération, faire appel aux maîtres de l’art vivant. Aujourd’hui comme autrefois, et pour l’art religieux comme pour l’art profane : car l’art ne vit que de ses maîtres – et de ses maîtres vivants. Non des maîtres morts, si précieux que soient les héritages.(…)

Le Christ de Germaine Richier

La commande pour Germaine Richier précise le souhait d’un Christ en croix à placer derrière l’autel. L’artiste prépare une seule esquisse de taille réduite alors qu’elle avait l’habitude de réaliser l’œuvre directement. Celle-ci est acceptée.

Alors, comme le fait d’habitude Germaine Richier, ses modèles préférés l’aident à construire sa sculpture.

“Elle réalise un corps à la matière exacerbée, portant des traces de scarifications et qui est divisé par une fente béante. Le visage raviné semble absent”. Beaux-Arts Catalogue

Germaine Richier renoue avec le Christ de douleur du Moyen-Âge, placée sous la tapisserie de l’Apocalypse de Jean Lurçat.

“Un signe planté dans le cœur” Germaine Richier

La période d’ombre du Christ

Dès 1951, un groupe d’intégriste s’insurge contre cette représentation. L’évêque d’Annecy décide de retirer la sculpture du chœur en la plaçant dans la sacristie, puis au presbytère.

Il faudra attendre la semaine sainte de 1969 pour voir de nouveau le Christ dans l’église. Germaine Richier n’aura pas le plaisir de retrouver sa sculpture à sa place (décédée en 1956). En 1971, L’église est inscrite Monument historique.